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étant inaufpicatum, de mauvais augure, il ne fait aucune peine aux Grecs, Liv. V. comme il a paru affez dans la fuite.

CHAP. I.

mie ne l'a

pas citée.

Jérémie n'a pas cité l'Homélie de Gennadius en parlant de l'Eucha- Que Jéré riftie: donc elle eft fauffe, felon M. Smith. Par ce même raifonnement les deux Tomes fur la proceffion du S. Efprit, & quantité d'autres ouvrages contre les Latins, qui font inconteftablement reconnus pour être de Gennadius, feront auffi fuppofés. Et quand M. Smith ajoute que l'autorité d'un Patriarche lui auroit donné plus de poids, il ne favoit pas que Gennadius avoit fait l'Homélie avant que d'être Patriarche; puifqu'il est marqué dans le titre qu'il la prononça dans le malheureux Palais devant l'Empereur & le Sénat, vraisemblablement avant qu'il paffât en Italie. Quand même il auroit été Patriarche, l'exemple de Soterichus Panteu-genus, & encore plus celui de Cyrille Lucar, devoient lui apprendre que quand les Patriarches ont voulu introduire des nouveautés dans la foi, ils ne l'ont pas fait impunément.

contre des,

faits.

Il est donc aifé de reconnoître la foibleffe de pareilles objections, fon- Ces conjectures dées ou fur des fauffetés manifeftes, ou fur des conjectures incertaines, ne prouqui n'ont pas lieu contre des preuves de fait pofitives, comme celles vent rien d'un manuscrit vu & examiné par feu M. du Cange, M. Bigot & d'autres perfonnes très-habiles: du témoignage d'un des plus fameux Théologiens de l'Eglife Grecque, qui eft Mélétius Syrigus, de Nectarius Patriarche de Jerufalem; enfin affez récemment de celui de l'Eglife de Conftantinople, affemblée fynodalement fous le Patriarche Callinique en 1691, qui cite. Gennadius comme Auteur de cette Homélie dans la Sentence contre Jean Caryophylle, qui avoit renouvellé les erreurs des Calvinistes.

ridicule

de dire

cette Ho-

Enfin ce que M. Smith a ajouté dans fa feconde Differtation eft fi Qu'il eft peu confidérable, qu'il n'est pas néceffaire de s'y arrêter.- On peut, dit-il, avoir fuppofé cette Homélie, & avoir mis un fuux titre dans le manufcrit. qu'on a pu Cela ne prouve pas qu'on l'ait fait; & puifque ce raifonnement feroit fuppofer inutile, quand même on n'auroit pas d'autres preuves de la vérité de cette mélie.. piece, à plus forte raifon il doit être regardé comme tel, quand les Grecs eux-mêmes la reconnoiffent comme véritable. Il peut, continue M. Smith, avoir lu S. Thomas, & avoir pris de lui le mot de Transfubf tantiation: & c'eft-là une autre maniere de raifonner qui n'eft pas meilleure. Car en ce cas, il faut convenir que Gennadius n'eft plus un Auteur supposé: mais rien n'est dit plus au hafard, & plus témérairement. Gennadius avoit lu S. Thomas; & il difpute fouvent contre lui dans fon grand Traité de la Proceffion du S. Efprit. Puifque cette lecture ne lui a donc pas fait changer de fentiment fur cette matiere, pourquoi fuppoferat-on qu'elle l'ait changé fur l'Euchariftie.. Mais on a affez établi ailleurs

Liv. V. l'autorité de Gennadius, pour n'avoir pas befoin d'examiner plus ampleCHAP. I. ment des objections fi peu importantes, & qui ne font fondées que fur des faits faux, ignorés ou contredits par toute la Grece.

Vaine ob- On ne fauroit donner une preuve plus fenfible de la foibleffe de la jection de M. Smith. Critique de ce Docteur Anglois, que de rapporter un de fes forts arguments, pour montrer que l'Homélie de Gennadius eft une piece fuppofée. C'eft, dit-il, qu'il ne parle point de la Tranffubftantiation dans fes autres Ecrits. Il n'y a perfonne qui ne croie fur une pareille décision que M. Smith les a lu tous & qu'il les a examinés avec foin. Il eft certain néanmoins qu'il n'a vu que les paffages qui ont été cités dans le livre qu'il entreprend de réfuter, & que comme on ne lui a oppofé que des paffages tirés de l'Homélie fur l'Euchariftie, il en a conclu qu'il n'en avoit jamais parlé ailleurs; & même il infifte fort fur ce que dans la Confeffion de foi qu'il Turcogr. donna au Sultan, & que Crufius a fait imprimer dans fa Turcogrece, il n'eft In Hift. point parlé de la Tranffubftantiation, d'où il a conclu qu'il ne l'avoit pas crue, & que par conféquent l'Homélie étoit fauffe.

Patr.

Réponse.

preuves

tes.

Il n'eft pas étonnant qu'un homme de fens, comme il paroît qu'étoit Gennadius, écrivant fur la Proceffion du S. Efprit, ne parle pas de l'Euchariftie; de même que perfonne ne s'étonnera qu'en parlant de ce Myftere, îl ne parle pas du S. Efprit. Dans les autres Ecrits qu'il a fait en grand nombre contre les Latins, il n'a pas non plus traité cette matiere, parce qu'il n'auroit pas eu raifon de le faire, puifqu'il n'y avoit fur ce fujet aucune contestation entre les deux Eglifes; ce qu'il favoit affez par le commerce qu'il avoit eu à Ferrare & à Florence avec les Latins. Pour la Confeffion de foi donnée au Sultan, il faut ne l'avoir point lue, pour ne pas reconnoître que c'eft plutôt une explication des articles de la Religion Chrétienne qui regardent un Dieu en trois perfonnes, & ce qu'elle enfeigne touchant Jefus Chrift, qu'une Confeflion de foi achevée ; puifqu'il n'y eft parlé que de ces premiers, & qu'à peine elle touche les autres. Gennadius étoit affez inftruit des maximes de l'Eglife, pour favoir qu'il ne falloit pas expofer fes Myfteres aux infideles.

Récapitu- Enfin ce n'eft pas par de femblables raifonnements qu'on attaque des lation des pieces revêtues de tous les caracteres qui en établiffent la vérité & l'auprécéden- thenticité, Il s'agit d'un Auteur Grec & de la créance des Grecs: ce font eux-mêmes de qui nous l'avons : ils la connoiffent & ils la citent, d'abord en réfutant Cyrille Lucar, enfuite cinquante ans après dans une Sentence Synodale fignée par deux Patriarches, & par plufieurs Métropolitains, enregistrée dans le Livre de la grande Eglife; & un Anglois viendra dire avec affurance que c'est une piece fuppofée, parce qu'il n'en a pas oui parler à Conftantinople. Mais il ne tenoit qu'à lui; car Panaiotti qui

l'a

T

l'a envoyée étoit en état de la lui montrer, & Dosithée Patriarche de Jeru- Liv. V. falem lui auroit pu apprendre des chofes plus certaines fur Gennadius, que CH. II. celles qu'il a devinées avec fi peu de fuccès.

les mains

La piece eft préfentement entre les mains du public, qui peut juger La piece par la fimple lecture, que quoique l'Auteur enfeigne la Tranffubftantia- eft entre tion auffi clairement que les Théologiens Latins, il ne les a pas néan- du public. moins copiés, mais qu'il parle de fource. On y trouve une Théologie très-exacte & très-fimple; mais qui n'eft pas appuyée de témoignages ni d'autorités autres que celles de la Sainte Ecriture; marque certaine que le dogme n'étoit pas contefté, finon comme il dit, par des impies & par des libertins. Cette Théologie eft foutenue de quelques raisonnements philofophiques, mais fort différents de ceux de l'Ecole. Ce ne fera pas par l'examen qu'on en pourra faire qu'elle fe trouvera suspecte; on peut efpérer au contraire que ceux qui l'ont jugée telle fur la parole d'autrui, changeront d'avis quand ils l'auront lue avec la moindre attention.

SI

CHAPITRE IL

Eclairciffement touchant le Patriarche de Conftantinople Jérémie.

du témoi

gnage de

I jamais il y a eu témoin qui ne dût pas être fufpect aux Proteftants, Autorité c'est le Patriarche Jérémie. C'étoit un Grec qui ne paroît pas avoir eu de commerce avec les Latins, & qui durant plufieurs années en a eu un Jérémie. continuel avec Etienne Gerlach, Miniftre Luthérien, qui étoit à Conftantinople au service du Baron d'Ungnade Ambassadeur de l'Empereur, ainfi qu'avec d'autres de la même Religion qui s'y trouvoient alors, & dont il eft parlé en diverfes lettres que Crufius a publiées dans fa Turcogrece. Par l'entremise de Gerlach il eut correfpondance par lettres, non feulement avec Crufius & Jacques André, & d'autres de l'Académie de Tubinge ou de Wittemberg, mais avec Chytreus, & divers Luthériens qui lui écrivirent, & qui reçurent fes réponses. Ce commerce fut entretenu par de petits préfents, & par des marques fingulieres de déférence & de respect, qui ne pouvoient manquer de le rendre favorable à ceux qui avoient ainfi recherché fon amitié. Comme ils la crurent bien établie, quoique jufqu'alors tout fe fût terminé à des civilités & à des compliments, ils lui envoyerent la Confeffion d'Augsbourg traduite en grec. ils y joignirent des extraits de quelques Sermons de leurs Miniftres en la Perpétuité de la Foi. Tome IV. Rr

Liv. V. même langue, & ils le prierent de leur écrire ce qu'il en pensoit. Jérémie, CH. II. après avoir différé un temps affez confidérable, leur envoya fa premiere

réponse. Ils firent une replique, contre laquelle il fit fa feconde réponse: & comme ils tâcherent de juftifier leur doctrine par une autre replique, il leur en fit une troifieme fort courte, à la fin de laquelle après avoir Act. Witt. marqué combien il étoit éloigné de leurs fentiments, il les pria de ne Refp. 3. plus lui écrire fur des matieres de Religion. La premiere réponse de Jérémie étant tombée entre les mains de Staniflas Socolovius, favant Polonois, qui en eut une copie pendant que les Luthériens la tenoient fecrete, il crut la devoir traduire, & la donner au public. Ceux de Wittemberg, fur cela fe déterminerent à imprimer comme ils firent en grec & en latin tous les Ecrits qui avoient été envoyés de part & d'autre, fous le titre d'Alta Theologorum Wittembergenfium, & ils fe vengerent de Socolovius & des Catholiques par une fanglante préface. Mais ils donnerent ces Actes fidellement, & ils convinrent avec fincérité que Jérémie n'avoit pas approuvé leur Théologie, quelque éclairciffement qu'ils euffent tâché de lui donner: ils ne chercherent pas à trouver des fens abfurdes dans fes paroles; ils ne l'accuferent pas d'être un faux Grec latinifé, & ils n'ont pas depuis changé de langage. C'eft pourquoi les Auteurs Proteftants qui ont parlé de la créance des Grecs fur l'Euchariftie, comme Guillaume Confider. Forbés Evêque d'Edimbourg, l'ont cité ordinairement comme un témoin irréprochable, qui prouvoit que les Grecs croyoient non feulement la pacif. préfence réelle, mais aufli la Tranffubftantiation.

Modeft. &

Les Grecs

& les Luthériens

tantia

tion.

Auffi tous les Grecs qui ont écrit depuis ces derniers temps, l'ont mis au nombre de ceux qui l'avoient enfeignée, quoiqu'il ne fe fût pas fervi convien- du mot même, & ceux qui eurent foin de l'édition des Actes le mirent nent qu'il en marge. Ils en pouvoient être mieux informés que perfonne, puifque a cru la Tranffubf- Gerlach, dans les converfations qu'il avoit eues avec lui, avoit pu s'inftruire de ce qu'il penfoit, en cas qu'il y eût de l'obfcurité dans fes Ecrits, où il ne s'en trouve aucune. De plus, on fait que les Luthériens croient une préfence & une manducation réelle, mais uniquement dans l'ufage du Sacrement, où ils ne reconnoiffent aucun changement. Donc, puifque Jérémie n'étoit pas fatisfait de la créance des Luthériens, quelque affurance qu'ils donnaffent, que felon eux, le corps de Jefus Christ étoit véritablement préfent & reçu dans l'Euchariftie, & qu'il vouloit qu'on reconnût un changement, il falloit néceffairement que ce fût celui de Vains ef- fubftance.

forts pour

donner

Ces expreffions fi claires & fi peu capables d'équivoque, avouées par un autre les Théologiens de Wittemberg, & confirmées par les Grecs, n'ont pas paroles. empêché Aubertin ni M. Claude d'effayer de faire de Jérémie, non feule

fens à fes

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ment un Luthérien, mais un Calvinifte; & celui-ci déploie fon éloquence Liv. V. pour exagérer l'opiniâtreté & l'aveuglement de ceux qui ofent en douter. CH. II. Nous n'entrons point dans un nouvel examen de la doctrine de Jérémie, parce que cela n'eft pas de notrè fujet; outre qu'il feroit très-difficile de rien ajouter à ce qu'en a écrit le favant P. Paris, Chanoine Régulier, dans fon Traité de la créance des Grecs. Ce qu'il y a de remarquable eft, que L. 1. ch. 6. comme rien n'est plus ordinaire à M. Claude que d'avancer une décifion capable de furprendre tout lecteur qui n'eft pas inftruit de la matiere, & de n'en pas prévoir les conféquences, s'il a trouvé le véritable fens de Jérémie, il s'enfuit de grandes abfurdités.

du con

Car il faut premiérement que ce Patriarche & les Théologiens de Preuves Wittemberg, aient difputé ensemble pendant quelques années fans s'en- traire. tendre; puifque toujours il leur dit qu'ils ne croient pas tout ce qu'il faut croire fur l'Euchariftie; & que s'il avoit été dans le fentiment des Calviniftes, il devoit au contraire leur dire qu'ils en croyoient trop. En fecond lieu, il s'enfuit que depuis Jérémie jufqu'à aujourd'hui aucun Grec ne l'a entendu; puifque tous conviennent qu'il a enfeigné la Tranfsubftantiation, & qu'ils l'ont cité contre Cyrille & contre les Calvinistes mêmes. Troifiémement, que Jérémie, durant tout le temps qui s'est passé depuis qu'il envoya fes réponses jufqu'à ce qu'il fut dépofé du Patriarchat, a été réputé pour orthodoxe, & que cependant il ne l'étoit pas, fans que jamais perfonne s'en foit apperçu, ni de fon vivant, ni jufqu'à nos jours. Quatrièmement, que non feulement Jérémie, mais toute l'Eglife Grecque, ont été alors dans les fentiments que lui attribue, M. Claude; puifqu'il communiqua fes Ecrits à fon Synode, & qu'il les fit inférer dans le Livre de la grande Eglife, ce qui eft la marque certaine d'approbation générale; au lieu qu'outre le témoignage uniforme des Grecs, on a des preuves démonftratives qu'ils croyoient la Tranffubftantiation en ce temps-là, comme ils la croient encore préfentement. Cinquièmement, il s'enfuivroit auffi que fi Jérémie n'a pas cru le changement réel ni la Tranffubftantiation, & que fon Eglife, qui approuva fes Ecrits, ne l'ait pas crue pareillement, ce qui eft une conféquence néceffaire, il faut qu'il foit arrivé un changement entier dans la créance des Grecs, non feulement parce qu'ils la croient depuis le temps de ce Patriarche, mais parce que ce dogme étoit établi avant que Cyrille Lucar le combattît dans fa Confeffion. Il faut même que ce changement ait été fort prompt, puifque Melece Patriarche d'Alexandrie enfeignoit la Tranffubftantiation peu d'années après, fans qu'il ait été accufé de nouveauté ou d'erreur: & que Gabriel de Philadelphie, qui avoit été ordonné par Jérémie, & qui ne pouvoit ignorer les fentiments de fon Patriarche ni ceux de fon Eglife,

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