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LIV. III. Latine, & qu'ils la fupprimoient par-tout où ils étoient les plus forts, CH. III. fi on avoit fait voir qu'ils attaquoient auffi-bien l'Eglife Grecque, & toutes celles d'Orient; que ce qu'ils attribuoient aux innovations des Papes étoit obfervé également par ceux qui étoient féparés de la Communion de Rome; & que ce que la Réforme traitoit d'abus & d'idolâtrie, étoit regardé comme une partie effentielle du culte le plus facré, ils n'auroient peut être pas féduit tant de monde.

La raifon que l'adoration

n'eft pas marquée dans

Car enfin quelles preuves les Proteftants ont-ils données pour faire voir qu'il ne falloit pas adorer l'Euchariftie, finon qu'il ne s'en trouvoit rien dans l'Ecriture? Ils ont cependant confervé un grand nombre de pratiques qui ne s'y trouvent pas, comme on leur a fait voir. Mais en criture ne cette matiere, toute leur Théologie roule fur ce faux principe, qu'ils prétendent avoir prouvé que l'Euchariftie n'eft pas véritablement le corps & le fang de Jefus Chrift; d'où il s'enfuit qu'il ne faut pas l'adorer. Si donc l'ancienne Eglife a cru le contraire, comme les Orientaux en fout perfuadés, ou ne peut douter qu'elle n'ait adoré l'Euchariftie.

prouve

pas.

On ne

ra qu'à ce

Grecs &

taux.

Puifque le deffein de cet Ouvrage eft de ne s'attacher qu'à ce qui s'attache. regarde la créance des Grecs modernes, & des Communions orientales, qui regar- c'eft à quoi nous nous arrêterons ; d'autant plus que cet ufage confervé de les hors de l'Eglife Latine, auffi-bien que dans fa Communion, eft une preuve les Orien- incontestable de fon antiquité. Car on ne peut rien fuppofer de plus abfurde que l'introduction infenfible d'un tel changement; & ce n'est pas une moindre abfurdité que de prétendre qu'il fe foit fait, fans qu'il en paroiffe le moindre veftige dans tout ce qui nous refte de monuments anciens de l'Hiftoire Eccléfiaftique, & fans que perfonne fe foit oppofé à une cérémonie, qui, felon les préjugés des Proteftants, n'eft pas feulement un abus, mais une idolâtrie.

Les Grecs

adoroient l'Eucha

riftie avant le

Concile de

Ed. Jaffii.

On ne peut pas douter que même avant le Concile de Florence les Grecs n'adoraffent l'Euchariftie, comme le prouve Siméon de Theffalonique, dont l'autorité est très-grande parmi eux, & qui vivoit avant ce temps-là. Voici fes paroles. Après l'Oraifon, la paix & l'inclination de Florence. téte qui marquent notre foumiffion envers Dieu, & l'union, on fait l'élévaSim.Thef. tion du pain vivifiant, qui repréfente le crucifiement de notre Sauveur pour Pamour de nous; que Jefus Chrift même vient, qu'il fe donne lui-même à nous, & qu'il est le même qui a été crucifié pour nous. Enfuite il marque qu'on dit à haute voix τὰ ἅγια τοῖς ἁγίοις, les chofes faintes font pour les Saints. Puis la Confeffion de foi, il n'y a qu'un feul Seigneur Jefus Chrift ; la divifion ou fraction, l'union des deux efpeces: enfuite la Communion de l'Evêque, des Prêtres & des Diacres; après quoi il dit: Enfuite, après qu'on a apporté les facrées Reliques du pain divin dans le calice facré, it

p. 112.

montre cela à tous; c'ef-d-dire, Jefus Chrift & ce qui eft fon propre corps Liv. ΙΙ. &fon fang véritablement qu'il a facrifiés pour nous, fon peuple, qu'il a CH. III. acquis, qu'il nous donne & qu'il nous permet de goûter, de voir & de toucher. C'est pourquoi le facré peuple le voit (du fond) de l'ame, il l'adore,

il lui demande ce qui eft néceffaire pour le falut...... Et il faut adorer de toute fon ame, en se profternant jusqu'à terre, le pain vivant, qui avec le fang eft dans le calice (c).

On trouve auffi l'adoration marquée dans les Liturgies dont les Grecs fe fervent, & qu'ils ont imprimées eux-menes pour leur ufage. Il y elt marqué que quand on montre l'Euchariftie un peu avant la Communion, le Prêtre fait fon adoration dans le lieu où il est, ainfi que le Diacre, difant tout bas: Seigneur, foyez propice à moi pécheur; enfuite que tout le peuple l'adore avec révérence. Le Patriarche Denys, dans l'Atteltation folennelle qu'il donna de la créance de l'Eglife de Conftantinople en 1672, dont l'Original eft à la Bibliotheque du Roi. Ce Mystere de l'Euchariftie eft un véritable culte divin, comme il en porte le nom: car en lui on adore d'un culte qui convient à Dieu, le corps divinifé de Notre Seigneur Jefus Chrift (d). Le Synode de Jerufalem de la même année déclare que le corps &le fang du Seigneur qui font dans le Mystere de l'Euchariftie, doivent étre bonorés extraordinairement, & être adorés du culte de latrie: l'adoration qui eft rendue à la Sainte Trinité étant la même que celle qui eft due au corps & au fang du Seigneur (e). C'est ce qui fe trouve pareillement dans un grand nombre d'Actes & d'Atteftations, ainsi que dans les ouvrages que le Patriarche de Jerufalem Dofithée a fait imprimer en Moldavie depuis ce temps-là, & en dernier lieu dans la fentence fynodale de Callinique Patriarche de Conftantinople, contre les erreurs de Jean Caryophylle en 1691.

On ne peut douter, à moins de vouloir croire M. Claude préférable- Elle est ment aux témoignages de toute la Grece, que l'adoration n'y foit géné- pratiquée ralement pratiquée, quoique divers Auteurs aient dit le contraire, & qu'ils la Grece

(c) Μετὰ δὲ τὴν προσευχὴν καὶ τὴν εἰρήνην καὶ τὴν κλίσιν τῆς κεφαλῆς ἄ δὴ τὴν πρὸς Θεὸν δέλειαν δηλέσι, καὶ ἕνωσιν ἡ τοῦ ζωηφόρα ἄρτα γίνεται ὕψωσις, αὐτὴν τυπᾶσα τὴν ὑπὲρ ἡμῶν τοῦ σωτῆρος σαύρωσιν, καὶ τὸ αὐτὸν τὸν Χρισὸν ἐλθεῖν, καὶ ἐαυτᾶ ἡμῖν μεθαδόναι, ὅτι καὶ ὗτος ἐςὶν, ὁ ὑπὲρ ἡμῶν ςαυρωθεὶς. Υσερον δὲ αὖθις εἰσκομισθέντων τῶν ἁγίων λειψάνων τοῦ θεία ἄρτω ἐν τῷ ἱερῷ ποτηρίῳ, δέικνυται τότο πᾶσιν, ἵπερ ἐςὶν ὁ Χρισὸς, αὐτὸ αὐτῷ ἀληθῶς τὸ σῶμα καὶ αἷμα, ἅ διὰ τὸν λαὸν αὐτῷ τὸν περιέσιον ἡμᾶς, ἱεράργησε, καὶ γένεσθαι, καὶ βλέπειν, καὶ ἅπλεθαι, παρέχεί τε, καὶ ἐφίεται. Διὸ καὶ ὁ ἱερὸς λαὸς, ἐκ ψυχῆς ὁρᾷ τότον, καὶ προσκυνεῖ, καὶ τὰ πρὸς σωτηρίαν αιτεῖται. Καὶ αὐτὴν δὴ τὸν ἐν τῷ ποτηρίῳ ζῶντα ἄρτιν μετὰ τοῦ αἵματος ἄχρις εδάφους ολοψύχως δεῖ προσκυνεῖν.

(α) Οπερ μυςήριον καὶ λατρεία ἐπὶ καὶ λέγεται, καὶ θεοπρεπῶς ἐν αυτῷ λατρεύεται τὸ τεθεωμένον σῶμα. τοῦ σωτῆρος Χρισ.

(ε) Ετι αὐτὸ τὸ σῶμα καὶ αἷμα τοῦ κυρίᾶ ἐν τῷ τῆς εὐχαριςίας μυςηρίῳ· ὀφείλειν τιμᾶσθαι ὑπερβαλ λόντως καὶ προσκυνεῖσθαι λαξευτικῶς : μίᾳ γὰρ ἡ προσκύνησις τῆς ἁγίας τριάδος καὶ τοῦ σώματος και α τὰς τοῦ κυρίω. Ρ. 294

dans toute

quoique quelques

Auteurs aient dit

le con

traire.

LIV. III. aient trouvé créance parmi quelques Catholiques. Le principal de ces CH. III. témoins eft Antoine Caucus, Archevêque de Corfou, Auteur le plus méprifable qui puiffe être allégué fur de pareilles matieres. L'origine de cette

Ils n'ont

pas enten

dula di cipline des Grecs

Qui n'éle

chariftie

avant la

& ce qui l'a perfuadée à d'autres, vient de ce que ceux qui l'ont reprochée les premiers aux Grecs, n'ont pas entendu leurs Rites, & n'avoient dans l'efprit que ceux de l'Eglife latine: même ils ne la connoiffoient que felon les ufages préfents, fans avoir la moindre lumiere fur la difcipline ancienne. Ils voyoient donc que les Grecs n'élevoient pas l'Eucharistie au même endroit de la Liturgie que les Latins, & il n'en fallut pas davantage pour faire conclure que puifqu'ils n'avoient pas l'élévation, il n'y avoit point d'adoration. De ces deux faits également faux, ils ont tiré une conféquence encore plus fauffe, qui eft que l'Eglife Grecque n'adoroit pas l'Euchariftie.

Il est vrai que les Grecs n'élevent pas les dons facrés dès que le Prétre a prononcé les paroles facramentales de Notre Seigneur ; parce qu'en continuant les prieres, ils difent fans interruption l'Invocation du S. Efprit, après laquelle ils regardent la confécration comme achevée & confommée. Ce n'eft pas, comme quelques Auteurs l'ont avancé, qu'ils nient que les paroles de Jefus Chrift operent dans la confécration: ils citent fouvent à ce fujet les paffages de S. Jean Chryfoftôme, dont nos Théologiens fe fervent pour combattre les Grecs modernes, & il n'y a aucune Liturgie grecque & orientale où elles ne fe trouvent, fi on en excepte deux ou trois qui ne font pas fort en ufage, & qui font manifestement altérées. Ce font les Syriaques Jacobites de S. Sixte, de S. Pierre & de Denys Barfalibi; où il paroît que les Copiftes ont fait un fens continu de ces paroles, accipite comedite, & des autres, in remiffionem peccatorum, omettant celles-ci, Hoc eft corpus meum quod pro vobis tradetur, qui fe trouvent dans toutes les Liturgies de quelque langue & de quelques fectes qu'elles foient, fans aucune variation. Ils difent bien qu'après l'Invocation du S. Efprit la confécration eft confommée; mais ils n'ont jamais combattu ce qui eft de foi dans l'Eglife Catholique; ils ont feulement défendu la difcipline de leur Liturgie, & l'efficacité des prieres facerdotales, contre les Scholastiques qui les avoient attaqués sur l'une & fur l'autre.

Ainfi, felon leur difcipline, ils n'élevent les faints Myfteres que peu vent l'Eu- de temps avant la Communion; ce qui a fait croire à ceux qui n'avoient qu'un peu pas examiné leurs rites avec affez de foin, qu'il n'y avoit parmi eux aucune élévation de l'hoftie, & par conféquent point d'adoration. Il y a encore un autre fondement de cette accufation qui n'eft pas moins faux; c'eft qu'on ne trouve dans les Liturgies anciennes rien de marqué pour l'adoration.

Commu

nion.

La premiere raison eft entiérement détruite par l'ufage conftant de Liv. III. toutes les Eglifes d'Orient, qui pratiquent cette cérémonie après qu'on Cн. III. a dit Sancta Sanctis, & cela fuffit: car quand on adore l'Euchariftie en quelque partie de la Liturgie que ce foit, on ne peut pas dire qu'on manque à l'adoration. Dans la Meffe des Préfanctifiés, qui n'eft en ufage parmi nous que le Vendredi Saint, on n'éleve pas entiérement l'Eucharistie, à peine la montre-t-on un peu avant la Communion du Prêtre : on ne dira pas pour cela qu'on ne l'adore point.

A l'égard des Liturgies, la plupart des raifonnements que les Protef tants, & même quelques Catholiques en tirent, eft fouvent fondé fur des conjectures très-fauffes: les uns prétendent qu'on ne peut s'en fervir, parce qu'elles ne font ni anciennes, telles que les Grecs les fuppofent, ni authentiques à caufe de la diverfité des exemplaires ; & les autres ne balancent pas à les traiter comme des pieces fauffes, parce qu'elles ne peuvent pas étrè auffi anciennes que les Auteurs à qui on les a attribuées : & ces remarques tombent particuliérement fur celle de S. Jean Chryfoftôme.

teftants ne

peuvent

ment de

pas mar

Ce n'eft pas connoître les Liturgies que d'en juger ainfi. Les préten- Les Produes marques de nouveauté, alléguées par divers Auteurs même Catholiques, prouvent que les manufcrits fur lefquels ont été faites les premieres tirer auéditions étoient peu anciens; mais à l'égard des Liturgies en elles-mêmes, cun argu-. cela ne prouve rien. On fe moqueroit d'un homme qui prétendroit ce que ce prouver que le Canon latin eft du temps de Charlemagne, parce que Rite n'elt plufieurs des plus beaux & des plus anciens manufcrits qui reftent dans qué dans les Bibliotheques font du temps de ce grand Empereur, fous lequel l'Eglife les Litur gies.. a été fi Auriffante par les lettres, qu'il favorifoit extrêmement, & qu'il fit revivre, autant que par les grands hommes qu'il éleva aux premiers Sieges, & par les fondations qu'il fit avec tant de magnificence. Les Liturgies Grecques & les Orientales étoient en ufage long-temps avant les dates des manufcrits les plus anciens qui nous reftent. Elles n'étoient pas l'ouvrage des particuliers, mais c'étoit des prieres publiques, auxquelles l'ufage continuel qu'en faifoit l'Eglife donnoit plus d'autorité, qu'elles n'en pouvoient recevoir par les plus célebres Docteurs & les plus faints Evêques. Cet ufage eft prouvé incontestablement de fiecle en fiecle, & c'eft cela qui fait l'autorité & l'authenticité des Liturgies.

On ne

ques dans.

On n'y trouve pas ordinairement de Rubriques, non plus que dans trouve pas les anciens Sacramentaires Latins; mais comme ce défaut n'empêche pas de Rubri qu'on ne fache certainement les cérémonies que l'Eglife Latine joignoit les anaux prieres, on fait de même celles de l'Eglife Grecque par les Auteurs ciens qui les expliquent ou qui les indiquent. La maniere dont les fideles re- res..

exemplai

LIV. III. cevoient la Communion dans l'Eglife de Jerufalem, n'eft pas marquée CH. III. dans la Liturgie qui lui étoit propre, & qui étoit celle de S. Jacques; mais S. Cyrille l'a marquée dans fes Çatechefes d'une maniere fort précife, comme il fe trouve plufieurs endroits dans S. Jean Chryfoftôme qui font connoître les Rites pratiqués à Conftantinople. Ce n'est donc pas une marque de fuppofition ou de nouveauté, de trouver ces mêmes cérémonies écrites dans les manufcrits du moyen âge: c'eft au contraire une preuve certaine de l'ufage public qu'on en faifoit, puifque même on le fait d'ailleurs, & que la pratique continuée jufqu'à ces derniers temps le confirme.

Adoration de l'Euchariftie

par les

C'eft auffi cette pratique qui a établi l'adoration parmi les Cophtes, avant même que les cérémonies fuffent inférées, comme elles l'ont été pratiquée depuis dans les Liturgies. La Grecque de l'Eglife d'Alexandrie, qui est Cophes, appellée de S. Bafile, marque l'élévation dans le temps où le dit Sancta Sanctis, & elle eft appellée wos. La Cophte, en plufieurs bons Manufcrits, en parle de cette maniere, Le Prêtre prend l'Asbodicon, c'est-àdire ouμa deoToTxov, le corps du Seigneur, & l'éleve autant qu'il peut, criant en même temps, Sancta Sanctis. Selon un autre exemplaire, dans lequel font marqués les Rites fuivant le Rituel du Patriarche Gabriel, Le Prêtre éleve le corps du Seigneur, étendant fes mains, & inclinant fa tête; puis il crie à haute voix Sancta Sanctis: cependant tous ceux qui font préfents fe profterneront le vifage contre terre. Un autre Manufcrit ajoute. Tous ceux du peuple, c'est-à-dire les Laïques, fe profterneront, adorant Dieu en crainte & tremblement, demandant les larmes aux yeux, & en fe frappant la poitrine avec componction, la rémission de leurs péchés, &c. L'Auteur du Traité intitulé: de la Science Eccléfiaftique, décrivant fort au long la Liturgie folemnelle, dit. Le Prêtre fe tournant vers l'Orient avec respect, prendra une partie du corps faint qu'il élévera, & en même temps on élévera la croix & les cierges. Il criera à haute voix Sancta Sanctis, le faint corps demeurera ainfi élevé pendant demi-heure. Tous les Laïques qui feront dans l'Eglife crieront, Kyrie eleifon, Seigneur ayez pitié de nous, étant à genoux & la tête découverte, fi c'eft un Dimanche: les autres jours ils fe profterneront le visage contre terre, & quitteront leurs bonnets.

Témoi

Patriarche

Dans le Rituel du Patriarche Gabriel, la maniere de diftribuer la Comgnage du munion eft ainfi prefcrite. Le Diacre prendra le calice, & le portera Gabriel. d'abord au côté du midi, étant accompagné d'un autre Diacre portant un cierge allumé; tous les Miniftres qui fervent à l'Autel Padoreront, inclinant leurs têtes, jufqu'à-ce que le Diacre fe foit arrêté au côté du Septentrion. En même temps, le Prêtre portant la patene dans laquelle est le pain con

Sacré

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