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LIV. VII. que fi la vérité a été attaquée & trahie indignement par les Grecs qui CH. V. ont donné des Actes publics de leur créance depuis 1672, ce que prétend M. Claude, il n'y a pas eu un feul Grec qui l'ait défendue; de quoi il ne fe trouvera aucun exemple dans l'Hiftoire ancienne ni moderne. Davantage, on voit que perfonne n'a réclamé contre une fauffe déclaration, à laquelle tous les Grecs avoient intérêt; par conféquent il n'y a pas eu le moindre foupçon de prévarication dans tout ce qui s'eft fait fur ce fujet.

Comparai fon de ce qui fe paf

l'affaire de

On jugera mieux de l'abfurdité de cette fuppofition, en comparant ce qui fe passa dans l'affaire de Cyrille Lucar, & ce qui s'est passé à fa dans l'occafion des Atteftations, du Synode de Jerufalem, & de tous les autres Actes. Les Calviniftes fuppofent très-fauffement, comme on l'a fait voir, que ce malheureux donna une Expofition véritable de la créance de l'Equi s'eft glife d'Orient. Il faut néanmoins que cela foit ainfi, afin que celle qui les Attefta- a été donnée par les autres Grecs foit fauffe, comme prétend M. Claude; tions, car comme elles font contradictoires, l'une & l'autre ne peuvent être

Cyr.Lucar

avec ce

fait pour

tifioient

véritables. Cela étant, il faut ajouter à toutes les précédentes fuppofitions, celle-ci, qui n'est pas moins abfurde, que Cyrille expofant la foi commune de l'Eglife Grecque, ne l'ofa faire en public, ni avec les formalités ordinaires: qu'il ne trouva pas un feul Evêque qui voulût figner fa Confeflion: qu'il ne put la faire enregistrer dans les Archives de la grande Eglife: qu'il la donna d'abord en latin, puis en grec au bout de quelques années, mais écrite de fa main, & fans être contre-fignée du moindre Officier Patriarchal: que quand il en parut quelque copie, il nia avec des ferments exécrables qu'elle fût de lui; que pour couvrir les parjures, il célébra la Meffe, les Ordinations, & fit toutes les autres fonctions épifcopales, qui ne peuvent en aucune maniere s'accorder avec la doctrine de cette Confeffion: qu'ainfi il ôta à ceux qui auroient voulu Paccufer toutes les preuves dont ils auroient pu fe fervir pour le convaincre que cependant dès qu'il en parut des copies, quoique trèsfufpectes, puifque c'étoit de l'impreffion de Geneve, tous les Grecs s'éleverent contre lui, & lui dirent anathême.

Quelques Comme on accufoit Cyrille de Berroée fon fucceffeur d'agir avec plus Grecs juf de paffion que de zele; que les ferments de Cyrille, & fa conduite Cyrille, extérieure avoient impofé à plufieurs Grecs, il s'en trouvoit qui ne mais au- pouvoient fe perfuader qu'il eût donné la Confeffion qui paroiffoit fous justifioit fon nom: mais il ne s'en trouva aucun qui entreprît de juftifier qu'elle fa Confef- contenoit la créance de l'Eglife Grecque: au contraire tous la condamfion. nerent, même ceux qui épargnerent fa perfonne. Voilà donc, fi on

cun ne

reçoit le fyftême de M. Claude, un Patriarche qui expose véritablement

4

ni

la créance des Grecs, contre lequel ils s'élevent tous, fans que perfonne Liv. VII. se hasarde à le défendre, ce qui étoit néanmoins très-aifé, & fans aucun CH. V. péril, s'il eût expofé la foi de fon Eglife: il eft condamné, tous approuvent la condamnation, & depuis foixante & dix ans les chofes demeurent au même état, fans que perfonne s'y oppofe, & fans que perfonne s'apperçoive qu'il n'a rien avancé que de conforme à la doctrine reçue de temps immémorial dans tout l'Orient. Qu'on examine toute l'Antiquité Eccléfiaftique, il ne fe trouvera jamais un tel exemple, ni qu'un Evêque, ou un Patriarche foit anathématifé par toutes les Eglifes, pour avoir mis par écrit la foi qui y étoit connue comme orthodoxe; que dans un fi long espace de temps perfonne n'ait connu la vérité, ou n'ait voulu lui rendre témoignage. Il faut néanmoins fuppofer toutes ces abfurdités, pour prouver que les Actes qui condamnent Cyrille & fa doctrine, font autant de fauffes expofitions de la créance commune des Grecs; car c'eft ce que doivent montrer les Calviniftes, & c'est auffi à quoi tendent leurs calomnies fur la vénalité de ces témoignages. Mais s'ils contiennent une expofition véritable de la créance de l'Eglife Grecque, & reconnue telle par tous les Grecs, quand on auroit donné de l'argent pour les obtenir, ils n'en font pas moins vrais; de même que foit que Cyrille ait reçu de l'argent ou non pour donner fa Confeffion, elle n'en étoit pas moins fauffe. Mais puifqu'il paroît affez que les Calviniftes n'ont prefque plus d'autre argument que cette prétendue vénalité de témoignages pour les attaquer, dès qu'on a prouvé d'une maniere incontestable qu'il ne fe trouve rien dans ces Actes qui ne foit reconnu vrai par tous les Grecs, cette calomnie tombe d'elle-même. Voyons enfuite fi on en peut dire autant que ce qui a été remarqué fur la Confeffion de Cyrille.

conftan

dont on a

fuffifent

On informe les Grecs par des mémoires très-fimples de ce que M. Principa Claude avoit écrit fur leur fujet, & on les prie de déclarer par écrit s'ils les circroyoient la préfence réelle, la Transfubftantiation, & les autres points ces de la contestés entre les Catholiques & les Calviniftes. Ils donnent fur cela maniere plufieurs Actes, qui font dreffés fynodalement, & enregistrés dans les Ar- eu les Atchives des Eglifes de Conftantinople & de Jerufalem, par lefquels il paroît teftations clairement qu'ils croient fur ce fujet tout ce qu'enseigne l'Eglife Romaine. pour les Tous les Patriarches approuvent ces Actes: on les envoie au Roi en justifier. forme authentique: on en imprime ici les traductions, & les originaux. de quelques-uns; perfonne ne réclame parmi les Grecs; tous au contraire reconnoiffent qu'ils contiennent la foi de leur Eglife. Pour le confirmer davantage, ils envoient un exemplaire légalifé de la Confeffion Orthodoxe, qui avoit été dreffée & approuvée trente ans auparavant. Dix ans

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LIV. VII. après ils impriment des Livres en Moldavie, dans lefquels ils inferent les CH. VI. principaux de ces Actes. Voilà, felon M. Claude, la fauffeté qui triomphe de la vérité contenue dans la Confeffion de Cyrille; & cependant tous approuvent cette fauffeté, tous y reconnoiffent la créance de leur Eglife; & au lieu de s'élever contre ceux qui lui attribuoient des dogmes qu'elle ne connoît point, ce que ce grand Critique croit avoir démontré; un ou deux particuliers qui voulurent les attaquer font condamnés fynodalement en 1691, & depuis ce temps-là quelques-uns n'en font pas demeurés à rendre témoignage à la vérité, lorsqu'ils en ont été requis; ils ont eux-mêmes attaqué les Calviniftes par des ouvrages exprès. Il n'y a donc rien de plus infoutenable que toutes les fuppofitions qu'il faut faire pour attaquer la fincérité des Atteftations; puifque les Grecs par leur approbation les mettent à couvert de tout foupçon de fauffeté, & par conféquent de vénalité; car on n'a que faire de corrompre des témoins qui difent la vérité.

Autre fuppofition

néceffai

deux

grands change ments de

ON

CHAPITRE VI.

Continuation de la même matiere.

Na déja vu que pour établir, non pas quelque certitude, mais quelque couleur de vraisemblance, qui pût foutenir la calomnie de M. re, qui eft Claude contre les Grecs, il faut fuppofer plufieurs chofes que les Calqu'en af viniftes ne peuvent pas prétendre qu'on leur accorde, puifqu'elles enfez peu de temps, il ferment des abfurdités & des impoffibilités manifeftes. Nous en allons eft arrivé propofer une nouvelle, à laquelle ils n'ont pas penfé, & qui est néanmoins tellement liée à la matiere dont il s'agit, que fi le fait n'eft pas véritable, on ne peut former aucune conteftation fur les Actes. C'est que pour maintenir que les Grecs ont témoigné faux dans leurs Actes, outre ce qui vient d'être marqué, qu'il faudroit avoir prouvé que Cyrille Lucar a expofé vrai dans fa Confeffion, il faut encore faire une fuppofition qui n'eft pas moins impoflible que les autres. Elle confifte en ce qu'il faut fuppofer que dans l'efpace d'un fiecle, & encore moins, il eft arrivé deux changements entiers dans l'Eglife Grecque touchant la créance fur l'Euchariftie, dont cependant les Grecs n'ont jamais eu aucune connoiffance, & dont il n'eft resté aucune mémoire ni aucun veftige. Car fi Cyrille Lucar a représenté fidellement leur créance, il faut qu'elle ait changé depuis Melece Piga, fon prédéceffeur immédiat dans le Siege d'Alexandrie, qui a très-clairement enfeigné la Tranffubftantiation, depuis

doctrine dans l'Eglife Grec que,

Gabriel

Gabriel de Philadelphie, Maximus Margunius, & les autres contempo- Liv. VII. rains, en moins de trente ans: ou bien il faut que ce changement foit CH. VI. arrivé depuis Cyrille jufqu'en 1672, fi les Grecs de ce temps-là ont témoigné faux. Or il ne s'en trouvera pas un feul qui n'affure, conformément à tout ce que nous apprenons par l'hiftoire de ces derniers temps, qu'il n'y a eu de trouble fur la foi de l'Euchariftie, que celui qui fut caufé par la Confeffion de Cyrille, & qui n'eut aucune fuite, sa doctrine ayant été condamnée comme Calvinifte. Donc puifqu'avant lui on croyoit dans l'Eglife Grecque la préfence réelle & la Tranffubftantiation, & qu'on les croit encore préfentement; qu'elles n'ont pas été moins crues dans le temps mitoyen, puifqu'il fut condamné à cause qu'il les rejetoit, il ne peut être furvenu aucun changement fur ce point de doctrine, & il n'étoit point néceffaire de corrompre les Grecs, pour leur faire dire ce que nous lifons dans leurs Atteftations, auffi-bien que dans leurs autres ouvrages.

troduire

ce chan

de temps.

C'est encore une fuppofition d'une chofe moralement impoffible, qu'il Qu'il n'eft faut faire néanmoins dans le fyftême de M. Claude, que tous les Grecs pas poffi ble qu'on fe foient fi facilement laiffé corrompre en auffi peu de temps, qu'il y en ait pu ineut depuis l'arrivée de M. de Nointel Ambaffadeur de France, jufqu'aux premieres Atteftations. Que les Calvinistes comparent ce qui fe paffa gement entre Cyrille Lucar & ceux qui tirerent de lui fa Confeffion, avec la en fi peu maniere dont les Grecs ont rendu témoignage à la vérité. On employa quelques années à catéchifer Cyrille, à lui faire lire des livres nouveaux qui s'imprimoient en Hollande: Leger, & d'autres perfonnes de la fuite de l'Ambaffadeur Haga, étoient fouvent en conférence avec lui. Enfin après quatre ou cinq ans on obtint fa Confeffion particuliere, fans qu'il en ait paru aucune femblable, ni d'approbation des principaux de l'Eglife Grecque. Les Grecs qui en ont donné de toutes contraires ne firent pas la moindre difficulté. Nectarius feul, alors Patriarche de Jerufalem, n'ayant encore aucune nouvelle de ce qui fe paffoit à Conftantinople, conçut de la défiance fur ce que lui manda Païfius Patriarche Grec d'Alexandrie, qu'un Capucin étoit venu lui demander une Confeffion de Perp. T.z. foi, l'affurant que les autres Patriarches en avoient donné. Comme Nectarius étoit ennemi irréconciliable des Latins, il manda à Païfius, qu'il ne falloit pas leur donner par écrit même l'Oraifon Dominicale, parce qu'ils ne cherchoient qu'à tromper les Grecs; ce qui fait voir qu'ils ne font pas fi faciles à corrompre ni à furprendre. Cependant lorfque la chose fut éclaircie, & qu'on eut reçu à Jerufalem les extraits de ce que M. Claude difoit fur les Grecs, ce même Nectarius, qui avoit abdiqué Perpétuité de la Foi. Tome IV. Q99

1. 8.

LIV. VII. en faveur de Dofithée, foufcrivit les Décrets du Synode de Jerufalem, CH. VI. quoiqu'il pût s'en exempter, s'il n'avoit pu le faire fans parler contre sa

P. 179.

confcience. De plus, lorfqu'il eut reçu les extraits plus amples du Livre de M. Claude, & qu'il eut examiné ce qui s'y trouve contre les Grecs, il prit la plume fans que perfonne l'en priât, & il envoya aux Religieux Opufc.Gr. du Mont Sina, fes anciens Confreres, l'Ecrit qui a été imprimé depuis peu en grec & en latin. On ne lui avoit pas fuggéré ce qu'il a mis dans fon Traité contre la Primauté du Pape, pour prouver la Tranffubstantiation, & l'autorifer par un miracle. Aucun Latin n'avoit prié Dosithée d'écrire contre Luther & contre Calvin, ni de faire imprimer les Décrets du Synode de Jerufalem, avec de grandes augmentations, fous le titre d'Enchiridion; ni de réfuter Jean Caryophylle. Perfonne ne s'eft mêlé de la Sentence Synodale rendue contre ce Grec en 1691, puifqu'elle étoit à peine connue quand on l'a fait imprimer à Paris. Il eft donc aifé de reconnoître que la facilité avec laquelle les Grecs ont rendu les témoignages qui leur furent demandés en 1671, & les années fuivantes, démontre qu'il n'étoit pas befoin de les gagner par de mauvaises voies, pour les engager à déclarer ce qu'ils croyoient fur l'Euchariftie; au lieu que la difficulté qu'il y eut de faire parler Cyrille le langage des Calviniftes, quoique ce fût en fecret, & d'une maniere à pouvoir défavouer fa Confeffion, comme il a toujours fait, enfin l'impoffibilité qu'ils ont trouvé. à obtenir de pareils témoignages, font des preuves convaincantes que les Grecs ne fe laiffent pas corrompre fi facilement.

Que les

auroient

tations fa

fi elles étoient vénales.

S'ils étoient fi faciles à tout figner pour de l'argent, comme l'a fupCalvinift. pofé M. Spanheim, & enfuite M. Bayle, qui voulant enchérir fur cette dú obtenir belle découverte, ajoute que ces Atteftations ont conté de grandes fommes. des Attel à Meffieurs de Port-Royal, qu'il ne connoiffoit guere: pourquoi les Calvorables, viniftes n'en ont-ils pu obtenir une feule depuis celle de Cyrille? Car s'ils avoient produit un Acte authentique femblable à celui du Patriarche Denys, ou à celui qui confirme la Confeffion Orthodoxe; que par cet Acte. les Patriarches & les Métropolitains euffent déclaré que la Confeffion publiée au nom de Cyrille Lucar contenoit la véritable créance de toute l'Eglife d'Orient: que Cyrille de Berroée & Parthenius le Vieux qui l'avoient condamnée étoient des Apoftats, de faux Grecs & des calomniateurs de l'Eglife Grecque; qu'enfuite ils y euffent inféré cette Confeffion, comme les Grecs de Jerufalem inférerent dans leurs Décrets les deux Synodes qui la condamnent; il eft, dis-je, certain qu'ils fe feroient. épargné bien de la peine. Car fi on voyoit deux Expofitions contradictoires de la foi des Grecs, revêtues des mêmes formalités, on ne pourroit fe fervir de l'une ni de l'autre.. Eft-ce qu'ils n'ont pas eu affez de zele

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