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maniere incompréhenfible. Il s'eft uni ce corps fans altération, fans mêlange Liv. I. &fans divifion, en une feule nature, une feule perfonne & un feul fuppôt. CH. VIII. Et enfuite: Nous prononçons anathême contre ceux qui reconnoiffent que le Verbe Dieu a deux natures après l'union incompréhensible. Quiconque le divife & affure avec blafphême que le Verbe Dieu ne souffre pas & ne meurt pas, mais que c'est l'homme qui a fouffert & qui eft mort, le divisant ainfi en deux pour établir deux perfonnes & deux natures, dont chacune opere ce qui lui convient, ces hommes ont deffein d'introduire la foi corrompue de Neftorius, & du malheureux & criminel Concile de Calcédoine, pour renverser la foi Orthodoxe. La même doctrine fe trouve enfeignée dans une Confeffion de foi qui eft à la tête de la Collection de plufieurs Traités de piété pour l'ufage des Religieux: dans une que Cyrille foixante & quinzieme Patriarche donna pour fe juftifier fur diverfes accufations: dans une formule de celle que les Prêtres nouvellement ordonnés dans le Patriarchat d'Antioche devoient foufcrire, & en plufieurs autres endroits.

des Théo-

Les Théologiens parlent de la même maniere; & comme dans un Témoi abrégé on ne peut pas rapporter de longs paffages, on fe contentera de gnages les indiquer après en avoir rapporté un feul qui eft tiré de l'Hiftoire d'A- logiens. bulfarage, imprimée en arabe & en latin, & qui eft entre les mains de tout le monde. Il dit que Sévere d'Antioche, que les Jacobites refpectent comme un de leurs principaux Docteurs, fit plufieurs Traités pour prouver, qu'en Jefus Chrift il n'y a qu'une nature, compofée de deux natures, Hift. Dyn.. la divine & l'humaine, fans confufion, fans mêlange & fans corruption, & qui demeurent ce qu'elles étoient: de même que la nature de l'homme eft de deux natures, de l'ame & du corps; & que le corps eft auffi compofé de deux natures, la matiere & la forme; fans que l'ame foit changée au corps, & la matiere à la forme. Cet Auteur dit en peu de mots ce que les autres expliquent fort au long; & fon témoignage eft d'une grande autorité, parce qu'il n'étoit pas un fimple Hiftorien, mais qu'il tenoit une place confidérable dans l'Eglife Jacobite, étant Catholique; c'est-àdire, la feconde perfonne du Patriarchat d'Antioche, Chef de plufieurs Métropolitains; & en cette qualité on l'appelle Mifrian d'Orient; ce qui n'eft pas un fimple titre d'honneur, comme l'a cru M. Pocock fon Tra- Præfat. adi ducteur, mais le nom de fa dignité qui est la même que celle de Catholique. Il a expliqué cette doctrine plus amplement dans divers Traités Théologiques. On peut s'en inftruire affez exactement par la difpute contre les Jacobites, qu'Eutychius Patriarche Orthodoxe d'Alexandrie a infé- Eutych. rée dans fon histoire.

Ifa fils de Zaraa, Sévere Evêque d'Aschmonin, Denys Barfalibi Métropolitain d'Amid, Ebnaffal, Abulbircat, Abu-Raita de Takrit', Michel:

Hift. Abul

Alex. T.2.initio..

LIV. I. Patriarche d'Antioche, & plufieurs autres Théologiens, outre les Traités CH. VIII. anonymes, expliquent ce dogme des Jacobites fort au long, répondant aux objections des Orthodoxes & des Neftoriens. On ne rapportera pas tous ces paffages, qui feront inférés dans les Differtations Latines faites fur ce fujet, où on trouvera pareillement les endroits les plus remarquables des SS. Peres, dont les Jacobites fe fervent pour défendre leur opinion, & par lefquels on reconnoît, qu'à l'exemple des anciens Monophyfites, ils citent des lettres fuppofées du Pape Jules, & les mêmes passages dont ceux-ci se fervoient contre les Catholiques.

Ils difent

de Pierre leFoullon.

Suivant leurs principes, comme ils foutenoient que le Verbe avoit foufle Trifa- fert pour le falut du genre humain, quoiqu'ils expliquent leur pensée gium avec l'addition d'une maniere affez conforme à cette propofition, Unus de Trinitate eft paffus, fur laquelle il y eut tant de difputes, ils difent le Trifagium avec l'addition qui crucifixus es pro nobis. Mais on ne peut pas douter Phot. Cod. qu'ils ne rapportent cet hymne à Jefus Christ, comme Ephrem, Patriarche 228. d'Antioche, l'a remarqué dans l'Ouvrage dont nous n'avons que les exJahia f. traits confervés par Photius, & qu'ainfi il pouvoit être entendu dans un

Adi. MS.

Ar.

Ils n'ont

pas d'au

tres erreurs.

Etendue

Jacobite

de.

fens orthodoxe, comme leurs Théologiens s'efforcent de le prouver. Cependant les Melchites ou Orthodoxes les reprennent fur ce fujet : & les Neftoriens encore avec plus de véhémence, prétendant qu'en cette matiere ils rendent la Divinité paffible.

Sur les autres points de la Religion ils n'ont aucune erreur particuliere, comme il fera prouvé dans la fuite lorfque nous examinerons chaque article, & alors on en rapportera des preuves tirées de leurs Livres & de leurs Théologiens.

Les Jacobites compofent une Eglife fort étendue, & diftinguée par de l'Eglife différentes langues. La principale eft celle des Cophtes ou Egyptiens, fort gran- foumis aux Patriarches d'Alexandrie, fucceffeurs de Diofcore qui fut dépofé au Concile de Calcédoine. Ils ont une hiftoire de ce qui s'y passa, par laquelle ils ont fait croire aux peuples qu'ils engagerent autrefois dans leur héréfie, que ce Patriarche avoit été condamné parce qu'il n'avoit pas voulu contre fa confcience recevoir la doctrine qui étoit expofée dans la Lettre de S. Léon à Flavien, & qu'ils appellent le Tome, prétendant que c'étoit un renouvellement de l'héréfie de Neftorius. Ils difent que les Evêques Egyptiens ne voulurent pas abandonner la défenfe de leur SuLiberat. périeur; & en effet on trouve dans les Auteurs Eccléfiaftiques, qu'après qu'il eut été relégué ils refuferent de fe foumettre à celui qui fut établi à fa place; que quand il fut mort ils élurent Timothée, & enfuite les autres dont ils tirent leur fucceffion jusqu'à Benjamin fous lequel les Arabes fe rendirent maîtres d'Alexandrie. Ils regardent les fucceffeurs de

Brev.

Proterius

Proterius ordonné à la place de Diofcore, comme hérétiques & comme Liv. I. intrus. Le Patriarche Cophte d'Alexandrie eft le fucceffeur de Benjamin CH. IX. & de Diofcore, au lieu que le Grec fuccede à Proterius & aux Orthodoxes.

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Il y a diverfes opinions touchant l'origine de ce nom de Cophtes, Origine

p. 165.

P. 288.

Ep. 1. 1.

ep. 489.

qui, fuivant l'ufage conftant de la langue arabe dans laquelle il a pris fon du nom de
Cophtes.
origine, fignifie les Egyptiens Chrétiens Jacobites à l'exclufion des autres
habitants de l'Egypte & des Chrétiens Melchites ou orthodoxes. L'opi- Salmaf.
nion la plus vraisemblable eft, que ce mot eft corrompu de celui d'E- Epift. 78.
gyptos, & qu'il eft affecté aux Jacobites, parce que depuis le Concile de
Calcédoine, les Egyptiens naturels demeurerent tellement attachés à Diof-
core & à fes fectateurs, que les loix des Empereurs furent inutiles pour
les réduire à la Communion de l'Eglife. Les Archevêques d'Alexandrie
eurent beaucoup à fouffrir d'eux: la foi orthodoxe ne s'y maintenoit
prefque que par autorité; & dans la baffe Egypte, auffi-bien qu'à Alexan- Aft. Hom.
drie, où le nombre des Grecs étoit fupérieur à celui des Egyptiens na- de S. Ste-
phano
turels; d'autant plus qu'à caufe de leur efprit turbulent, ceux-ci ne pou-
voient avoir de charges dans le pays. Mais dans la haute Egypte, fur-tout Ifidor Pel.
dans les Monafteres de la Thébaïde, l'héréfie étoit tellement enracinée
qu'on ne la put jamais extirper. Cela dura jufqu'à la guerre des Arabes,
qui ne trouverent de réfiftance que de la part des Grecs: mais les Egyp-
tiens naturels se foumirent à eux auffi-tôt par une capitulation particu-
liere, qui fut négociée par le Patriarche Benjamin. Il y avoit douze ans Vita Ben-
qu'il s'étoit retiré dans les Monafteres: & dès que les Infideles entrerent jamin MS.
dans le pays, il vint trouver Amrou leur Chef, fe foumit à lui, tant à Elm 1. p.
fon nom, qu'à celui de tous les Jacobites qui étoient fous fa jurisdiction: MS.Makr.
il les excita à prendre les armes contre les Grecs, & cela ne contribua
pas peu à la prife d'Alexandrie. Tous les Orthodoxes Grecs en furent
chaffés: les Egyptiens, qui étoient auffi orthodoxes, demeurerent sans
Evêques, & ils refterent en cet état durant près d'un fiecle. Ainfi com- Eutych.
me les Jacobites étoient prefque tous Egyptiens naturels, il eft fort
vraisemblable qu'ils furent appellés Cophtes ou Egyptiens, d'autant p. 387.
plus qu'ils perdirent en très-peu de temps l'ufage de la langue grec-
Perpétuité de la Foi. Tome IV.

K

Tar. Arm.

Alex. Hift.

Tom. 2.

LIV. I. que, faifant le fervice en langue égyptienne, comme ils font encore CH. IX. préfentement.

Autres

vraisem

blables.
Kircher.
Prodrom.
Egypt.

Cette origine paroit beaucoup plus fûre que toutes les autres; puifétymolo- qu'il n'est pas vraisemblable que la ville de Coptos, quoique célebre dans gies peu la Thébaïde, ait pu donner le nom à la nation entiere; outre que dans le temps que ce nom a commencé à être plus en ufage, cette ville étoit fort déchue de fon ancienne fplendeur, & même elle n'avoit jamais été comparable à plufieurs villes de la baffe Egypte, qui étoient beaucoup plus fréquentées & plus connues aux Grecs. Ceux qui voudroient tirer l'étymologie de Cophtes du mot de xóne, qui fignifie couper, parce que la Circoncifion eft en ufage parmi ces Chrétiens, ne font pas réflexion que cet abus ne s'étoit pas encore introduit. Les Vocabulaires cophtes & arabes décident la difficulté; car ils traduifent le mot NYÚπTIOS, qui fignifie les Egyptiens, par celui de Cophtes, ou de Coptes, & ils l'écrivent en ces deux manieres. Auffi les Arabes dans leurs Hiftoires d'Egypte, dont il y a un très-grand nombre, parlant des anciens Egyptiens, les appellent Coptes: & ils écrivent diverfement le mot dont ils expriment la ville de Coptos, & celui qui fignifie les Egyptiens.

Ils font

langue

Ces Cophtes font donc tous ceux qui faisant profeffion de la créance Poffice en des Jacobites, font foumis aux Patriarches d'Alexandrie, & qui font égyptien- l'Office dans la langue ancienne du pays, dont il eft à propos de dire quelque chofe, parce qu'elle eft parmi eux la langue de Religion, comme parmi nous la latine.

де.

Quelle eft

gue

Cette langue eft dans le fond l'ancienne du pays, telle qu'on la parcette lan- loit avant que fous les fucceffeurs d'Alexandre la grecque eût pris le deffus: il eft vrai qu'elle eft mêlée d'un grand nombre de noms & de verbes grecs. Mais comme ils font conftruits fuivant le génie de la langue ancienne, cela n'empêche pas qu'elle ne foit originale. La plupart de ces mots grecs font du ftyle eccléfiaftique, particuliérement dans les Liturgies & dans les autres Offices. Les caracteres font entiérement grecs, à l'exception de quelques-uns propres à la langue, & on n'a aucune connoiffance des figures que peuvent avoir eues les anciens. Comme l'opinion commune eft que ceux qui fe trouvent fur les obélifques, dont Pantiquité eft inconteftable, font hiéroglyphiques, d'autant plus que est tous les Auteurs conviennent que les Egyptiens avoient ces fortes de lettres mystérieufes, où une feule figure fignifioit des chofes: on ne peut Ammian. dire, finon par conjecture, que ce fuffent des lettres fimples.. Cependant 1 17. P. 162. Ed. l'interprétation qui fe trouve des infcriptions du grand obélifque, rapFarif portée par Ammian Marcellin, & faite par Hermapion, Prêtre Egyptien

favant dans ces fortes de caracteres, fait juger qu'il les avoit lus com

.

inutile

pour en

mè on lit les autres fortes de lettres. Car le fens en eft fimple & hifto- Liv. L rique; c'est une dédicace que le Roi Rameffes, ou Rameftes, fait au foleil CH. IX. de cet obélifque, & les hiéroglyphes ne font pas propres à exprimer un difcours de cette nature. Quoi qu'il en foit il ne reste aucun veftige de ces anciens caracteres dans la langue cophte que nous connoiffons. Lorsque le Pere Athanafe Kircher, Jéfuite Allemand, publia le premier Elle est un Vocabulaire, & quelques Grammaires très-imparfaites qu'on trouve de cette langue, faites par les Arabes, les plus mauvais Grammairiens tendre les qui furent jamais, pour donner une idée avantageufe de cette langue, Antiquités égyptienil entreprit de prouver qu'elle étoit l'ancienne qu'on parloit du temps des nes des Pharaons, qu'ainfi elle ferviroit à pénétrer les Antiquités égyptiennes, obélif& à découvrir plufieurs myfteres renfermés dans les infcriptions des obé- Prodrom. lifques. Il eft cependant très-certain qu'elle y eft entiérement inutile: que Cop. Ling. les livres très-anciens dont il a inféré quelques titres ne furent jamais, Æg. reftit, & apparemment quelqu'un abufa de fa crédulité. Il ne s'eft jufqu'à préfent trouvé aucun Livre en langue égyptienne qui ne fût des traductions de l'Ecriture Sainte, ou des Offices Eccléfiaftiques, ou d'autres qui ont rapport à cette matiere, comme des Grammaires & des Dictionnaires. Sévere, dans la Préface de fon Hiftoire, dit qu'il en a tiré une partie des livres grecs & cophtes qui étoient dans le Monaftere de S. Macaire: mais il y a long-temps qu'il ne fe trouve plus rien en cette langue, finon ce qui a été dit.

ques,

fubfifte

Son ufage fubfifte encore dans les prieres publiques & particulieres, Son ufage dans les Liturgies & dans les Offices de tous les Sacrements. On trouve dans les ordinairement des verfions arabes à côté du cophte, afin que les Ecclé- Eglifes Jafiaftiques puiffent par ce fecours entendre la langue, qui depuis plus de cobites. mille ans ne s'apprend que par l'étude. Il y avoit pourtant des cantons dans la Thébaïde, & fur-tout auprès d'Ofiout, où elle étoit encore en ufage il y a environ quatre cents ans parmi les Chrétiens, felon le témoignage de Makrizi. On ne fe fert de l'arabe qu'en particulier, excepté pour les leçons tirées de l'Ecriture Sainte: car après qu'elles ont été prononcées en égyptien, on lit la traduction vulgaire, de même que, felon le témoignage d'un de leurs Auteurs, on expliquoit autrefois en cette même langue ce qui avoit été lu en grec dans les lieux où il n'étoit Athanaf pas entendu par le peuple. C'eft le feul ufage que ces traductions aient Ep. Kuf. eu dans les Eglifes: & M. Voffius qui avoit eu une penfée fort bizarre If. Voffius fur cette langue, croyant qu'elle n'étoit qu'un jargon qui s'étoit formé Refp. ad Object.Sipar un mélange d'arabe & de la langue de ceux qu'il appelle Lybi-Egyp-mon.p.83. tiens, que perfonne n'a j'amais connue que lui, ne fe trompoit pas moins quand il difoit que la preuve de l'antiquité des livres cophtes, étoit

MS. Ar.

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