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Liv. III. ce fujet. Denys Barfalibi, dans un opufcule qui eft intitulé Canon pour CHAP. I. la fainte Euchariftie, marque jufqu'aux moindres circonftances de ces cé

Bénédic tion des Autels vafes &

ornements.

Les pre

rémonies, & du choix qui doit être fait de la matiere destinée à la confécration. Il fe trouve fur le même fujet diverfes Conftitutions des Patriarches d'Alexandrie; & dès qu'on apporte le pain & le calice, ils font appellés les faints dons, & on commence à les regarder avec respect, à caufe qu'ils doivent être faits dans la fuite le corps & le fang de Jefus Chrift.

La bénédiction des Autels, & celle des napes qui les couvrent, des antimenfia qu'on doit étendre deffus, du difque ou patene, du calice, de la cuiller dont ils fe fervent pour diftribuer la Communion, & de tous les vafes facrés, eft encore une preuve bien certaine de la créance Rit. Copt. de la préfence réelle; puifque par les formules de la maniere dont on MS. les bénit dans l'Eglife d'Alexandrie, on reconnoît qu'ils font destinés à contenir le corps & le fang de Jefus Chrift. Suivant les Canons qui font en ufage parmi les Orientaux, & diverfes Conftitutions Patriarchales, il n'eft permis qu'aux Prêtres & aux Diacres de toucher ces vafes facrés. Toute la premiere partie de la Liturgie, après la lecture de l'Ecriture mieres Sainte, confifte én prieres qui tendent toutes à demander à Dieu, que prieres marquent par fa toute puiffance il faffe que les dons propofés foient faits le corps. l'opinion & le fang de Jefus Chrift par l'opération invifible du S. Efprit, & qu'il de la pré- reçoive le facrifice que l'Eglife lui offre, de même qu'il a reçu ceux d'Abel, de Noé, d'Abraham & de Melchifedech. Dans les Liturgies des Egyptiens, les premieres oraifons marquent plus expreffément que l'Eglife demande à Dieu le changement des dons propofés; que de vifibles, il les faffe invifibles; c'est-à-dire, autre chofe que ce qu'ils paroiffent aux yeux; rapportant tout l'effet de ces prieres à la defcente du S. Efprit fur le pain & fur le vin, ce qui marque un miracle néceffaire.

fence

réelle.

Les dons.

avant la

Auffi-tôt qu'on apporte les dons facrés de la Prothefe ou Crédence à honorés l'Autel, l'Eglife Grecque les honore par avance comme devant être conconfécra- facrés au corps & au fang de Jefus Chrift, & on fe profterne. Cette vétion. nération a donné lieu à quelques Latins peu inftruits, de dire que les ladelph. Grecs adoroient le pain & le vin avant la confécration, & qu'ils ne les

Gabr. Phi

adoroient pas après qu'ils avoient été confacrés, ce qui eft une abfurdité manifefte. Car comme il paroît par l'Apologie que fit fur ce fujet Gabriel de Philadelphie, les Grecs rendent aux dons avant qu'ils aient été confacrés, un honneur fort différent de celui qu'ils rendent à l'Euchariftie. Le premier eft quelque chofe de plus que la vénération des images, dans la vue de la dignité future par la confécration : le fecond eft une adoration véritable de latrie, comme ils s'en expliquent eux-mê

mes,

mes, telle qu'ils la rendroient à la perfonne de Jefus Chrift. L'un ne Liv. III. détruit pas l'autre, mais on doit conclure, comme ont fait divers Au- CHAP. I. teurs, qu'on ne peut douter que ceux qui ont une fi grande vénération pour ce qui doit devenir le corps de Jefus Chrift, doivent honorer encore davantage ce qu'ils croient & confeffent être ce même corps, comme ils font lorfqu'on le montre, en difant, Sancta Sanctis.

marquent

gement.

Tout le détail des rites qui fuivent depuis la Préface, fait voir une at- Toutes les tention pleine de refpect & de religion dans l'attente de la confécration. prieres Le Diacre exhorte tous ceux qui affiftent à la Liturgie, à être dans la la créance crainte & le tremblement. On prononce & on écoute avec refpect les du chanparoles de Jefus Chrift, lorfque le Célébrant les dit à haute voix. En plufieurs Eglifes, le peuple dit Amen, & fait une maniere de confeffion de foi fur ce qu'il vient d'entendre. L'attention & les prieres redoublent lorfque le Prêtre fait l'Invocation du S. Efprit, dont les paroles marquent d'une maniere fi claire le changement du pain &. du vin au corps & au fang de Jefus Chrift, que les Miniftres n'ont pu jamais rien y oppofer de folide, comme on le fait voir ailleurs.

après l'In

Après l'Invocation, la confécration est regardée comme confommée: Ce qui fe & dès ce moment le Prêtre ne touche plus que le corps & le fang de pratique Jefus Chrift; il ne fe tourne point, & comme difent ceux qui ont ex- vocation pliqué les Liturgies, il ne doit plus penfer qu'à Jefus Chrift qui eft fur du S. EfAutel, immolé dans le difque, & fon fang répandu dans le calice.

prit.

Gab. Patr.

Rit.

chariftie.

Il a été remarqué ci-deffus que les Grecs, dont la pratique eft fuivie Alex. in en cela par toutes les autres Communions Orientales, ne font l'élévation Elévation qu'un peu avant la Communion, en criant Sancta Sanctis: c'est quel- de l'Euquefois le Diacre qui éleve une des particules, quoique ce foit plus or- Prieres dinairement le Prêtre, dans les Eglifes Syriennes, Egyptiennes & Ethio- adreffées à piennes. Tous fe profternent alors, & adreffent leurs prieres à Jefus Jef. Christ. Christ comme préfent; d'où il s'enfuit que tant d'expreffions qui paroiffent métaphoriques dans les Ecrits des Saints Peres, avoient leur fens littéral parmi les fideles. S. Chryfoftôme dit: Ce corps même a été adoré Hom. 24. dans la crêche par les Mages: Vous le voyez, non plus dans la crêche, mais fur l'Autel; non pas emmaillotté par une femme, mais revêtu du S. Esprit. O quel miracle, dit-il ailleurs, & quelle bonté de Dieu! celui qui De fac. eft affis là-haut avec le Pere, dans le même moment eft touché par les mains de tous. C'est auffi ce que Sévere & Denys Barfalibi ont dit, autant dans leurs difcours théologiques, que dans des inftructions pour le peuple: & c'est ce que fignifient les prieres les plus fimples que difent les Laïques, après les exhortations faites par les Diacres, lorfque dans celles Perpétuité de la Foi. Tome IV. Z

in 1. ad

Cor.

1. 3.

munion.

LIV. III. qui fe difent un peu avant la Communion, ils avertiffent les Chrétiens CHAP. I. d'être dans une grande crainte, puifque ce qu'ils voient fur l'Autel & entre les mains des Prêtres, eft l'Agneau vivant de Dieu, immolé pour eux. Cérémo- Cette extrême vénération pour l'Euchariftie ne paroît pas moins dans nies qui les cérémonies qui précedent, qui accompagnent & qui fuivent la Comprécedent la Com- munion. Le mêlange des deux efpeces, lorfque le Prêtre a rompu l'Hoftie, pratiqué également en Orient & en Occident, ne peut avoir lieu où on ne croit pas la préfence réelle: auffi les Proteftants l'ont retranché, quoique ce rite foit fort ancien. On a cru même autrefois que la particule qui étoit mife dans le calice à la Meffe des Préfanctifiés, avoit la force de convertir le vin non confacré qui étoit mis dans le calice (b); & on peut voir fur ce fujet les favantes obfervations du R. P. Mabillon, dans fes Differtations fur l'Ordre Romain.

Int. Opuf.

& feq.

σις.

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Meletius Piga, qui à traité fort au long cette cérémonie que les Grecs Gr. p. 107. appellent l'Union des deux Efpeces, dont il prouve la néceffité, quoiqu'il avia va reconnoiffe que le corps & le. fang de Jefus Chrift font dans l'une & dans l'autre par concomitance, a prouvé très-clairement que cet usage étoit fondé fur la foi conftante de la préfence réelle. Les Orientaux ne l'ont pas pris de l'Eglife Romaine, puifqu'il fe trouve dans toutes les Liturgies, dont plufieurs font plus anciennes que les fchifmes ; & puisque l'Ecriture ne fait aucune mention de quelque chofe qui y ait rapport, il faut qu'en cela, comme en plufieurs autres parties de la Liturgie, ils aient fuivi la Tradition plutôt que la lettre. Il n'eft point néceffaire de chercher les raifons myftérieufes qui font rapportées par les Latins, aufsibien que par les Orientaux, de ce que fignifie cette union du corps & du fang de Jefus Chrift: la pratique de tous les fiecles la met hors de tout foupçon. Mais il faut convenir qu'elle feroit inutile, fans la créance certaine du changement véritable qui a été fait par la confécration; & qu'elle fignifie ce qu'exprime en peu de paroles une des Oraifons qui a déja été ciLit. Syr. tée, que c'eft-là le fang de ce corps, & le corps de ce fang.

Cérémo

prieres

pour la Communion.

On trouve dans les Rituels, & dans d'autres livres ce qui fe pratique nies & pour la Communion. Les Proteftants ne diront pas que les prieres qui fe difent alors, tant par le Prêtre & par le Diacre, que par les Communiants, ne fignifient rien autre chofe, finon que lorfqu'ils approcheront, qu'ils prendront le pain & qu'ils boiront le calice, ce qu'ils recevront fera le corps & le fang de Jefus Chrift, comme croient les Luthériens; encore moins comme difent les Calviniftes, qu'ils recevront l'un & l'autre par la foi. Les Orientaux ne demandent pas dans ces prieres que Dieu

(b) Cela fignifie que quelques-uns l'ont cru; mais non pas que telle ait été la créance de l'Eglife. Et puifqu'on renvoie au P. Mabillon, c'eft marquer qu'on fuit fur cela fon opinion.

leur donne la foi, afin que ce qui leur fera donné par le Prêtre, devienne Liv. III pour eux le corps & le fang de Jefus Chrift: ils confeffent qu'il eft pré- CHAP. I. fent, quoiqu'invifiblement: en cet état ils l'adorent, ils lui adreffent leurs prieres, ils fe profternent devant lui. Ils reconnoiffent par conféquent qu'il eft déja préfent, & que le pain & le vin font changés en fon corps & en fon fang. Ce n'est donc pas par leur foi, ni parce qu'ils ont reçu les symboles de fon corps & de fon fang, puifqu'ils ne les ont pas encore reçus; mais c'est par la confécration, indépendamment de l'usage, qu'il eft déja préfent. Il ne fe trouve dans aucune des prieres & des formules dont les Proteftants & les Calviniftes ont formé les Offices de l'adminiftration de leur Cene, rien de femblable à celles dont les Grecs & les Orientaux fe fervent communément. Il s'enfuit donc que leur créance fur ce Mystere eft entiérement différente de celle des Grecs & des Orientaux ; puifqu'ils ne pourroient pas fe fervir des mêmes prieres, au lieu que les Latins fe ferviront fans peine de celles des Grecs, & ceuxci de celles des Latins.

des Prétres diffé

trée de

Les Prêtres qui fe trouvent préfents à la célébration de la Liturgie, Commun. reçoivent la Communion premiérement fous l'efpece du pain, enfuite on leur préfente le calice. Mais les Laïques, & même les Eccléfiaftiques du remment fecond Ordre, reçoivent la Communion par une particule trempée dans adminif le calice, qui leur eft préfentée avec une petite cuiller que les Grecs ap- celle des pellent abis, faifant allufion au charbon qui étant pris fur l'Autel, tou- Laïques. Mel. Piga. cha les levres du Prophete Ifaïe, & le purifia. Les Syriens, les Cophtes, p. 111, les Ethiopiens & tous les Orientaux donnent la Communion aux Laïques de la même maniere. Il ne falloit donc pas accufer l'Eglife Romaine d'avoir retranché le calice aux Laïques, puifque tous ces Chrétiens ont fait la même chofe, fans avoir jamais penfé à aucun de ces motifs de nouveauté, que les Proteftants supposent avoir été la cause de ce changement de difcipline.

la cuiller en Orient.

chol.

Quand ils prétendent que la crainte de répandre le calice a donné lieu Ufage de à le retrancher aux Laïques dans l'Occident, & qu'ils inferent que comme autrefois dans les premiers fiecles il ne paroît aucun veftige de pareilles précautions, il faut que la créance ait été changée, la difcipline des Orientaux fuffit pour les réfuter. Car les Grecs prétendent que la cuiller a été Goar. Eu établie dès le temps de S. Jean Chryfoftôme; & quoiqu'on n'en ait pas des preuves certaines, c'en eft une fort grande que celle qui fe tire d'un pareil ufage parmi les Communions féparées de l'Eglife dès le temps du Concile d'Ephese, comme les Neftoriens, ou depuis celui de Calcédoine, comme les Jacobites. On peut faire voir que quelques fiecles avant l'époque qu'ils donnent à ce prétendu changement de doctrine fur l'Eucha

p. 152.

Liv. III. riftie, l'effufion & la profanation des Myfteres étoit regardée comme un CHAP. I. facrilege & comme un grand malheur; & c'est ce qui fera éclairci dans un article féparé. Il faut donc conclure tout au contraire, que puifque les Grecs & les Orientaux ont eu de temps immémorial, toutes les précautions qu'on a dans l'Eglife Latine pour prévenir la profanation de l'Euchariftie; que par cette raifon ils ont établi une maniere nouvelle de donner la Communion aux Laïques, ils avoient la même doctrine touchant la préfence réelle.

Prieres

après la Commu

nion.

Confef

fion de foi.

Actions de

graces.

Communion à

jeun.

Les prieres qui fe trouvent dans les Liturgies Grecques, & dans l'Euchologe, auffi-bien que dans les livres Orientaux, pour le temps de la Communion, prouvent auffi très-clairement cette conformité de créance, & elles s'accordent entiérement avec celles des Offices Latins, que les Protestants ont abolies.

Nous parlerons de la Confeffion de Foi qui fe fait avant la Communion, qui ne peut recevoir aucun autre fens que celui de la préfence réelle; puifque lorsque le Prêtre la prononce, il tient entre fes mains la principale particule confacrée, la montre au peuple, & en difant, ceci eft véritablement le corps d'Emmanuel notre Dieu, comme il fait dans l'Eglife Cophte, il marque fuffifamment que ceci fignifie ce qu'il tient, & ce qu'il montre.

Les formules d'actions de graces, dont nous avons rapporté quelques extraits, font du même genre que les précédentes, & les confirment merveilleufement, puifque toutes marquent une manducation réelle du corps. de Jefus Chrift: le mélange de fa chair avec la nôtre; de fon fang avec le nôtre; l'espérance de la réfurrection bienheureufe fondée fur ce levain de vie, & d'autres effets fur nos corps auffi-bien que fur nos ames.

La loi établie dans toutes les Eglifes d'Orient pour recevoir la Communion à jeun, la difcipline qui étoit autrefois pratiquée dans l'Eglife Latine, de s'abftenir pareillement de l'ufage du mariage, & d'autres points plus particuliers aux Orientaux qui feront expliqués à part, ne peuvent avoir d'autre origine que la foi de la préfence réelle ; & cela paroît affez, en ce que les Proteftants ayant une fois détruit la doctrine de la préfence réelle, ont aboli en même temps toutes ces marques de refpect qui étoient autrefois en ufage pour la réception de l'Euchariftie.

Soin des Après la Communion, toutes les Eglifes ont obfervé avec un grand particules facrées. foin que les particules confacrées qui pouvoient refter, fuffent confommées par le Célébrant, ou par les autres Miniftres qui avoient fervi à l'Autel. Nous trouvons la même difcipline parmi les Grecs & les Orientaux; & comme ils font fort éloignés de croire que ce qui refte du pain & du vin confacrés ne foit pas le corps & le fang de Jefus Chrift, ils

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