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LIV. VIII. écrire, puisqu'il n'y a ni ftyle, ni fuite, ni ordre de penfées, ni arranCH. II. gement d'expreffions; mais que ce font des lambeaux mal coufus de converfation, & de façons de parler populaires, fans ordre, ni fans esprit. Reg. Hift. Les Lettres de Melece fon prédéceffeur à Sigifmond III. Roi de Pologne, Sclav.1.4. & quelques autres font écrites d'une maniere bien différente, pour ne pas parler de celles de Dofithée, de Nectarius, de Panaiotti, de Marco T. 3. 1. 8. Dono, & d'autres imprimées dans la Perpétuité. On fait qu'il n'y a rien qui faffe mieux connoître le caractere d'un bon efprit, que les lettres. Si donc on juge de celui de Cyrille par celles qu'on a de lui, il étoit affurément fort au deffous du médiocre, pour ne pas parler du peu de dignité qu'il y a dans les compliments outrés & les expreffions basses dont il fe fert en parlant aux Genevois.

Il étoit très-mau

Théo

Cette connoiffance parfaite de la Théologie épurée ne paroît pas Vais The beaucoup dans fes lettres, puifqu'en plufieurs endroits on reconnoît qu'il logien. ne parle qu'incertainement, & comme un homme qui n'a aucun fyftême de Théologie: il témoigne de l'eftime d'Arminius, & il devoit approcher de fes opinions, parce que la Théologie des Grecs y eft plus conforme fur les matieres de la Grace, qu'à celle des Calviniftes, & il en expofe une toute contraire dans fa Confeffion. Il y reconnoît la Proceffion du Pere par le Fils, qui eft la même chofe que du Pere & du Fils, & il témoignoit dans fes lettres n'être pas convaincu fur ce fujet. Il parle avec respect des cérémonies de l'Eglife Grecque dans fes premieres lettres, & il les rejette dans fa Confeffion. Si c'eft fur cette piece que font fondés les éloges qu'on lui donne, ce fondement n'eft guere folide, puifqu'on n'y trouve que ce que les moindres Propofants font tous les jours; c'està-dire, un abrégé de la Confeffion de Geneve; & même il y a beaucoup d'apparence qu'il ne l'avoit pas fait fans le fecours de fon fidelle Antoine Leger. Nous ne connoiffons point d'autres ouvrages de lui que les Homélies dont Dofithée a rapporté quelques Extraits dans le Synode de Jerufalem, & qui ne donnent pas une grande idée de fa Théologie, ni de fon éloquence. Enfin on a de lui les anathêmes qu'il fulmina contre les Latins à Tergowift en 1616, qui ne font pas un ouvrage, mais une formule paraphrafée. Il ne paroît pas qu'il en ait compofé d'autres, car Dofithée n'auroit pas manqué de les citer, comme les anathêmes, & les Homélies.

Il ne peut

paré aux

Il n'y a donc qu'à comparer les autres Grecs des derniers temps avec être com- Cyrille, pour reconnoître qu'il ne mérite pas d'être mis en parallele avec Jérémie, avec Gabriel de Philadelphie, Margunius, Melece Piga, Syrigus, Coreffius, & encore moins avec Nectarius & Dofithée, qui ont tous compofé des ouvrages confidérables, & qui ayant auffi-bien que lui connu

autres Grecs.

les

les Livres des Proteftants, ne s'y font pas laiffés furprendre, mais les ont LIV. VIII. réfutés très-folidement. Car quelle idée peut-on avoir d'un homme qui CH. II. avoit étudié à Padoue, qui avoit fréquenté quelques-uns de ceux que nous venons de nommer, qui même avoit vécu plufieurs années avec Melece fon prédéceffeur, & qui devint Calvinifte par la lecture des livres dont il eft parlé dans fes lettres? On ne niera pas que Raynolds, la Conférence de la Haye, & d'autres femblables Ecrits que les Hollandois lui envoyoient, & dans lefquels il puifa cette doctrine qui le mettoit, felon Hottinger, au-deffus de tous les Grecs de fon temps, n'étoient pas comparables aux Ecrits des Théologiens de Wittemberg qui ne furprirent pas Jérémie, ni a tant d'autres que Melece d'Alexandrie avoit vus, & qui ne l'empêcherent pas de foutenir l'ancienne doctrine de fon Eglise fur la préfence réelle & fur la Tranffubftantiation.

fur Melec.

C'est aufli une impudence digne de Cyrille & de fon panégyrifte Hot- Impofture tinger, le plus furieux & le plus ignorant de tous ceux qui aient écrit fur de Cyrille ces matieres, que de foutenir fes erreurs par l'autorité de Melece fon prédécesseur, qui a enfeigné tout le contraire, particuliérement fur l'Euchariftie; & c'eft auffi ce que les Grecs difent de lui. Mais les nouveautés qu'il avoit combattues étoient les erreurs des Calvinistes; & il est étonnant qu'ils ofent citer ce Patriarche, puifque dans des lettres qu'ils ont imprimées eux-mêmes, il déclaroit à des Miniftres de Pologne qui lui avoient écrit, qu'ils étoient encore plus éloignés par la différence de la doctrine, que par la diftance des lieux.

lettres

Regardera-t-on comme un grand Théologien, un homme qui a été ca- Sabaffeffe pable d'écrire une lettre auffi baffe que celle qu'il écrivit en 1636 aux dans les Genevois, lui qui ne pouvoit pas ignorer que c'étoit une compagnie de écrites à Laïques fans ordination, avec lefquels fes prédéceffeurs n'avoient jamais Geneve. voulu avoir aucune Communion? S'il parloit férieufement, comme il faut bien le fuppofer dans le fyftême des Calviniftes, feront-ils croire qu'un homme favant donnât des éloges à Calvin, que les Luthériens & d'autres Lett. 1. Proteftants ne lui ont jamais donnés: fur-tout fachant, comme il l'avoue lui-même dans cette lettre, que fon nom feul épouvantoit les autres Grecs, & qu'il leur étoit en horreur? Cependant il a pouffé la flatterie & la bigoterie fi loin, qu'il n'a pas eu honte de dire que c'étoit un très-fage & très- Monum. Saint Docteur, qui étoit dans le Ciel avec les Bienheureux.

P. 4.

de fon

On voit des preuves de fon ignorance groffiere dans les fades railleries Autres qu'il fait à Leger fur la doctrine d'un seul Médiateur, dont il avoit parlé Preve à Chio avec Coreffius. La lettre feptieme contient en peu de lignes des ignoranc. preuves encore plus certaines de l'ignorance de Cyrille. Il est tout étonné p. 67. Perpétuité de la Foi. Tome IV. Y y y

LIV. VIII. de ce que S. Jacques, à ce qu'il croyoit, eft contraire à S. Paul; ce qui CH. II. fait voir que fes méditations fur l'Ecriture Sainte avoient été bien fuper

P. 118.

Ses varia

P. 137.

p. 144.

ficielles, ou plutôt qu'il n'avoit médité ni les paroles de S. Jacques ni celles de S. Paul; mais qu'il s'étoit foumis aveuglément à ce que fon Catéchiste Leger lui avoit appris. Il ignore qui eft le Jacques Auteur de cette Epître. Un Théologien Grec peut-il parler comme il fait dans fa Lettre neuvieme fur Coreffius, qui défendoit la doctrine de fon Eglife, mieux apparemment que Leger n'auroit voulu, puifqu'on n'a jufqu'à préfent rien vu fortir des Bibliotheques de Geneve, qui fit mention des- difputes qu'il eut avec ce Grec, quoiqu'on ne puiffe pas s'imaginer, que ceux qui ont confervé des lettres auffi frivoles, n'aient eu aucun foin de conferver ces difputes, qui furent mifes par écrit; comme nous l'apprend Nectarius. Il falloit être auffi méchant qu'ignorant pour dire que ce Théologien, & les autres qui combattoient pour la foi de l'Eglife Grecque, foutinffent Padoration des Idôles.

En 1612, lorsqu'il écrivoit à Utenbogart, il étoit encore novice dans tions dans le Calvinifme; car il louoit alors l'Eglife d'Orient, & il marquoit qu'il les opiétoit très-difficile d'y introduire des nouveautés. Dans la feconde au même, nions théologiq. qui fut écrite de Walaquie l'année fuivante, il foutient que le S. Efprit ne procede que du Pere: & dans fa Confeffion il expofe le contraire, & il n'y dit rien touchant l'addition au Symbole, contre laquelle il déclame en cette même lettre. Il approuve & foutient les cérémonies que l'Eglife Grecque pratique dans le Baptême, & que les Calviniftes rejettent. Il parloit de la même maniere de celles qui regardent la célébration de la Liturgie, puifqu'il commence par les oraifons préparatoires, qui ne font pas effentielles, mais qui ne peuvent s'accorder, non plus que le refte, avec fa Confeffion. On ne peut néanmoins favoir précisément comment il s'expliqua fur les principales parties de la Liturgie; car le difcours eft coupé en ces endroits-là par des catera, qui font voir que ceux qui ont donné ces lettres au public, ne l'ont fait que fur des copies infidelles, & non pas fur les originaux, ou que s'ils en ont retranché ces articles, ils ne peuvent juftifier leur mauvaife foi. Or la fuite du difcours marque clairement qu'il manque beaucoup de chofes qui n'étoient pas indifférentes; puifqu'après cela il rapporte la formule ordinaire des paroles de Jefus Chrift, puis celles de l'Invocation du S. Efprit, ajoutant que S. Jean Chryfoftôme, & avant lui S. Bafile, avoient ordonné ces prieres. Il ne marque pas qu'il les faut regarder comme fuperftitieufes, & il les croyoit Ignorance alors pieufes, faintes & néceffaires, comme il paroît dans ce difcours groffiere entrecoupé. Il reconnoît la Hiérarchie, & il la détruit dans fa Confeffion. C'est une ignorance très-groffiere que ce qu'il dit de l'Onction des Pa

fur l'Onc

tion.

triarches d'Alexandrie & de Jerufalem, cérémonie qui mérite d'être exa- Liv. VIII. minée ailleurs; & en cas qu'elle s'obferve, ce qui paroît très-douteux, CH. II. elle eft très-récente, & n'appartient point à l'Ordination; d'autant plus que les fréquentes tranflations des Evêques Grecs n'y donnent pas fouvent lieu. Il dit qu'elle s'appelle l'huile de la Confirmation, ce qui fait voir, qu'il ignoroit ce que ce terme fignifie communément en latin. Car les Grecs appellent Myron, le Sacrement de Confirmation; & comme ce même mot fignifie l'huile bénite & mêlée de divers aromates, dont on se fervoit à cette Onction de laquelle il parle, cela lui a donné lieu de faire une équivoque qui ne feroit pas pardonnable à un Ecolier. Elle est à-peu-près la même que fi quelqu'un parlant de l'Onction des Grands Pretres de l'Ancienne Loi, difoit qu'on l'appelle la Confirmation.

P. 154.

Ce qu'il dit des Arméniens, en leur imputant le Manichéisme, eft en- Sur les Artiérement faux, puifque chacun fait qu'ils font Jacobites; & cette faute eft méniens. d'autant moins excufable, qu'il y en a un grand nombre au Caire, où il faifoit fa réfidence ordinaire: elle eft affurément plus ridicule que le mauvais conte qu'il fait d'un Arménien Barfabas.

Il ne donne pas de meilleure preuve de fa capacité dans la langue arabe Sur le Paen difant que le Patriarche des Cophtes s'appelle Jabuna, quod interpretatur des Copht. Dominus. Ce mot ne fignifie rien; Abuna fignifie notre Pere, & non pas p. 158. Seigneur: & ce titre n'eft point celui qu'on lui donne, c'eft Anba, & même il fe donne à d'autres.

Maronit.

C'est encore une grande ignorance de dire en parlant des Maronites: Sur les Maronitica fecta eft femi-Romana, imo incipit effe tota Romana; puifque les Maronites font réunis à l'Eglife Romaine il y a plus de fix cents ans, pendant que les François régnoient dans la Palestine.

P. 159.

L'article fuivant furpaffe tous les autres, & ne pouvoit partir que de Sur les Jala plume du plus ignorant & du plus négligent de tous les hommes: cobites. Jacobitica eft viliffima & fpurciffima natio; neque de illa eft quod aliquid fcribatur, nifi quod ob hærefin fuam Neftorianam nos latere non debeat. Sans un &c. qui marque quelque retranchement, nous aurions apparemment trouvé de plus grandes fauffetés. La premiere de celles qu'on remarque dans ces deux lignes, eft qu'il fait une fecte féparée des Jacobites & des Cophtes, quoiqu'il foit certain que les Cophtes font Jacobites, puisque leurs Patriarches font fucceffeurs de Diofcore, & de ceux qui furent ordonnés après fa mort, par ceux qui refuferent de fe foumettre aux décifions du Concile de Calcédoine, & de reconnoître deux natures en Jefus Chrift en une feule perfonne. La feconde extravagance eft de dire que ceux dont la foi eft telle font Neftoriens, fecte encore plus odieufe Y y y 2

LIV. VIII. aux Jacobites que ne font les Catholiques, & dont la créance eft direcCH. II. tement contraire à celle des Jacobites.

la Grace.

P. 160.

Surlesma- Il dit que touchant le libre arbitre, la prédeftination, la juftification, tieres de on n'eft pas encore convenu de ce qu'on en doit croire, de quibus quid certò tenendum, non conftat mundo. S'il avoit avoué que les Livres d'Arminius, de Venator, la Conférence de la Haye, & d'autres femblables que les Hollandois lui envoyoient, lui avoient fait tourner la tête, & qu'il ne favoit à quoi s'en tenir fur des queftions fi épineufes, il auroit dit vrai. Il falloit qu'il n'eût pas la moindre connoiffance de plufieurs Auteurs Grecs qui en ont écrit, pour ignorer que fon Eglife avoit en horreur la doctrine des Calviniftes fur ce fujet. Lui-même approuvoit les ouvrages d'Arminius & d'Utenbogart, qui foutenoient le contraire de ce qu'il mit depuis dans fa Confeffion. On demande à toute perfonne non prévenue, fi un homme qui a parlé de cette matiere comme Cyrille, pouvoit étre regardé comme Théologien, fur-tout quand on le voit paffer d'une extrémité à l'autre. Ces remarques fur la feule Lettre à Utenbogart font plus que fuffifantes pour prouver la prodigieufe ignorance de Cyrille; le mauvais ftyle, les barbarifmes dont elle eft remplie, & l'obfcurité qui la rend inintelligible en plufieurs endroits, ne font pas de moindres preuves de fon incapacité.

Nouvelles

de fon

P. 182.

Les lettres adreffées à David de Willem, dont la plupart n'ont point preuves de date, & qui ne méritoient guere d'être confervées, outre qu'elles ignorance font très-mal écrites, ne contiennent rien de confidérable. Dans la dixdans fes neuvieme, on trouve qu'il explique fon opinion fur l'Euchariftie d'une lettres à Willem. maniere fi groffiere, quoique ce foit en 1619, qu'il eft aifé de reconnoître qu'il n'étoit encore qu'un Zwinglien mal inftruit: Noftram fententiam effe illam quæ figuram admittit in hoc myfterio, & modum præ lica di Sacramentalem, ficut manducationem fpiritualem credimus. Mais dans fa Confeffion, quoique dans le même fens, car l'opinion des Calviniftes n'en Conf. Cyr. a point d'autre, il admet néanmoins une préfence réelle, véritable & affurée, mais celle que la foi produit. It eft donc facile de comprendre que ce n'étoit pas fes méditations fur la Sainte Ecriture qui lui faifoient faire des découvertes dans la Religion, mais les cahiers qu'on lui avoit envoyés de Geneve.

act. 17.

Ignorance fur le livre de S. Clé

ment. p. 289.

Dans la vingt-troifieme, fur ce que Willem lui avoit demandé le Livre de S. Clément Pape; c'eft-à-dire, les Conftitutions Apoftoliques dont les Orientaux ont un ample recueil, il mande qu'il ne l'a pas, & qu'il ne fait ce que c'eft. Il n'y a cependant guere de livre plus connu parmi les Chrétiens d'Egypte, dont la collection de Canons paffe pour la meilleure & pour la plus ample; & il n'y a rien de plus extraordinaire qu'un

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