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J.VIII.p.1.

Beguine d'Anvers

de Poilly f

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ORDRES RELIGIEUX.

ET DES CONGREGATIONS DE L'UN ET L'AUTRE SEX E SIXIEME PARTIE,

CONTENANT

Toutes les Congrégations Séculieres de l'un & l'autre Sexe, & les Ordres Militaires & de Chevalerie qui ne font foumis à aucune des Regles de Religion.

CHAPITRE PREMIER.

De l'origine des Beguines, avec la Vie de Lambert le Begue

D

leur Fondateur.

E toutes les Congrégations & Communautés Séculieres, il n'y en a point de plus anciennes que celles des Beguines: car foit que l'on rapporte leur origine à fainte Begghe, Fondatrice des Chanoineffes d'Andenne, dont nous avons parlé dans la feconde Partie de cette Hiltoire, foit qu'on leur donne Fondateur Lambert le Begue, elles ont precedé toutes les autres, puif

Tome VIII.

pour

A

BEGUINES. que fainte Begghe mourut à la fin du feptiéme fiécle, &

Lambert le Begue vers la fin du douziéme. Il y a des Auteurs du nombre defquels eft le Pere Thomaffin) qui ont regardé ces Beguines comme des efpeces de Chanoineffes ou Beneficieres, & quelques Ecrivains ont prétendu qu'elles avoient eu pour Fondatrice fainte Begghe, & que Lambert le Begue n'a été que le reftaurateur de ces fortes de Communautés ; mais Coëns, Chanoine de la Cathedrale d'Anvers dans une Differtation qu'il donna l'an 1629. fur l'origine de ces Beguines apporte plufieurs raifons pour prouver qu'elles n'ont point eu fainte Begghe pour Fondatrice ; & que bien loin de pouvoir être regardées comme Chanoinesfes, elles ont des Obfervances toutes oppofées à la vie Canoniale.

Quoique Rikel dans fon Hiftoire des Beguinages de Flandre, femble être du fentiment de ceux qui en attribuent la fondation à fainte Begghe, il ne veut pas neanmoins affurer que ce foit elle qui leur ait prefcrit la maniere de vie qu'elles gardent à préfent ; & il ne fait point de difficulté d'avoüer que Lambert le Begue eft le premier, qui par fon exemple & fes paroles leur a fait connoître l'avantage & l'excellence de la chafteté, & que le nom de Beguines leur a été donpar rapport à lui, à caufe qu'il beguaioit: Lambertus le Begue quia balbus erat de fancto Chriftophoro dicebatur à cujus cognomine mulieres & puella que caftè vivere proponunt Beguines gallice cognominantur, quia primus extitit qui eis premium caftitatis verbo & exemplo pradicavit. Ce qui n'eft pas, felon lui, une preuve qu'il ait été leur Fondateur, puifqu'il y avoit long-tems avant lui de ces fortes de beguinages; ce qu'il prouve par un acte de la Maîtreffe & de toute la Communauté de Silfort de l'an 1065. fcellé d'un sceau oval, reprefentant l'image de la fainte Vierge, tenant fon Fils entre fes bras, au milieu de deux tours hautes & pointuës ; & par le peu de lettres que l'antiquité a conservées autour de ce fceau, il paroît qu'il y avoit en écrit, Sigillum Curie B. Maria Jufta Filfort: ce qui lui paroît une époque plus que fuffifante pour attribuer leur origine à fainte Begghe.

Thomas de Cantipré parlant auffi des Beguines, dit qu'au tems qu'il écrivoit, qui étoit en 1263. il y en avoit plufieurs qui

se resouvenoient encore qu'elles avoient pris naiffance à Ni- BEGUINES. velle ; mais felon Coëns, ce fentiment n'eft pas vrai femblable: car cet Auteur dit pofitivement, que les troubles & les guerres, dont la ville de Liége fut agitée depuis l'an 1191. après la mort de l'Evêque Radulphe jufqu'en l'an 1214. empêcherent les Beguines de Liége de faire plufieurs établisfemens, qu'elles firent néanmoins celui de Nivelle l'an 1207. & que c'eft de là d'où eft forti ce grand nombre de Beguinages qui fe font repandus par toute la Flandre, & qui ont paffé en France & en Allemagne, d'où il eft facile de conclure qu'elles n'ont pas pris naiffance à Nivelle; puifqu'elles étoient déja établies auparavant à Liége où elles ont commencé par les liberalités de Lambert le Begue, qui felon Aubert le Mire, étant riche, fonda dans cette Ville deux Communautés, l'une d'hommes l'an 1150. aufquels, apparemment par raillerie, le peuple donna le nom de Coquins ; & l'autre de Beguines l'an 1173. ce qui eft confirmé par Coëns, qui ajoute qu'il donna à ces Coquins, une maison & un fonds : lidem Leodienfes pios viros, quibus Lambertus nofter domum & fundum concefferat Coquinos appellarunt.

Ce fut ce faint homme que Dieu fufcita pour reprendre fortement le vice de fimonie, qui regnoit dans le Diocêfe de Liége du tems de l'Evêque Rodulphe ou Raoul de Lorraine, qui par avarice vendoit publiquement les Bénéfices, fe fervant pour cet effet d'un méchant homme, appellé Udelin, qui tenoit un bureau dans le marché public, ou ceux qui vouloient acheter des Bénéfices s'adreffoient. Lambert touché d'une fainte indignation d'un tel abus, & animé du zele de la gloire de Dieu, prêcha publiquement contre un commerce fi indigne, & contre d'autres défordres qui regnoient dans la Ville. Il fe trouva à fes Sermons une grande foulle d'auditeurs, dont la plufpart vivement touchez par la force de fes paroles fe convertifloient à Dieu, & faifoient penitence de leur vie paffée ; mais les Ecclefiaftiques qui fe fentoient coupables du crime de fimonie, & des autres vices contre lefquels il invectivoit avec tant de force & de zele, indignés contre lui l'accuferent auprès de Radulphe de prêcher fans en avoir permiffion. Ĉe Prélat qui fe trouvoit intereffé dans cette affaire plus que perfonne, par rapport au profit qu'il faifoit dans la vente inique de ces

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