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CHAPEAU. (Perdre la plus belle rose de son) C'est-à-dire, faire quelque perte considérable. Non seulement nos pères aimaient l'odeur et la vue de la rose, mais ils l'employaient comme parure. Il n'y avait point de cérémonie d'éclat, point de noces, point de festin où l'on ne portât un chapel ou chapeau de roses; ainsi s'appelaient les couronnes.

L'auteur du roman de Perceforest, décrivant une fête, a soin de remarquer que avoist chascun et chascune un chapeau de roses sur son chief.

Ce roman, imprimé en six volumes in-8°, à Paris, en 1531, raconte les aventures chevaleresques d'un roi d'Angleterre, qui fut surnommé Perceforest, pour avoir osé percer presque seul une forêt remplie d'enchante

mens.

On dit dans le sens de notre proverbe : Perdre le plus beau fleuron de sa couronne; et fleuron rappelle la couronne de fleurs.

CHAPEAU. (Ventre pointu n'a jamais porté)

Proverbe de femme enceinte. Un ventre qui n'est pas bien rond n'annonce qu'une fille.

CHAPEAUX NOIRS.

Dans le département de l'Aveyron, tous ceux qui jouissent d'une certaine fortune sont appelés Chapeaux noirs, parce que anciennement les gens peu aisés portaient des chapeaux gris.

CHAPELET. (Donner le)

Était autrefois la même chose que couronner. On appelait chapelet une couronne, parce que c'est un diminutif de chapel, petite couverture de tête, petit chapeau.

Saint Médard, vers l'an 530, institua à Salency, le

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prix le plus touchant que la piété ait jamais of ert à la vertu, une couronne de roses pour la fille de ce village, la plus modeste, la plus soumise à ses parens et la plus

sage.

Salency est situé près de Noyon, dans le département de l'Oise.

« Je suis destinée, dit madame de Genlis ( Suite des Souvenirs de Félicie L***), à découvrir des choses intéressantes et faites pour avoir de la célébrité, quoique entièrement ignorées. La manière dont j'appris l'existence des rosières de Salency fut assez plaisante. J'avais dix-huit ans. Salency est à quatre lieues de la terre que j'habitais depuis près de deux ans, et j'ignorais jusqu'au nom de ce village, devenu si fameux depuis. Nous jouions la comédie; l'un de nos principaux acteurs, M. de Matigni, était en même temps magistrat de Chauni et bailli de Salency. Un jour que nous voulions le retenir à coucher, pour faire une répétition le lendemain, il nous dit qu'il était obligé d'aller dans un village voisin. - Et pourquoi? lui demandai-je. Oh! répondit-il, pour cette bêtise qu'ils font là tous les Quelle bêtise? Il faut que j'aille en qualité de juge pour entendre, pendant quarante-huit heures tous les verbiages et tous les commérages imaginables.... -Et sur quel sujet? Une vraie bêtise, comme je vous le disais. Il s'agit d'adjuger, non pas une maison, ou un pré, ou un héritage, mais une rose.... En disant ces paroles, le bailli se mit à rire de pitié, persuadé que je partagerais le mépris que lui inspirait une coutume aussi ridicule à ses yeux. Mais ce seul mot une rose me faisait pressentir qu'il s'agissait de quelque chose d'intéressant. - Comment, repris-je, une rose? -Eh, mon Dieu, oui; c'est moi qui dois décider cette

ans.

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grave affaire. C'est une vieille coutume établie là dans des temps barbares; il est étonnant que dans un siècle aussi éclairé que le nôtre, on n'ait pas aboli une puérilité qui me fait faire tous les étés dix ou douze lieues dans des chemins de traverse abominables; car il faut que pour cette niaiserie je fasse deux voyages....— Le don d'une rose ne me paraît pas trop barbare; mais à qui donc offrez-vous cette rose? A une paysanne réputée la fille la plus sage du village et la plus soumise à ses parens.... Et l'on s'assemble pour lui donner publiquement une rose? N'est-ce pas là une belle récompense pour une pauvre créature qui manque souvent de pain? - Et quand la cérémonie aura-t-elle lieu? J'y vais demain pour entendre les dépositions, recueillir les suffrages et proclamer la Rosière, et j'y retournerai dans un mois pour ce qu'ils appellent le couronnement. — Oh! certainement je m'y trouverai. -On peut voir cela une fois pour se divertir cela vous fera rire. Ce qu'il y a de plus drôle, c'est l'importance que ces bonnes gens mettent à cette cérémonie, et la morgue et la joie des parens de la Rosière ce jour-là. On croirait qu'ils ont gagné le gros lot. Cela vous amusera un moment; mais quand il faut revoir cela tous les ans, c'est une chose fastidieuse pour un homme raisonnable. Cette explication n'était pas romanesque; cependant elle ne m'en inspira pas moins le plus ardent désir de voir couronner la Rosière de Salency. Quelques jours après, M. Lepelletier de Morfontaine, intendant de la province, vint nous voir; il avait l'âme noble et bienfaisante; je lui parlai de la Rosière, et il fut décidé que nous irions présider à son couronnement. En effet, nous allâmes à Salency; nous cou→ ronnâmes la jeune Rosière dans la chapelle de saint

:

Médard, fondateur de cette fête. J'entendis un discours aussi touchant que religieux, prononcé par M. le curé; je vis la mère et le vieillard vénérable, père de la Rosière, fondre en larmes pendant toute la cérémonie. La Rosière fut comblée de présens; mais ceux de M. Morfontaine effacèrent tous les autres; en outre il fonda une rente perpétuelle de deux cents livres pour la Rosière de Salency. >>

Louis XIII, étant au château de la Varenne, et voulant ajouter à la solennité de Salency, envoya par le capitaine de ses gardes le ruban de son ordre à la jeune fille qui devait être couronnée. De là vient que les Rosières de Salency sont décorées d'un cordon bleu.

Pendant la révolution, quatre vieillards furent substitués au seigneur.

Depuis quelques années, le propriétaire du château de Salency, le curé et le maire forment un comité. Ce comité nomme trois filles qui tirent au sort. Celle qui obtient le n° 1, est Rosière.

Le couronnement a lieu le dimanche le plus voisin de la fête de saint Médard (8 juin). Ce jour-là, la Rosière, qui a dîné au château avec ses parens, est conduite à l'église par le maire. Douze jeunes filles vêtues de blanc lui servent de cortége. Elle entend les vêpres, placée au milieu du chœur. Les vêpres finies, le clergé et le peuple se rendent en procession à la chapelle de Saint-Médard. Là, le curé bénit la couronne de roses, fait un sermon, et pose la couronne sur la tête de la Rosière, qui la reçoit à genoux. Après le couronnement la jeune fille est reconduite à la paroisse, où l'on chante le Te Deum, avec une antienne à saint Médard.

Sur la porte de la maison paternelle, pend une couronne de fleurs, avec cette inscription: La vertu récompensée.

La fête de Salency a donné naissance à beaucoup d'autres, notamment à celles de Canon et de Briquebec, dans la ci-devant Normandie. Ces deux fêtes forment le sujet d'une brochure in-8° de 216 pages, que l'abbé Le Monnier, chapelain de la Sainte-Chapelle de Paris, publia en 1778, à Paris. Ce volume est orné d'une fort belle gravure de Moreau le jeune.

Le village de Suresnes, près Paris, a aussi une Rosière. La fondation est due à un M. Héliot, secrétaire de la feuille des bénéfices. La Rosière est choisie au scrutin par un conseil de vieillards, présidé tour à tour par le maire et par le curé; ils nomment trois candidates.

Le maire va prendre la Rosière au milieu de ses compagnes, la conduit à l'autel, et de là à une dame qui met sur sa tête une couronne de roses. Le couronnement a lieu le dimanche le plus voisin de la fête de Saint-Louis (25 août). Outre une couronne de roses, la jeune fille reçoit 300 francs.

En 1821, les jeunes personnes qui avaient concouru au prix étaient au nombre de cent. Toutes vêtues de blanc, elles étaient réunies dans l'église de Suresnes sur des gradins. La Rosière avait dix-huit ans.

Nous ignorons si une fête de Rosière établie à SaintFergeux, près Besançon, en 1776, sous le nom de Fête des Moeurs, a continué d'être célébrée. Le prix se distribuait le 25 août; il consistait en une somme de 100 livres et une croix d'or, sur un côté de laquelle on lisait: A la Sagesse, et sur l'autre : Fête des Mours, avec le millésime. Les concurrentes devaient avoir seize

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