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Liv. V. ne l'a pas foutenue moins clairement. Que les difciples de M. Claude CH. II. trouvent des preuves de ce changement: on eft bien fûr qu'ils ne le

Fauffe interpréta

peuvent. Sixièmement, il s'enfuit que M. Claude, qu'on favoit affez avoir fi peu de connoiffance du grec, qu'il ne pouvoit pas lire les Réponfes de Jérémie en original, mais qui les avoit lues dans une traduction affez mauvaife, les a néanmoins mieux entendues que les Théologiens de Wittemberg, à qui elles étoient adreffées; que le Miniftre Gerlach, qui avoit pu apprendre du Patriarche même quelle étoit fa penfée: que tous les Luthériens: enfin que les Grecs mêmes. Septiémement, que Jérémie a eu dans l'efprit un fens propre à détourner au figuré les expreffions les plus claires, que jamais aucun Grec n'avoit eu avant lui; mais qu'on fait très-certainement n'être pas plus ancien que M. Claude, qui fe l'est formé fur les principes d'Aubertin. Enfin ce Patriarche, entre les raisons qu'il allegue aux Théologiens de Wittemberg pour n'avoir plus de commerce avec eux, allegue le mépris qu'ils font de l'autorité des Peres, dont les interprétations ne s'accordoient pas avec les leurs: au lieu que s'il avoit eu la penfée que lui attribue M. Claude, il n'auroit pas eu plus de peine à trouver la doctrine des Luthériens dans les paffages des Peres, que M. Claude à y trouver celle des Calviniftes: lui qu'à la fin le mot de Tranffubftantiation n'embarraffoit plus.

Ce font-là les principales abfurdités qui s'enfuivent de la maniere dont tion des il a voulu interpréter les paroles de Jérémie, & on pourroit marquer paroles de encore plufieurs autres conféquences qui ne font pas moins infoutenables. Jérémie M. Smith, qui a profité de cette rare découverte trouvée dans les Livres par M. Smith. de M. Claude, & qu'il n'a pas affurément apprife à Conftantinople, en fait un merveilleux ufage. Car il prétend que Jérémie a combattu feulement ceux qui enfeignoient que les Sacrements, fur tout l'Eucharistie, Nudorum n'étoient que des fignes vuides; qu'ainfi tout ce qu'il dit ne prouve rien fignorum affertores, contre ceux qui, comme M. Claude, reconnoiffent des fignes pleins de vertu & d'efficace. Mais outre que la fimple lecture des Actes des Théologiens de Wittemberg, fuffit pour convaincre que rien n'étoit plus éloigné de la pensée de Jérémie, il n'y a qu'à faire réflexion que ceux contre lefquels ils écrivoit étoient Luthériens, & que le texte de la Confeffion d'Augsbourg étoit la matiere de la difpute. Or il eft de notoriété publique, qu'elle n'enfeigne pas que dans l'Euchariftie il n'y a que des fignes vuides de vertu: c'eft l'opinion des Zwingliens, de Calvin, & des autres Sacramentaires, contre lefquels Luther a déclamé avec tant de force. On fait bien qu'ils fe fervent de tous les mots qui femblent fignifier la réalité; mais il y a long-temps que perfonne n'y eft plus trompé; car on n'ignore pas comment ils les entendent, ce que Grotius, & plufieurs fameux Lu

thériens ont auffi remarqué. Puifque c'étoit donc contre les Luthériens Liv. V. que difputoit Jérémie, il ne pouvoit penfer à combattre une erreur qu'ils CH. II. condamnoient eux-mêmes; & c'est une fuppofition auffi téméraire que fauffe, de s'imaginer qu'ils ne s'en foient pas apperçus, & qu'ils ne lui aient pas répondu, que tout ce qu'il difoit pour établir le changement ne les regardoit point, puifqu'ils n'étoient pas nudorum fignorum affertores, & qu'ils croyoient un véritable changement. Ils étoient de meilleure foi; & comme ils entendoient très-clairement que le changement dont parloit Jérémie étoit celui de fubftance, ils perfifterent à dire qu'ils ne le reconnoiffoient point, quoiqu'ils avouaffent la préfence & la réception réelle du corps & du fang de Jefus Chrift dans la Communion; dogme qui eft rejeté par les Calviniftes. On ne trouvera pas de Luthérien qui ait dit que le pain étoit le corps de Jefus Chrift dans le Nouveau Teftament, comme l'Agneau pafchal l'avoit été dans l'Ancien, & c'est la Théologie de Lightfoot; Prêtre de l'Eglife Anglicane. Ce n'est pas In Matth.. ailleurs qu'il faut chercher ceux qui ne reconnoiffent que des fignes vuides, c'est non feulement à Geneve, mais auffi dans l'Eglife Anglicane, où M. Claude n'auroit pas trouvé tant de louanges autrefois.

furletexte

inutiles..

Il est donc inutile de faire de longs Commentaires fur les Ecrits du Les ComPatriarche Jérémie, pour prouver qu'il ne croyoit pas la Tranffubftantia- mentaires. tion ni la présence réelle, non feulement parce qu'il eft impoffible de de Jérédonner un autre fens à fes paroles, comme l'a prouvé très-fortement le mie font Pere Paris, mais encore parce que tous les Grecs, depuis tant d'années, n'ont pas même foupçonné qu'elles puffent être entendues autrement: qu'ils les ont citées pour combattre Cyrille Lucar: que fes difciples & ses contemporains n'ont point eu de différente doctrine: que jamais il n'a été accufé d'erreur, mais qu'il a toujours été regardé comme orthodoxe enfin parce que ceux mêmes qui difputoient avec lui en font convenus. M. Smith rejette leur fentiment avec mépris, disant qu'on peut en juger autrement. Il eft vrai, & ce n'eft pas par l'autorité d'une telle décifion qu'on prétend le réfuter, puifque la feule raifon conduit à croire que les Luthériens en jugeoient plus fainement que lui & M. Claude. Car fans renoncer à leurs principes, ils ne pourroient pas parler de la préfence réelle comme font ceux de Wittemberg; & quand celui-ci emploie tous ces grands mots de changement & de réalité, qui dans fon fens ne Fauffe exfont que métaphoriques, il parle un autre langage que la Confeffion de pofition foi de ceux de fa fecte.

que donne

M. Smith

Quand M. Smith compofe une propofition, qui fignifie qu'après la de la confécration faite par un Prêtre légitimement ordonné, le pain & le vin créance deviennent le corps & le fang de Jefus Chrift; ce qu'il prétend être la niftes..

des Calvi

LIV. V. même chofe que le changement dont parle Jérémie, ainfi que tous les CH. II. autres Grecs, il dit ce qui eft précisément contraire à la Confeffion Anglicane. Il faut donc prendre les paroles de Jérémie dans le fens qui vient d'abord dans l'efprit, & dans lequel les Luthériens les ont prifes, de même que les Grecs, fans prétendre qu'elles combattent une opinion à laquelle il ne penfoit pas; encore moins qu'elles puiffent convenir à celle des Calviniftes, parce qu'on la repréfente fous des termes qui ne lui conviennent pas. Aucun particulier n'a droit d'inférer de nouveaux termes dans une propofition théologique, lorfqu'ils ne fe trouvent pas dans les Confeffions de foi autorifées par ceux de fa Communion, & on ne trouvera jamais dans aucune ce que M. Smith avance hardiment, que toutes les perfonnes fages croient que les dons font changés, tranfélémentés, transformés au corps & au fang de Jefus Chrift, par la confécration que fait le Prêtre légitimement ordonné (a). Voilà de grandes paroles, & si elles étoient vraies, nous conviendrions que Jérémie n'a rien dit dans fes trois Réponses qui ne s'accorde avec les dogmes des Proteftants: mais où font ceux qui parlent de cette maniere? Les Luthériens, qui croient la préfence & la réception réelle du corps & du fang de Jefus Christ dans la Communion, n'admettent aucun changement, & ce fut fur cette difficulté que ce Patriarche rompit commerce avec eux. Dans la Confeffion de foi, & dans les Articles de Religion de l'Eglife Anglicane, il Articles n'y a rien de femblable; & puifqu'il y eft dit expreffément, que le moyen de Relig. par lequel on reçoit le corps de Jefus Chrift eft la foi, il n'y a plus de Angl. de 1563. confécration faite par le Prêtre légitimement ordonné. Où peut être la confécration, quand tout fe fait par la foi du communiant? Les Calviniftes ont-ils jamais dit que le pain & le vin étoient transformés, tranfélémentés, & changés au corps & au fang de Jefus Chrift? Cyrille leur fidelle Copifte, ne l'a pas dit; mais que dans l'adminiftration & la diftribution, il reconnoît une présence véritable & certaine de Notre Seigneur Jefus Chrift, mais telle que la foi nous donne & nous l'offre, &c (b). Où est donc la confécration dont ce malheureux Apoftat ne fait pas la moindre mention, mais feulement de l'administration? I eft vrai que M. Claude emploie tous ces mots dont M. Smith a compofé fa formule, qu'il les explique, & qu'il apprend aux Grecs mêmes ce qu'ils doivent fignifier, & c'eft autre chofe que le changement. Toute fa Critique & fa Théologie fe réduifent donc à prouver, que quand les Peres, & même

(a) Credunt omnes qui rectè fapiunt, mutari, tranfelementari, transformari dona in corpus & fanguinem Chrifti per confecrationem, à Sacerdote legitimè ordinato. Smith. 2. Differt. p. 90.

(6) Οὗ τινος ἐν τῇ ἐγχειρήσει, καὶ διακονίᾳ τὴν ἀληθῆ καὶ βεβαῖαν παρεσίαν τῇ κυρίς ἡμῶν Ιησέ Χριςῦ ὁμολογέμεν καὶ πιςένομεν, πλὴν ἂν ἡ πίςις ἡμῖν παρίςησι καὶ προσφέρει. Cyr. Conf. art, 17.

les Ecrivains modernes comme Jérémie, fe font fervis de ces mots, ils Liv. V. n'ont pas prétendu pour cela enfeigner que les éléments du pain & du CH. ILvin fuffent changés véritablement, mais métaphoriquement. Lui enfin qui a découvert le premier que le mot même de perovσíwais, ne fignifioit pas changement de fubftance dans le Traité de Gabriel de Philadelphie, mais acquifition de vertu, pouvoit-il jamais admettre la propofition de M. Smith? Et comment l'auroit-il pu admettre, lui qui n'étoit pas légitimement ordonné, & qui ne pouvoit par conféquent faire cette prétendue confécration? La preuve en eft fenfible, puifque l'Eglife Anglicane regarde ces Miniftres du S. Evangile comme des Laïques, & les ordonne de même. Ceux donc qui font fages, croient avec Jérémie & toute l'Eglife Grecque ce que contient la propofition de M. Smith, & quelque chofe de plus; mais ce ne font pas les Proteftants, & les Calviniftes moins que tous les autres. S'il le faut croire, comme il en affure, il faut reconnoître en même temps qu'ils fe fatiguent bien inutilement à montrer qu'ils font d'accord avec Jérémie, puisqu'il eft aufli certain qu'il croyoit le changement, qu'il eft certain qu'ils ne le croient point.

chicanes

des Pro

Nous ferons, avant que de finir cet article, une réflexion qui pourra Vaines fervir à faire voir la foibleffe & l'inutilité de plufieurs chicanes que les Proteftants, & M. Smith plus qu'aucun autre, ont faites fur les Grecs teftants dont nous leur citons les témoignages. S'il fe trouve la moindre preuve, réfutées. ou même l'indice le plus léger de quelque commerce avec les Latins, its croient que c'eft une preuve démonftrative que ces Grecs étoient latinifés. Cyrille de Berroée par exemple avoit étudié en Philofophie fous un Jésuite, dont Allatius a rapporté une lettre. Il ne faut pas s'étonner, ont dit quelques Proteftants, qu'il condamnât la Confeffion de Cyrille; car c'étoit un disciple des Jéfuites. Comparons ces exemples avec celui de Jérémie. I lie amitié avec Etienne Gerlach- Miniftre de l'Ambassadeur de l'Empereur; & par fon entremise il répond à plufieurs lettres qui lui font écrites par Crufius, par Jacques André, & d'autres de l'Académie de Tubinge: on lui envoie des extraits de leurs Sermons, & enfin la Confeffion d'Augsbourg: Chytreus lui écrit auffi, il lui répond. Voilà donc un commerce d'amitié & de lettres établi avec des Luthériens; & on ne trouvera pas que les Catholiques en aient eu de femblable avec aucun des Grecs que les Proteftants rejettent comme latinifés. M. Smith, qui a mis Meletius Syrigus dans cette claffe, n'a pas trouvé contre lui de pareilles preuves. On peut juger combien elles feroient foibles, & combien le font à plus forte raifon, tous les foupçons que les Auteurs de ces derniers temps tirent de la moindre familiarité avec les Latins, en refléchiffant fur l'hiftoire de Jérémie. Un Miffionnaire zélé, mais peu

Liv. V, inftruit, pouvoit Toupçonner que cette amitié avec les Luthériens, & ces CH. II. lettres qui étoient imprimées en Allemagne en grec & en latin, quoique

On n'ob.

fiaifément

tations par

argent.

ce ne fût que des compliments, devoient faire croire qu'il n'étoit pas ami des perfonnes, fans avoir quelque inclination pour leur doctrine; & il n'eft pas difficile de découvrir que les Luthériens s'en flattoient un peu. Cependant lorsqu'il fut question de rendre témoignage à la vérité fur la créance de fon Eglife, toutes ces liaifons ne l'empêcherent pas de la dire très-clairement, & d'une maniere bien différente de la conduite que tint Cyrille Lucar dans de pareilles circonstances. Car ce fut après avoir confulté fon Clergé, après s'être informé des véritables fentiments de ceux qui lui avoient écrit, & en faifant inférer fes Réponses dans le Livre de la grande Eglife; au lieu que l'autre fit tout en cachette, fans formalités & fans témoins, fans affembler les Evêques, & fans leur donner part de la Confeffion qu'il vouloit faire paffer pour la créance de toute P'Eglife Orientale, par une hardieffe fans exemple. On ne trouvera pas que Jérémie, quoique perfécuté & dépofé par une faction qui s'éleva contre lui, ait jamais été accufé, ou d'avoir enfeigné quelque erreur, ou d'avoir fauffement attribué à l'Eglife Grecque ce qu'elle ne croyoit pas. Au contraire, fes Réponfes font tous les jours citées avec éloge, comme la Confeffion de l'autre eft rejetée avec anathême.

On peut auffi juger par fon exemple, qu'il n'eft pas fi facile de faire tient pas figner aux Grecs tout ce qu'on veut en matiere de Religion; & il falloit des Grecs que M. Spanheim n'eût jamais vu ces Actes, ou qu'il les eût lus fort des Atte négligemment, pour dire en général qu'on obtenoit d'eux tout pour de l'argent. Ce n'étoit pas du temps de Jérémie; & ce n'a pas été depuis, parce qu'aucun Catholique ne follicita les Grecs pour les engager à condamner deux fois en quatre ans la Confeffion de Cyrille, mais qu'ils s'y trouverent obligés par le fcandale que cauferent les copies imprimées à Geneve, qui fe répandirent en Pologne & en Moldavie, de-là à Conftantinople. Si jamais il y a eu foupçon légitime d'argent employé dans de pareilles affaires, c'eft certainement en ce qui regarde la Confeffion de Cyrille; puifque non feulement les Francs qui étoient alors à Conftantinople, mais les Grecs mêmes le difoient communément.

C'est des Grecs qu'on doit apprendre ce qu'on

Enfin ce n'eft ni aux Calviniftes ni aux Catholiques à décider quels font les fentiments des Grecs qu'on cite dans cette difpute, ni à juger de leurs perfonnes, s'ils étoient réputés orthodoxes ou non cela appartient à l'Eglife Grecque, aux Patriarches & aux Evêques, qui tout peut juger ignorants que M. Claude les dépeint, étoient plus capables que lui d'entendre leurs Ecrits s'ils étoient obfcurs, & d'avoir des informations certaines de leur foi. Or il n'y en a eu aucun jufqu'à préfent qui ait douté

Auteurs.

que

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