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LIV.IX. qu'il ne favoit que très-confufément: telle étoit la bonne foi de ce héros CH. VII des Calviniftes.

M. Smith ne donne pas la

M. Smith vint enfuite, & parce qu'il revenoit de Conftantinople, il crut qu'on le croiroit fur fa parole dans tout ce qu'il dit de Cyrille. Il moindre a donc fait un abrégé de tout le Roman d'Hottinger, & on n'y trouve preuve de pas la moindre circonftance qui ne foit copiée de cet Auteur, aucun téce qu'il avance. moignage de Grecs, mais de fréquentes citations de M. Haga & de Leger; rien d'original, des bévues énormes, aucune connoiffance des ouvrages des Grecs les plus célebres, & des infcriptions en faux contre les pieces les plus certaines, comme on l'a prouvé d'une maniere fans replique. Voilà encore un des témoins de la fainteté & du martyre de Cyrille : c'est un témoin oculaire: il n'eft pas permis, ce femble, de contester fon témoignage.

Témoign. ridicule

re.

Il en paroît un autre fur la fcene de M. Claude, qui lui perfuade de M Bafi- qu'en figne de communion de l'Eglife Grecque avec l'Anglicane, le Patriarche de Conftantinople lui imposa les mains, & lui donna pouvoir de prêcher: enfuite de quoi il prêcha parmi les Grecs le changement de vertu, & fut admiré. On a fait voir la fauffeté de cette fable en toutes fes parties, puifque jamais autre que ce M. Bafire n'a parlé de cette prétendue Communion qui n'a point été: qu'on n'impofe pas les mains pour donner permiffion de prêcher: qu'on ne prêche prefque jamais parmi les Grecs, & qu'il ne pouvoit pas prêcher plus de dix ans auparavant, ce que M. Claude avoit inventé fur les principes d'Aubertin. C'eft-là encore un des grands arguments des Calviniftes, pour foutenir que la Confeffion de Cyrille eft reçue parmi les Grecs.

Foibleffe

Telles font à peu près toutes leurs preuves; & même ce font-là les des preu plus fortes, puifque les autres font fi pitoyables, qu'il n'y a eu que la Claude. prévention aveugle pour M. Claude qui les ait pu faire paffer, & fon autorité ne les a pas rendues meilleures. Mais quelles étoient ces preuves? C'étoit quelque fauffeté grofliere, comme par exemple lorfqu'il traita le livre de Gabriel de Philadelphie d'ouvrage fuppofé: quand il parla de la Confeffion orthodoxe comme d'une piece faite par des Grecs dévoués à la Cour de Rome: fa définition d'un Grec latinifé, & fes jugements fur Ce qu'on les Auteurs Grecs dont on lui objectoit les paffages. Enfin on remarque par-tout le caractere d'un homme qui ne cherchoit pas la vérité, mais qui la fuyoit.

auroit pu conclure felon la vérité de

a conver

Ceux qui l'auroient cherchée de bonne foi, auroient bientôt reconnu fon deCy- que tout ce qu'on pouvoit tirer de vrai de l'hiftoire de Cyrille & de fa Confeflion, étoit qu'un Patriarche de Conftantinople avoit embraffé la Calvinif créance des Calvinistes. Il n'y avoit en cela rien d'extraordinaire, & d'au

rille au

me.

tres qui avoient occupé la même place étoient tombés dans l'héréfie. Mais Liv. IX. comme lorfque Neftorius publia la fienne, on n'accufa pas toute l'Eglife CH. VII. Grecque de l'avoir embraffée, ni celle d'Alexandrie d'avoir fuivi les opinions nouvelles de Diofcore; à plus forte raison il n'étoit pas permis d'adopter les imaginations de Rivet, de Hottinger & de leurs copiftes, en attribuant à toute la Grece Chrétienne une Expofition de foi dont elle avoit à peine oui parler. Cependant Neftorius & Diofcore avoient un grand nombre de fectateurs qui fubfiftent encore en Orient: au lieu qu'il étoit certain que Cyrille n'en avoit aucun; puifque lorsque fa doctrine fut examinée, peu de temps après fa mort, il ne fe trouva pas un feul Evêque qui entreprit de la défendre, ni même affez de fectateurs pour composer, non pas l'Eglife Grecque, mais une Paroiffe. S'il y en avoit eu, on les auroit connus, & depuis tant d'années il ne fe trouve que Théophile Corydale & Jean Caryophylle qui aient foutenu quelque chofe de femblable, encore ne l'ont-ils fait qu'en cachette: le dernier qui fit plus de bruit fe rétracta diverfes fois, & il fut condamné par une Sentence Syno- Opufc. Gr. dale, qui a été imprimée depuis peu.

Gennad.

P. 189.

tracte fur

bandonnées par

nion.

Si donc les Catholiques ont tout fujet de reprocher aux Calviniftes M. Claude la hardieffe & la témérité de leurs Ecrivains, en ce qu'ils ont avancé ne s'eft ré des fauffetés palpables, dont ils ont voulu tirer des conféquences encore aucune plus fauffes, ils ont autant de raifon de fe plaindre de ce qu'on ne voit des fauffetés qu'il a pas que les Miniftres fe rtéractent de rien, méme fur des faits publics avancées, & inconteftables. Car on ne peut nier que tout ce que M. Claude a écrit quoiqu'atouchant l'Eglife Grecque, eft une conviction continuelle de fon ignorance prodigieufe fur une matiere qu'il devoit favoir, puifqu'il en vouloit écrire. ceux de fa La prévention de ceux de fa fecte a néanmoins tellement prévalu, qu'on le Commu loue encore tous les jours, comme ayant remporté la plus belle victoire que Miniftre ait jamais remporté fur les Catholiques. On ne peut pas cependant étendre cette louange aux chofes qu'il a écrites touchant les Grecs & les Orientaux, puifqu'on l'a abandonné fur divers points effentiels qui faifoient le fondement de tout fon fyftême. Il a traité les Synodes contre Cyrille de prétendus Synodes, & de pieces fuppofées. M. Allix, plus favant que lui, a reconnu qu'on ne pouvoit contefter leur autorité. Cela feul renverse tout l'édifice de M. Claude: car dès que ces Sydodes font véritables, la Confeffion de Cyrille n'eft plus celle de l'Eglife Grecque: & la Confeffion orthodoxe qui fut dreffée au Synode de Jafli, eft une expofition fidelle de la foi des Grecs, dès que ce Synode eft véritable. D'autres font le même aveu fur le Synode de Jerufalem, ce qui enferme l'approbation de tous les Actes produits par les Auteurs de la Perpétuité. Il s'enfuit donc que tout ce que M. Claude a écrit fur cette matiere eft faux,

LIV.IX. & que les Grecs croient la préfence réelle & la Tranffubftantiation, ce que CH. VII. plufieurs favants hommes parmi les Proteftants avouent de bonne foi. Où est donc celle de ce Miniftre, qui, fans preuves, fans raifons & fans autorités, a foutenu jufqu'à la fin ce que ceux mêmes de fa Communion ont reconnu être faux & infoutenable?

Ce qu'on

pour le

qui est

qu'il a dé montré que les

Grecs n'avoient pas

de Cyrille.

On dira peut-être qu'il avoit fi bien établi ce qu'il a dit touchant la peut dire créance des Grecs, que de petites objections tirées de témoignages de juftifier, Grecs fufpects & corrompus par argent, n'y pouvoient donner aucune atteinte, puifqu'il s'eft vanté plufieurs fois modeftement à fa maniere, qu'il avoit démontré que les Grecs & toutes les Communions féparées de l'Eglife Romaine ne connoiffoient ni la présence réelle ni la Transfubstantiation, ni l'adoration du Saint Sacrement. Il eft vrai qu'il a dit qu'il d'autre foi croyoit l'avoir démontré: mais peut-on dire qu'il l'ait fait? car voici que celle en quoi confiftent fes prétendues démonftrations. Il a pris d'Aubertin tout ce que ce laborieux Miniftre avoit ramaffé pour expliquer en un fens métaphorique les expreffions les plus littérales & les plus claires des anciens Auteurs Grecs. On n'examine pas s'il a mis ces explications forcées en une telle évidence qu'elles ne puiffent être conteftées. Les Auteurs de la Perpétuité ont affez fait voir la fauffeté & la foibleffe de tout ce qu'il a écrit fur ce fujet. On dira qu'ils font prévenus par les préjugés de leur Religion: mais les Luthériens ne rejettent-ils pas ces interprétations des Peres, de même que font les Catholiques? Les Grecs en conviennent fi peu, qu'ils fe fervent de tous les paffages conteftés, pour prouver que la préfence réelle & la Tranffubftantiation ont toujours été crues dans leur Eglife; & par conféquent M. Claude n'a rien démontré à l'égard des uns ni des autres. Quand il auroit réuffi dans fon deffein, il auroit prouvé qu'autrefois les Grecs avoient été dans les fentiments qu'il leur attribuoit; mais non pas qu'ils les euffent préfentement, puifqu'ils entendent ces paffages dans un fens entiérement oppofé.

Réponse à cette objection.

C'est néanmoins de cette prétendue démonstration que dépend celle qu'il croit auffi avoir faite fur la créance des Grecs; & la liaison confifte en ce que comme la Confeffion de Cyrille eft conforme à la doctrine du fens métaphorique qu'il a attribuée aux Anciens, elle doit être auffi la regle & l'expofition fincere de la créance des Modernes. S'il avoit prouvé qu'elle devoit être telle, il faudroit encore prouver qu'elle l'eft véritablement. Il a donc raisonné comme celui qui prouveroit que les Calviniftes croient la préfence réelle, parce que l'Eglife Romaine la croyoit lorfqu'ils s'en font féparés, avec cette différence, que ce dernier fait eft certainement vrai, & que l'autre ne l'eft pas. Par conféquent il a encore moins prouvé ce qu'il attribue aux Grecs modernes; puifque ceux-ci foutiennent que ja

mais ils n'ont varié fur la créance de l'Euchariftie, & que leurs Anciens Liv.IX. ont cru ce qu'eux-mêmes croient encore: qu'ils fe font élevés contre la CH. VII. Confeffion de Cyrille, & qu'ils l'ont condamnée comme hérétique.

de M.

Claude à

de faux

Grecs,

Il en naît encore une autre fource de ces arguments, qu'il répete par- Témérité tout, qui eft de traiter comme faux Grecs & latinifés, tous ceux qui ont rejeté la Confeffion de Cyrille, ce qui enferme un grand nombre d'ab- qualifier furdités dont il ne veut pas prendre connoiffance. C'en eft une de voir un Miniftre qu'on reconnoît n'avoir pas la moindre teinture de tout ce qui ceux qui a rapport à l'Eglife Grecque, & qui veut apprendre aux Grecs qui font font le plus attales orthodoxes parmi eux, & ceux qui ne le font pas. Ce n'en eft pas une chés à l'Emoindre que d'établir comme une maxime certaine qu'un vrai Grec eft glife Greccelui qui croit la Confeflion de Cyrille, & que tous les autres font latinifés. que. Car il s'enfuit que l'Eglife Grecque étoit réduite à Cyrille feul, dont même les Calviniftes ne font pas trop affurés, puifqu'il a défavoué publiquement tout ce qu'il leur avoit dit fans témoins, & que preuves pour preuves, celles que plufieurs Grecs ont alléguées pour montrer qu'il n'avoit pas été Calvinifte, font plus fortes que celles dont on s'eft fervi pour établic le contraire. On a remarqué ailleurs les autres abfurdités qui fuivent nécelfairement du fyftême de M. Claude fur la Confeffion de Cyrille : les Auteurs de la Perpétuité & le P. Paris en ont relevé plufieurs: il n'a répondu à aucune de ces objections: ceux qui l'ont copié les ont diffimulées, ou bien ils y ont fait des réponses encore plus foibles. Peut-on dire qu'ils aient cherché la vérité de bonne foi?

n'a rien

ajouté aux

On nous dira peut-être que fi M. Claude n'a pas fatisfait à ces diffi- M. Smith cultés, d'autres l'ont fait fuffifamment, & fur-tout M. Smith, témoin oculaire, qui ayant fait un féjour confidérable à Conftantinople, a eu le moyen preuves de s'éclaircir de la créance des Grecs & de tout ce qui avoit rapport à de M. Cl. la Confeffion & à l'hiftoire de Cyrille Lucar: qu'il a confirmé tout ce que les Genevois, Rivet & Hottinger en avoient écrit, & qu'après un tel témoignage il n'étoit plus permis d'en douter. Il eft vrai qu'on nous oppose souvent une pareille autorité; mais elle est tous les jours détruite, non par les Grecs feuls, mais par le témoignage de Voyageurs fans lettres qui difent ce qu'ils ont appris fur les lieux & ce qu'ils ont vu, & qui avouent que leurs habiles Théologiens qui ont voulu faire les Grecs Calvinistes ont eu de mauvais mémoires. On a déja fait voir ailleurs que des témoins oculaires, comme M. Smith, doivent être crus autant qu'ils le méritent, par les preuves qu'ils apportent, & jamais homme n'en a moins donné de nouvelles que celui-là. Tout fon fyftême eft celui de M. Claude, inconnu certainement à toute la Grece. Ses preuves roulent fur les lettres du Miniftre Leger & de M. Haga: il avoue même qu'il

LIV. IX. n'a pas eu d'autres mémoires que ceux de Hottinger : & parce que depuis CH. VII. l'impreffion de fon ouvrage, on avoit produit un grand nombre d'actes & de livres nouveaux qui faifoient voir la fauffeté de tout ce qu'il avoit écrit, c'eft fur cela que les Calviniftes nous renvoient à M. Smith.

Il ne dit rien de

nouveau.

Peu heureux dans

ments.

Il n'y a qu'une obfervation à faire fur cette autorité qu'on fait tant valoir. C'est qu'on ne trouve rien dans toutes les Differtations de M. Smith qui puiffe être confidéré comme original, mais que ce font les imaginations de Rivet, de Hottinger & de M. Claude, appuyées du témoignage d'un homme, qui pour avoir été à Conftantinople, n'en eft pas revenu plus inftruit de tout ce qui regarde l'Eglife Grecque, que s'il n'étoit jamais forti de Geneve. On n'y voit aucune citation d'Auteurs Grecs, aucun Acte, aucune lettre de perfonnes non fufpectes, mais des déclamations & des conjectures, dont les principales font fi fauffes, qu'il eft difficile de comprendre comment l'Auteur a pu les hafarder. C'eft M. Haga, & quelques Ambaffadeurs d'Angleterre à la Porte, & fur-tout Leger, de qui on veut que nous apprenions des hiftoires entiérement inconnues à tous les Grecs, ou qui font détruites par des Actes inconteftables. Cyrille eft représenté comme un Saint & comme un Martyr, & ce témoin oculaire ne peut pas citer un feul Grec, qui n'en ait parlé comme d'un hérétique abominable, fuppofé qu'il fút Auteur de fa Confeffion. Tous ceux qui l'ont combattue ou condamnée font de faux Grecs, felon M. Smith, quoiqu'il paroiffe affez qu'il n'en a connu aucun, que par ce qu'il en a appris dans les Livres des Catholiques. Enfin non feulement les Grecs, mais les Luthériens difent le contraire de ce qu'il établit comme certain, & il n'en fait pas la moindre mention. Telles font les armes dont il nous attaque, & depuis plus de vingt ans, on ne nous rend pas la justice qui eft due à la vérité, en avouant de bonne foi, que lui & ceux qu'il a copiés n'avoient pas la moindre connoiffance des faits qu'ils affirment, non feulement avec affurance, mais avec oftentation.

Mais que dira-t-on d'un témoin oculaire qui débite hardiment fes fes juge- foupçons contre le Synode de Jerufalem? Et quels foupçons! Qu'en 1671'; c'est-à-dire, une année auparavant, il rendit vifite au Patriarche de Jerufalem, dont il ne favoit pas le nom, qui ne lui avoit rien dit de ce qu'il feroit l'année fuivante; mais qui lui avoit parlé d'un Traité contre la Primauté du Pape. Voilà une des caufes d'infcription en faux contre ce Synode; & dans le temps même qu'il écrivoit, ce Traité étoit imprimé en Moldavie, & on y trouvoit la Transfubftantiation établie d'une maniere incontestable. Le même Auteur a pu favoir depuis que le Patriarche fucceffeur de celui-là, avoit publié fous le titre d'Enchiridion, les Décrets de Jerufalem, avec de très-amples additions pour prouver la préfence

réelle

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