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LIV. V. quoi, comme il s'agiffoit d'une Confeffion de foi qui pouvoit impofer, CH. IX. à caufe du nom du Patriarche de Conftantinople qui étoit à la tête; que

fur ce fu

nonobftant la condamnation qui en avoit été faite fous Cyrille de Berroée en 1638. dont peut-être les Décrets n'avoient pas été portés ni publiés dans les formes en ces pays-là, l'héréfie avoit fait quelques progrès, il eut recours à Parthenius le vieux qui tenoit alors le Siege. Il lui envoya donc des Députés, qui lui porterent le projet des articles entiérement oppofés à la Confeffion de Cyrille, dreffés par le Métropolitain de Kiovie, & par les Evêques fes confreres, afin qu'après l'examen qui en auroit été fait à Conftantinople, ils puffent être publiés en Moldavie & en d'autres Provinces voisines. Parthenius, de l'avis de fon Synode, donna le principal foin de cet examen à Meletius Syrigus, Théologien de la grande Eglife, & après fon rapport, & la difcuffion de ces articles, ils furent approuvés en plein Synode par le même Patriarche, & inférés dans l'Acte, qui eft en forme de Décret Patriarchal, & qui fut figné à Conftantinople au mois de Mai 1642. Porphyre, ancien Métropolitain de Nicée, & Syrigus avec quelques autres furent envoyés en Moldavie pour y porter ces articles, qui furent reçus & foufcrits par le Métropolitain de Kiovie & d'autres Evêques ou Eccléfiaftiques du fecond Ordre, dans le Synode tenu pour ce fujet à Jaffi. Ils furent chargés en même temps d'examiner une Confeffion de foi plus ample, dont le projet avoit été dreffé par le même Métropolitain & quelques Evêques, & Syrigus fut revêtu de toute l'autorité néceffaire afin de l'examiner, comme il fit.

Témoign. Voici comme Nectarius, Patriarche de Jerufalem, témoin non fufpect, de Nectar. en parle dans la lettre qui eft à la tête des exemplaires imprimés, & qui jet. fut écrite à Conftantinople le 20 Novembre 1662. Pierre Mobila, qui eft mort faintement depuis peu de temps, ayant été ordonné Métropolitain de Kiovie par Théophane Patriarche de Jerufalem, & ayant pris le gouvernement de cette Métropole, il trouva fon troupeau infecté de quelques nouvelles opinions des bérétiques, contraires à la doctrine orthodoxe reque de toute antiquité. C'est pourquoi, comme un bon Paffeur, & comme un généreux défenfeur de la foi, il conçut un deffein très-agréable à Dieu, qui fut de rétablir l'Eglife de Ruffie dans la doctrine orthodoxe qu'elle avoit eue autrefois, & d'arracher jusqu'à la racine les nouveautés qui commençoient à s'y introduire. Il affembla dans cette vue les perfonnes les plus confidérables, particuliérement pour leur doctrine, qui fuffent dans fon Diocefe, & ils fe rendirent à fa Métropole avec ses trois Evêques fuffragants, ordonnés auffi-bien que lui par le Patriarche de Jerufalem. Après un long examen, ils réfolurent d'un commun confentement, de mettre l'expofition de leur foi par écrit, en différents articles, & de la fuire exami

ner plus murement par l'Eglife de Conftantinopte & Jon facré Synode, à la- Liv. V. quelle ils étoient attachés de tout temps, lui étant foumis, comme au Chef Cн. IX. de la fociété des Grecs Orthodoxes, & la regardant comme une regle trèsfure, afin de conferver fermement les articles qu'elle approuveroit, & rejetter ceux qu'elle rejeteroit. Après donc avoir compofé le livre auquel ils donnerent le titre d'Expofition de la foi des Ruffes, ils demanderent que la grande Eglife de Conftantinople envoyât en Moldavie des Députés qui préfidaffent au Synode, & des Exarques revétus de l'autorité du Patriarche, affurant qu'ils y envoyeroient auffi leurs Députés, afin qu'on examinát premiérement fi les articles qu'ils avoient drefjes de leur foi, étoient conformes ou non à la doctrine orthodoxe de l'Eglife d'Orient, & qu'après cette difcuffion on les lui put publiquement communiquer. Enfin le facré Synode envoya Porphyre Métropolitain de Nicée, & Mélece Sprigus Docteur de la grande Eglife, qui ayant été élevé & inftruit dès fon enfance dans les dogmes pieux & orthodoxes, & étant auffi accompli par fa vie exemplaire que par fa doctrine, eft appellé, comme il l'eft véritablement, le Prédicateur, Interprete & la regle des dogmes de la foi orthodoxe. Ainfi repréfentant la perfonne du Patriarche, & étant en même temps revêtu de tous les pouvoirs par tout le facré Synode, il vint en Moldavie avec Porphyre de Nicée. Ceux qui vinrent de la part des Ruffes furent Ifaïe Trophimus, Cononobiki & Xenobiki, hommes véritablement admirables pour leur grande Science & leur capacité. Ayant donc uniquement Dieu en vue, lui qui eft P'Auteur & le difpenfateur de la véritable doctrine, après de longues difcuf fions, en conférant en même temps les Saintes Ecritures, ils acheverent ainsi beureufement un ouvrage fi utile, ayant purgé ce livre de toute doctrine étrangere & de toute nouveauté. Ils Penvoyerent enfuite aux quatre pieux &orthodoxes Patriarches des Sieges Apoftoliques, qui l'approuverent, après avoir reconnu qu'il contenoit une doctrine véritable & orthodoxe, & qu'il ne s'écartoit en aucune maniere de la foi véritable & catholique des Grecs. Ils rendirent publiquement ce témoignage, non feulement de vive voix, mais ils le confirmerent par leurs foufcriptions & par celles de leur Clergé, & ils l'appellerent non plus la Confeffion des Ruffes, mais la foi orthodoxe de tous les Grecs.

tes publ.

Tel eft le témoignage de Nectarius, qui eft entiérement conforme aux Qui eft Actes publics de ce temps-là: car après que la Confeffion eut été exa- confirmé par les Acminée à Conftantinople par le Synode, c'est-à-dire, par les Evêques affemblés, & qu'on eut reçu les approbations des autres Patriarches, Parthenius donna l'Acte qui eft à la tête, daté de l'onzieme Mars 1643. & figné par Joannicius Patriarche d'Alexandrie, Macaire d'Antioche, Païfius de Jerufalem, par neuf Métropolitains & par les Officiers de la

d'aborden

en grec

Liv. V. grande Eglife. Denys, Patriarstic de Conftantinople, donna une nouvelle CH. IX. approbation en 1672. & elle fe trouve dans l'Edition de Leipfick. LaConfeff. Le projet de cette Confeffion avoit été d'abord dreffé en latin par dreffée Pierre Mohila, & ceux qui y travaillerent avec lui, parce qu'en Mollatin, puis davie & en toutes les Provinces voifines l'ufage en eft fort commun, & traduite que le Grec, particuliérement le littéral, n'eft connu que des Savants. vulgaire. Ce fut fur cette copie que travailla Syrigus avec les Evêques du pays; car on voit, par fa réfutation des erreurs de Cyrille, & par fes autres ouvrages qu'il favoit le latin: mais quand lui & les Evêques qui travailloient conjointement avec lui, eurent donné la derniere forme à cet ouvrage, il fut traduit en grec vulgaire, & on le préfenta en ces deux langues au Patriarche Parthenius. On ne peut pas dire qu'il donna fon approbation fans beaucoup d'examen, puifqu'il marque qu'il n'a pas examiné le texte latin. Nous n'avons pas, dit-il, lu la feconde partie, qui eft en latin & mife à côté. Nous confirmons donc feulement celle qui eft en notre langue, & nous déclarons d'un commun confentement Synodal, à tout bon Chrétien Orthodoxe foumis à l'Eglife Apoftolique d'Orient, qu'il ait à le lire, & qu'il ne le rejette pas.

Puis en

langue ruflienne.

Imprimée en grec & en latin.

On apprend par la même lettre de Nectarius, qu'après cette approbation des quatre Patriarches & des deux Synodes, la Confeffion orthodoxe fut traduite & imprimée en langue ruffienne; mais que les Grecs ne l'avoient eue que manufcrite, jufqu'à-ce que le Seigneur Panaiotti, premier Interprete de la Porte, la fit imprimer à fes dépens en grec & en latin, afin que tous les Grecs puffent y apprendre les véritables dogmes de la foi orthodoxe, & qu'ils ne fussent pas féduits par les opinions des bérétiques. Et qu'ayant fait faire l'impreffion à fes dépens, les exemplaires avoient été diftribués gratis par fon ordre.

Nous n'avons pas vu cette édition grecque & latine, & peut-être Nectarius s'eft-il trompé fur ce fait. Panaiotti en fit faire deux éditions. La Déf. de la premiere devoit être avant 1662. ou en même temps; en forte que la Perpét. lettre de ce Patriarche fervit comme d'une nouvelle approbation. La feP. 465. conde de 1672. n'eft qu'en grec vulgaire, & c'eft cette édition qui fut encore approuvée par le Patriarche Denys, avec de grands éloges de l'ouvrage de Meletius Syrigus, comme le principal Auteur, & de Panaiotti, par les foins & par la libéralité duquel cette feconde impreffion avoit été faite.

Imprimée en Hollan

de,

enfin

Il paroît pár le caractere, & on le fait d'ailleurs, qu'elle a été faite en Hollande, où Panaiotti l'avoit envoyée à ce deffein; & comme les Etats à Leiplic. furent bien aises de lui faire plaifir, à caufe du grand crédit qu'il avoit à la Porte, ils voulurent que l'impreffion fût faite à leurs dépens, & ils lui

en

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en envoyerent tous les exemplaires. Ce fut ceux qu'il donna à M. de Liv. V.
Nointel qui vinrent les premiers en France, & même on n'y en connoît CH. IX.
que trois ou quatre. C'eft fur cette édition qu'un Suédois nommé Lau-
rent Normannus a fait faire celle de Leipfick en 1695. à laquelle il a
joint fa traduction latine: mais ce n'eft pas celle qui fe trouve dans la
copie authentique de la Bibliotheque du Roi; car elle ne doit pas être
confidérée comme une traduction. C'étoit l'original de la Confeffion des
Ruffes; mais comme l'approbation des Patriarches, ainfi que nous avons
marqué, tombe fur le grec, c'est ce texte-là qui doit être confidéré comme
original.

confirmée

par d'au

Depuis ces Actes de Parthenius & de Denys, on a encore eu des té- Elle a été moignages très-considérables de l'autorité que cette Confeffion a parmi les Grecs. Les principaux font celui du Synode de Jerufalem en 1672, & tres Synocelui de Nectarius qui y foufcrivit, quoiqu'il eût abdiqué en faveur de des. Dofichée qui y préfida. Il y eft dit que ce n'eft pas feulement de divers anciens Auteurs qui ont été cités qu'on peut apprendre que l'Eglife Orientale eft fort éloignée des fentiments expofés dans la Confeffion de Cyrille; mais qu'on le peut prouver par plufieurs autres qui ont écrit depuis peu fur cette matiere. Il y a environ fix ou fept ans qu'on imprima un livre Syn. Hier. intitulé: Confeffion Orthodoxe de l'Eglife d'Orient, composé par Pierre Métropolitain de Kiovie, & qui fut corrigé & éclairci où il en étoit beJoin, par Meletius Syrigus, Protofyncelle de la grande Eglife, & fon Théologien, natif de Candie, par ordre du Synode de Jaffi. Toute l'Eglife Orientale la reçut alors & la reçoit abfolument: & le Seigneur Panaiotti, grand Interprete de l'Empire d'Orient & d'Occident, l'a fait imprimer conformé ment à l'original, fans y rien diminuer ni ajouter, par le grand zele qu'il a pour la Religion.

Pari Ed.

&c.

Nectarius Patriarche de Jerufalem, dans une lettre qu'il écrivit à Païfius Par Nect. d'Alexandrie au mois de Mars 1671. dit la même chofe, & il lui con- Perp. T.3. feille de faire voir cette Confeffion à un Capucin nommé le P. Elzear, 1. 8. c. 10. qui lui avoit demandé une expofition de fa foi, que Nectarius confeille de ne point donner, fuppofant qu'il la demandoit à mauvaife intention. Il cite auffi la même Confeffion dans l'Ecrit adreffé aux Religieux du p. 180. Mont Sina contre les calomnies de M. Claude, & il dit qu'elle a été autorisée & fcellée par toute l'Eglife Orientale. Enfin le Synode de 1691. fous Callinique, en parle de la même maniere.

Perpétuité de la Foi. Tome IV.

A a a

LIV. V.

CH. X.

Réflex.fur

ce

LES

CHAPITRE X.

Réflexions fur la Confeffion Orthodoxe.

Es réflexions que toute perfonne non prévenue peut faire fur l'autocette pie- rité de cette Confeflion, cunduifent naturellement à la regarder comme une piece décifive; & il paroît affez que c'eft ainfi que non feulement les Catholiques, mais plufieurs Proteftants, en ont jugé. Le Suédois qui l'a fait imprimer à Leipfick rapporte les paffages de M. Claude, mais en même temps il y joint les réponfes qui lui ont été faites, & divers extraits des principales pieces citées dans la Perpétuité: donnant affez claiDéf. de la rement à entendre qu'il eft difficile de perfuader que des Actes auffi auPerpét, thentiques, fignés & certifiés véritables par les principaux de l'Eglife GrecP. 93. que, puissent être regardés comme fuppofés, parce qu'ils paroiffent conformes aux dogmes des Catholiques. Mais on ne peut mieux exprimer ce qu'on doit penfer raisonnablement de cette Confession, qu'en rapportant les propres paroles des Auteurs de la Perpétuité fur ce fujet.

Rép. gén.

1. 1. c. 9.

P. 133.

Si l'on vouloit fe former à plaifir l'idée d'un Acte propre à décider le différent qui eft entre nous, on ne pourroit, ce femble, y exiger d'autres conditions & d'autres circonftances que celles que je vais dire. 1°. Qu'il foit figné & autorisé par les quatre Patriarches & de la Per- cipaux Evêques & Eccléfiaftiques de l'Eglife Orientale.

Obferva

tion des Auteurs

pétuitéfur la même.

par

les prin

2°. Qu'il paroiffe que ceux qui l'ont fait & approuvé, n'aient eu aucune intelligence avec les Latins, & qu'ils perfiftaffent dans tous les fentiments particuliers de l'Eglife Grecque.

3°. Qu'il foit fait pour des néceffités particulieres de l'Eglife Grecque, fans que les Latins y aient eu de part.

4°. Que les termes en foient précis, & qu'ils contiennent fi clairement les dogmes de la préfence réelle & de la Tranffubftantiation, que M. Claude ne puiffe pas les éluder par fes fubtilités ordinaires.

C'eft en effet ce concours de conditions & de circonftances qui éta bliffent l'autorité de la Confeflion Orthodoxe d'une maniere inconteftable; d'autant plus que quand M. Claude a demandé qu'on lui produifit des preuves telles qu'il fe les imaginoit, c'eft-à-dire, telles qu'il ne croyoit pas qu'on les pût trouver, il n'y a pas mis tant de caracteres de vérité Réflexion qu'il s'en trouve dans cette piece..

fur le pre

Par rapport au premier article, on ne peut pas s'infcrire en faux contre cle. les fignatures des Patriarches; puifqu'outre les originaux qui font à Conf

mier arti

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