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étoit à gauche en entrant dans la chambre, pour y attendre le duc de Guise, » & fe retira dans un autre plus avancé, » fuivi des feigneurs que j'ai nommés.

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Si le duc de Guife n'évita pas ce péril, ce ne fut point faute d'en avoir été averti: car, quelques précautions que le Roi eût prifes, pour tenir fon deffein caché, bien des gens s'en dé»fierent, foit qu'ils jugeaffent que le »Roi feroit enfin ce que fon intérêt demandoit qu'il fit, foit qu'attentifs à »tout ce qui fe pafloit, ils euffent entrevu & deviné quelque chofe qui leur eût donné cette penfée. Le fieur de Vins, chef de la Ligue dans la » Provence, écrivit au duc, en désapprouvant fa trop grande confiance, Payant tant de fujets de fe défier du Roi, quelque bonne mine qu'il lui fît: » à quoi il répondit, qu'il ne comptoit » nullement fur la bonté du Roi, dont »il connoifloit la diffimulation; mais အ fur la crainte & le bon fens de ce » prince, qui n'ignoroit pas que s'il entreprenoit fur fa perfonne, il fe per» droit lui-même fans reflource. »

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Après tout, il ne laiffoit pas quel

» quefois de faire fes réflexions fur ce fujet avec fes confidens; & peu de

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jours avant fon malheur, comme il » s'entretenoit avec le cardinal de Guife fon frere, l'archevêque de Lyon, le » fieur de Mandreville, gouverneur de » S. Menehoult, le préfident de Neuilly, » & la Chapelle Marteau, prévôt des marchands, chacun difant fes conjectures fur je ne fais qu'elles apparen» ces qui leur faifoient juger qu'il se » tramoit quelque chofe, tous lui confeillerent de s'éloigner fous quelque prétexte. Il n'y eut que l'archevêque de Lyon qui foutint que ce feroit quitter la partie, & par conféquent la perdre, & que le Roi, du génie dont il étoit, ne feroit jamais une entreprise fi hafardeufe, où il cou»roit lui-même rifque de fa vie; fur » quoi Mandreville s'emportant, traita » de folie un fi mauvais raisonnement, dans une conjoncture où il s'agifloit de tout perdre. »

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Mais le duc de Guife ne répondit point autre chofe à tout cela, finon qu'il étoit trop avancé pour reculer; le Roi & lui étoient comme & que » deux armées en préfence, dont l'une en fe retirant, donnoit la victoire à >>> l'autre. »

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«Le jour qui précéda l'exécution,

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»fe mettant à table, il trouva fous fa » ferviette un billet, par lequel on lui » donnoit avis de prendre garde à lui, » & qu'on lui préparoit un mauvais » tour. L'ayant lu, il prit fon crayon & » écrivit au bas; on n'oferoit, & le jetta fous la table. C'eft ainfi que ce malheureux prince, dominé par fon ambition, fe cachant à lui-même tous les dangers, ou les méprifant trop, s'opiniâtroit à fa perte, jufqu'à ce qu'enfin le moment fatal arriva. Le 23 de Décembre, ceux qui étoient du con» feil, fuivant l'ordre du Roi, fe trou» verent de grand matin dans l'antichambre. Les cardinaux de Vendôme » & de Gondi, les maréchaux d'Au»mont & de Retz, les fieurs Nicolas » de Rambouillet & d'O s'y rendirent » les premiers, & un peu après vinrent le cardinal de Guife & l'archevêque » de Lyon. »

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«Le duc de Guife arriva le dernier, » & trouva au fortir de fon appartement » Larchant, avec la plupart de fa compagnie des Gardes, pour lui présenter le placet dont il lui avoit parlé le » foir précédent, Ils le fuivirent jufqu'à la porte de l'anti-chambre, les Gardes s'étant rangés des deux côtés de

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» l'escalier, felon l'ordre qu'ils en avoient de leur capitaine, comme pour faire honneur au duc de Guife, & rendre le paffage libre. Le duc, avec fon honnêteté & fes manieres ordinaires, » leur promit de ne les pas oublier, & entra dans l'anti-chambre. Larchant demeura fur l'efcalier avec les Gardes rangés comme ils étoient, & fit defcendre dans la cour les pages, les valets-de-pied, & tous ceux de la » fuite du duc & des autres feigneurs qui étoient entrés. Le duc s'étant approché du feu, fentit une efpece de » foibleffe qui le prenoit. Quelques-uns » prétendent qu'elle ne venoit que d'une débauche de la nuit précédente, qu'on dit qu'il avoit paffée avec une maîtreffe ; d'autres l'attribuerent à une peur fubite qui le faifit, au fujet des fréquens avertiffemens qu'on lui avoit » donnés. Car à cela près, il s'étoit trouvé

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tant de fois fans Gardes dans cette anti» chambre pour le confeil qu'il n'y avoit ❤ rien de particulier qui dût plus l'effrayer » qu'en un autre temps.Saint-Prix, valetde-chambre du Roi, lui préfenta des prunes de Brignoles, dont il goûta, » & un mouchoir pour s'effuyer l'œuil, qui étoit fouvent humide du côté de

» la plaie qu'il avoit reçue autrefois à » la joue. On dit, à cette occafion, que Pericard, fon secrétaire, ayant su » que Crillon

Crillon, colonel du régiment » des Gardes, avoit fait fermer les por »tes du château, entra dans une grande appréhenfion, & lui envoya un page pour lui porter fon mouchoir qu'il avoit oublié, & que dedans il mit un billet, où ces mots étoient écrits: fauvez-vous, Monfieur, ou vous êtes » mort: mais on ne le laiffa pas paffer.

Sur les huit heures du matin Revol, fecrétaire d'état, vint dire au duc de Guife, que le Roi le de» mandoit dans fon cabinet; il y alla & ❤entra dans la chambre par une courte galerie qui la féparoit de l'anti-chambre. La porte ayant été auffi-tôt fermée, comme c'étoit la coutume, il tourna vers le cabinet de la gauche, » où on lui avoit fait entendre que le Roi étoit. Ayant levé la capiflerie, & » s'étant un peu penché, parce que la porte étoit basse, il fut à l'instant at» teint de fix coups de poignards, qui » ne lui laifferent que le temps de crier, ≫ mon Dieu, ayez pitié de moi. »

D'autres difent que Saint-Malin, un

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