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rien contre des

faits.

Liv. III. ne les entendent pas encore autrement, puifqu'ils s'en font fervis de nos CH. VII. jours, pour réfuter le Calvinisme de la fauffe Confeffion de Cyrille Lucar. Qui ne De plus, cette maniere de prouver des faits par des conféquences, est prouvent très-défectueufe: car fi quelqu'un après avoir prouvé que l'Eglife Anglicane ne croit pas la préfence réelle, prétendoit que par conféquent on n'y reçoit pas la Communion à genoux, il fe tromperoit certainement. Celui qui de cette feule marque de refpect concluroit qu'on y adore l'Euchariftie, raifonneroit plus jufte; mais il ne laifferoit pas de fe tromper, parce qu'on lui feroit voir une note dans le Livre des Prieres communes, qui lui apprendroit le contraire. Ce n'eft donc pas ainfi qu'on établit des faits, c'eft par des preuves qu'on appelle de fait, telles que font celles qui ont été tirées de Livres qui ont autorité publique, & dont la pratique eft conftante & prouvée par les témoignages les plus affurés, dont M. Claude n'a pu produire un feul. Que fi, comme on ne peut pas en dif convenir, nos preuves font bonnes, & qu'il en résulte que les Grecs, & toutes les Communions d'Orient, ont le même respect pour l'Euchariftie, les mêmes précautions, & en un mot toutes les fuites de l'opinion de la préfence réelle, il eft inutile de perdre du temps à prouver qu'ils ne la croient point, fur cette fauffe fuppofition, qu'ils ne doivent pas la croire, fondée fur une encore auffi fauffe, qui eft que les anciens Peres Grecs ne l'ont pas crue. Mais ce que les Difciples de M. Claude doivent faire eft d'attaquer nos preuves. Ils ne l'ont pas encore fait, parce que la plupart ont été découvertes depuis l'impreffion des derniers volumes de la Perpétuité, & on doute qu'ils puiffent le faire.

Nos preu vesne font

tes.

Que diront-ils donc? Que ces preuves font fufpectes? Mais ce foupçon pasfufpec. ne peut pas tomber fur ce que nous avons cité de Théodore de Cantorberi, de Reginon, de Burchard, & des autres Canoniftes, qui font connus long-temps avant la difpute de la Perpétuité, ainsi que les Pénitentiaux & les Canons Grecs qui ont été cités. A l'égard des Orientaux, ils trouveront qu'on n'allegue pas des Auteurs en l'air, puifqu'une partie de ceux de l'autorité defquels on fe fert, font connus par les Catalogues des Bibhotheques, & même par ceux qui ont été imprimés en Angleterre ; outre que quand il s'agira de prouver l'autorité de ces Livres on n'y aura pas Quoi beaucoup de peine. qu'elles foient ti

rées de pieces apocry

Ce que les Proteftants pourroient objecter de plus fpécieux, feroit que la plupart de ces Livres font tirés des Canons des Apôtres, des Conftitutions, & d'autres pieces apocryphes, & que des copies fort altérées & défectueufes ne peuvent pas avoir plus d'autorité que les originaux. C'eft à quoi il n'eft pas difficile de répondre. Si on prétendoit fe fervir du téautorité. moignage des Orientaux, pour établir l'authenticité de ces anciennes Col

phes, elles

ont une entiere

lections, comme fi elles avoient été faites par les Apôtres, ou de leur Liv. III. temps, on auroit quelque raifon de ne pas faire grand état de leur juge- CH. VII. ment, puifqu'on fait qu'en matiere de Critique on ne peut y avoir égard. Mais ce n'eft pas cela dont il eft queftion: c'eft de favoir premiérement, s'ils confiderent ces Canons, & d'autres tirés des Constitutions Apoftoliques, comme de fauffes pieces: en fecond lieu, fi telles qu'elles font, la difcipline de toutes les Communions Orientales y eft conforme

ou non.

Pour ce qui regarde le premier point, il eft certain qu'ils regardent Ils fe trom tous ces Canons comme ayant été établis par les Apôtres, & rédigés pent pour ce qui repar S. Clément en la forme qu'ils ont. Les Melchites, les Neftoriens & garde la les Jacobites reconnoiffent de même l'autorité des Canons Arabes attri- critique. bués au Concile de Nicée: ils reçoivent avec le même refpect les Conftitutions Apoftoliques, & d'autres qui y ont rapport. En cela ils ne font pas habiles Critiques; mais ceux qui ont traité tous ces Recueils comme des pieces fuppofées, ont fait voir qu'ils ne les avoient pas affez foigneufement examinés. Car ils contiennent la forme générale de la difcipline de l'Eglife d'Orient, tirée de plufieurs Canons, ou de Traditions qui d'abord n'avoient pas été écrites, & qui le furent dans la fuite. Les diverfités qui fe trouvent dans les traductions fyriaques & arabes, ne viennent pas feulement de la différence des exemplaires, mais aufli parce que dans les Eglifes principales on y ajoutoit ce qui étoit de la difcipline felon les temps & les lieux.

tent fidé

C'est par cette raifon que tout ce qui a rapport aux ufages des Eglifes Mais ils d'Orient fe trouve réglé fuivant ces Canons: & comme les Queftions repréfen& les Réponses Canoniques en étoient tirées, lorfqu'on ajoutoit quelque lement la chole par maniere d'éclairciffement, il étoit facile qu'il entrât dans le discipline. corps de ces mêmes Collections. Que les Proteftants accufent donc, s'ils veulent, les Orientaux de n'être pas Critiques; ce n'eft pas cela que nous louons en eux: ils ne le font pas affez, & peut-être le fommes-nous trop. Les plus habiles conviendront qu'il vaudroit mieux être dans la fimplicité des Orientaux, & de recevoir comme écrit par les Apôtres ce qui comprend les anciens ufages de l'Eglife Orientale, fondés fur la Tradition Apostolique, que d'en faire des Critiques aufli abfurdes que font celles de du Moulin, de Rivet, & de plufieurs autres touchant ces anciens Canons, les Liturgies & plufieurs Ouvrages des SS. Peres. Car toute leur Critique roule fur ce principe, que fi des pieces de cette antiquité portent de faux titres, elles font fauffes, & perdent leur autorité. Or il n'y a rien de moins vrai que ce principe. Les titres ne font rien pour autorifer

LIV. III. les Liturgies, les Canons de difcipline, & d'autres pieces femblables: c'est CH. VIL. l'ufage qui en a été fait dans les Eglifes; & comme on ne peut douter que toutes celles d'Orient ne s'accordent depuis plufieurs ficcles dans l'observation de la plus grande partie des coutumes qui font marquées dans ces anciennes Collections, il n'en faut pas davantage pour les mettre hors d'atteinte contre tous les reproches des Proteftants. Or il n'y a rien qui foit prouvé plus certainement que la difcipline tirée de ces Livres, & telle que nous l'avons expliquée, puifqu'elle eft confirmée par les Hiftoires. Dans celle des Patriarches d'Alexandrie, où eft rapporté le miracle d'une apparition de Jefus Chrift en forme d'enfant dans l'Eucharistie, les Historiens marquent, que les Chrétiens eurent une telle horreur de la profanation qu'en avoit faite un Prince Arabe, qu'ils furent quelque temps fans célébrer la Liturgie. Les Neftoriens rapportent que Jofeph Catholique vingt-huitieme, mais qui fut déposé pour fes crimes, ayant fait mettre dans une prifon Siméon Evêque d'Anbara; & ayant fu qu'il célébroit la Liturgie, y entra par force, renverfa l'Autel, & jeta l'Eucharistie à terre, ce qu'ils traitent d'un énorme facrilege. Ce Jofeph vivoit fous Cofroës Nufchirüan, fous lequel naquit Mahomet.

Coutume Les Cophtes ont une coutume particuliere, qui eft que le Diacre ne se particuliere des tient pas derriere le Prétre comme ailleurs, mais à côté tourné vers lui. La Cophtes. caufe, dit l'Auteur du Traité de la Science Eccléfiaftique, vient de ce qu'autrefois les bérétiques pouffés par une fureur diabolique, entroient dans les Eglifes de ceux qui ne confeffent qu'une feule nature en Jefus Chrift, & une feule volonté, & lorsque leurs Prêtres étoient attentifs au Sacrifice, pendant qu'ils confacroient les Oblations, les bérétiques les enlevoient les fouloient aux pieds. C'est pourquoi les Cephtes ordonnerent que le Diacre fe tiendroit vis-à-vis du Célébrant, pour prendre garde fi quelque bérétique ne venoit point faire cette infulte: & s'il en appercevoit quelqu'un, il prenoit l'Obla tion & le Calice qu'il cachoit fous l'Autel dans une petite voute faite exprès. On craignoit donc dès ce temps-là parmi les Jacobites & les Neftoriens la profanation de l'Euchariftie, & ces époques font plus anciennes que le Mahométifme. Les hérétiques dont parlent les Cophtes, ne font autres que les Orthodoxes, qui ne pouvoient commettre de pareilles violences, fi on peut croire qu'ils les aient commises, finon avant que les Mahométans fe fuffent rendus maîtres du pays; c'eft-à-dire, avant le feptieme fiecle. Si donc ces craintes & ces précautions font des fuites de la présence réelle, il faut qu'elle fût établie parmi les Jacobites dès ce temps-là.

Toutes les fubtilités de M. Claude ne fervent de rien pour expliquer de pareils faits, puifqu'ils ne font fujets à aucun équivoque, & qu'ils

portent des preuves certaines de la créance intérieure de ceux qui pra- Liv. III. tiquent tout ce que nous avons extrait de leurs Auteurs, beaucoup plus CH. VII. croyables que des Voyageurs ignorants, ou des Auteurs auffi mépri

fables que trois ou quatre que les Calviniftes ont cités pour établir leurs paradoxes.

Liv. IV.

CHAP. I.

LIVRE QUATRIE ME,

Des Liturgies.

Ce que fignifie le mot de Li

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De ce qu'on doit entendre par le mot de Liturgies, & de celles qui fe trouvent dans les Eglifes d'Orient en diverfes langues.

LE

E mot de Liturgie, par un ufage reçu depuis plufieurs fiecles parmi tous les Chrétiens, fignifie la forme des oraifons & des cérémonies auturgie. torifées & pratiquées par les Eglifes dans la célébration des faints Myfteres. On l'appelle auffi Avaoga, c'eft-à-dire Oblation ou Sacrifice ; & ce mot n'eft pas feulement en ufage parmi les Grecs; il eft employé par les Cophtes, par les Syriens & par les Ethiopiens. Les autres mots ordinaires, comme Koudcho des Syriens, Kadas en arabe & en éthiopien, fignifent la même chore que le grec ἱερεργία.

Celles des
Grecs.

Celles des
Neftor.

Les Grecs ont plufieurs de ces Liturgies en leur langue; celle de S. Jacques, celle de S. Marc, celle de S. Clément; mais ils ne fe fervent guere depuis plufieurs fiecles que de celles de S. Bafile & de S. Jean Chryfoftôme, outre celle des préfanctifiés.

Les Neftoriens qui font la fecte la plus ancienne de celles qui fubfiftent encore ont trois Liturgies, avec un Ordre général de la célébration des faints Mysteres, qui fert à toutes les trois, comme le Canon de la Meffe latine fert à toutes les Meffes de l'année. C'eft cependant avec cette différence, que notre Canon qui commence après la Préface jufqu'à la Communion, eft toujours le même à l'exception de quelques oraifons qui varient felon les fêtes au lieu que cet ordre général des Neftoriens, auffi-bien que des autres Orientaux, comprend ce qui fe dit depuis le commencement de la Meffe, jufqu'au baifer de paix, qui fe donne avant la Préface & n'a rien de différent, finon les leçons de la Sainte Ecriture; au lieu que l'autre partie qui eft l'action facrée, eft compofée d'autant de différentes prieres qu'il y a de Liturgies, quoiqu'elles aient toutes le même fens & la même difpofition. La premiere Liturgie des Neftoriens, est celle qu'ils appellent des faints Apôtres, & ceux qu'ils entendent font Hit Neft. S. Thadée & S. Maris, par lefquels ils croient avoir reçu la premiere Prédication de l'Evangile. Le premier eft connu; l'autre ne l'eft que par leurs

AIS. Arab.

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