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fage du

même Au.

Le même Auteur dans un autre ouvrage, qui eft un Dialogue fur la Liv. I. Religion Chrétienne avec un Vifir nommé Abulcacem El-Mogrebi, ré- CH. V. pond ainfi à la queftion qu'il lui avoit faite touchant les différentes opi- Autre pafnions qui partageoient les Chrétiens fur le myftere de l'Incarnation. Notre foi, dit Elie, eft fort différente de celle des Melchites & des Jacobites. Car teur. les premiers croient qu'en Jefus Chrift il y a deux fubftances, ou deux natures, & unc perfonne : les Jacobites croient une fubftance & une perfonne. C'est pourquoi ils font obligés de reconnoitre que le Verbe qui eft le Fils éternel, eft uni avec l'homme pris de la Vierge Marie, par une union naturelle, comme eft celle de l'ame & du corps: ou par une union de compofition, comme celle du fer avec du bois dans quelque ouvrage : ou par une union de mélange, ce qui fait qu'ils rejettent la maniere dont nous l'expliquons. Ce qu'il fignifie eft exprimé par un mot arabe, dont les interpretes fe font fervis dans la traduction de cet endroit de l'Evangile Spiritus Sanctus fuperveniet in te, & qui fignifie ce que les Grecs Chrétiens appellent pornos, parlant du S. Efprit, & de fa defcente miraculeufe & fanctifiante fur quelque perfonne, ou fur quelque chofe. C'est ce mot dont les feuls Neftoriens fe fervent pour exprimer l'Incarnation & qui convient plus qu'aucun autre à leur opinion, qui exclut l'union perfonnelle que croient les Orthodoxes, & la fubftantielle que foutiennent les Jacobites. Cette defcente ou inhabitation de Dieu, dit le même Elie, eft d'honneur, de bienveillance && de volonté, & n'est pas felon l'effence & felon la fubftance. C'est ainsi, dit-il en un autre endroit, qu'eft uni le Fils éternel avec l'homme pris de Marie; & il est devenu un Chrift & un Fils, par l'union de volonté, par conjonction, par dignité, & non pas felon la nature, ou felon la perfonne. Et pour marquer qu'il n'en a pas entendu d'autre, après avoir dit que Jefus Chrift a dit de lui-même qu'il étoit Fils de Dieu, il répond, que felon le ftyle de la fainte Ecriture, ces mots doivent s'entendre de l'excellence infinie communiquée à Jefus Chrift homme par l'union, telle qu'elle vient d'être expliquée, & point autrement.

d'Ebnelt.

Caffian.

Ebneltaïb, Théologien célebre de la même fecte, Amrou, fils de Mat- Témoi thieu, & d'autres Auteurs s'expliquent dans les mêmes termes, & les gnage Jacobites qui en ont rapporté divers paffages, ne peuvent être foupçonnés de leur avoir attribué des opinions qu'ils n'ont pas. La feule différence qu'on remarque eft, que quelques Neftoriens difent que le Fils de Dieu s'eft uni par cette inhabitation expliquée ci-dessus, au Fils de Marie, dès le moment qu'il eft né; & que les autres foutiennent qu'il étoit demeuré comme les autres hommes jufqu'à fon Baptême qu'alors le S. Efprit defcendit fur lui, & que lorsqu'on entendit ces paroles, c'est ici mon Fils bien-aimé, &c. il fut fait Fils de Dieu. F

Perpétuité de la Foi. Tome IV.

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de Incarn. 1. 6. c. 14.

1

LIV. I.

Mais au lieu de foupçonner les Jacobites & les Melchites d'avoir attriCH. V. bué aux Neftoriens des opinions odieufes, on peut dire qu'ils les ont ménagés avec excès ; & la caufe n'en eft pas difficile à pénétrer. Car ce même Elie, dont les paroles ont été rapportées, continuant à expliquer fa pensée suivant la doctrine commune de ceux de fa fecte, pour prouver que Jefus Chrift n'étoit Dieu que métaphoriquement, & par la plénitude de grace que produifoit l'inhabitation du Verbe, qui le mettoit dans un rang fupérieur à tous les Prophetes & aux plus excellentes créatures, cite l'Alcoran, où il eft appellé le Verbe de Dieu. Jefus Fils de Marie, n'est autre que l'esprit de Dieu & fon Verbe qui est descendu fur Marie. Et dans un autre endroit: O Jefus fils de Marie, j'accomplirai mes promeffes à votre égard, & je vous éléverai au plus haut degré d'honneur

Ces citations de l'Alcoran fe trou

leurs li

vres.

Amrou

de dignité. Puis il ajoute: Donc comme cette humanité de Jefus a été élevée à une perfection Supérieure à celle de toutes les autres créatures, & que jamais autre homme n'a eu, il falloit que l'inhabitation du Créateur > fa defcente fur lui, fa manifeftation dans lui, euffent aussi un fouverain degré de perfection: c'est ce qui eft dit dans l'Alcoran je vous éléverai jusqu'à moi; non pas feulement jufqu'au ciel. Ainfi ce qui eft dit dans l'Evangile, vous êtes mon Fils bien-aimé, dans lequel j'ai mis toute ma complaifance: & dans les Pfeaumes: le Seigneur m'a dit vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd'hui, doit être entendu en forte que ces paroles fignifient, qu'il a été élevé à une fouveraine dignité.

Les Jacobites ne rapportent aucunes expreffions femblables des Nestoriens, parce qu'ils n'auroient pu le faire fans leur reprocher une impiété qui n'a jamais eu d'exemple dans les autres fectes; mais qui auroit pu vent dans offenfer les Mahométans, fous lefquels ils vivoient. Il n'y a en effet rien de plus horrible pour des Chrétiens, que de fe fervir de l'autorité du faux Prophete pour expliquer le Mystere de notre falut: & d'y employer des paroles qui ne peuvent être prifes dans le fens de cet impofteur, fans détruire ce que nous croyons fur la Trinité. Mais Elie n'eft pas le feul Neftorien coupable de cette impiété. Amrou autre Théologien, après Ben Matai avoir expliqué par un long difcours la même doctrine, & établi, felon Seguier. ces mêmes principes, que Jefus Chrift a dû être appellé Fils de Dieu avec beaucoup plus de raifon que les Saints & les Prophetes, à caufe de l'union avec le Verbe, de la divinité duquel il étoit rempli d'une maniere plus excellente qu'aucune autre créature, dit; que cette grande vérité sur la dignité infinie de Jefus Chrift, avoit été inconnue à la plupart des Arabes, jufqu'à Pavénement de Mahomet, qui avoit rendu témoignage à la vérité touchant la manifeftation de Jefus Chrift, fa naiffance miraculeufe, fes miracles & fa réfurrection. On a quelques autres Traités de ceux

MS. Arab.

Colbert.

Vatic. Flo-
rentin.

de la même fecte, qui tous expliquent l'union des deux natures en Je- Liv. I. fus Chrift de cette maniere, comme les précédentes Confeffions des Au- CH. V. teurs que nous avons rapportés. Ils difent à la vérité que Jefus Christ est un: qu'il n'y a qu'un Fils, qu'un Chrift; & même quelques-uns difent qu'il n'y a qu'une perfonne: mais c'eft que comme ils ont deux mots pour fignifier perfonne; ayant établi qu'il y avoit deux perfonnes en Jefus Chrift; comme ils ne peuvent pas nier que le Fils de Dieu eft uni avec le fils de Marie, ils difent qu'il y eft en une feule perfonne; donnant à cet autre mot, qui eft le gównov des Grecs, un fens particulier inconnu à tous les autres Chrétiens, & qui, felon eux, exclut l'unité de nature & de perfonne.

fier les fen

riens.

On peut juger par ce que nous avons rapporté des Neftoriens, tiré On ne des Ecrits de leurs Théologiens, qu'ils ne font pas moins dans l'erreur peut juftique Neftorius même & fes premiers Difciples; de forte qu'on ne peut timents fans témérité les juftifier en partie, comme ont fait quelques Auteurs, des Neftoentr'autres Pierre Strozza, qui crut trop facilement ce qui lui fut dit par ceux qui vinrent à Rome fous le Pontificat de Paul V. Car ils se servirent à-peu-près des mêmes expreffions qui fe trouvent dans les Auteurs qui ont été cités, tâchant feulement de leur donner un fens qui approche de celui des Catholiques. Mais les Jacobites qui les combattent, trouvent qu'elles ne peuvent s'accorder avec la doctrine du Concile d'Ephese, ni avec celle de S. Cyrille, & par cette raison ils les rejettent. Le respect que nous devons avoir pour les décisions de l'Eglife, nous engage à n'être pas moins fcrupuleux fur ce fujet que les Jacobites, quoiqu'ils foient tombés dans une autre extrêmité; & à ne pas croire, comme ont fait plufieurs modernes, que cette héréfie n'étoit qu'une dispute en l'air, & qui rouloit toute fur des paroles; ce que les uns ont dit par impiété, & les autres par ignorance. Mais puifqu'on voit que les Théologiens & les Patriarches même de cette fecte, comme étoit Elie, trouvoient de la conformité entre les paffages de l'Alcoran qu'ils citent, & leur opinion fur Jefus Chrift, il n'eft pas poffible de douter qu'elle ne foit très-mauvaife. Si on examine avec attention l'Apologie de l'Archidiacre Adam, en- De dogm. voyé à Rome par le Patriarche Elie fous Paul V, ce qui n'eft pas aifé à Chald. faire tant la traduction eft obfcure; & fi on en compare les expreffions avec celles des Théologiens Neftoriens, on y trouvera une trop grande conformité. , pour croire que les explications qu'il donne des dogmes fur l'Incarnation puiffent être reçues. Car en un mot, tout ce qui s'y trouve touchant l'union, s'entend de celle qu'ils appellent d'inhabitation comme dans un temple, d'honneur, de bienveillance, de dignité & de communication de puissance. C'est ce qu'on reconnoît non feulement dans les

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LIV. I. Ecrits Théologiques, mais aufli dans les Paraphrases Perfiennes de l'Ecri-
CH. V. ture Sainte, qui fe trouvent dans les Lectionnaires des Chrétiens du pays,
Lection. la plupart Neftoriens : dans un de ces Livres ces paroles, aqualem se faciens
Perf. MS. Deo, font ainfi expliquées, égal à Dieu en puissance, en dignité & en opé-
ration, par l'union avec le Verbe éternel.

Eclaircif
fement fur

bitation.

C'eft auffi ce que les Neftoriens entendent par le mot dont ils fe ferle mot de vent volontiers, & même avec tant d'affectation, que la plupart des Madefcente hométans, qui ont eu plus de commerce avec ceux de cette secte qu'avec & d'inha- les autres Chrétiens dans le commencement du Mahométifme, croient qu'il eft communément reçu dans toute l'Eglife. Ce mot eft hn Haloul, qui répond au mot grec inipornos, comme il a déja été dit, & fur lequel il est nécessaire de donner quelque éclairciffement. Dans l'Ecriture Sainte, & particuliérement dans l'Evangile, il eft employé pour fignifier une inhabitation de grace, ou un effet miraculeux de la toute-puiffance de Dieu, pour produire quelque chofe de furnaturel, comme le myftere de l'Incarnation dans la Sainte Vierge. Les Orthodoxes & les Jacobites difent communément que le Saint Efprit eft defcendu par cette forte d'inhabitation dans la Sainte Vierge, pour la fanctifier, & pour former en elle & de fa fubftance, le corps dans lequel le Fils de Dieu s'eft incarné. Mais ils ne difent jamais que le Saint Efprit foit defcendu de cette maniere fur Jefus Chrift dans le moment de l'Incarnation; encore moins que le Fils de Dieu foit defcendu fur le Fils de Marie: cette expreffion eft particuliere aux Neftoriens, & renferme, felon les Orthodoxes & les Jacobites, tout le venin de cette héréfie; parce qu'elle réduit l'union à une inhabitation & plénitude de grace fanctifiante, qui eft à la vérité de l'aveu des Neftoriens mêmes, fort fupérieure à celle des Prophetes & des plus grands Saints: mais elle ne fignifie point l'union fubftantielle de Dieu & de l'homme en une feule perfonne, felon les Orthodoxes, ou en une feule nature felon les Jacobites: de forte qu'elle n'eft qu'accidentelle dans P'opinion des Neftoriens: Dieu ne s'eft point fait homme, & l'homme n'a point été fait Dieu.

On ne

rer Jefus

C'eft ce que les Jacobites & les Melchites difent contre la maniere peut ado- dont les Neftoriens expliquent le myftere de l'Incarnation; leur reproChrift chant auffi, comme ont fait les anciens Peres, que fi Jefus Chrift n'étoit dans l'hy- pas Dieu par cette union intime que l'Eglife enfeigne, mais feulement pothefe des Nefto- par ce que le Fils de Dieu habitoit en lui comme dans fon temple, on ne pouvoit pas l'adorer; & que celui qui adoroit Jefus adoroit un homme & non pas un Dieu. Ainfi tout ce qui a été rapporté ci-deffus des Auteurs Neftoriens & des Jacobites, prouve très-certainement, que ce que les Peres & les Conciles ont condamné dans Neftorius eft enfeigné

riens.

par fes Difciples. Ce qui a été remarqué par les Anciens, que Diodore de Liv. I. Tarfe & Théodore de Mopfuefte, avoient jeté les fondements du Nefto- CH. V. rianifme, eft auffi confirmé par tous les Auteurs Orthodoxes & Jacobites. Barfalibi Il en refte même une preuve dans les Offices des Neftoriens; car le venl'Orig. des, dredi de la femaine cinquieme après l'Epiphanie, ils font commémoration Neftor. des Docteurs Grecs, qui font Diodore, Théodore & Neftorius, ce qui fait MS. Syr. voir qu'ils approuvent leur doctrine.

Traité de

Nefto

taux ne

Caff. de Incarn.

On apprend par les témoignages de Caffien, de S. Profper, de Pho- Autre ertius & de quelques autres Auteurs, une erreur de Neftorius, qui n'étoit reur des pas moins énorme que celles dont il a été parlé: & qui confiftoit en ce riens, dont qu'il difoit que Jefus Chrift étant né homme comme les autres, étoit les Orien parvenu à la gloire & à la puiffance de Dieu par fes propres mérites, & parlent non par l'union avec la nature divine; qu'ainfi la Divinité n'étoit pas en point. lui par la propriété de la Divinité qui lui avoit été unie, mais qu'il l'avoit méritée par fes travaux & par fa Paffion. Solitarium quippe hominem Dominum noftrum Jefum Chriftum, natum effe blafphemans, hoc quod ad Dei poftea honorem poteftatemque pervenit humani meriti, non divina afferuit 1. 1. c. 2. fuiffe natura: ac per hoc eum divinitatem ipfam non ex proprietate unitæ fibi divinitatis femper habuiffe, fed poftea pro præmio laboris paffionifque meruiffe. S. Profper. Nam Chriftum pietate operum & mercede volentes effe Deum in capitis fædere non ftetimus. C'eft auffi ce que Photius confirme, marquant la conformité du Pélagianifme & du Neftorianifme. Car ayant dit que les Pélagiens croyoient que par la puiffance naturelle du libre arbitre, l'homme attiroit le Saint Efprit ou le rejetoit, il ajoute : les Neftoriens ont ofé dire la même chose touchant le Chef qui eft Jefus Chrift: & que celui qui naquit de Marie, par le mérite de fon libre arbitre naturel, se trouva accompagné du Verbe, & que par cette feule dignité & par la reffemblance de nom, il participa la Filiation avec le Verbe (a). 11 ne fe trouve rien cependant dans les Ecrits des Neftoriens modernes, ni dansceux des Théologiens Jacobites ou Orthodoxes qui les attaquent, d'où l'on puiffe prouver qu'ils aient connu cette erreur pernicieufe. Ils peuvent l'avoir perdue avec le temps, ou les autres fectes peuvent l'avoir ignorée, parce que tout ce qui a rapport au Pélagianifme leur eft entiérement inconnu. Dans les plus amples Collections de Canons, on trouve quelques titres de ceux des Synodes d'Afrique contre les Pélagiens: mais à peine connoiffent-ils le nom de Pélage, de Céleftius, & de leurs principaux Difciples (b).

(α) Αλλ' ὁ γενηθεις ἐκ Μαρίας διὰ τὴν τῆς φυσικῆς προαιρέσεως· αξίαν εἶχεν ἐπόμενον τὸν λόγον 9, μόνη τῇ ἀξία καὶ τῇ ὁμωνυμίᾳ κεκοινωνηκὼς τῷ λόγῳ τῆς ὑότητες. Phot. Cod. 54.

(b) Ces paroles ne doivent pas s'entendre des Collections grecques, mais des fyriaques: & des arabes, des Neftoriens, Jacobites & autres dont on vient de parler. On fait bien

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