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que

les Adages d'Érasme : les uns l'appelèrent la Muse attique, les autres la Corne d'abondance, un Trésor de bonnes choses. Charles Dumoulin, citant ces Adages, en prend occasion de donner le titre de grand à Érasme.

La première édition des Adages d'Érasme est de l'année 1500; elle contient huit cents proverbes, tant grecs que latins. Érasme, pendant plusieurs années, rapporta toutes ses lectures aux adages. L'édition qu'il donna en 1508 contient trois mille trois cents proverbes, et celle de 1517 quatre mille cent cinquante-un.

Érasme croyait être le premier qui eût écrit en latin sur les proverbes, lorsqu'il apprit que Polydore-Virgile avait traité cette matière. Il y a entre les deux ouvrages une très grande différence, et celui de Polydore-Virgile est court: il parut en 1598.

Muret, quoique très grand critique, n'avait pas une grande estime pour les proverbes. Vaugelas, Perrot d'Ablancourt, Nicole, ne les aimaient pas non plus; et le P. Bouhours les a comparés à ces habits antiques qui sont dans les garde-meubles des grandes maisons, et qui ne servent qu'à des mascarades ou à des ballets.

Ce jugement sévère a été infirmé par le Dictionnaire de Trévoux. Voici le passage: « Je suis de l'opinion de Cardan, lorsqu'il dit en ses livres de Sapientia, que la sagesse et la prudence de chaque nation consistent en ses proverbes. »

Senecé exprime la même pensée. « Quoique certains esprits, dit-il, qui se croient supérieurs, veuillent renvoyer au bas peuple les proverbes, il est hors de doute qu'ils contiennent la quintessence du bon sens. »

Les proverbes faisaient l'ornement de notre littérature il y a six cents ans. Les poètes divisaient assez souvent une pièce de vers par couplets, et chaque couplet finissait par une sentence ou proverbe.

Rabelais fut trop prodigue de proverbes, et JeanAntoine de Baïf, qui le suivit de près, publia un Traité (les Mimes, Enseignemens et Proverbes, Paris, 1576, in-12) tout-à-fait propre à en dégoûter la nation.

La Comédie des Proverbes, par le comte de Cramail, Paris, 1616, est farcie de proverbes si vulgaires, qu'il serait aujourd'hui impossible d'en soutenir la lecture.

« Si tu y avois seulement pensé, dit PHILIPPIN (valet), je ferois de ton corps un abreuvoir à mouches, et je te montrerois bien que j'ai du sang aux ongles.

ALAIGRE (autre valet).

Je le crois, mais c'est d'avoir tué des poux.

LIDIAS (amoureux).

La paille entre deux, sus, la paix à la maison. Je n'aime pas le bruit si je ne le fais; je veux que vous cessiez vos riotes, et que vous soyez comme les deux doigts de la main. Alaigre, vous faites le

Jean Fichu l'aîné, et vous vous amusez à des coques si gruës et des balivernes. Je veux que vous vous embrassiez comme frères, et que vous vous accordiez comme deux larrons en foire, et que vous soyez camarades comme cochons. >>

Mais Molière remit les proverbes en honneur; et nous lui devons: Qu'allait-il faire dans cette galère? -Vivre de ménage.-Rengaîner un compliment. -Tu l'as voulu, Georges Dandin; et plusieurs autres façons de parler qui tiennent lieu de proverbes.

Dans le Menteur de Corneille, Cliton dit à Do

rante :

Et le jeu, comme on dit, n'en vaut pas la chandelle.

Les proverbes, toutefois, sont exclus du genre

sérieux et relevé.

On appelait autrefois jouer aux proverbes,-faire quelque geste ou représentation qui expliquât un proverbe.

Cloris ne joue à rien, si ce n'est au proverbe.

(SARAZIN.)

Vers le milieu du dix-huitième siècle on perfectionna cette espèce de jeu. Un des plaisirs de la haute société était de choisir un proverbe, et, sur ce proverbe, de bâtir à l'improviste un canevas qui devait être rempli par plusieurs personnages.

Madame d'Épinay, dans sa Correspondance, s'égaie aux dépens du célèbre David Hume, que les jolies femmes de Paris avaient jugé propre à ce

genre d'amusement. «Il fit, dit-elle, son début chez madame de T***; on lui avait destiné le rôle d'un sultan assis entre deux esclaves, employant toute son éloquence pour s'en faire aimer; les trouvant inexorables, il devait chercher le sujet de leurs peines et de leur résistance: on le place sur un sofa entre les deux plus jolies femmes de Paris; il les regarde attentivement, il se frappe le ventre et les genoux à plusieurs reprises, et ne trouve jamais autre chose à leur dire que : Eh bien! mesdemoiselles, eh bien! vous voilà donc.... Eh bien! vous voilà.... vous voilà ici? Cette phrase dura un quart d'heure, sans qu'il pût en sortir. Une d'elles se leva d'impatience Ah! dit-elle, je m'en étais bien doutée, cet homme n'est bon qu'à manger du veau!»

:

Par proverbe dramatique, on entend maintenant des scènes dialoguées, qui développent une vérité passée en proverbe, ou dont l'intrigue conduit à faire dire aux auteurs une phrase proverbiale; en sorte que cette vérité ou cette phrase se trouve placée naturellement à la fin de la dernière scène.

Carmontelle, lecteur du feu duc d'Orléans, nous a laissé dix volumes in-8° de pièces de ce genre; les six premiers parurent en 1768; les deux suivans vers 1783, et les deux autres après sa mort, en 1811.

En dernier lieu ont paru des Proverbes dramatiques, par M. Gosse.

En 1654, on dansa à la cour le ballet des proverbes, qui depuis long-temps est oublié. Passons à la bibliographie des proverbes.

Gilles Corrozet, libraire à Paris, où il naquit en 1510, a composé un ouvrage en vers, intitulé Hécatongraphie, in-8°, Paris, 1540. Ce sont des quatrains au nombre de cent, où l'auteur cite et commente des proverbes anciens et modernes; en voici un :

Dessoulz beaulté gist déception.

Bien souvent soubz quelque beaulté
Et soubz bonne et doulce apparence,
Gist fallace et desloyauté,

Dont on ne fait la différence.

Jean-Antoine de Baïf, né en 1531, a fait des sixains tout composés de proverbes; nous en avons déjà parlé; et ce n'est point au hasard, mais comme faisant exception, que nous citons le suivant :

Trop de miel mangé s'amertume.

Qui trop à jouir s'accoutume,
Gaste du plaisir le plaisir.

Ce que l'on cherche, on ne rencontre;
Qu'on n'y pense plus, il se montre.

Hastif se repent à loisir.

Jean Le Bon, médecin du duc de Guise, a écrit des Adages ou Proverbes français, qui ont été imprimés in-8°, à Paris, dans le seizième siècle.

Henri Estienne, deuxième du nom, a consacré aux proverbes, particulièrement à ceux qui sont traduits du grec et du latin, trente-neuf pages de son ouvrage sur la Précellence du langage français; in-12, Paris, 1559.

Le même a donné en 1594, in-8°, les Prémices,

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