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Liv. IV. rence entre les deux Liturgies, & entre les exemplaires de celle de S. Jean CH. V. Chryfoftôme, que fi elles n'étoient pas fauffes, elles avoient été altérées & corrompues en plufieurs endroits.

ble.

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Jugement Mafius étoit bon Catholique, & il a rendu des fervices considérables de Mafius infoutena au public par fes travaux fur l'Ecriture Sainte, & fur la langue fyriaque; mais il n'étoit point Théologien, & le peu qu'il a dit en quelques ouvrages touchant les Chrétiens de Syrie, fait voir qu'il ne les connoiffoit guere. Son maître en langue fyriaque qu'il cite fouvent comme un oracle, étoit Neftorien, & il ne s'en eft jamais apperçu: le Traité de Moyfe Barcepha, eft l'ouvrage d'un Jacobite qu'il a pris pour un orthodoxe, & pour la matiere liturgique il ne l'entendoit point. La Liturgie qu'il a traduite & qu'il a publiée, ne fe trouve point fous le nom de S. Bafile dans les meilleurs Manufcrits: & ainfi la comparaifon qu'il en fait avec la grecque, & les différences qu'il y remarque ne prouvent rien; outre qu'il eft aifé de reconnoître fans favoir le fyriaque, mais fur la feule traduction, que le grec eft l'original, & le fyriaque une copie. Il n'avoit vu que celle - là ; il ignoroit qu'elle ne contenoit pas toutes les prieres, qu'on prend ordinairement de l'Office général qui fert à toutes les Liturgies du Rite fyrien. Joignant donc ce qu'il en falloit prendre avec ce que contenoit l'exemplaire qu'il a traduit, la grecque de S. Bafile ne fe trouve guere plus longue.

Les addi

tes aux Li

On y a dans la suite du temps fait diverses additions ou changements, tions fai- & cela eft commun à toutes les Liturgies, fans que pour cela elles aient turgies ne été corrompues, puifque ces changements ne regardoient pas des chofes les ont pas effentielles, dans lefquelles il ne s'en trouvera jamais aucun. Pour des

corrom

pues.

fuperftitions, fi Mafius a voulu parler de certaines cérémonies que les Grecs ont introduites dans les fiecles moyens, & qui fe trouvent dans les Liturgies dont ils fe fervent préfentement, il y en a quelques-unes fur lefquelles les Latins ont difputé contr'eux avec beaucoup de chaleur, & peut-être d'une maniere trop outrée. La principale eft le mêlange d'un peu d'eau chaude dans le calice avant la Communion: les autres font plutôt des marques de leur vénération pour l'Euchariftie, que des fuperftitions & des abus. Pour l'Eglife Latine, il ne s'en trouvera point dans les cérémonies les plus auguftes; & quoiqu'on puiffe juger que Mafius, n'avoit autre deffein que de marquer par la comparaifon qu'il a faite, qu'on pourroit fouhaiter qu'en certaines occafions on rappellât les cérémonies facrées à une plus grande fimplicité, on ne peut néanmoins l'excufer de témérité dans ce qu'il a écrit fur ce fujet; & fon autorité n'est pas telle que les Catholiques doivent s'y rendre; d'autant moins qu'il fe trompoit fur ce qu'il établiffoit touchant la fimplicité des Rites Syriens,

faute de les connoître. Car ce jugement eft fondé fur ce qu'il ne trouvoit Liv. IV. point de rubriques ni de détail de cérémonies dans le manufcrit fur le- CH. V. quel il avoit fait fa traduction. Il auroit pu trouver des Manufcrits de la Liturgie Grecque de S. Bafile, & de celle de S. Jean Chryfoftôme, qui auroient eu le même caractere de fimplicité; puifque ce n'a été que dans les derniers temps qu'on y a ajouté les rubriques, ce qui eft commun à toutes les anciennes Liturgies Latines, Grecques & Orientales. Les Syriens & les Cophtes n'en ont pas moins que les Grecs, comme on le voit par le Commentaire de Denys Barfalibi fur celle de S. Jacques, & par divers Traités particuliers qui ne regardent que les cérémonies.

riens &

autres ont

nies que

Il y en a plus parmi les Syriens pour la feule préparation du pain Les Syqui doit être offert à l'Autel, qu'il n'y en a parmi les Grecs: prefque tout ce que ceux-ci pratiquent pour la premiere offrande, lorfqu'ils la portent autant de à l'Autel pour la confécration, l'Invocation du S. Efprit, la fraction, cérémol'intinction de l'Hoftie, l'union des deux efpeces, eft obfervé également les Grecs. parmi les Syriens, & dans toute l'Eglife d'Alexandrie: de forte que la fimplicité eft beaucoup plus grande dans l'Eglife Latine que dans la Grecque & les Orientales, C'est ce que Mafius a ignoré, & cette ignorance l'a précipité dans un jugement fort téméraire, fur lequel Rivet n'étoit pas capable de le redreffer; même fur une derniere raison qui en fait voir la fauffeté. Qua in re, dit-il, mihi videntur fuisse Syri tantò Græcis Latinifque temperantiores, quantò minus in tranquillo, ne dicam luxuriofo, apud illos Chriftiana res ftatu verfata eft. Il falloit que Mafius fuppofât que les Eglifes de Syrie n'avoient jamais joui de cette paix qui fut commune à toutes les autres depuis l'Empire de Conftantin; qu'il eût oublié ce que les Hiftoriens les plus graves, & prefque tous contemporains, écrivent des bâtiments magnifiques de l'Empereur, de fa mere Sainte Hélene, & des autres, pour orner les faints lieux que les Chrétiens venoient vifiter des extrémités de la terre; des vafes facrés, des ornements précieux dont ils enrichirent l'Eglife de la Réfurrection, celle de Bethléem & plufieurs autres. Même avant ces temps-là, on trouve les reproches que les Evêques affemblés au Concile d'Antioche firent à Paul de Samofate, fur fa vie voluptueufe, fur fa magnificence, & fur fes manieres plus convenables à un Officier féculier Ducenarius, qu'à un Evêque. L'Eglife d'Antioche étoit-elle dans l'oppreffion avant les Mahometans? Celle d'Alexandrie n'avoit-elle pas des richeffes immenfes ? Cependant les Syriens faifant leurs Offices en leur langue, étoient de ce temps-là, comme quelques-uns le font encore, en Communion avec les Grecs; & depuis la fin du feptieme fiecle, ceux-ci n'ont pas été moins opprimés que les Syriens & les Cophtes. De plus, c'eft une fuppofition très-fauffe que de s'imaginer qu'en

Liv. IV. ces pays mêmes où les Infideles font les maîtres depuis plus de mille ans, CH. V. les Chrétiens n'aient pas eu la liberté de pratiquer leurs cérémonies. Ceux

Fauffe critique fur

qui ont voyagé en Perfe, favent qu'à Julfa où les Arméniens font en très-grand nombre, & où réfide leur Métropolitain, le fervice fe fait avec autant d'appareil, de croix précieuses, de reliquaires, de vafes facrés d'ornements magnifiques, qu'en Chrétienté. Les Grecs de Conftantinople, quoique fort vexés par les Turcs, obfervent de même toutes les cérémonies de leur rite; ce qui fait voir la fauffeté de ce raisonnement de Mafius.

Ce que Rivet ajoute pour attaquer la Liturgie de S. Jean Chryfoftôme, la Liturg. a été cent fois réfuté. Il fonde fes foupçons fur la diverfité des exemde S. Jean plaires, fur ce que la premiere verfion latine de Leo Tufcus ne s'acChryfoft. corde pas avec celle d'Erafme, ni avec les textes imprimés; enfin qu'on y trouve les noms du Pape Nicolas & de l'Empereur Alexis; en quoi il fait affez voir qu'il ne favoit pas les premiers éléments de la matiere liturgique. Nous ne prétendons pas que la Liturgie de S. Chryfoftôme foit fortie de fes mains précisément en l'état où elle eft; mais feulement, que felon la Tradition de toute l'Eglife Grecque, il régla & mit en ordre la forme générale de cet Office facré, qui fut fuivie depuis par l'Eglife de Conftantinople. Toutes les diverfités qu'on remarque entre les Manufcrits de différents âges, n'empêchent pas qu'ils ne s'accordent tous dans les parties effentielles que les Proteftants ont entiérement abolies. 11 n'y en a aucune qu'on ne reconnoiffe marquée expreffément dans les ouvrages incontestables de S. Chryfoftôme, comme on peut le voir clairement dans l'extrait qu'en a donné Claude de Saintes. Il est donc arrivé à cette Liturgie, ainfi qu'à toutes les autres en quelque langue qu'elles foient, que les Evêques ont ajouté diverfes prieres, qu'ils en ont abrégé quelques-unes, qu'ils en ont étendu d'autres. Cela prouve l'ufage qu'en ont fait les Orientaux, & non pas qu'elles aient été corrompues ; & quand on examine en quoi confifte cette prétendue corruption, il est aifé de reconnoître que l'Eglife pratiquoit long-temps avant l'époque la plus ancienne qu'on puiffe donner à la forme qu'ont préfentement les Liturgies, c'est-à-dire, avant le quatrieme & le cinquieme fiecle, tout ce que les Proteftants regardent comme des abus. Si quelqu'un citoit des Manufcrits de la Meffe latine du temps de Charlemagne ou de fes prochains fucceffeurs, & qu'on y trouvât leurs noms dans le Canon, s'il prétendoit prouver qu'il n'a pas été établi plutôt, il fe rendroit ridicule : il en eft de même des raifons de nouveauté que du Pleffis & Rivet tirent des noms du Pape Nicolas, & de l'Empereur Alexis, qui fe trouvent en quelques exemplaires.

CHAPITRE

VI.

Liv. IV.

CH. VI.

De l'autorité des Liturgies & des autres Offices publics des Eglifes dans

ON

les matieres de controverfe.

Proteft.ne

Na fait voir dans le Chapitre précédent le fondement fur lequel Toutes les les Catholiques établiffent l'authenticité des Liturgies, & qu'elle ne confifte object des pas fur la dignité des Saints auxquels elles font attribuées, mais fur l'ufage prouvent conftant & perpétuel des Eglifes qui s'en font fervies. Il a été facile de pas que les Liturgies reconnoître par ce qui a été dit, que fi les objectious de Rivet, auxquel- foient fuples se réduisent toutes les autres des Proteftants, prouvoient quelque pofées. chofe, ce feroit que les Apôtres & les Saints Peres, fous les noms defquels nous avons des Liturgies, ne les ont pas mifes d'abord en l'état où elles font préfentement, ce que nous reconnoiffons fans difficulté : mais cela ne prouve pas qu'elles doivent être confidérées comme des pieces fauffes & fuppofées. On peut prouver, & les Catholiques n'en difconviennent pas, qu'il s'y eft fait dans la fuite des additions & des changements; mais qui ne peuvent être confidérés comme des corruptions, puisqu'il n'y a eu rien de changé dans les parties effentielles de ces Offices. On a fait voir pareillement que ce qui passe pour corruption, abus & fuperftition parmi les Proteftants, eft entiérement conforme à l'ancienne difcipline des Eglifes, & qu'ainfi tout ce qui a relation à cet article, ne peut passer pour preuve de nouveauté & de changement. Enfin que quand les raifons qu'ils alleguent auroient quelque force felon les regles de la Critique, elles ne prouveroient rien à l'égard des Grecs & des Orientaux, qui croient non feulement que leurs Liturgies font de Tradition apoftolique, mais qu'elles ont été composées par ceux dont elles portent le nom.

Outre les défauts qu'il y a dans les arguments de Rivet, il y en a Ils n'ont encore un autre, qui ne le regarde pas plus que tous les Proteftants, pas parl lorsqu'ils ont attaqué les Liturgies, & c'eft qu'ils n'ont pas parlé de celles Oriental qui n'étant pas du nombre de cinq ou fix qu'ils ont critiquées, leur ont été entiérement inconnues, comme celles des Cophtes, dont la premiere eft appellée de S. Bafile, & Rivet n'en a pas dit un feul mot. Cependant Jofeph Scaliger, (a) dont l'érudition étoit beaucoup plus grande, jugea Scalig. qu'elles étoient plus anciennes que les Grecques, telles qu'on les a préfentement. M. de Saumaife en fit le même jugement, & fe réduifit à y

(a) Ego, mi Vellere, audeo dicere longè integriora & vetuftiora illa Arabica effe, quam funt ea quibus Græci hodie utuntur..

Ep. 172.

Liv. IV. chercher le Calvinisme par des interprétations forcées, & auffi contraires CH. VI. à la Grammaire qu'à la faine Théologie; les autres n'en ont pas prefque parlé. Cependaut avant que de former un jugement férieux fur toutes les Liturgies, il étoit néceffaire de connoître celles-là, & plufieurs autres qui étoient reçues dans les Eglifes de Syrie, fur-tout celles des Nestoriens & des Jacobites, dont il paroît que Rivet n'a pas même fu le nom. Car s'il eft certain, comme on ne peut en difconvenir, que ces Liturgies étoient en ufage depuis un temps immémorial, & que dans les Communions qui s'en fervoient on n'en connoiffoit point d'autres; que tout ce qui paroît aux Proteftants des marques de nouveauté & de fuppofition dans les Grecques, s'y trouve pareillement; que néanmoins on reconnoît fenfiblement que les Egyptiennes & les Syriaques ont été formées fur les Grecques; qu'il eft contre toute vraisemblance, que depuis le Concile d'Ephese les Neftoriens aient rien pris des Catholiques, non plus que les Jacobites depuis le Concile de Calcédoine; il faut que les Liturgies Grecques aient été fuppofées ou corrompues avant ces deux époques, ce qui eft une abfurdité manifefte. Ainfi par cette feule comparaifon de ces mêmes prieres, quoiqu'en différentes langues, où il fe trouve une entiere conformité dans ce qui eft effentiel, tous les raisonnements de Rivet & des autres Proteftants tombent entiérement; & il faut de toute néceffité qu'il y ait eu un exemplaire original & primitif, plus ancien que les fchifmes des Neftoriens & des Jacobites; puifque leurs prieres fe trouvent conformes avec celles de l'Eglife Catholique, dans laquelle il les avoient trouvées avant que de s'en féparer.

cien de

Quel peut On doit donc chercher quel eft cet original & ce modele primitif être l'ori- de toutes les Liturgies, & le caractere qui le doit diftinguer, eft qu'il ginal ancontienne des prieres & des cérémonies que toute l'Eglise ait pratiquées toutes les toujours & en tout pays. Il faut qu'il contienne ce qui étoit obfervé Liturgies. dans les premiers fiecles de l'Eglife, & qu'il n'y ait rien que de conforme à l'inftitution de Jefus Chrift, à la pratique des temps Apoftoliques, & à ce que l'Eglife a toujours regardé comme tel: qu'il fe trouve égaleIl doit ment obfervé dans la fuite par les Latins, par les Grecs, les Syriens, les Egyptiens & toutes les Nations Chrétiennes, en forte que les héréfies & les tout ce qui s'eft obfer- fchifmes n'y aient rien changé.

contenir

vé dans l'ancien

Il faut auffi examiner fi ce qui compofe cette Liturgie primitive se fe ne Eglife, trouve comme néceffaire dans toutes celles qui ont été formées fur ce & ce qui premier modele; & c'eft ce qu'on reconnoît facilement dans toutes celles dé comme qui ont été reçues dans les Eglifes Orientales & Occidentales. Or il n'y néceffaire en a aucune qui ne repréfente pas l'action de graces générale contenue Liturgies. dans la Préface, & dans les premieres oraifons du Canon, auffi - bien

eft regar

dans les

que

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