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noiffent encore qu'une nature en Jefus Chrift, fans que tant de difputes, Liv. X. ni les Miffions les aient fait changer de fentiment. Sur quel fondement CH. VII. pourra-t-on donc fuppofer, que nonobftant ces divifions, les animofités d'une Communion contre l'autre, & la rupture entiere de toute fociété, tous fe foient accordés unanimément, fans difpute, fans réfiftance, fans abjuration d'aucune doctrine précédente, fans aucuns Décrets des Synodes ou des Patriarches, enfin fans qu'aucun s'en foit apperçu, à recevoir sur un des principaux Myfteres de la Religion Chrétienne, dont il falloit faire un Acte de foi quand ils communioient, une opinion nouvelle, contraire aux fens & au raifonnement, dont la fuite néceffaire étoit un changement total de leur culte, & de leurs cérémonies les plus facrées?

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On fait voir que le changement que fuppofent les Calvinistes n'eft arrivé dans aucunes Eglifes Orientales, ni en particulier dans l'Eglife Grecque.

C

vé dans la

fibilité de

ce chan

& fuiv.

Ette matiere a été traitée dans le premier Tome de la Perpétuité Onaproud'une maniere à ne pas laiffer le moindre doute à ceux qui cherchent la Perpétuivérité, & à réduire ceux qui la combattent, à foutenir par des fuppofi- té l'impoftions dont on a fait voir l'absurdité & l'impoffibilité, ce qu'ils avoient avancé témérairement touchant d'autres changements, afin de prouver que gement. celui qu'ils prétendent être arrivé à l'égard de la doctrine fur l'Euchariftie L. c. 8. n'étoit pas impoffible. Ils fe font fervis pour cela de celui qu'ils fuppofent être arrivé dans le gouvernement de l'Eglife par rapport à l'Episcopat, dans la priere pour les morts, dans la vénération des Saints & de leurs Reliques, & dans la défense de quelques viandes. On leur a fait voir que ce qu'ils traitent de nouveautés a été de tout temps cru & pratiqué dans l'ancienne Eglife, & l'étoit encore dans les Communions unies ou féparées de l'Eglife Romaine: après quoi on leur a prouvé que le changement qu'ils fuppofent touchant la créance de la préfence réelle étoit d'un genre tout différent; puifque c'est un étrange renversement d'esprit, d'idées de pen- Ch. 12. fées, quand au lieu qu'on ne confidéroit le pain confacré que comme l'image de Jefus Chrift, on vient à le confidérer comme Jefus Chrift même.

Ce que les Auteurs de la Perpétuité ont prouvé touchant les Grecs par Particu liérement rapport à la foi de l'Euchariftie, n'a befoin d'aucun nouvel éclairciffement. à l'égard Ils ont examiné dans les Livres fuivants tous les points historiques, dans des Grecs. Perpétuité de la Foi. Tome IV. Rrrr

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LIV. X. lefquels Aubertin avoit cherché à placer les époques de ce prétendu chan-
CH. VII. gement; & le favant Pere Paris, Chanoine Régulier, dans fon excellent

ce chan

Traité de la Créance des Grecs, a détruit entiérement les foibles objections de M. Claude fur la même matiere. Si quelques Calviniftes ont écrit depuis, ils ont fait de nouveaux livres, mais ils n'ont rien dit de nouveau; puifque différents tours donnés aux mêmes arguments, ou plutôt aux mêmes objections, ne leur donnent pas une plus grande force, lorfque le fondement eft entiérement ruineux. Ainfi il étoit inutile que les Miniftres se donnaffent de l'exercice à marquer quand les changements étoient arrivés; puifqu'ils n'ont jamais prouvé qu'il y en ait eu, & que même s'ils avoient prouvé quelque chofe qui tendît à le faire croire, ou à rendre au moins la queftion douteuse, les Grecs n'en convenoient pas plus que nous, & qu'il y avoit des preuves très-certaines de la perpétuité de la même foi non interrompue, depuis les premiers fiecles jufqu'à notre temps. C'est ce que les Auteurs de la Perpétuité ont mis dans une entiere évidence, par l'examen de toutes les objections formées par les Calviniftes fur divers points d'hiftoire, dans l'obfcurité defquels ils avoient tâché de placer le commencement & le progrès de ce prétendu changement. L'impoffi Mais on en prouve encore l'impoffibilité par des faits certains & inbilité de dubitables, qui établiffent autant de vérités entiérement contraires au gementet fyftême des Calviniftes. Car premiérement on trouve que dès les premiers ablie par fiecles, l'Eglife Grecque jufqu'aux derniers temps, a parlé le même langage fur l'Euchariftie. Elle l'a toujours appellée le corps & le fang de Jefus Chrift: elle s'elt fervie des termes les plus fignificatifs pour marquer le changement, & jamais aucun Théologien ne s'eft hafardé à combattre le fens fimple & littéral des paroles de Jefus Chrift, ni la fignification des termes dont les Peres fe font fervis, pour expliquer de quelle maniere ce miracle fe faifoit. Il eft inutile de dire que les Peres ne s'accordent pas dans les expreffions, puifque les mots dont ils fe fervent ne doivent pas être tellement entendus felon l'ufage commun de la langue grecque, qu'on n'ait pas égard au ftyle eccléfiaftique & dogmatique. Or dans ce ftyle, comme a très-bien prouvé Dofithée, tous ces termes font fynonymes, & les Anciens, non plus que les Modernes, n'y ont trouvé aucune différence. Ils n'ont jamais averti leurs auditeurs ni leurs lecteurs, que les mots de μεταβολή, μεταποίησις, μετατοιχείωσις & d'autres femblables, devoient être entendus métaphoriquement; mais ils ont toujours dit qu'ils devoient être pris dans le fens littéral, ainfi que les paroles de Jefus Chrift. Au contraire les Proteftants ont été obligés d'introduire de nouveaux termes, parce que ceux qu'ils trouverent établis étoient incompatibles avec leurs nouveautés. Et lorfque la difpute les a obligés de ne pas rejetter

diverfes

preuves
de fait.

avec la même hardieffe que les premiers Réformateurs, les expreffions Liv. X. employées par les Saints Peres, il a fallu de grands Commentaires pour fe CH. VIL faire entendre, & pour prouver que ce qui a toujours fignifié un changement réel & véritable, & qui le fignifie par-tout ailleurs, ne le fignifie plus dès qu'on parle de l'Euchariftie. Les Miniftres n'ont jamais ofé néanmoins, en parlant devant le peuple, employer les mêmes expressions: ils les ont mifes dans des Confeffions de foi, concertées pour impofer à ceux que la nouveauté pouvoit fcandalifer; mais ils les entendent tout différemment. Car fi les Peres Grecs difent que les dons propofés font le véritable corps de Jefus Chrift, un Calviniste le dit auffi; mais les Peres difent que c'est par les paroles de Jefus Chrift, par la defcente du S. Efprit, & par le miniftere facerdotal que fe fait ce changement. Le Calvinifte qui ne l'admet point, dit que cette préfence réelle eft celle que produit la foi. Ainfi ce n'eft plus le même langage ni le même fens.

certaines l'uni

L'uniformité de doctrine fe reconnoît certainement, lorfqu'on trouve Preuves les mêmes preuves, les mêmes objections, les mêmes difficultés & les de Tuni mêmes réponses. Or il eft certain que les Grecs, depuis le commence- formité de ment du Chriftianifme, fe font fervis des mêmes paffages pour prouver doctrine. la présence réelle du corps & du fang de Jefus Chrift dans l'Eucharistie, dont ceux qui ont écrit dans le moyen & le dernier âge fe font fervis pareillement. Aucun n'a dit qu'il fallût expliquer métaphoriquement les paroles de Notre Seigneur, & tous ont exclu formellement le fens que les Calvinistes ont voulu donner à ces paroles. La répugnance des fens & de la raison font les grands arguments de ceux-ci, & les autres les ont traités comme des objections qui devoient céder à la foi. Les Grecs, qui favoient mieux leur langue qu'Aubertin, n'ont pas affoibli les expreffions des Anciens qui paroiffoient trop fortes pour fignifier la présence réelle, & ils n'ont pas même penfé qu'elles duffent faire la moindre difficulté; au lieu que les autres, depuis qu'ils n'ont plus ofé traiter les Peres avec autant de mépris que Calvin en avoit témoigné pour leur autorité, n'ont pas eu de plus grande occupation, que de chercher à expliquer comme obfcur, ce que toute la Grece chrétienne avoit toujours regardé comme très-clair, & fans aucune obscurité.

discipline.

On ne peut s'imaginer qu'il y ait eu de changement dans la doctrine, Le chan quand il n'y en a eu aucun dans la difcipline qui y a rapport; puifque doctrine gement de comme il a été dit ailleurs la difcipline eft la meilleure & la plus certaine produit interprete de la foi. Les Proteftants ont donné des preuves bien fenfibles celui de la de cette propofition; puifque dès qu'ils fe fentirent affez forts pour tout entreprendre impunément, ils abolirent toutes les cérémonies & les prieres dont l'Eglife fe fervoit dès les premiers fiecles pour la célébration de

LIV. X. l'Eucharistie. Qu'on examine tout ce qu'il y a de monuments eccléfiaftiCH. VII ques les plus anciens & les plus certains, il ne fe trouvera pas que

l'Eglife Grecque ait eu d'autres cérémonies, & d'autres prieres eucharistiques que celles des Liturgies, qui font auffi contraires à celles des Proteftants, que la Meffe latine qu'ils ont fupprimée. On a fait voir bien clairement que les Liturgies étoient fort à couvert de la vaine & fauffe Critique de Rivet, ou de ceux qui l'ont copié. Quand elle auroit quelque folidité, il faudroit encore que les Proteftants montraffent quelle étoit cette prétendue Liturgie Apoftolique, fur laquelle ils ont formé les Offices de leur Cene. Tant de différences énormes dans ce qu'il y a d'effentiel dans l'action la plus facrée de la Religion, font affez voir que ceux qui en ont fait fi de différentes copies, n'ont jamais connu l'original Uniformi

trine con

tradiction.

Une preuve certaine pour établir qu'il n'y a eu aucun changement, té de doc- eft l'uniformité de doctrine confervée durant plufieurs fiecles fans aucune fervée contradiction. C'est ce qu'on remarque fur la créance de la préfence réelle, fans con- touchant laquelle on étoit tellement d'accord, que ceux qui en ont parlé le plus clairement, & d'une maniere à ne recevoir aucune de ces interprétations forcées d'Aubertin, comme S. Grégoire de Nyffe dans fa Catéchefe, & S. Cyrille de Jerufalem dans les fiennes, n'ont jamais été accufés d'en avoir trop dit. Lorsqu'en même temps d'autres fe fervoient de termes qui fembloient s'éloigner de la doctrine commune de la préfence réelle, comme de ceux de types, d'antitypes & de quelques autres femblables, on n'en étoit pas fcandalife; parce que chacun y reconnoiffoit la créance commune, quoique fous deux idées différentes; les uns parlant des Symboles facrés, qui font la partie extérieure & fenfible du Sacrement, & les autres de la chofe fignifiée & contenue.

paroit,

comme

La doctri La marque la plus affurée de la nouveauté d'une doctrine eft, lorfque ne à lad'abord qu'elle a paru le corps de l'Eglife s'y eft oppofé, & la doctrine quelle on S'oppofe contraire eft incontestablement celle qui doit être regardée comme l'andès qu'elle cienne. On ne trouve pas dans toute l'Antiquité eccléfiaftique Grecque, doit être qu'aucun ait jamais été accufé d'erreur, pour avoir dit que l'Euchariftie regardée étoit véritablement & réellement le corps de Jefus Chrift. Mais on voit nouvelle. que dès les temps apoftoliques ceux qui difoient le contraire étoient regardés comme hérétiques, & que cela s'eft continué jufqu'à présent. Ainfi l'Eglife Grecque s'éleva contre les Iconoclaftes, contre les Bogomi les, & contre quelques autres qui blafphémoient fur le mystere de l'Euchariftie; mais elle ne s'eft pas élevée contre S. Grégoire de Nyffe, contre S. Cyrille de Jerufalem, ni contre S. Jean Damafcene. Ils foutenoient donc l'ancienne doctrine, & il ne falloit pas de changement pour l'in troduire, ni pour engager les Grecs à condamner dans les Luthériens

dans les Calvinistes & dans la Confeffion de Cyrille Lucar, ce que leurs Liv. X. anciens Docteurs avoient déja condamné dans les autres.

claftes.

CH. VII. I eft fingulier que dans toute l'Antiquité les Calviniftes ne peuvent Exemple tiré de alléguer en leur faveur que l'autorité des Iconoclaftes & de leur Synode, ' l'hiftoire qui n'eft pas plus grande parmi les Grecs, que feroit celle de Calvin ou des Iconodu Synode de Dordrecht à l'égard des Catholiques. On peut douter que ces hérétiques aient erré fur le point fondamental de la foi de l'Euchariftie (a) cependant pour avoir dit qu'il ne falloit point d'autre image de Jefus Chrift que l'Euchariftie, comme il parut qu'il s'enfuivoit qu'elle étoit donc une image, & non pas fon véritable corps, les Grecs les anathématiferent, & ces anathémes font renouvellés encore tous les ans plus

(a) Cela eft vrai, & outre les preuves qui font dans la Perpétuité de la Foi, on en a donné de nouvelles dans la Défense, p. 354 & fuivantes. Mais les Grecs en parlent autrement, & Dofithée dans fon Enchiridion p. 42, dit qu'ils croyoient, sixóva Яroi túxov, onmetov, σύμβολον, εἶναι τῆς Φυσικῆς σαρκὸς τοῦ κυρία το ἐν τῷ μυςηρίῳ σῶμα καὶ αἷμα τοῦ σωτῆρος ἥντινα γνώμην ὡς αἱρετικὴν κατήλεγξεν, ἡ οἰκομενική σύνοδος, &c. Comme le principal deffein de cet ouvrage eft d'expliquer les opinions des Grecs, il n'a pas paru qu'il fallût entrer fur cela en matiere, mais marquer feulement qu'on pouvoit douter de ce qu'ils attribuent aux Iconoclaftes. Il importe peu que les Grecs fe foient trompés für un fait purement historique; mais il est très-important que parce que ces hérétiques s'étoient fervis d'un terme équivoque qui pouvoit faire entendre que l'Euchariftie ne devoit être regardée que comme une image de Jefus Chrift, ils ont été frappés d'anathême par l'Eglife Grecque, qui le renouvelle tous les ansdans le fervice public du Dimanche de l'Orthodoxie.

Tout ce qui a été dit touchant la priere des Liturgies grecques & orientales appellée l'Invocation du S. Efprit, doit être pris hiftoriquement; parce qu'on n'a pas prétendu traiter à fond les difputes qui fe font émues fur ce fujet entre les Grecs & les Latins depuis le Concile de Florence, ce qui demanderoit un ouvrage à part. On a feulement établi que les termes dans lefquels cette priere eft exprimée dans les Liturgies grecques, font précisément les mêmes que ceux qui fe trouvent dans les Liturgies fyriaques, cophtes, ethiopiennes, arméniennes, des orthodoxes auffi-bien que des hérétiques : & que les Orientaux, fans con-noitre ces difputes, & fans y avoir jamais pris aucune part, regardent la confecration achevée lorsque cette priere a été dite, croyant néanmoins que les paroles de Jefus Chrift sont efficaces & néceffaires..

On a marqué qu'Arcudius avoit accufé d'erreur S. Cyrille de Jerufalem & S. Jean Damafcene. Il parle ainfi du premier', Livre III ch. 33. Ingenuè fateor eum ita fenfiffe ut fcribit &illius verba fignificant, nimirum tunc fieri confecrationem quando illis precibus invocatur Spiritus Sandius. C'est-à-dire, qu'il eft dans les fentiments de Cabafilas & des Grecs modernes. Puis il rapporte les paroles de la premiere Catéchefe ; quæ ipfius verba, fano modo exponi potuiffent, nifi ipfe in quinta Catechef Mystagogica cam expofitionem adhibuiffet. Neque mirum fi Cyrillus ita fenferit. Nam illa verba Liturgiarum primo afpećtu fenfum Græcorum præ fe ferunt: tempore verò Cyrilli minimè ifta difceptatio inter Gracos & Latinos agitabatur, ut ex ea occafione melius hæc confiderare ac decidere fanctiffimus vir potuerit, fed ca verba fimpliciter ut fonare videntur expofuit. Sed opponendi funt ipfi uni quidem plurimi ac præcipui Doctores Ecclefia, Ambrofius, Auguftinus Chryfoftomus, item Nyffenus && alii quos fupra: citavimus Adde quod una res eum quoquo modo excufare poteft, quod in adolefcentia Catechefes illas fcripferit, tefte Hieronymo. Il n'y a qu'à lire tout le chap. 35. du même livre, où il prétend expliquer S. Jean Damafcene, en difant que les paroles qu'on cite ne font pas de ce Saint; mais qu'elles ont été ajoutées par le Diacre Epiphane qui les rapporte dans le feptieme Concile, dont il rejette l'autorité, avouant que fi les paroles font de S. Jean Damafcene, on ne peut nier qu'il ne foit dans les fentiments de Cabafilas & de Marc d'Ephefe, & par conféquent dans l'erreur.

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