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Liv. II. éternellement, & de laquelle David a parlé par avance. Car le Seigneur a CH. VI. ajouté à ces premieres paroles, celui qui me mange vivra à cause de moi.

Second paffage.

Cod. Colb,

4584. Troifie me:

Quatrie

me.

Je fuis le pain defcendu du ciel, celui qui en mangera vivra éternellement. David a dit de plus: goûtez & voyez que le Seigneur eft doux, confirmant par ces paroles que le Seigneur, lorsqu'il eft vu & mangé, eft doux à ceux qui le goûtent. Or comment cela peut-il fe faire, & comment le peut-on goûter & le recevoir comme nourriture, fi ce n'eft celle de laquelle Jefus Chrift a dit, mon corps eft véritablement nourriture, & mon fang eft véritablement breuvage? Puifqu'il nous a donc ordonné de manger fon corps & de boire fon fang, & que par ce moyen nous pouvons parvenir à la vie éternelle, à quoi pensons-nous, quand par négligence, nous nous abftenons de manger fon corps & de buire fon fang, ce qui feroit que nous demeurerions en lui, & qu'il demeureroit en nous', felon fa promesse, & que nous vivrions à cause de lui? Sachez donc, enfants de l'Eglife Chrétienne, établis fur la pierre de la foi orthodoxe que vous avez en lui, que quiconque mange de ce pain qui a été fait chair par le miniftere de moi miférable, & qui boit de ce calice qui a été fait fang par la defcente du Saint Esprit fur lui, & le changement par lequel il a été transféré de la NATURE DU VIN EN LA SUBSTANCE DU SANG DE JESUS CHRIST, & qui les reçoit diguement, il demeure en Jefus Chrift, & Jefus Chrift demeure en lui.

Il dit enfuite, qu'il faut croire fermement que l'Euchariftie, qui dans le temps qu'il parle étoit fur l'Autel, eft le corps de Notre Seigneur Jefus Chrift, le même qui fut mis d'abord dans la crêche, enfuite fur la croix, puis dans le fépulcre, enfin qui étant élevé au ciel, eft affis fur le trône de gloire.... Que c'eft Jefus Chrift préfent, l'Agneau immolé pour les péchés du monde, & pour le falut des hommes: Créateur de tout ce qui eft dans le monde, fupérieur & inférieur: Enfin il eft, dit-il, devant moi, entre mes mains, de moi pécheur indigne de l'Ordre Sacerdotal, immolé, facrifié, partagé par fa clémence &fa miféricorde; & fon fang eft verfé dans la bouche de ceux qui approchent, & reçoivent la Communion.

Dans une autre exhortation attribuée à S. Ignace Martyr, mais qui paroît être de quelque Patriarche d'Antioche plus moderne. Il ne faut pas qu'un Prêtre fouillé de quelque maniere que ce foit offre l'Euchariftie, ou la diftribue aux autres, ni même qu'il approche de la Sainte Eglife. Car il ne convient pas qu'en cet état il touche ce faint corps avec des mains impures, ni qu'il les trempe dans le fang du Seigneur.

On trouve différentes formules d'exhortations pour les nouveaux Prêtres, & une des plus confidérables eft rapportée par Abulbircat, où on lit entr'autres chofes. Vous aurez le corps de leur Créateur (il étoit parlé des Chrétiens) entre vos mains, vous le manierez, vous le toucherez avec

dans fa divinité, & dans fon humanité, en forte que l'humanité visible eft Liv. II. véritablement le Fils de Dieu, éternel & invisible... Que l'Apôtre S. Jean CH. VI nous avertit de ne nous pas laisser féduire par ceux qui nous voudroient détourner de cette créance, qu'il appelle de faux Chrétiens, & avec raison, puisqu'ils ne reconnoiffent pas que Dieu a pris un corps, dans lequel il eft venu à nous, non seulement dans le temps auquel il s'eft manifefté à fes Difciples, mais toujours. Car il fe manifefte à nous, incarné dans le disque enchariftique & dans le calice. Notre Dieu fe joint au pain & au vin par une union véritable, & il se manifefte à nous par une manifestation véritable, puifque nous le voyons, & que nous le touchons.

Dans une Homélie fur le commencement de l'Epître de S. Jacques. Treizieme Jefus Chrift nous a donné de fa propre main le pain céleste, en difant : Ceci est mon corps. Et en un autre endroit il a ajouté, que le Fils de l'homme vous donnera celui que le Pere a marqué, parce que fa nature divine, née du Pere avant tous les fiecles, lui eft unie par une union véritable, telle que l'union de l'ame avec le corps: union qui eft felon la nature, parce que la divinité invisible eft unie au pain visible, afin que celui qui croit que ce pain lui eft uni, obtienne la béatitude, dont le Seigneur a dit : Bienheureux celui qui ne voit pas, & qui croit néanmoins.

zieme.

Dans la premiere Homélie des Dimanches après la Pentecôte. La nour- Quatorriture que nous a donnée le Fils de Dieu qui s'est fait homme eft fon corps vivifiant, qui a été fait céleste lorsque fa nature divine qui vient du ciel lui a été unie, de la méme maniere qu'il a pris par lunion un corps de la Vierge Marie.

me.

Dans une autre fur ces paroles de S. Jean: Je fuis le pain vivant. Quinzie. Comme nous étions encore enfants, & que nous ne pouvions pas nous nourrir &que de la feule divinité, Jefus Chrift notre Dieu la mêlée avec la nourriture ordinaire dont nous fons, afin que nous puffions nous en nourrir. Cela s'eft fait en cette maniere. Lorfqu'il s'eft incarné, l'union de fa divinité & de fon humanité a fait un feul Chrift. Il a pris fa nature humaine de la chair du fang de la Sainte Vierge Marie, & il s'eft nourri des mêmes aliments que nous, ayant été fait femblable à nous en toutes chofes excepté le péché. Notre chair & notre fang fe forment de ce que nous mangeons &de ce que nous buvons. La chair que Notre Seigneur avoit prife de la chair de la Vierge étoit ainfi formée de pain, & le fang qu'il avoit pris de fon fang, étoit de même formé de vin mêlé d'eau, qui eft la boisson ordinaire des hommes. De même lorfque Notre Seigneur prenoit de la nourriture, fa chair étoit augmentée par le pain, & fon fang par le vin & par Peau qu'il buvoit. Lorsqu'il fut près de mourir, il nous accorda par une grande bonté que fa chair & fon fang nous demeuraffent toujours, afin que

Liv. II. nous pussions nous en nourrir, & que ce fut dans le pain & dans le vin, CH. VI. auxquels fa divinité feroit unie, de même qu'il s'étoit uni la chair & le fang qu'il avoit pris de la Vierge Marie. Ainfi notre Dieu est toujours avec nous de la même maniere qu'il étoit préfent lorsqu'il fouffrit la mort pour nous, & qu'il répandit son sang, ayant été percé d'un coup de lance. Son corps eft dans le difque facré comme il étoit dans le fépulchre, afin que quand nous le voyons, nous rappellions en notre mémoire la grandeur de fes bienfaits, qu'aucunes paroles ne peuvent expliquer.

Seizieme. Dans l'Homélie fuivante fur ces paroles, ficut mifit me vivens Pater, &c. Lorfque Dieu s'eft fait homme, & lorsqu'il eft mort pour nous en fon corps, il a donné aux enfants d'Adam fon corps divin & Son fang vivifiant, afin que lorfqu'ils les recevrvient en mangeant & en buvant avec la préparation & la pénitence convenable, la divinité unie avec le pain & le vin babitat en eux.

Dix-feptieme.

Dix

Enfuite l'Auteur continue ainfi. Jefus Chrift a dit que ce pain étoit fon corps, qu'il a certainement pris de la Sainte Vierge: & il dit qu'il est descendu du ciel, pour confirmer fon union avec la nature divine qui en eft defcendue, afin que la chair fut faite véritablement Dieu, à caufe de l'union, quoique fa nature corporelle, autant que nous la pouvons voir, ne foit point changée: cependant par fon union avec la nature divine elle eft véritablement Dieu. C'est pourquoi le Seigneur répete ce qu'il avoit déja dit, qu'il étoit defcendu du ciel: car le Verbe a été véritablement fait chair, fans que fa divinité ait été changée, & le corps fans aucun changement eft véritablement le Verbe. Le créé eft réternel, & l'éternel eft le même que le créé. Le visible eft le même que l'invisible, & l'invifible eft vifible: un feul Jefus Chrift & un feul Seigneur.

Il ne fera pas inutile de faire voir par les paroles qui fuivent dans la huitieme. même Homélie, comment les Jacobites entendent ce que Jefus Chrift dit après celles qui ont été expliquées ci-devant. Telle eft la doctrine que propofa le Seigneur, parlant aux Juifs à Capharnaum. Plufieurs Difciples Pabandonnerent, après lui avoir entendu dire qu'il feroit que fon corps fervit véritablement viande & fon fang breuvage. Plufieurs furent fcandalifés de ce difcours, difant: Ces paroles font bien dures, qui peut les écouter? Jefus qui connoifoit les chofes les plus cachécs, voyant fes Difciples troublés, leur dit: Cela vous fcandalife-t-il? Que fera- ce donc, fi vous voyez le Fils de l'homme monter où il étoit auparavant? Il leur fit entendre par ces paroles, qu'il n'étoit pas fimplement un homme, qui n'avoit pas le pouvoir de leur donner fa chair à manger & Son fang à boire, mais qu'il étoit le vrai Dieu céleste, tout-puiffant; ce qu'il fignifioit en leur difant qu'il monteroit où il étoit auparavant. Mais comme il eft Dieu, par.

fa divinité, il s'unit toujours au pain & au vin, & ils font faits fon corps Liv. II. &fon fang, de même que le corps & le fang qu'il prit de la Vierge CH. VI. Marie. Si vous voyez, dit-il, le Fils de l'homme monter où il étoit auparavant ; & par ces paroles il leur donna à entendre l'union de fa divinité avec fon bumanité ; c'est-à-dire, qu'il étoit Dieu qui s'étoit fait bomme. C'est pour cela qu'il appelle fa nature divine le Fils de Dieu, & fa nature humaine le Fils de l'homme, quoique véritablement il foit un, felon fa divinité & felon son humanité, un feul Fils, un feul Seigneur, un feul ·Chrift... Il dit auffi à fes Difciples, leur reprochant qu'ils doatoient de ce qu'il avoit dit: que l'efprit vivifioit & que la chair ne fervoit de rien. C'est comme s'il leur avoit dit, vous avez entendu mon difcours qui eft spirituel, divin, puissant, vivifiant, & vous l'avez pris dans un fens purement corporel. Une pareille pensée corporelle ne fert de rien. Car fi j'étois fimplement un homme, comme vous vous l'imaginez, comment pourrois-je faire ce que vous venez d'entendre? Mais parce que je fuis Dieu, & toutpuiffant, & que par mon efprit je puis faire que ma chair & mon fang deviennent viande & breuvage de vie à ceux qui croient en moi, je vous ai dit ces paroles divines, defquelles vous doutez, parce que vous ne connoissez pas ma divinité. Mes paroles font efprit & vie. C'est que ce que je vous dis, que le pain eft fait mon corps & le vin mon fang, n'est pas un difcours qui doive être entendu d'une maniere corporelle, mais felon Pefprit & felon la vie, comme il eft dit, l'homme ne vit pas feulement de pain, mais de tout ce qui procede de la bouche de Dieu. Car l'efprit de vie defcend & repofe fur le pain fur le vin, il les confacre & les fanctifie, en forte que je m'unis à eux, & je les fais mon corps & mon fang, & par la puissance divine, je defcends & je prends un corps toujours & en tout lieu.

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Témoignage tiré d'un Auteur anongme fur la doctrine de la présence réelle.

Dans

d'un MS.

du Vatic..

Ans un manufcrit de la Bibliotheque Vaticane, on trouve un Traité Extrait en arabe, qui a pour titre, Queftions Eccléfiaftiques felon la doctrine de Eglife d'Egypte, qui doit avoir été copié fur un autre Livre à l'ufage des Jacobites, comme en effet dans les articles qui regardent l'Euchariftie, il y a diverfes expreffions, qui font plus conformes à leur opinion d'une feule nature en Jefus Chrift, qu'à celle des Melchites ou

LIV. II. Orthodoxes. On y reconnoît même les propres paroles que nous avons CH. VII. citées de Sévere Evêque d'Afchmonin, & des Extraits de fes autres ouvrages, rapportés fous le nom d'Euftathe Religieux. Mais il faut savoirqu'il n'est pas extraordinaire de trouver dans les manufcrits orientaux, que des fectes différentes fe fervent des ouvrages les unes des autres dans des matieres fur lefquelles il n'y a point de conteftation, comme il n'y en a point fur la foi de la préfence réelle; non feulement les Auteurs fe copient, mais ils tranfcrivent des ouvrages entiers, en y retranchant ce qui peut ne s'accorder pas à la doctrine de leur Eglife. Les Commentaires d'Ebneltaïb Neftorien fur l'Ecriture Sainte, ont ainfi été adoptés par les Jacobites, en retranchant ce qui avoit rapport au Neftorianifme & on trouve cet ouvrage de Sévere ou fans nom d'Auteur, ou fous un autre titre, dans les Livres des Melchites ou Orthodoxes, parce que fa doctrine fur l'Euchariftie étoit généralement approuvée. Ce Traité et du nombre de ceux-là: car quoique le mot de Cophtes ne fignifie prefque jamais dans le ftyle commun, finon les Egyptiens Jacobites, il y a des preuves certaines qu'il a été fait pour les Melchites ou Orthodoxes. L'une eft, qu'on y trouve un Traité contre les azymes, qui elt le résultat d'une Conférence tenue à Conftantinople fous le Patriarche Michel, l'an 1365 d'Alexandre: des Martyrs 760, de l'Hégire 445, qui répond à celle de Jefus Chrift 1053. C'eft celle qui fut tenue entre les Légats du Pape & les Grecs fous Michel Cerularius, que Baronius met à l'année fuivante, & les Jacobites n'y eurent aucune part. La feconde preuve eft, que dans le manufcrit même il y a des notes d'un Jacobite à la marge, qui réfute quelques expreflions comme contraires à la créance de fon Eglife.

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Explication deces

La feizieme Question eft touchant l'Euchariftie, & elle eft divifée en neuf articles, dont le premier regarde fon inftitution, à quoi l'Auteur rapporte tous les paffages de l'Ecriture, qu'il explique felon le fens te plus littéral : & il conclut qu'ils prouvent clairement que la puissance émanée de Notre Seigneur Jefus Chrift, eft fupérieure à tout ce qui se peut comprendre par les créatures, & que c'est elle qui s'étant répandue fur ce pain fur ce vin, le fit fon corps fon fang lorfqu'il les bénit confacra; qu'il les donna à fes Difciples, & à nous pareillement, pour nourriture & pour breuvage.

les

Le quatrieme article contient l'explication de ces paroles: Je fuis le paroles: pain vivant defcendu du ciel, &c. Ces paroles, dit l'Auteur, fignifient Je fuis le plufieurs graces que Jefus Chrift nous a faites. La premiere en ce que lorf pain, &c. qu'il bénit ce pain & ce vin, il répandit fur eux fon S. Esprit, & les fit un avec fa divinité, & non pas deux; parce que par l'effufion du S. Efprit

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