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Liv. III. reçût aucun mal, parce qu'on le lui avoit donné après la Communion: CH. IV. que la derniere fois il en fut malade à l'extrêmité, & même qu'il en mourut felon Elmacin qui fait mention de cette Hiftoire, à caufe qu'on le lui avoit donné lorsqu'il étoit à jeun.

p. 68.

Autre.

Les Nesto

riens croient

auffi les miracles de l'Eu

On lit dans la Vie de Jacob, Patriarche cinquantieme d'Alexandrie, écrite par Sévere, que de fon temps, vers l'an de Jefus Chritt 826. les Mahométans ayant enlevé les vafes facrés d'une Eglife, prirent entre autres un calice; & qu'un Orfevre ayant commencé à le rompre, en vit couler du fang en auffi grande abondance que fi on eût tué un agneau, & que ce miracle étonna tellement les Infideles, qu'ils rendirent ces vases facrés. Les Neftoriens rapportent quelque chofe de pareil dans l'Hiftoire de Hananjechua, Catholique trente-huitieme, ordonné vers l'an de Jesus Christ 686. Ils difent qu'un méchant Prêtre mit du poifon dans le calice lorfqu'il devoit célébrer la Liturgie, & qu'il n'en arriva aucun mal au Cathochariftie. lique: que ce miracle fit tant de bruit, que le Prince Mardanfchah, frere d'Abdelmelic, obligea les Chrétiens de porter folemnellement l'Eucharistie dans fa maifon. Enfin dans la même Hiftoire il eft rapporté qu'à l'Ordination de Jean fils de Narfés, cinquante-deuxieme Catholique, l'an de Jefus Chrift 883. une muraille de l'Eglife tomba & écrafa prefque un homme que le Catholique fit verfer de l'eau dans le calice où on avoit célébré les faints Myfteres: qu'il l'en frotta, & le guérit. On pourroit, s'il étoit néceffaire, ramaffer plufieurs autres femblables miracles; mais il fuffit qu'on en reçoive un, pour croire tous les autres poffibles. Jugement Aubertin n'a pas ofé dire tout ce qu'il penfoit touchant les premiers ble d'Au- qui fe trouvent rapportés par les Saints Peres; mais il n'a pas fait de bertin fur difficulté d'attribuer à l'efprit d'erreur ceux des derniers temps, & de les comparer à ce qui eft rapporté dans S. Irénée & dans S. Epiphane, de l'Eucha Marc Chef des Marcofiens, qui par art magique, faifoit que dans le temps Aub. L. 1. qu'on offroit l'Euchariftie, la liqueur qui étoit dans le calice s'élevoit julqu'au bord & paroiffoit de couleur de fang. De cet exemple feul on tire Îren. 1. de quoi confondre Aubertin & fes Difciples.

infoutena

les miracles de

riftie.

p. 207.

c. 9.

r.

Epiph.t.1, p. 233.

Réfutat.

Ils ne peuvent pas dire que l'Eglife dans laquelle fe font faits les miracles rapportés par S. Cyprien, par S. Grégoire de Nazianze, S. ChryEd. Petav. foftôme, S. Auguftin, S. Profper & les autres Saints, ne foit la même dans laquelle a vécu Mofchus, Auteur du Limonarium, qui en rapporte plufieurs, & les autres qui ont écrit les vies des Anachoretes, après Palladius & Théodoret. Sur quel principe peut-on donc établir que ce qui étoit un miracle dans les premiers fiecles, devienne une opération du démon dans les fuivants; puifqu'on ne peut s'imaginer aucune diftinction folide entre ces miracles? Ils tendent tous à imprimer un grand refpect

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pour les faints Myfteres, parce qu'ils font le corps & le fang de Jefus Liv. III. Chrift, & à confirmer dans la foi ceux qui auroient pu en douter. Ils CH. IV. deviennent inutiles, & même ils ne peuvent avoir lieu par-tout où la présence réelle n'est pas reçue, & il n'en est pas arrivé un feul dans les Eglifes Prétendues Réformées. Il falloit donc que du temps de S. Cyprien, de S. Jean Chryfoftome, & beaucoup plus tard, on crút autre chose parmi les Chrétiens touchant l'Euchariftie que ce que croient les Proteftants. I eft inutile d'examiner fi ces miracles font vrais ou faux; puifque la même raifon qui les rend croyables fur le témoignage des anciens Peres, les confirme lorfqu'ils font rapportés par les Auteurs du moyen âge, & que les uns & les autres font fondés fur la conformité de la foi, fans laquelle on ne les peut croire. Car s'il étoit certain que les premiers Chrétiens n'euffent pas cru que dans l'Euchariftie il y avoit autre chose que du pain & du vin, on auroit tout fujet de douter de ce que rapportent S. Cyprien, S. Auguftin & les autres, parce que leur autorité ne fuffiroit pas pour perfuader ce qui auroit été abfolument impoffible & inutile. Il eût été impoffible, non pas feulement felon le cours ordinaire de la nature, mais felon l'ordre de la grace & de la fageffe de Dieu, qu'il fe fût fait des miracles qui pouvoient induire les hommesen erreur, en leur faifant regarder le pain & le vin de l'Euchariftie comme ayant en foi-même quelque chofe de furnaturel & de divin. Dieu ne tente perfonne, & c'étoit-là une tentation à laquelle la foibleffe humaine n'eût pu réfifter; d'autant plus que les faints Evêques fe fervoient de ces miracles pour augmenter la terreur religieufe que devoient avoir les fideles en s'approchant de la Communion. Il eût été également inutile, car il ne faut aucun effet miraculeux pour perfuader que dans l'Euchariftie il y a du pain & du vin, & que ce qu'on voit & ce qu'on reçoit n'eft rien davantage: ni pour prouver que celui qui les reçoit avec foi, communique & participe fpirituellement au corps & au fang de Jefus Chrift: ces miracles ne le prouvent point.

tique

Pour ce qui regarde cet impofteur Marc, il eft difficile de comprendre Réflex. fur quel avantage les Proteftants peuvent tirer de ce qu'on rapporte de lui, ce que S. Epiphane Les Auteurs diftinguent fort bien fes preftiges des véritables miracles; rapporte mais on reconnoît que pour augmenter fon crédit parmi ceux de fa de l'héréfecte, il leur vouloit faire voir quelque effet miraculeux. C'étoit donc Marc. quelque chofe qui pouvoit les toucher: & pour cela il faifoit que le calice fembloit être plein de fang bouillonnant, & qui le rempliffoit jufqu'aux bords. Ce miracle n'eût fervi de rien à l'égard de ceux qui n'auroient pas cru que le fang de Jefus Chrift étoit véritablement dans Le calice. Cet impofteur vouloit donc faire paroître aux yeux de fes fecta

LIV. III. teurs ce que chaque Chrétien croyoit être dans l'Euchariftie, & il ne faut CH. IV. pas chercher d'autre fens.

par Necta

& ce qu'en

Gr. p. 204.

Miracles Nectarius, Patriarche de Jerufalem, dans fon Traité contre la Prirapportés mauté du Pape, rapporte quelques miracles de l'Euchariftie pour réponrius de Je- dre à l'objection qu'un Religieux de S. François qui l'engagca à la difrufalem, pute lui avoit faite, qu'il n'y avoit plus de miracles parmi les Grecs, ce dit M. AL- qui marquoit qu'ils n'étoient pas dans la véritable Eglife. Le Patriarche lix. répond qu'il y en a, & il en récite plufieurs, entre autres la confervation Nect. Ed. miraculeufe du pain confacré pour la Meffe des Préfanctifiés, qui étoit demeuré fans fe corrompre pendant plus de deux cents ans. M. Allix qui a traduit cet Ouvrage a fait une note fur cet endroit, dans laquelle il prétend que les miracles ne fervent point à prouver la préfence réelle; V. Notat. & il cite à cette occafion une hiftoire qui eft dans le Limonarium de ad Nectar. Mofchus, qui raconte qu'un homme ayant mis l'Euchariftie dans une armoire, il la trouva changée en épis: il ajoute ce qui eft rapporté par S. Grégoire Pape, comme étant arrivé fous fon prédéceffeur, qui ayant fait toucher un de ces draps de foie appellés brandea aux reliques des Martyrs, avoit coupé ce drap avec des cifeaux, & qu'il en étoit forti du fang.

inter Gr.

Opufc.
P. 207.

Réponse.

Il faut examiner fi cette comparaison fait quelque préjudice à la vérité de ces miracles; puifque de quelque maniere qu'ils fe faffent, ils font toujours des effets furnaturels. Les anciens Chrétiens, auffi-bien que les Catholiques de ces derniers temps, ont regardé les facrés dons du pain & du vin offerts fur les Autels, comme une matiere déterminée par l'inf titution de Jefus Chrift, à devenir par la confécration toute autre chose que ce qu'ils étoient. L'Eglife n'a jamais varié fur cette doctrine, ayant toujours cru que c'étoit le corps & le fang de Jefus Chrift, par conféquent quelque chofe de divin. On le croit par la foi, quoiqu'on ne le voie pas; mais fuivant l'expreffion fort fréquente des Théologiens OrienSevere, taux, de même que les Apôtres voyant Jefus Chrift pendant qu'il étoit fur la terre, ne voyoient qu'un homme qui n'avoit rien extérieurement qui le. diftinguat des autres hommes, & cependant ils croyoient fermement qu'il étoit le Fils de Dieu; ainfi quoique nous ne voyions que du pain & du vin, nous devons croire néanmoins qu'ils font le corps & le fang de Jefus Chrift. Il fit fur la terre plufieurs miracles, parmi lefquels il n'y en eut qu'un feul qui alloit directement à faire connoître fa Majefté infinie cachée fous le voile de l'humanité, & ce fut dans fa Transfiguration. Les autres prouvoient bien fa puiffance divine, mais non pas fa nature divine, puifque Moyfe, Elie, Elifée & d'autres Prophetes en avoient fait de femblables. Cependant perfonne ne dira qu'à l'exception du miracle de la Transfiguration, les autres ne prouvaffent pas fa divinité. On peut donc

Barfalibi.

Abulfar.
Homil.

dire de même que les apparitions miraculeufes du corps de Jefus Chrift Liv. III. dans l'Euchariftie, font le miracle du premier genre pour prouver la pré- CH. IV. fence réelle; mais que les autres ne la prouvent pas moins folidement, puifqu'ils fuppofent qu'il y a quelque chofe de furnaturel & de divin dans l'Euchariftie qui produit ces effets miraculeux; ce qui ne pourroit être s'il n'y avoit que du pain & du vin, ou que toute la fanctification qu'ils peuvent recevoir, ne fût que dans la Communion & par la foi de ceux qui la reçoivent. Auffi tous ceux qui rapportent ces miracles les attribuent à la fainteté de l'Euchariftie prife en elle-même. S. Cyprien parlant du miracle de cette petite fille, qui ayant été fouillée par les facrifices, rejeta le fang précieux, dit ces paroles. La boiffon fanctifiée dans le fang du Seigneur fortit des entrailles fouillées; telle eft la puissance & la majefté du Seigneur (a). La boisson étoit fanctifiée par le fang du Seigneur : il fut donc reçu par cette petite fille, réellement & non par la foi, puisqu'elle n'en étoit pas capable.

cles.

Ces paroles de S. Cyprien ne prouvent pas néanmoins la Transfubf- Réflex fur tantiation, fi on en croit Aubertin; mais on ne peut douter qu'elles ne ces miraprouvent la préfence réelle. Les Anglois n'ont pas cru devoir nous renvoyer à fes Commentaires, comme a fait celui qui a entrepris la derniere édition des Catechefes de S. Cyrille de Jerufalem. Mais ils ont fait une note encore plus étrange fur le miracle rapporté enfuite par S. Cyprien, de celui qui ayant mis l'Euchariftie dans une armoire, ne trouva que de la cendre. Que le pain euchariftique foit tranfubftantié au corps du Seigneur, cela femble furpasser toute créance; mais c'est quelque chofe de plus grand, fi cela peut fe faire, & ce que perfonne ne dira facilement, que le corps du Seigneur ait été changé en cendres (b). Nous favons & nous le reconnoiffons, comme font les Grecs & tous les Orientaux, que le premier changement eft naturellement incroyable, parce qu'il ne fe peut faire fans un très-grand miracle; mais cela ne nous empêche pas de le croire: & comme tout miracle eft également impoffible, felon l'ordre de la nature, ils font tous également faciles à Dieu, dont la puiffance n'a point de bornes. C'est donc par cette raison que les Grecs & les Orientaux croient les miracles de l'Euchariftie, rapportés par les Anciens, & par les Arteurs récents; & ils font perfuadés qu'il s'en fait encore. Un Proteftant ne peut croire ces miracles, parce qu'il ne croit pas que la Tranffubstantiation foit poffible: celui donc qui les croit, reconnoît non feulement

(a) Sanctificatus in Domini fanguine potus, de pollutis vifceribus erupit; tanta eft poteftas Domini, tanta majeftas.

(b) Panem Eucharifticum in Dominicum corpus tranffubftantiari fidem videtur fuperare; fed majus quiddam, fi fieri poteft, quodque nemo facilè dixerit, Dominicum corpus in cineres fuiffe converfum. Not. ad Cypr. p. 133. Ed. Oxon.

Perpétuité de la Foi. Tome IV.

Dd

Liv. III. la poffibilité de ces miracles, mais il croit la Tranffubftantiation qui en CH. V. eft le fondement; & c'est auffi ce que croient les Grecs, aussi-bien que les Orientaux. Ainfi la note des Anglois ne fignifie rien, finon qu'on ne doit pas ajouter foi à ce que dit S. Cyprien, parce que ce feroit fuppofer la Transfubftantiation; ce qui eft un raifonnement très-faux, & ce qu'on appelle dans les Ecoles pétition de principe. Quand ils ajoutent que le changement du corps du Seigneur en cendres eft encore quelque chofe de plus incroyable, ils font dire à S. Cyprien ce qu'il n'a pas dit: puifque fes paroles fignifient feulement que ce Chrétien trouva de la cendre au lieu de l'Euchariftie. Il vaudroit mieux ne pas toucher aux Ecrits des Peres, que de les commenter d'une telle maniere, pour traiter ces faints Docteurs comme des imbécilles. Mais puifque le fens de cette Note & des Commentaires d'Aubertin fe réduit à faire confidérer ces miracles comme des fables, & ceux qui font marqués par des Auteurs plus modernes comme des preftiges, les Proteftants ne devroient pas perdre leur temps ni leurs paroles à effayer de nous perfuader, que ceux qui regardent de pareilles explications comme des blafphêmes & des impiétés, qui croient la Tranffubitantiation indépendamment des miracles, & qui reçoivent les miracles de l'Euchariftie comme croyables, parce que fuppofant la Transfubstantiation, ils ne paroiffent pas impoffibles, aient des fentiments conformes à ceux que leur attribue M. Claude.

Hardieffe

de M.

Claude fur cet arti

CHAPITRE V.

Que les Grecs & les Orientaux ont toujours regardé avec horreur la profanation de l'Euchariftie, & qu'ils ont eu fur ce fujet les mêmes précautions que l'Eglife Latine.

S'll y a eu quelque point dans le cours de la difpute fur la Perpé

tuité de la Foi, où M. Claude ait fait paroître une confiance extraordinaire, c'eft en ce qui regardoit les fuites de l'opinion de la préfence réelle, cle. & ce qu'une pareille doctrine doit produire naturellement dans tout ce Premiere qui a rapport à la difcipline. Suppofé, dit-il, que toute l'Eglife ancienne Réponse, eut cru ce que l'Eglife Romaine croit aujourd'hui, ce feroit la chofe du monde V. Perp. la plus étrange, que cette créance n'eut pas produit les mêmes effets qu'elle a t. 1. 1. 1o. produits depuis Pafchafe & depuis Lanfranc.... Il eft certain, dit-il ailleurs, que la Communion fous une espece est évidemment un fruit & une fuite affez nécessaire de la Transfubftantiation. Car il a fallu en venir là pour

P. 485.

C. IO.

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