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Cette

preuve s'étend

fur tous les arti

cles con

teftés.

Liv. 1. La force de l'argument tiré du confentement général & perpétuel de CH. II. toutes les Eglifes fur les articles contestés entre les Catholiques & les Prétendus Réformés, ne s'étend pas moins fur tous les autres, que fur celui de l'Euchariftie. Leurs premiers Chefs abolirent les anciens ufages de l'Eglife, fous prétexte qu'ils avoient été introduits par les Papes, contre la pratique & la doctrine des premiers fiecles. Quand on voit donc que ces mêmes chofes ont toujours été & font encore obfervées exactement par les Chrétiens de l'Eglife Grecque, comme établies fur la Tradition Apoftolique: que les Neftoriens, féparés depuis près de douze cents ans : les Jacobites, dont la féparation a commencé au Concile de Calcédoine: toutes les Eglifes de différentes Langues comprifes fous ces deux fectes, font dans la même pratique, on reconnoît aifément, que le retranchement de ces prétendus abus eft fondé fur une fauffe fuppofition. Enfuite pour peu qu'un homme qui cherche la vérité y faffe réflexion, il aura peine à comprendre, que ce qui a été pratiqué par les Chrétiens des premiers fiecles, & qui l'eft encore dans toutes les Eglifes d'Orient, puiffe être traité d'abus & de fuperftition. Cette réflexion doit produire en lui une jufte défiance de la bonne foi, & de la capacité des premiers Réformateurs; & quand il aura examiné les autres motifs dont ils tâcherent de juftifier leur féparation, il ne les trouvera pas mieux établis.

LesCatho

fervirent

teurs.

inf. Germ.

Auffi Erafme & plufieurs Catholiques qui vivoient dans le temps auquel liques s'en la Réforme commença à éclater, leur reprocherent d'abord la témérité contre les & l'impiété, fans laquelle on ne pouvoit condamner, comme des abus premiers & des fuperftitions, ce que les plus grands Saints, les Maîtres & les DocRéforma- teurs de l'Eglife avoient conftamment enfeigné & pratiqué: que tous les Erafm.Ep. vrais Chrétiens fouhaiteroient toujours, & demanderoient que les abus qui ad Fratres pouvoient s'être introduits fuffent corrigés: mais qu'il ne falloit pas pour cela renverser les Autels, piller les Eglifes, prendre les biens des Monafteres destinés à la nourriture des pauvres, abolir le Sacrifice non fanglant, confervé dans toute l'Eglife depuis tant de fiecles: fupprimer les jeûnes, & tous les exercices de pénitence: retrancher la Confeffion des péchés: ouvrir les portes des Monafteres à de mauvais Religieux ou Religieufes qui avoient été confacrés à Dieu par des voeux folemnels : les marier contre toutes les Loix divines & humaines: fouler aux pieds l'autorité des Evêques, pour la mettre entre les mains des Laïques, des Princes, ou d'une populace ignorante & tumultueufe: avoir en horreur le figne de la croix, & les images facrées. Enfin ils montrerent que tout ce que les premiers G. Caffan- Réformateurs ont voulu faire regarder comme l'ouvrage de Dieu, n'étoit dre s'en que fureur, impiété, facrilege & ignorance.

fervitavec fuccès.

George Caffandre, Théologien d'un grand mérite, & qui avoit un ca

ractere fingulier de douceur & de charité, avec une capacité fupérieure Liv. I. à celle de la plupart des autres Théologiens de fon temps, s'eft fervi pa- Cн. II. reillement de l'argument tiré de la conformité de la difcipline des premiers fiecles dans la célébration de la Liturgie, & à ce deffein il fit plufieurs recherches très-curieufes, comprifes dans le Traité qu'il appella Liturgica. Il n'y rapporta pas feulement divers extraits des anciens Offices de l'Eglife Occidentale: il y joignit ce qu'il put trouver alors touchant les Rites de l'Eglife Orientale; & quoique ce qu'il en a dit ne foit pas auffi ample ni aufli exact que ce qu'on a découvert depuis, cela fuffifoit néanmoins pour renverser tous les fyftêmes de la Réforme.

teftants

la force de

Auffi les Proteftants n'ont jamais abfolument nié que le confentement Les Progénéral de toutes les Eglifes ne fût d'une grande autorité dans les difputes n'ont pas fur la Religion. Il eft vrai qu'il y a beaucoup d'apparence que leurs pre- contefté miers Maîtres n'y avoient pas penfé: l'Antiquité Eccléfiaftique n'étoit pas cet argualors affez connue, & fi elle l'avoit été comme elle eft préfentement, ment. ils n'auroient pas vraisemblablement touché à plufieurs points de doctrine & de difcipline, qu'ils ont renversés comme des nouveautés, quoiqu'ils fuffent auffi anciens que l'Eglife; & nos Théologiens auroient plus facilement défendu la foi qu'elle enfeigne, s'ils s'étoient contentés de la foutenir par la Tradition, & par la pratique conftante des Chrétiens de tous les pays & de tous les fiecles.

tement de

conteftés.

Mais au moins les Calviniftes font convenus de la vérité du principe, Mais ils & il y a déja plufieurs années, qu'ils ne nient plus que fi toutes les Egli- nient les faits qui fes du monde s'accordent fur les points conteftés avec les Catholiques, établiffent la difpute étoit terminée. Ils fe font réduits, fuivant la méthode de M. le confenClaude, à nier ce confentement général: & jamais homme ne l'a nié avec toutes les plus de hardieffe que ce Miniftre. Aubertin & quelques autres n'étoient Eglifes fur les points pas entrés dans le détail de cette queftion, car ils fentoient la foibleffe des preuves qu'ils pouvoient employer pour montrer que toute l'Eglife Grecque de notre temps étoit dans leurs fentiments fur l'Euchariltie, encore moins pour trouver cette conformité entre eux, & les Eglifes d'Egypte, de Syrie, de Perfe, d'Ethiopie & d'autres féparées de Communion de l'Eglife Grecque. On fait croire ce qu'on veut à fes difciples, & à des ignorants, fur des paffages d'anciens Auteurs, embarraffés par de longs commentaires: ces Auteurs ne parlent plus. Mais cette Eglife Grecque, celle d'Alexandrie, qu'on appelle des Cophtes ou Egyptiens, celle d'Ethiopie, des Neftoriens, & toutes les autres fubfiftent, & elles ont parlé par la bouche de leurs Patriarches, de leurs Evêques, & des fimples Laïques qui favent leur créance. Ainfi on ne peut tromper personne fur ce qui regarde des Eglifes entieres qui fubfiftent comme celles-là. On

Liv. J. les a confultées; elles ont expliqué leur créance de la maniere la plus CH. II. authentique & la plus folemnelle: & les Auteurs de la Perpétuité de la

La difpute réduite à la queftion de fait.

Foi ont donné au public toutes ces réponses. M. Claude ne s'eft pas rendu pour cela: Tous ces gens-là, dit-il, font Latinifés : les Atteftations font fauffes: elles ont été obtenues par de mauvaises voies: on les a fait figner à des ignorants, qui fignent tout ce qu'on leur préfente, pourvu qu'on leur donne de l'argent. Voilà ce qu'il appelloit répondre à l'autorité de ces pieces, fans alléguer la moindre preuve du genre de celles dont on fe fert quand on s'infcrit en faux contre un Acte. En même temps, lui qui rejetoit ceux qui étant expédiés dans la forme la plus authentique, font légalifés par les Ambaffadeurs, les Confuls, & autres perfonnes publiques, voulut faire valoir l'autorité d'une piece informe, comme étoit la Confeffion de Cyrille Lucar: fes lettres furtives à des Miniftres: de femblables lettres de M. Haga: des réponses ambiguës de quelques Grecs vagabonds, le témoignage d'un M. Bafire. Enfin il a toujours perfisté à nier qu'aucun Grec, s'il n'étoit Latinifé, admit la préfence réelle, la Tranffubftantiation & l'adoration de l'Euchariftie.

Par conféquent toute la difpute eft réduite à la question de fait. Quand M. Claude prouvoit ces paradoxes par des raisonnements en l'air, les Grecs les détruifoient en faifant imprimer des livres en Moldavie, qui établiffoient tout le contraire, pour ne pas parler de la Confeffion Orthodoxe, imprimée quelques années auparavant en Hollande, fans que les Catholiques y euffent aucune part, non plus qu'à la derniere édition qui en a été faite à Leipfick, avec la Traduction d'un Luthérien. Il eft étonnant, qu'après une conviction auffi manifefte d'ignorance & de hardieffe, fur ce qui regarde les Grecs & les Orientaux féparés de leur Communion, on puiffe encore copier de femblables fauffetés, & en faire le fondement de difputes férieufes. Les Monuments Authentiques du Sieur A. ne doivent pas être mis dans ce nombre: il paroît que plufieurs perfonnes raisonnables défapprouvent & condamnent la maniere dont il a traité les Catholiques, fur-tout ceux à qui par une efpece de droit des gens on doit porter refpect. Ce n'eft pas par des injures, par des calomnies & par des fauffetés que l'on défend la vérité. Les Savants font encore moins contents de trouver tant d'ignorances groffieres dans un ouvrage affez médiocre, pour ce que l'Auteur y a mis du fien. Il ne faut pas néanmoins infulter fi fort à cet Ecrivain, & prétendre juftifier le Miniftre Claude. Celui-ci avoit affuré avec une telle hardieffe, que les Grecs ne croyoient rien de femblable à ce que nous croyons, & il l'avoit répété tant de fois, qu'un Néophyte le pouvoit croire. En cela il n'a fait que ce que tous les Miniftres, & généralement les Calviniftes ont fait

en approuvant, en louant & en copiant cette propofition de M. Claude, Liv. I. qui étoit tellement néceffaire à fon fyftême, que fi elle fe trouvoit fauffe, CH. II. il étoit entiérement renverfé. On auroit de la peine à citer quelque Ecrivain autorifé dans leur Communion qui l'eût défavoué: quoique plufieurs aient dit en particulier à leurs amis, qu'il s'étoit engagé dans un embarras d'où il ne s'étoit pas tiré à fon honneur.

Quels éloges n'a-t-il pas reçu & ne reçoit-il pas encore tous les jours? M. Claude auffi peu Il a cependant dit en fubftance tout ce que l'autre a cru à fon exemple excufable pouvoir dire en détail. Il a affuré que tous les Grecs qui reconnoilloient que le le dogme de la Tranffubftantiation étoient de faux Grecs. L'autre, fur Sieur. A.. fon témoignage, a affuré que Gennadius, que Coreffius, Gabriel de Philadelphie, Grégoire Protofyncelle, Parthenius le vieux, le dernier de ce même nom, Patriarches de Conftantinople, Dofithée de Jerufalem & tous les autres l'étoient. Si le Miniftre Claude a eu raifon, le Sieur A.. ne l'a pas eue moins que lui. Car fi la propofition du premier eft fauffe, fa témérité eft beaucoup moins excufable, puifqu'elle attaque toutes les Eglifes, au lieu que l'autre attaque les particuliers. C'est une hardiesse infupportable, & qui feroit punie par les Loix, que d'accufer un particulier fans la moindre preuve, & c'est ce qu'a fait le Sieur A. Ce n'en eft pas une moindre d'imputer des fauffetés notoires à toutes les Eglifes. d'Orient, & n'en prouver aucune: car on ne dira pas que M. Claudeait mieux prouvé ce qu'il avance contre tous les Grecs, que l'autre a prouvé que tous ceux qu'il attaque en particulier étoient des Papiftes. Si donc M. Claude ne s'eft pas engagé dans les preuves de ce qu'il difoit touchant les Grecs, il a été plus prudent que l'autre, mais il n'a pas été ni mieux inftruit ni plus fincere.

rance fur

rientaux..

On croit avoir montré affez clairement dans la Défense de la Perpétuité, Son igno la fauffeté de tout ce que les Calviniftes ont avancé fur cette matiere: les Chrémais on n'y a pu éclaircir en détail la foi, & les principaux points de tiens O.. la difcipline de ces Eglifes féparées. Il paroît affez par ce que M. Claude en a écrit dans tant de volumes qu'il n'en avoit pas la moindre connoiffance, & il ne s'en faut pas étonner; car aucun Proteftant n'a écrit raifonnablement fur cette matiere.. On l'a voulu éclaircir par des témoignages de Voyageurs & de Géographes, ou par des extraits de ceux qui ont écrit touchant les héréfies: ce n'eft pas de cette maniere qu'une quef. tion auffi importante doit être traitée. Ce n'eft pas non plus fur de fimples atteftations, quoique certaines & authentiques, qu'il faut établir ce: qu'on doit croire de la Foi & de la difcipline des Eglifes. Il faut des preuves fuivies, & qui le foutiennent par une liaison réciproque & par une exacte conformité avec la Tradition de toute l'Eglife. Comme donc par

LIV. I. les raifons qui ont été dites, cela n'avoit pu être fait par les Auteurs de CH. II. la Perpétuité: que dans la Défense il n'étoit guere poffible de le faire

On n'é

claircira

leur doc.

trine que

par des preuves de fait.

Autorités

dont on fe fervira.

fans trop groffir un ouvrage dans lequel on avoit deffein de n'entrer dans le fond de la question, qu'autant qu'on s'y trouveroit engagé par l'Auteur qu'on réfutoit, on tâchera de recueillir dans ce Traité les principaux points de dogmes, de difcipline & d'hiftoire qui peuvent donner une idée vraie & certaine de ce que croient les Eglifes Grecques & toutes celles d'Orient.

On efpere, nonobftant que la matiere foit fort ample, l'éclaircir autant qu'il fera néceffaire, par des preuves de fait, & par des pieces originales dont on a eu un affez grand nombre. Outre plufieurs pieces Grecques imprimées ou manufcrites, dont quelques-unes ont paru depuis peu, nous employerons feulement l'autorité des livres qui font reconnus comme orthodoxes par les Grecs modernes.

A l'égard des Orientaux, il n'y a aucune Eglife dont nous n'ayions eu plufieurs Liturgies, des livres de Prieres & des Confeflions de foi. Nous nous fervirons auffi des témoignages de leurs Théologiens; car il y en a plufieurs Jacobites, Neftoriens ou Melchites, qui fe trouvent dans les Bibliotheques, & qui ne doivent pas être inconnus aux favants Proteftants, puifqu'ils font dans les catalogues de celles d'Angleterre & de Hollande. Il fe trouve aufli des Hiftoriens, des anciennes Collections de Canons & de Conftitutions Eccléfiaftiques, des Commentaires fur les Liturgies, des Pénitentiaux, des Pontificaux, & plufieurs autres livres femblables, la plupart anciens de quelques fiecles au-delà du fchifme des Proteftants. Ce font-là les pieces defquelles nous tirerons ce qui entrera dans ce Traité, & non pas de témoignages fufpects, au nombre defquels on doit mettre ceux de plufieurs Auteurs qui ont parlé en général des Religions ou des Héréfies: ou de voyageurs peu inftruits des matieres Eccléfiaftiques, qui font cependant prefque les feuls témoins que les Proteftants citent dans cette difpute. On ne fera pas en cela de diftinction entre les Catholiques & les Proteftants: car parmi les premiers il fe trouve plufieurs Auteurs qui ont avancé des faufletés infoutenables. Tels font Gui de Perpignan Carme, Prateolus, Alfonfe de Caftro, Sixte de Sienne & Poffevin, qui copioit indifféremment ce qu'il trouvoit dans les autres. Il y a beaucoup d'Auteurs plus anciens qui ont écrit contre les Grecs, defquels on ne peut tirer de grands éclairciffements, parce qu'ayant écrit dans des temps d'ignorance, & lorfque la haine des Grecs contre les Latins étoit plus vive, ils ont reproché aux Grecs plufieurs erreurs & héréfies qu'ils ne connoiffoient pas, comme les autres ont de leur côté répandu dans leurs Ecrits plufieurs calomnies contre les Latins.

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