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CHAPITRE

VI.

Liv. H.

CH. VI

Continuation des mêmes preuves tirées des témoignages des Théologiens

Q

Orientaux.

Uoique nous avions encore à citer plufieurs Auteurs Jacobites, nous Témoi rapporterons ici, à caufe de l'antiquité, le témoignage d'un Neftorien fort gnage d'E lie, Patr. confidérable dans fa fecte, qui étoit Elie, élu l'an 1100, de Jefus Chrift des Neft, Catholique ou Patriarche de Babylone, & non pas d'Antioche comme a cru Golius. Elie avoit été Métropolitain de Jerufalem, puis de Nifibe, avant que d'être élu Catholique. Cette gradation paroît extraordinaire, & elle est fort contraire à la difcipline des autres Eglifes, qui, fuivant l'ancienne difpofition du Concile de Nicée, honorent le Siege de Jerufalem, & lui donnent le rang après les premieres Eglifes Patriarchales, quoique les Jacobites ne paroiffent pas l'avoir obfervée. Mais les Neftoriens ont non feulement renversé l'ancienne difcipline par l'autorité qu'ils ont attribuée contre toutes les regles à leur Catholique, foumis dans fon origine aux Patriarches d'Antioche, & par les tranflations qui n'ont jamais ailleurs été fi fréquentes, mais auffi par les rangs qu'ils ont donnés à leurs Métropoles, car Jerufalem étoit la vingt-deuxieme. On fait cette remarque afin de prévenir les critiques qui fe pourroient faire fur cet Auteur; car on trouve des Ouvrages de lui fous trois différents titres. Il compofa celui dont on va produire un extrait, lorfqu'il étoit Métropolitain de Jerufalem; & c'est une expofition abrégée de la Religion Chrétienne felon la créance des Neftoriens. Au Chapitre XII, qui eft de l'Euchariftie, il parle de cette maniere.

cation de

Le fecond précepte qui a été proposée aux Chrétiens eft l'Euchariftie, qui Son explieft un Miniftere facré de Religion, dans lequel, par le moyen des chofes cor- la foi fur porelles, les plus petits s'approchent du très-grand, & les foibles de celui qui l'Euchar. eft puissant, avec l'espérance d'obtenir la rémission de leurs péchés, & tout te qu'ils demandent. Les Anciens offroient dans leurs Sacrifices, des animaux, & le fang des victimes. Mais l'Evangile nous apprend, que parmi les Chrétiens le Verbe divin s'étant manifefté dans l'humanité qu'il prit de Marie, avoit établi fon corps pour être le facrifice qui devoit être offert à fon Pere pour la vie du monde. C'est pourquoi Jean fils de Zacharie dit, Voici l'Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde. L'Evangile enfeigne auffi par des paroles très-claires, que fan fang a été répandu pour confirmer le Nouveau Teftament, pour la rémission des péchés de plufieurs: en difant, Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné fon Fils unique, qui

Liv. II. a été fait une offrande ou un facrifice vivant, fpirituel, que Dieu receCH. VI. vroit pour l'expiation de tous les fieces. Mais comme il étoit impoffible

de réitérer ce divin Sacrifice, en la maniere & en la forme felon laquelle il avoit été offert fur la croix pour le falut de tout le monde, Dieu, par une très-grande bonté envers le genre humain, leur a accordé qu'au lieu de la loi des Sacrifices, par l'immolation des animaux, il s'en établit un autre beaucoup plus excellent. C'est pourquoi la nuit qu'il avoit résolu de fe livrer pour la rédemption & le falut de tout le monde, afin de confirmer la certitude de la résurrection & la vérité des promesses de la Béatitude éternelle, felon ce que dit le Saint Evangile, il prit du pain entre ses mains pures & faintes, il le bénit, le rompit, & le donna à fes difciples & leur dit: Ceci est mon corps, qui est brisé pour la vie du monde, & pour la rémiffion des péchés. Enfuite ayant mêlé du vin & de l'eau dans le calice, il rendit graces deffus, & dit: Ceci eft mon fang du Nouveau Teftament, qui est répandu pour plufieurs, &c. Prenez-les donc tous, mangez de ce pain & buvez de ce calice, & faites ainfi lorsque vous vous affemblerez pour célébrer ma mémoire. Ces paroles faintes font le ferme appui de la foi de ceux qui les reçoivent, qui purifient leur confcience, & qui leur procurent le falut. Nous célébrons ce Myftere par le fecours de la puissance du Saint Esprit qui nous accompagne, & les dons) font changés de leur premiere nature, font faits, le pain, le corps faint de Jefus Chrift: le vin, fon fang précieux, qui nous procurent la rémission de nos péchés, la pureté

la fainteté, la lumiere & la fermeté de l'espérance de la réfurrection, théritage du Royaume des Cieux, la vie éternelle & les délices véritables. Toutes les fois que nous approchons de ces Myfteres, nous allons au devant de Notre Seigneur Jefus Chrift: nous le portons fur nos mains: nous lui donnons un baifer, & par la communion que nous recevons, nous fom~mes unis à lui par un mélange de fon corps avec les nôtres, & de fon fang avec le nôtre: car il a dit; celui qui mange mon corps, & qui boit mon fang est uni à moi, & je suis uni à lui. Il ne viendra pas au jugement, mais il fera tranféré de la mort à la vie, à la félicité éternelle, pourvu qu'il ait une ferme foi, & une créance ou affurance certaine que ces deux chofes; c'est-à-dire, le pain & le vin confacrés, & la nature bumaine qui eft dans le ciel font un felon la gloire & la puissance. Lorsque Jefus Chrift abolit la loi des Sacrifices anciens, & ce qu'ils pouvoient avoir de propre à fanctifier par l'effusion du fang des animaux, & par tout ce qui s'y pratiquoit, il inftitua un Sacrifice pur de pain de froment, & de vin naturel, à caufe que c'est la nourriture ordinaire des hommes, qui foutient leurs corps comme l'aliment le plus nécessaire, qui fe trouve facilement, &qui fe change en un moment en la nature du corps & du fang. Melchi

fedech Grand Prêtre, qui avoit deux furnoms, celui de Roi des juftes, & Liv. II. de Roi de la paix, qui bâtit la ville de Jerufalem, qui pria pour Abraham CH. VL notre Pere, & le bénit, avoit établi que le facrifice qu'il offroit à Dieu confiftat en une offrande pure de pain & de vin, ayant en cela quelque reffemblance avec Jefus Chrift. On ne peut pas raisonnablement contefter tout ce qui a été dit ci-dessus; puifque Jefus Chrift la témoigné à fes Dif ciples, que le raisonnement & l'autorité de l'Ecriture Sainte, & d'autres preuves confirment, que telle eft la créance que nous devons avoir fur le ·Baptême & fur l'Euchariftie, fondée fur la certitude de la vérité de l'Evangile, dans lequel eft la lumiere la regle de notre conduite: & il n'eft pas néceffaire de répéter fur cela ce que nous avons déja dit; & ce que ces paffages contiennent eft tel, qu'il n'est permis à aucun Chrétien d'en douter, ni de s'en écarter en aucune maniere. On peut juger par ce paffage que nous avons rapporté un peu au long, avec quel fondement quelques favants Proteftants ont avancé depuis peu que les Neftoriens ne croyoient pas la préfence réelle. A l'égard d'autres livres théologiques, comme il y a fort peu de Neftoriens, nous n'en citerons pas davantage, quoique nous avions une ample explication du Myftere de l'Euchariftie par Amrou, fils de Mataï. Mais comme elle ne contient rien de particulier, & feulement l'explication littérale de tous les paffages qui fignifient la présence réelle, il n'a pas paru néceffaire de l'inférer après une explication auffi exacte qu'est celle d'Elie.

tirés des

fe font aux Pré

Parmi les pieces les plus authentiques, les Orientaux mettent diverfes Paffages formules d'Homélies pour le peuple, & d'exhortations que les Evêques inftrucfont aux Prêtres & aux Diacres après l'Ordination. Il s'en trouve plufieurs tions qui dans les Manufcrits, & le Pere Morin en a inféré quelques-unes avec le Rite des Ordinations des Cophtes, traduits par le Pere Kircher, ou plutôt tres dans par quelque ignorant Maronite fur des manufcrits du Vatican, mais l'Ordinat. mal & fi peu intelligiblement, que très-fouvent la traduction a donné des All. Syma.. fens entiérement contraires à l'original. Les extraits que nous donnerons Ordin.. feront très-fidelles.

Mor. de:

L'Auteur Jacobite du Traité de la Science Eccléfiaftique rapporte dans Premier Je Chapitre LXXXIV de fon ouvrage, une exhortation propre à être paffage.. faite aux Communiants. C'eft à vous, dit-il, que j'adreffe ces paroles, vous qui êtes du peuple choifi de Dieu, que nous devons louer, glorifier & bénir pour toutes les graces qu'il nous a faites. Il a dit dans l'Ecriture, que la vérité du Seigneur demeuroit éternellement: fachez donc que cette vérité du Seigneur est fon corps faint, & fon Sang pur & précieux que voilà. Car il a prononcé de fa fainte bouche, que fon corps étoit véritablement une nourriture, & fon fang une boisson. C'est-là cette vérité qui subsiste

LIV. II. éternellement, & de laquelle David a parlé par avance. Car le Seigneur a CH. VI. ajouté à ces premieres paroles, celui qui me mange vivra à cause de moi.

Second paffage.

Cod. Colb.

4584. Troifie

me:

Quatrie

me.

Je fuis le pain defcendu du ciel, celui qui en mangera vivra éternellement. David a dit de plus: goûtez & voyez que le Seigneur eft doux, confirmant par ces paroles que le Seigneur, lorsqu'il eft vu & mangé, eft doux à ceux qui le goûtent. Or comment cela peut-il Je faire, & comment le peut-on goûter & le recevoir comme nourriture, fi ce n'eft celle de laquelle Jefus Chrift a dit, mon corps eft véritablement nourriture, & mon fang eft véritablement breuvage? Puisqu'il nous a donc ordonné de manger Son corps & de boire fon fang, & que par ce moyen nous pouvons parvenir à la vie éternelle, à quoi penfons-nous, quand par négligence, nous nous abftenons de manger fon corps & de buire fon fang, ce qui feroit que nous demeurerions en lui, & qu'il demeureroit en nous, felon fa promeffe, &que nous vivrions à cause de lui? Sachez donc, enfants de l'Eglife Chrétienne, établis fur la pierre de la foi orthodoxe que vous avez en lui, que quiconque mange de ce pain qui a été fait chair par le miniftere de moi miférable, & qui boit de ce calice qui a été fait fang par la defcente du Saint Esprit fur lui, & le changement par lequel il a été transféré de la NATURE DU VIN EN LA SUBSTANCE DU SANG DE JESUS CHRIST, & qui les reçoit dignement, il demeure en Jefus Chrift, & Jefus Chrift demeure en lui.

Il dit enfuite, qu'il faut croire fermement que l'Euchariftie, qui dans le temps qu'il parle étoit fur l'Autel, eft le corps de Notre Seigneur Jefus Chrift, le même qui fut mis d'abord dans la crêche, enfuite fur la croix, puis dans le fépulcre, enfin qui étant élevé au ciel, eft affis fur le trône de gloire.... Que c'eft Jefus Chrift préfent, l'Agneau immolé pour les péchés du monde, & pour le falut des hommes: Créateur de tout ce qui eft dans le monde, fupérieur & inférieur: Enfin il eft, dit-il, devant moi, entre mes mains, de moi pécheur indigne de l'Ordre Sacerdotal, immolé, facrifié, partagé par fa clémence & fa miféricorde; & fon fang eft verfé dans la bouche de ceux qui approchent, & reçoivent la Communion.

Dans une autre exhortation attribuée à S. Ignace Martyr, mais qui paroît être de quelque Patriarche d'Antioche plus moderne. Il ne faut pas qu'un Prêtre fouillé de quelque maniere que ce foit offre l'Euchariftie, ou la diftribue aux autres, ni même qu'il approche de la Sainte Eglife. Car il ne convient pas qu'en cet état il touche ce faint corps avec des mains impures, ni qu'il les trempe dans le fang du Seigneur.

On trouve différentes formules d'exhortations pour les nouveaux Prétres, & une des plus confidérables eft rapportée par Abulbircat, où on lit entr'autres chofes. Vous aurez le corps de leur Créateur (il étoit parlé des Chrétiens) entre vos mains, vous le manierez, vous le toucherez avec

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vos doigts, vous le diviferez: vous répandrez fon fang, & vous le Liv. II. diftribuerez aux affifiants. Confervez donc votre ame & votre corps dans CH. VI. une grande pureté.

des Homé

Un des livres qui fournit en plus grand nombre des témoignages de Cinquiela créance des Orientaux fur la préfence réelle, eft un Recueil d'Homélies me, tiré pour les Fêtes & Dimanches fuivant le Rite Cophte. Dans la premiere, lies pour dont le texte eft pris de l'Epître de S. Jacques, après avoir expliqué ce les Copht. qui eft dit de la puitfance de la priere, & prouvé par l'exemple du Prophete Elie, l'Auteur continue en ces termes. Donc puifque la priere d'Elie, qui étoit un Serviteur, & non pas le Fils, a été fi puissante; celle du Prêtre Vicaire de Jefus Chrift eft auffi exaucée lorsqu'il fait fa priere fur le pain & fur le vin, afin que la divinité s'y uniffe, de même que lorsqu'il s'eft incarné de la chair & du fang de la Vierge Marie... Purifiez-vous donc afin de pouvoir participer à cette nourriture & à cette boiffon qui fe reçoit dans fon Sacrifice, afin qu'on fache certainement que vous croyez fans aucun doute que fa divinité eft unie au pain & au vin. Celui qui dit, je crois que ce pain & ce vin font le corps & le fang de Jefus Chrift unis à fa divinité, & qui par la pureté de fes mœurs, n'est pas toujours prêt à le recevoir par la Communion, eft un menteur, quand il affure qu'il a cette foi... La divinité invisible eft unie au pain & au vin, de même qu'elle a été unie à fon humanité qu'elle a prife de la Vierge Marie.

Dans l'Homélie fur le commencement de l'Evangile de S. Luc, après Sixieme. avoir dit que le Saint Esprit avoit formé dans la Sainte Vierge l'humanité que prit le Verbe dans le Myftere de l'Incarnation, voici ce qui fuit. C'eft de cette même maniere que le Fils Verbe de Dieu s'unit au pain & au vin, les faifant fon corps & fon fang, de forte néanmoins que le Saint Esprit précede, defcendant deffus & les fanctifiant, comme il avoit fait dans le premier inftant de l'Incarnation. Car le Prêtre prie pour demander la defcente du Saint Esprit fur le pain & fur le vin, afin qu'il les fanctifie, & lorfqu'il les a fanctifiés, alors le Fils s'unit à eux, & ils font faits fon corps &fon sang par fon union avec eux.

Dans l'Homélie fur le Cantique de Zacharie, l'Auteur cite ces paroles: Septieme.
Illuminare iis qui in tenebris & in umbra mortis fedent, &c. c'est-à-dire,
que tous les jours il renaisse pour nous, incarné dans le difque ou dans la
patene euchariftique, & dans le calice.

- Dans une autre fur ces paroles, de la premiere Epître de S. Jean. Ipfe Huitieme.
prior dilexit nos. Il eft, dit-il, certain par ces paroles, que Dieu babite dans
le Chrétien, & le Chrétien en Dieu, à caufe qu'il confeffe que Jefus eft le
Fils de Dieu. Car fans la defcente & l'inhabitation de l'Esprit de Dien
dans l'homme, il ne peut pas confeffer de l'humanité visible, qu'elle fait le
Perpétuité de la Foi. Tome IV.

T

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