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LIV. X. d'une fois. Or les Iconoclaftes furent d'abord regardés comme Novateurs, CH. VII. & la cruauté des Empereurs qui les appuyerent ne put prévaloir contre toute l'Eglife. Leur opinion fur l'Euchariftie étoit donc nouvelle par conféquent la contraire foutenue par le fecond Concile de Nicée, étoit l'ancienne & la véritable. Puifque depuis ce temps-là elle fubfifte encore, il n'y a eu ni devant ni après aucun changement, & il y a de l'extravagance à vouloir attribuer à l'Eglife Grecque une opinion qu'elle condamna dès qu'elle la connut, & qu'elle a toujours depuis rejetée.

Les Grecs

nouveau

L'attention des Grecs n'a pas été bornée à combattre les héréfies foront com- melles contre la créance commune de leur Eglife; ils l'ont portée jufqu'à attu juf ques aux ne pas fouffrir la moindre nouveauté qui pût indirectement y donner atmoindres teinte. Ainfi ils ne s'éleverent pas feulement contre Bafile chef des Bogotés. miles, qui comme Manichéen détruifoit le Mystere de l'Euchariftie, mais contre Sotérichus Panteugenus, élu Patriarche d'Antioche, contre le Moine Sicidites & quelques autres. Ils n'ont donc rien fait de nouveau, lorfqu'ils ont rejeté de même la Confeffion d'Augsbourg, & qu'ils ont condamné celle de Cyrille.

desLatins.

Foibleffe

ves dont

Ils n'ont Enfin on ne perfuadera jamais à toute perfonne fenfée que le dogme, pas pris la Tranffubf & même le mot de Tranffubftantiation dont les Grecs fe fervent depuis tantiation plus de deux cents ans auffi-bien que nous, leur aient été infinués par les Latins, avec lefquels ils ont des difputes continuelles depuis plufieurs fiecles que jamais on n'ait pu leur faire entendre raison fur les Azymes, & que n'ayant ceffé de contefter fur la matiere qui devoit être employée pour l'Euchariftie, ils ne fe foient pas mis en peine de l'effentiel, à favoir fi elle étoit réellement ou métaphoriquement le corps de Jefus Chrift. On a établi par des preuves de fait inconteftables, qu'au moins depuis des preu- plus de deux cents ans les Grecs croient la présence réelle & la Tranffubftantiation. Le Miniftre Claude a prétendu prouver le contraire parce tend fe qu'il croyoit avoir démontré qu'autrefois ils ne la croyoient pas : & outre fervir pour prouver le que cette forte de preuve eft fort défectueufe, elle eft détruite par les change Grecs mémes. Car comme elle n'eft fondée que fur des interprétations toutes nouvelles de paffages d'Anciens, puifque les Grecs les entendent autrement, cette prétendue preuve tombe d'elle-même; d'autant plus qu'on ne peut faire voir que jamais Théologien Grec les ait entendus de la maniere dont les Calviniftes les entendent, qui eft également rejettée par les Luthériens. Si quelqu'un vouloit prouver que les Anglois Proteftants croient la préfence réelle & la Tranffubftantiation, parce que Lanfranc les a enfeignées, ou que les Allemands ne peuvent pas croire ce que contient leur Confeffion d'Augsbourg ou celle du Palatinat, parce que d'anciens Auteurs du pays ont enfeigné le contraire, il feroit bien

ment.

aifé de lui répondre, que véritablement les uns ni les autres ne croyoient Liv. X. pas autrefois ce qu'ils croient préfentement; mais que Luther, Zwingle CH. VII. & Calvin commencerent à introduire une nouvelle doctrine. On en marqueroit en même temps l'origine & le progrès, les difputes, les oppofitions & les anathêmes prononcés contre les Novateurs par ceux qui avoient la principale autorité dans l'Eglife.

le temps

ces.

Il falloit donc que ceux qui fuppofent un pareil changement parmi Il en faut les Grecs, marquaffent le temps auquel il eft arrivé, & les circonftances marquer qui ont toujours accompagné de pareils événements, ce qu'ils n'ont pu & les cirfaire jufqu'à préfent. Car pourquoi fuppoferont-ils que perfonne ne s'eft conftanapperçu, ou ne s'eft mis en peine d'une fi étrange nouveauté, qui va au changement total de la Religion: puifqu'en toute autre occafion, & sur la même matiere, tous généralement fe font oppofés à ces opinions que les Calvinistes prétendent être l'ancienne créance de toute la Grece, & qu'elle les condamne encore tous les ans par les anathêmes qui font lus publiquement dans l'Office du Dimanche de l'Orthodoxie?

vées entre

ce réelle.

Mais il est encore remarquable que les Grecs ne fe font pas contentés Les difpude s'opposer aux erreurs capitales contre la vérité du Myftere de l'Eucha- tes arririftie, mais à celles qui fembloient indirectement l'attaquer, comme étoit les Grecs l'opinion de Sicidites, & celle de Soterichus Panteugenus. Elles fuppo- fuppofent foient néanmoins la créance de la préfence réelle; puifqu'on ne peut mettre la préfenen queftion fi le corps de Jefus Chrift eft corruptible ou incorruptible dans l'Euchariftie, ou s'il eft le Sacrificateur & la victime, celui qui offre & auquel le facrifice eft offert, fans convenir qu'il y eft préfent réellement. Quoique les Proteftants aient eu des conteftations fort vives touchant la doctrine de l'Euchariftie, & qu'elles ne foient pas encore finies, jamais on ne trouvera que ce foit fur de pareilles queftions. Ceux donc qui les ont traitées auffi férieufement qu'ont fait les Grecs, ont cru la préfence réelle; & il ne falloit pas fuppofer de changement pour les engager à condamner ceux qui l'ont attaquée dans ces derniers temps.

blir le

Quelles étranges fuppofitions ne faut-il pas faire pour foutenir le fyf- Il faut plutême de M. Claude touchant ce prétendu changement? Il faut que les fieurs fuppofitions Grecs n'en aient eu eux-mêmes aucune connoiffance, puifqu'il n'en refte pour éta pas le moindre veftige dans leurs Hiftoriens, ni dans leurs Théologiens: changeque la foi ait été changée fans que la difcipline l'ait été, quoique jamais ment. cela ne foit arrivé que tous les Grecs fe foient accordés à parler comme les Catholiques, ayant dans l'efprit ce que croient les Calviniftes: enfin que nonobftant cette créance intérieure, que perfonne, au moins depuis le fecond Concile de Nicée, n'a ofé déclarer, ni de bouche ni par écrit, auffi-tôt que quelqu'un l'a voulu faire, ils l'aient rejetée comme hérétique.

Liv. X. Les Grecs conviennent encore moins que nous de ce prétendu chanCH. VII. gement; puifque, comme on a vu par les témoignages de Syrigus, de Les Grecs Dofithée, de Nectarius & de Callinique, ils ne reconnoiffent pas que le nient qu'il mot de Transfubftantiation leur foit venu des Latins. Tous s'en font y en ait eu. fervis depuis plus de deux cents ans, & s'en fervent encore fans difficulté: dans cet espace de temps aucun n'a attaqué le dogme ni le mot, que Cyrille, Corydale & Caryophylle, & ils ont été condamnés, M. Claude, fur les extraits de fes Ecrits qui furent envoyés en Levant, a été traité comme un ignorant, un impofteur & un calomniateur par Nectarius & par Dofichée, Grecs véritables & non latinifés, s'il en fut jamais. Ils ne devoient pas cependant croire la préfence réelle, puifque M. Claude prétendoit avoir démontré le contraire à préfent M. Smith & M. Allix avouent qu'ils la croyoient. On ne dira pas que ce changement s'est fait depuis M. Claude; car il n'y a pas d'apparence que quelqu'un ofât avancer une pareille abfurdité. Il la faut néanmoins fuppofer, ou convenir que tout ce qu'il a dit fur fon prétendu changement & fur fes Grecs latinifés n'est pas moins abfurde.

On n'en

ver aucun

avec les

,-,

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Quand il suppose après les Miniftres qui ont écrit avant lui, qu'il s'eft peut prou- fait plufieurs autres changements, outre qu'il n'a rien dit de nouveau, il dans l'E- n'a pas répondu à la principale difficulté, qui étoit d'expliquer comment glife Grec- ils fe font introduits fans que perfonne s'y foit oppofé; car tous les Grecs que fur les points foutiennent avec raifon, que tout ce que les Calvinistes traitent de nouconteftés veautés eft établi dès les temps apoftoliques. En effet, afin de trouver une Calvinift. Eglife Grecque à laquelle pût convenir la Confeffion de Cyrille, il en faut imaginer une que jamais perfonne n'a connue. Trouvera-t-on qu'elle ait été fans Evêques & fans Hiérarchie : que les Prêtres & les Evêques fuffent égaux; qu'ils fuffent ordonnés par des Laïques; qu'un fimple Prêtre ait ordonné un Evêque; que dans quelque Concile des Evêques aient été préfidés par des Laïques, comme il arriva au Synode de Dordrecht; qu'on brûlat ou jetât au vent les cendres des Martyrs; qu'il n'y eût aucune pénitence pour les plus grands péchés; point de jeunes, point de mortifications; que des Religieux & des Religieufes fe mariaffent au mépris des voeux folemnels de chafteté: qu'on y célébrât l'Euchariftie d'une maniere qui eût quelque rapport à tant de différentes formes de l'admini tration de la Cene; qu'on ne donnât point la Communion aux mourants: qu'on ne la réfervât pas pour les malades; que ce qui reftoit fût regardé comme du pain & du vin ordinaire; qu'on ne fit pas de mémoire de la Vierge, des Saints & des Morts dans la célébration de la Liturgie, pour ne pas parler du refte? Il faut cependant fuppofer que cette Eglife Grecque non latinifée à laquelle M. Claude nous renvoie a été telle; & comme on

ne

ne peut le prouver, il s'enfuit néceffairement que lorfque Cyrille a eu Liv. X. l'effronterie de donner fa Confeffion comme celle de l'Eglife Grecque, CH.. VIII, il a amusé les Calviniftes par l'impofture la plus groffiere qui ait jamais été faite; puifqu'il n'y avoit qu'à entrer dans une Eglife & ouvrir les yeux, pour reconnoitre la fauffeté de tout ce qu'il a écrit. Ainfi le prétendu changement qu'on voudroit fuppofer dans l'Eglife Grecque fe trouve fans aucun fondement.

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L'Eglife Neftorienne n'a reçu aucun changement fur la doctrine de la préfence réelle, ni fur les autres points conteftés entre les Catholiques & les Proteftants.

CE qui

Neftor.

ce réelle.

E qui a été dit dans le commencement de cet ouvrage touchant On a proules Neftoriens, fait affez voir que fi on excepte leur héréfie, ils font dans vé que les les mêmes fentiments que les autres Communions orientales, particulié- croyoient rement fur l'Euchariftie; en forte que fi autrefois ils ont été foupçonnés la préfende quelque erreur fur ce Myftere, elle n'a pas paffé jufqu'à ceux qui, depuis la liberté qu'ils obtinrent fous les Princes Mahométans, ont formé cette Eglife Neftorienne qui s'est étendue jusqu'aux extrémités de l'Orient. Nous n'avons rien dit que fur des autorités certaines ; & fi quelqu'un prétend opposer ce qu'en ont écrit quelques Modernes, entr'autres un Anglois qui a fait imprimer en 1694 une traduction du Synode de Diamper fous Alexis de Menefès Archevêque de Goa, avec des notes pitoyables, il ne fera pas difficile de faire voir que cet homme n'avoit aucune connoiffance de la matiere qu'il s'étoit engagé de traiter. On en peut juger par un feul endroit de fa Préface, où parlant d'Adam Archidiacre d'Elie Patriarche des Neftoriens qui l'avoit envoyé à Paul V, ce grand Préf. p.14. Critique l'appelle Adam Camara, parce qu'il avoit vu dans le titre du Livre de Pierre Strozza de Dogmatibus Chaldæorum, cette infcription, ad Patrem admodum Reverendum Adam Camera Patriarchalis Babylonis Archidiaconum. Mais cela n'eft rien en comparaison de toutes les fauffetés Leur Egli& abfurdités dont il a rempli un Difcours préliminaire qu'il a intitulé: fe étoit Hiftoire abrégée de l'Eglife de Malabar.

établie conformé

comme ment à la

Apoftoli

On a vu dans les Livres précédents que l'Eglife Neftorienne, elle est établie depuis plufieurs fiecles, avoit pour Chef un Catholi- Tradition que, c'est-à-dire, un Primat inférieur aux Patriarches, & fupérieur aux Perpétuité de la Foi. Tome IV.

Ssss

que.

Liv. X. Métropolitains, & que par la protection des derniers Rois de Perse, qui CH. VIII. les favorifoient en haine des Empereurs Grecs, ils s'étoient emparés du Siege de Séleucie & de Ctéfiphonte. Ils ne commencerent pas leur féparation en renverfant toute la forme du gouvernement eccléfiaftique qu'ils avoient trouvé établi dans l'Eglife, puifque celle qu'ils formerent étoit gouvernée par des Evêques, dont les prédéceffeurs avoient été ordonnés dans l'Eglife Catholique. Ils favoient qu'il falloit un Chef à leur Communion; ils étoient féparés de toutes les Eglifes Patriarchales, & ils n'en occupoient aucune. Ce fut donc pour s'en donner un, qu'ils attribuerent au Siege de Séleucie, outre l'autorité ancienne qu'avoient eu les Evêques, celle de Patriarche de toute la fecte Neftorienne.

Ils ont cherché à

prouver

que leur premier

Siege

Cependant comme tous les Chrétiens étoient perfuadés qu'on ne pouvoit être dans l'Eglife fi on ne prouvoit la fucceffion Apostolique, particuliérement dans les premiers Sieges, après avoir mis dans le nombre de leurs Catholiques ou Patriarches plufieurs faints Evêques de Séleucie, avoit été ils firent remonter la fucceffion jufqu'au temps des Apôtres. La tradition fondé par de l'Eglife d'Edeffe étoit que S. Thadée y avoit prêché l'Evangile; & comme les Apôtres. dans la décadence de l'Empire Grec ils avoient infecté de leurs erreurs toute la Méfopotamie, ils étendirent cette tradition jufqu'aux premiers Hift. Neft. fiecles, & attribuerent à cet Apôtre la fondation de leur Eglife PatriarMS. Arab. chale, telle qu'ils la rapportent dans leurs hiftoires. Elles font fauffes,

Salom. in

Et confir mé par les

Peres

mais elles ne laiffent pas de marquer leur refpect pour la Tradition, & leur éloignement de l'Anarchie Presbytérienne, & de cette fuprémacie laïque dont les femmes fe font trouvées capables dans la Réformation d'Angleterre.

Enfuite comme on donna dans l'Eglife orthodoxe un pouvoir fort étendu aux Evêques de Séleucie, qui furent appellés Catholiques de Perfe, d'Occid. les Neftoriens attribuerent dans la fuite ces mêmes prérogatives à leurs Patriarches. Enfin un refte de refpect pour la difcipline a engagé leurs Auteurs à dire, que cette autorité indépendante du Patriarchat d'Antioche leur fut confirmée par un privilege des Peres d'Occident, & ils entenIdent un des Canons Arabes attribués au Concile de Nicée. Cette Tradition eft marquée dans la vie de celui qu'ils appellent Abadabouich, qu'ils comptent le feptieme de leurs Catholiques, & Hebedjefu fait mention d'une lettre que ce Catholique écrivit au Pape d'Orient, c'est-àdire, au Patriarche d'Antioche; ajoutant que de fon temps fut écrite la lettre des Occidentaux, par laquelle ils accordent la dignité patriarchale au Siege de Séleucie. Ils reconnoiffent donc qu'elle vient d'une conceffion de l'Eglife d'Occident; & comme cela embarraffe le Traducteur Anglois, il a trouvé une réponse fort finguliere, qui eft, que par les Peres d'Occident,

P. 16.

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