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ronne, ils fe contentaffent de l'hom mage des Comtes, qui fe chargeoient. du foin de fournir en tems de Guerre les Troupes neceffaires pour conferver l'Etat.

Raymond VI. étoit Comte de TouToufe lors que les Croifez vinrent cette année 1211, en former le Siege : &. ce quil y a d'étonnant, c'eft que ce. Seigneur qui n'avoit pas cru pouvoir refifter à la Ligue pendant que les Etats de la Maifon de Beziers tenoient pour les Albigeois, entreprit de le faire, lors que ces mefmes Etats curent été conquis par les Croifez. Il dévoit ne fe déclarer jamais, ou il falloit fe déclarer plûtôt : on cft obligé néanmoins de lui rendre cette juftice que dans la refolution qu'il prit de foûtenir le Siege, lui & les Comtes de Cominges & de Foix fe comporterent en gens de cœur & en fidelles amis.

L'Armée Catholique qui venoit les affieger, étoit compofée des Troupes que le Comte de Montfort avoit à fa folde, & de celles que commandoient le Comte de Bar & quelques Princes. Allemans, qui attendoient au premier jour les Comtes de Champagne & de

Châlons; le tout ne devoit pas monter à plus de vingt mille hommes auffi n'étoit-ce pas fur le nombre que les Croisez avoient compté.

:

Thibault Comte de Bar leur pa roiffoit valoir une Armée entiere, & ils étoient perfuadez que ce Prince alloit renouveller les plús memora bles actions des plus vaillans Capitaines. C'étoit lui qui avoit contribué 1211 plus que perfonne au fuccez du Sie- Petr. ge de Termes, dont plufieurs autres Vall Princes avoient jugé la prife impoffible.

Ce fut auprés de Montaudran, fur les bords de la petite Riviere d'Hers, & à demie lieuë de Touloufe, que Raymond & Simon Comte de Mont fort fe virent la premiere fois aux prifes l'un avec l'autre. Pierre de Vaucernay donne l'avantage de cette ac2 tion au Comte de Montfort, parce qu'il força le paffage; & l'Hiftorien des Albigeois le donne à Raymond parce qu'aprés avoir repouffe plu fieurs fois les Gatholiques, il fit fa retraite au petit pas avec le fils de Montfort qu'il emmenoit prifonnier Ces deux Hiftoriens ne font gueres plus d'acord fur les premieres circon

K. S

ftances du Siege. L'Hiftorien Catho lique dit que les Affiegez furent repouffez en defordre toutes les fois qu'ils oferent paroître, & que dans une feule occafion ils perdirent un parent du Comte de Cominges, & Guillaume de Rochefort frere de l'Evefque de Carcaffonne. L'Albigeois parle d'une fortie qui fe fit dès le commencement du Siege, & où les Heretiques enfoncerent les Croifez à la vûë de Montfort, qui vint le jetter au milieu de la mêlée, & qui y eut un cheval tué fous lui, fans pouvoir rallier fes gens, & les remener au combat.

Je n'entreprends pas d'aprofondir qui des deux Auteurs a fuivi exactement la verité. Je paffe aux faits dont ils conviennent, & qui meritent plus l'attention du Lecteur. Le Comte de Toulouse, naturellement apliqué & attentif à tout, avoit obfervé dès les premiers jours du Siege que fes ennemis apefantis par les chaleurs du Languedoc, qui font beaucoup plus grandes que celles qu'on reffent le long du Rhin & de la Seine, demeu→ roient une partie du jour, ou plongez dans le fommeil, ou du moins inca

pables d'agir. Il jugea d'abord que ces momens étoient pour lui le tems de fa bonne fortune. Outre cela il fut averti qu'Euftache de Quen & le Châtelain de Malphe, qui avoient été P. de V commandez par Montfort pour amener inceffamment un convoy, pré- Chaff tendoient couler le long des murailles de Touloufe, & paffer dans le Camp de Montfort, qui étoit de l'autre côté de la Ville, fauffement perfuadez que les Touloufains fe laiffoient aller au fommeil comme faifoient les Croifez.

Une occafion fi favorable aux Albigeois devint encore plus belle dans les mains du Comte de Touloufe. Il détacha quelques Bataillons pour aller couper le Châtelain de Malphe, & lui cependant vint donner dans les lignes de Montfort avec une impé

qui

coiffoit foûtenue de tou

tes les forces de Touloufe. La feinte avec laquelle il battit incontinent en retraite devant les Affiegeans, couvrit davantage le ftratagême dont il ufoit pour furprendre le convoy du Châtelain. Tellement que l'Armée des Croifez goûtoit le plaifir d'une prétendue Victoire, pendant que le Châtelain & Euftache qui fongeoient

beaucoup plus à fe défendre de l'ar deur du Soleil, qu'à tomber fur un gros d'Albigeois, furent aifément diffipez. Euftache tomba mort d'un coup de fabre, & le Châtelain prenant la fuite, laiffa fon convoy au pouvoir des heretiques. Ce qui caufa une difette fi generale parmi les Croifez, que la paye du Soldat n'étoit plus que la dixième partie de ce qu'il eût fallu pour fournir à fa dépenfe.

Les François ne pouvoient qu'à peine fe perfuader que les Albigeois, accoûtumez à fuir devant eux, les euffent battus à leur tour. Pour réparer en quelque maniere leur honneur, ils couperent les arbres & lesvignes qu'ils avoient épargné julqu'alors, & ils en formerent un amas prodigieux de fafcines capable de combler le foffe de Touloufe, eût-il été cent fois plus large. Hs revenoient en triomphe avec ces vaines dépouilles de vignes & de vergers, quand ils entendirent que les Albigeois étoient vengez par avance. En effet, pendant que les François & les Allemans, répandus aux environs dè la Ville, faifoient la guerre aux arbres, ayant laiffé Thibault Comte de

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