페이지 이미지
PDF
ePub

Prêtre de l'oratoire

en Italie

de Poilly F

5

[ocr errors]

Y

DE L'ORA

PES DE NE

rances, il abandonna la maison de fon oncle, renonça à fa PRETRES fucceffion, qui montoit à plus de vingt mille écus d'or, &TOIRE DE alla à Rome l'an 1533. pour y achever les études. Quand il S. PHILIPfût arrivé, il s'adreffa d'abord à un noble Florentin, nom- RX. mé Caccia, qui aïant connu ses bonnes qualités, voulut qu'il logeât chez lui, & lui affigna pour sa subsistance une certaine quantité de bled par an, que Philippe donnoit à un Boulanger qui lui en rendoit tous les jours un pain. Ce Florentin concevant de jour en jour plus d'eftime pour le faint jeune homme, lui donna le foin de deux de fes enfans pour les élever dans les bonnes mœurs & dans les fciences humaines. Ils firent fous fa conduite beaucoup de progrès dans la vertu & dans l'étude des belles lettres,& il en fit lui-même de fi grands dans la Philofophie & la Theologie, qu'il y eut peu de perfonnes confiderables dans Rome qui ne le vouluffent connoître,pour avoir le plaifir de jouir de fa conversation,& tirer en même tems quelque profit de fa profonde érudition. Quoique fa pudeur & fa modeftie le fiffent refpecter de fes Compagnons, cela n'empêcha pas néanmoins que certains libertins, ne tâchaffent de tems en tems de le corrompre & de l'entraîner avec eux: mais prévenu des graces & des benedictions du Ciel, il éluda leurs pourfuites & conferva toûjours fon cœur & fon corps dans une pureté inviolable.

Après qu'il eut fini fes études, quoiqu'il ne fut plus dans les mêmes occafions, il n'en eut pas moins de combats à foûttenir pendant plufieurs années, contre l'infolence & l'éfronterie de quelques courtifanes, qui aïant entrepris de vaincre fa fermeté n'oublierent rien pour y réüffir ; mais aïant recours aux larmes, aux jeunes & à la priere, il triompha toûjours de la malice du Démon & de l'impudicité de ces femmes débauchées. Il alloit fouvent aux Hôpitaux, vifitoit tous les jours les fept Eglifes de Rome, & emploïoit une partie de la nuit à prier fur les tombeaux des Martyrs, qui font au cimetiere de Califte. Son exemple lui attira dans la fuite beaucoup de Compagnons, qui voulurent fe joindre à lui pour faire les mêmes stations. Cette devotion qui se pratiquoit avec beaucoup d'ordre & de modeftie, édifia extrémement la ville, & ce fut un des moïens, dont notre Saint fe fervit avec le plus de fuccès, pour retirer beaucoup de

PRETRES jeunes gens de leurs déréglemens, & les porter enfuite à la DE L'ORA- pieté.

TOIRE DE
S. PHILI
PES DE NE-

RY.

De fi heureux commencemens l'encourageant à travailler au falut du prochain, il prit la refolution de fonder avec Perfiano Rofa fon Confeffeur la célébre Confrairie de la fainte Trinité. Elle fut d'abord établie dans l'Eglife de faint Sauveur in Campo l'an 1548. Les premiers qui furentagregés à cette Confrairie, n'étoient que de pauvres gens au nombre de quinze, qui s'affembloient dans cette Eglife tous les premiers Dimanches de chaque mois, pour y pratiquer les exercices de pieté, qui leur étoient prefcrits par le faint Fondateur, & y entendre les exhortations qu'il leur faifoit pour les exciter à l'acquisition des vertus & à la fuite des vices: ce qu'il faifoit avec tant de force & de zele,qu'il s'y trouvoit affiduement un grand nombre de perfonnes, & même de diftinction, dont plufieurs s'eftimerent fort honorées d'entrer dans une fi fainte focieté : ce qui lui procura le moïen d'executer le deffein qu'il avoit conçu d'établir un Hôpital pour les pauvres Pélerins, qui venant à Rome pour vifiter les tombeaux des Apôtres faint Pierre & faint Paul & les autres anciens monumens de la pieté des premiers Chrêtiens, étoient obligés de coucher dans les rues & fur les portes des Eglifes, faute d'avoir un lieu où ils puffent fe retirer: car le Saint touché de compaffion pour ces pauvres miferables, engagea les Confreres de la Trinité à leur donner l'hofpitalité, ce qu'ils firent volontiers aïant loüé pour cet effet une maifon où ils étoient logés, & pourvus de tous leurs befoins pendant trois jours, ce qu'ils continuerent l'efpace de huit ans, jufqu'à ce qu'enfin Paul IV. édifié d'une charité fi exemplaire donna à cette Confrairie en 1558. l'Eglife Paroiffiale de faint Benoît, préfentement appellée la fainte Trinité, auprès de laquelle on a bâti un Hôpital fi confiderable que pendant l'année Sainte ou du grand Jubilé de 160c. on y reçut quatre cens quarante quatre mille cinq cens hommes, & vingt-cinq mille cinq cens femmes, qui y furent défraïés pendant trois jours, felon la coûtume de cet Hôpital.Quoique le nombre des Pelerins n'ait pas été fi grand dans l'année fainte 1700. il a néanmoins été encore fort confiderable, puifqu'on y en a reçu deux cens foixante dix mille cent cinquante cinq de l'un & de l'autre fexe,& quatre vingt

!

DE L'URA

PES DENE
RY.

cinq mille quatre cent quatre-vingt quatre convalefcens,cet PRETRES
Hôpital étant auffi destiné pour recevoir les convalefcens. TOIRE DE
Saint Philippes de Neri s'exerça long-tems dans ces actes S. PHILL-
de charité, fans vouloir fortir de l'état de Laïque: mais fon
Confeffeur perfuadé qu'il deviendroit encore plus utile au
public s'il entroit dans les Ordres facrés, l'obligea à les re-
cevoir:c'eft pourquoi l'an 1551. au mois de Mars, notre Saint
prit la tonfure, les quatre Ordres Mineurs & le Soudiaco-
nat, étant âgé de trente fix ans. Il reçut le Diaconat le Sa-
medi Saint fuivant, qui étoit le 29. du même mois, & enfin
la Prêtrife le 23. Mai de la même année. Peu de tems après
il alla demeurer à l'Eglife de faint Jerôme de la Charité dans
le deffein d'y paffer le refte de ses jours. Il y avoit déja quel-
ques autres Prêtres qui y demeuroient; fçavoir Perfiano Rosa
fon Confeffeur, Bon-Signore Caccia-Guerra, noble Flo-
rentin, François d'Arezzo, & un Espagnol nommé aussi
François ; qui, quoy qu'ils demeuraffent ensemble, vivoient
chacun à leur maniere & féparément. Sitôt que nôtre Saint
se fut confacré au fervice de cette Eglife, il ne tarda guere
à y donner de nouvelles marques de fon amour & de fa cha-
rité pour le prochain: car il s'y emploïa à entendre les con-
feffions avec une affiduité proportionée au defir qu'il avoit
d'attirer les ames & les gagner à Jesus Christ, en leur inf-
pirant l'amour de la vertu & l'horreur du peché. Non con-
tent d'exercer ce faint ministere dans l'Eglife, il ouvrit sa
chambre fans diftinction d'états ni de conditions à tous ceux
qui voulurent se mettre fous fa conduite, & commença fes
Conferences 1pirituelles avec un fuccès incroïable. Il n'y
eut d'abord que fix ou fept personnes qui fe trouverent à
ces Conferences, qui furent Simon Garzini & Montizaz-
zera tous deux Florentins, Michel del Prato, deux Orfe-
vres & un domeftique de la Maison de Maffimi. Mais le
nombre de ses Auditeurs augmenta dans la fuite entre lef-
quels fe trouverent des perfonnes diftinguées par leur naif-
fance & par leur fcience; comme Jean-Baptifte Salviati fre-
re du Cardinal de ce nom, Coufin de Catherine de Medi-
cis Reine de France; François-Marie Tarugi qui fut en-
fuite Cardinal; Conftance Taffovi, Neveu du Cardinal
Bertrand appellé le Cardinal Defano; Jean-Baptifte Mo-
dio celebre Medecin, Antoine Succi & plufieurs autres.

« 이전계속 »