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LIV. VII. de leur Eglife. Ils ont condamné Cyrille Lucar, parce qu'il avoit expofé CH. VI. le contraire: on peut donc le condamner lui & fa Confeffion, fans être

Faux rai

ment du

Claude.

latinifé, & fans ceffer d'être véritable Grec ; ce qui renverfe encore la principale reffource de M. Claude, qui étoit de traiter comme latinifés tous ceux qui reconnoiffent la préfence réelle & la Tranffubftantiation. Donc foit que ceux qui ont foufcrit les Actes aient reçu de l'argent, foit qu'ils n'en aient pas reçu, il eft certain de l'aveu même de plufieurs Proteftants, qu'ils ont donné des témoignages conformes à leur créance ; ce qui détruit tous les vains raifonnements de M. Claude, & une accufation calomnieuse n'eft pas capable de les redreffer.

Voici encore un argument auquel on défie les admirateurs de ce fonne- Miniftre de donner la moindre réponse. Selon lui, les Atteftations font Miniftre fauffes, parce qu'elles contiennent une doctrine inconnue à l'Eglife Grec que véritable; & c'est parce qu'elles font fauffes qu'il prétend prouver qu'elles ont été obtenues pour de l'argent. Ce raifonnement eft très-mauvais car les Atteftations pourroient être fauffes, & n'avoir point été achetées & elles pourroient avoir été achetées fans que cela les empêchát de représenter fidellement ce que les Grecs croient. Car on peut dire faux par malice , par ignorance ou par furprise, fans fe laiffer corrompre. M. Claude n'a rien écrit fur cette matiere dont la fauffeté ne foit évidente; on ne dira pas qu'il a reçu de l'argent pour cela. Ceux qui l'ont copié difent faux, ils ont été trompés, ils trompent les autres: la vénalité des témoignages n'y a point de part. Si les Grecs avoient été auffi ignorants que le fuppofoit ce Miniftre, ils auroient pu être trompés par l'expofition frauduleufe qu'il leur avoit envoyée de la créance des Catholiques, & la condamner comme contraire à la leur: ils auroient dit faux, parce qu'on les auroit trompés. Cyrille pouvoit avoir été ainfi trompé par les Calviniftes fur les dogmes, & il auroit mérité quelque compaffion, s'il avoit paru qu'il eût cherché la vérité de bonne foi. Mais il étoit inexcufable, & il mentoit contre fa confcience, lorsqu'il attribuoit à toute fon Eglife des opinions qu'elle a en horreur, & que fes prédéceffeurs avoient condamnées. Ainf tous ces raifonnements de M. Claude fur la fauffeté & la vénalité des Attestations font inutiles, & même quand ils auroient la folidité qui leur manque, ils ne prouvent rien, fi les Grecs, indépendamment de toute follicitation & de tout commerce avec les Latins, ont exposé eux-mêmes la créance de leur Eglife, non feulement felon le même fens, mais avec étant vrai, les mêmes paroles & avec les mêmes pieces, avant & après la date des pieces qui Atteftations conteftées, ce qui eft indubitable, & en voici les preuves, y ont rap- Le Synode de Jaffi eft vrai, & on ne peut traiter fes Décrets comme vraies. fuppofés, ni comme l'ouvrage de Grecs latinifés, & M. Allix le reconnoit.

LeSynode de Jaffi

toutes les

port font

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Par

Par une conféquence néceffaire le Synode de Conftantinople, qui fut tenu Liv. VII. quatre ans auparavant, ne peut être contefté, non plus que la Confeffion CH. VI. Orthodoxe, qui fut dressée dans celui de Jaffi, ni la Réfutation des Chapitres de Cyrille par Melece Syrigus, qui l'entreprit par commiffion spéciale de fon Patriarche & de tout le Clergé Grec. Outre M. Allix, dont le jugement fur-tout en matiere d'érudition doit être préféré à celui de M. Claude qui n'en avoit aucune, les Luthériens ont reconnu la vérité des Décrets de ces deux Synodes. Ainfi long-temps avant que les Grecs euffent donné leurs premieres Atteftations, tout ce qu'elles contiennent fur l'Eucharistie étoit exprimé dans les Décrets de deux Synodes; dans une Confeffion de foi approuvée par le dernier, confirmée par les quatre Patriarches Grecs, mife entre les mains de toute la Nation, & imprimée deux fois par les foins de Panaiotti, un des zélés Grecs qui fut jamais. Les mêmes dogmes étoient expliqués plus amplement & théologiquement, par un fameux Théologien, chargé de ce travail par fon Patriarche & toute fon Eglife. Puifque la vérité de ces premieres pieces décifives eft reconnue par les Proteftants mêmes, il est donc vrai que plus de trente ans avant qu'il parût aucune Atteftation, les Grecs, non pas de fimples particuliers, mais en corps d'Eglife, les Patriarches à leur tête, avoient déclaré comme vérités capitales de la Religion Chrétienne, tout ce que contient l'Acte du Patriarche Denys, & ce qui fe trouve dans les autres, donnés par divers Métropolitains ou par des Eglifes particulieres: ils ont même expliqué ces dogmes beaucoup plus en détail, & ils ont condamné d'hérésie les sentiments contraires. Ainfi cette doctrine eft établie par des preuves de fait inconteftables, long-temps avant les Atteftations. Tout ce que M. Claude, & d'autres plus méprifables ont dit contre Cyrille de Berroée, contre Parthénius le Vieux, contre Grégoire Protofyncelle & Syrigus, ne fert de rien, dès qu'on a reconnu que les deux Synodes & la Confeffion Orthodoxe étoient véritables, outre qu'on a réfuté affez en détail tout ce que ceux qui les ont attaqués avoient écrit pour les rendre fufpects, & qu'on a fait voir que ce n'étoit qu'un tiffu d'ignorances & de fauffetés.

ce qu'ils

Depuis que la difpute fur la Perpétuité a été finie, ni ceux qui y Les Grecs avoient été employés, ni les Ambaffadeurs de France, ni les Miffionnai- fans être confultés, res, ni la Cour de Rome, qui n'y a jamais eu aucune part, ni même ontdepuis aucun particulier, n'ont confulté les Grecs fur ces matieres, & ils ne leur confirmé ont rien demandé. Ainfi le Patriarche Denys & les autres, qui avoient avoient donné des Atteftations, & qui favoient le bruit qu'elles faifoient en ces dit dans pays-ci, pouvoient en toute liberté les défavouer, fi elles étoient fauffes: s'expliquer, fi elles étoient ambiguës: les rétracter, fi elles n'étoient pas Perpétuité de la Foi. Tome IV.

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ces Actes.

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LIV. VIL orthodoxes; & même rien ne nous empêche de croire que les véritables CH. VI. Grecs, fi ces premiers ne l'étoient pas, n'euffent fait à l'égard de ceux

Fauffetés

qui avoient figné ces Actes, ce que leurs Prédéceffeurs avoient fait contre Cyrille Lucar. Cela leur étoit d'autant plus facile, que les Patriarches & les Métropolitains n'avoient pas pris les mêmes précautions que ce fourbe, en ne donnant aucun Acte en forme publique, afin de pouvoir tout nier au lieu que les autres avoient donné les leurs en forme authentique, & que les Régiftres de la grande Eglife les expofoient à la vue de toute la Grece. Il eft néanmoins très-certain que jamais ils n'ont donné la moindre atteinte à ces Actes: aucun ne les a attaqués ; & ce qui eft de plus convaincant, ils les ont renouvellés eux-mêmes en faifant imprimer les principaux: & c'est ce qu'a fait Dofithée, Patriarche de Jerufalem, avec l'approbation générale de toute fon Eglife.

Qu'on applique donc à ces pieces tous les raifonnements de M. Claude; ils paroicront fi ridicules qu'ils ne le feront guere moins que ceux du plus téméraire & du plus ignorant de tous ceux qui ont écrit for cette matiere, qui ne pouvant répondre à l'autorité de Dofithée, a eu la hardieffe de fuppofer, qu'après qu'il eut publié ces Décrets au Synode de Jerufalem, tout le Clergé fe révolta contre lui, de forte qu'il fut obligé de s'enfuir & d'abandonner fon Siege, qu'il a tenu néanmoins paifiblement plus de trente ans depuis. Tous les faits que M. Claude a allégués ne font pas plus véritables. Ainfi puifque les Grecs, long-temps avant que la Confeffion de Cyrille Lucar fût imprimée à Geneve, ont foutenu la même doctrine que celle qu'ils ont répandue dans plufieurs Ecrits: qu'ils s'en font fervis pour combattre & pour condamner les nouveautés de cet Apoftat: qu'ils l'ont en quelque façon renouvellée, par les Décrets qu'ils publierent à cette occafion, & par la publication de la Confeffion Orthodoxe que les Atteftations données depuis 1672 y font entiérement conformes que fans aucune intervention des Latins ils ont foutenu la même doctrine, non feulement dans les livres qu'ils ont imprimés, mais dans le Synode où furent condamnés les Ecrits de Caryophylle; il n'y a pas la moindre raifon de douter, qu'ils n'aient expofé dans tous les Actes produits contre les Calviniftes, la vraie créance de l'Eglife Grecque, ni aucun fondement à fuppofer qu'on les ait obtenus par de mauvaises voies.

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CHAPITRE VII.

Examen de quelques autres objections qui ont été faites fur les Atteftations produites dans la Perpétuité.

Comm

LIV. VII.
CH. VII.

tirées de

nes.

Omme les Calvinistes profitent des objections les plus frivoles qui Object. peuvent être faites contre l'autorité des Atteftations qui ont été produites quelques dans la Perpétuité, ils n'ont pas manqué de faire valoir quelques con- Moderteftations qu'il y a eu entre des Catholiques à l'occafion de ces pieces. La grande autorité qu'on donne préfentement à des Ecrits furtifs, à des pieces fuppofées, à de prétendues anecdotes fondées fur des récits de ce qu'on fait dire à des perfonnes mortes, pourra auffi faire valoir des hiftoires ridicules fur cette matiere, puifqu'on voit des Critiques qui les citent férieufement en toute rencontre. Or comme les demi-favants font capa-. bles de croire ce qu'ils trouveront fur ce fujet dans le premier Recueil. de femblables curiofités, nous avons cru qu'il n'étoit pas inutile de prévenir les mauvais effets que peut produire la facilité qui regne parmi eux à tout croire ce qui leur eft nouveau, pourvu qu'il attaque la mémoire des hommes qui ont fait honneur à notre fiecle. Ce ne font guere que ceux-là qu'on voit attaqués dans ces Libelles, & en même temps ils nous produisent des hommes dont la réputation a été très-médiocre & fouvent très-mauvaise, qui n'ayant jamais été ni dans les emplois, ni dans le grand monde, favoient ce qui s'étoit paffé de plus fecret à la Cour, à la ville, dans les cabinets des Grands, fi on veut croire ceux qui ont recueilli leurs converfations. Après cela ceux qui n'avoient aucune connoiffance ni des perfonnes, ni des affaires, ont avec grand foin ramaffé toutes ces, fauffetés, & c'est ce que M. Bayle a fait plus qu'aucun autre dans fon Dictionnaire Critique. Un Huguenot réfugié aura dit à quelqu'un qu'il avoit oui dire à des Catholiques, que les Atteftations produites dans la Perpétuité de la Foi pouvoient fouffrir quelque difficulté; qu'on difoit qu'elles avoient été obtenues avec beaucoup de peine & de dépense: cela s'accordoit avec la calomnie de M. Claude, il n'en a pas fallu davantage à ce grand Critique, non feulement pour affurer qu'elles avoient été achetées; mais il y a ajouté de fon chef, que cette dépense avoit couté beaucoup à Meffieurs de Port-Royal, qui n'étoient pas en état de la faire. Il s'en trouvera quelqu'autre qui enchérira, & qui dira la fomme, ou qui fachant par hafard que les affaires de M. de Nointel, au retour de fon Ambaffade de Conftantinople, n'étoient pas en fort bon état, dira que la dépense des Atteftations l'avoit ruiné, & il fera cru comme l'a été M.

LIV. VII. Claude, fur toutes les fauffetés qu'il a avancées. Nous déclarons donc que CH. VII. nous nous infcrivons en faux contre tout ce qui peut être appuyé fur

Autre té

culiers ne

de telles autorités; & quand ceux qui táchent de les faire valoir les foutiendront par des preuves qui méritent quelque attention, nous espérons les renverfer d'une maniere qui ne fouffrira aucune replique.

Quand il y auroit eu quelques Catholiques qui auroient pensé sur ces moignage Atteftations ce qu'on leur a fait dire, il n'y en a aucun qui puiffe être cru de parti- fur fa parole, contre des preuves auffi certaines que celles qui ont été peut dé- produites. La plupart n'ont point été nommés, & ceux qui les ont cités truire en déguifant leurs noms, leur ont affurément rendu fervice: car, par des Actes exemple, que pouvoit-on penfer de ce Vénitien, auquel on fait dire des publics. abfurdités qui fautent aux yeux, finon que c'étoit un homme qui ne favoit

l'autorité

Object.

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mes.

pas les premiers éléments de la matiere dont il parloit, & qui a été démenti publiquement par le Repréfentant de fa République? Croira-t-on les Papas de M. Wheeler, plutôt que toute la Grece? Si d'autres ont attaqué les Atteftations, ce n'a pas été pour dire qu'elles étoient fuppofées, ni obtenues à force d'argent; ce n'a pas été pour découvrir les mauvaifes pratiques que les Calviniftes difent avoir été employées pour engager les Grecs à les donner; & c'eft cependant de quoi il s'agit.

Il est vrai qu'on a vu dans divers Ecrits, la plupart anonymes, des réfled'Auteurs xions affez ambiguës fur quelques-unes de ces pieces, & on y a déja répondu il y a plufieurs années. Ce qu'on peut dire de plus certain, est qu'il n'y a rien dans tout ce qu'en a écrit un Auteur affez connu, qui donne lieu de croire que fon deffein ait été d'attaquer directement les Atteftations comme fauffes ou comme obtenues par de mauvaifes voies. Il avoit fait quelques autres remarques, dont la principale étoit, que les Calvinistes pourroient ne fe pas rendre à l'autorité de ces pieces, & qu'il auroit fallu les convaincre par les Livres des Grecs. C'est ce qui a été fait dans le troifieme volume de la Perpétuité; & comme il ne convient pas d'entrer dans ce qui peut avoir rapport aux difputes perfonnelles, il suffit de dire que fi on ne l'a pas fait alors fuffifamment, on a eu dans la fuite de quoi le faire, & les pieces imprimées depuis peu de Gennadius, de Mélétius Piga, de Nectarius, de Dofithée & quelques autres, peuvent fuppléer à ce qui ne put pas être fait alors. Enfin ce que cet Auteur donna dans quelques Traités fur la créance des Grecs, avoit été tiré des livres mémes qu'on avoit envoyés de Conftantinople, dont on n'avoit pu fe fervir, Pourquoi ils ne fu parce qu'ils n'arriverent qu'après l'impreffion du dernier volume de la rent pas Perpétuité.

publiés en On a dit que les pieces devoient être publiées dans leurs propres lanleurs lan- gues avec des traductions exactes, & cette penfée étoit venue d'abord;

gues.

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