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qui pouvoient plaire au Roy, que·le· Cardinal écrivit à Rome qu'on avoit tout fujet d'être content de fa déference. Ainfi ni Loüis, ni le Legat n'examinerent point quels étoient leurs droits. Le Legat publia les Brefs par lefquels le Pape confioit Touloufe au Comte de Montfort juf ques au tems du Concile general, indiqué pour le premier de Novembre, & Louis fit démolir les murailles do Narbonne & de Touloufe. Ils fe feparerent en auffi bonne intelligence qu'ils y avoient vécu ; Louis retourna en France, & le Cardinal reprit le: chemin de Rome.

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Une feule chofe manquoit aur bonheur du Prince & du Legat. Ils n'avoient pu reconcilier parfaitement le Comte de Montfort avec l'Archevef que de Narbonne. L'Archevefque prétendoit que la qualité de Duc de Narbonne étoit jointe à celle d'Archevefque, & en confequence de cette prétention il s'étoit opofé à la démolition des murs de Narbonne. Montfort foûtenoit que la qualité de Duc de Narbonne étoit un titre des Comres de Touloufe ; & comme il reprefentoit ces Seigneurs, il avoit deman

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dé la démolition des murailles de Narbonne, dont il vouloit punir la révolte. Je ne doute pas que l'Archevefque, qui avoit de l'efprit & de la vertu, n'eut pour lui de fortes: raifons, puifqu'il s'engagea dans un different avec le meilleur de fes amis: ces raifons néanmoins parurent foibles aux Arbitres, qui furent Louis & le Legat. Ils déciderent en faveur du Comte: aprés quoi Montfort fut difpofé à vivre avec l'Archevefque comme il avoit fait avant leur different. L'Archevefque de fon côté ne fut pas dans les mefmes difpofitions; il ne croyoit pas que Montfort eût pu le contredire fans violer les plus faintes loix de l'amitié..

Il étoit trop homme de bien pour haïr le Comte, mais il étoit homme; & dans ces fortes d'occafions, quoi qu'on tâche de fe vaincre, il arrive quelquefois qu'on trouve des raifons de confcience, finon pour fe venger, au moins pour s'opofer fortement aux vûës de ceux dont on eft mal content. L'Archevefque trouva ces fortes de raifons; & quoi qu'il eût écrit à Rome que la Religion ne pouvoit fubfifter dans le Languedoc, fi l'on y laif

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foit régner Raymond, il commença d'avoir de la compaffion pour ce · mefme Raymond, il le plaignit, il le trouva moins heretique qu'auparavant.. Il crut qu'on pouvoit lui rendre. Toulouse. Il jugea qu'on le devoit il fit un voyage à Rome pour le demander, & il fut le plus grand adverfaire que le Comte de Montfort trouva auprés du Pape & du Concile qu'on tint en ce tems-là à Rome..

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La paffion qui le féduifoit ment fans qu'il s'en aperçût, n'empefchoit pas le refte des Catholiques de juger comme auparavant du Com-te de Montfort & du Comte de Tou-loufe, ainfi qu'on le va voir.

Au mois de Novembre de cette 1215. année 1215.commença le quatriéme Concile de Latran, venerable par le nombre de ceux qui le compoferent. On y vid les Patriarches de Conftantinople & de Jerufalem, les Députez des Patriarches d'Alexandrie & d'Antioche, foixante-dix Archevefques, quatre cent Evefques, huit cent Abbez ou Prieurs, les Ambaffadeurs des Empereurs de Conftantinople & d'Allemagne, & ceux

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des Rois de France, de Caftille,d'Añ2 gleterre, d'Arragon, de Chypre, de Jerufalem, & de Hongrie. De forte qu'il n'y eut jamais d'Affemblée plus augufte. Elle avoit à fa tête le Pape Innocent III. que la longue experience, jointe aux qualitez qu'on admire dans les plus grands Pontifes, faifoit confiderer comme un des plus dignes Pafteurs que l'Eglife pût avoir.

C'eft dans ce Concile qu'après avoir traité des Affaires de la Terre-Sainte; pour lesquelles il avoit été principalement convoqué, & dont je ne parlerai point, cela ne faifant rien à mon fujet, les Prelats jetterent les yeux fur le Languedoc pour en examiner les herefies, & pour décider à qui l'on devoit donner la Comté de Touloufe, que les Armes des Croifez avoient conquis à la follicitation du Roy de France.

Le premier point qui touchoit l'herefie ne fouffrit nulle difficulté; car l'Esprit de Dieu qui avoit autrefois conduit la plume de Clement Ale xandrin, d'Origene, d'Archelaüs, de Tite de Boftre, de S. Epiphane, de S. Chryfoftome, de S. Augustin, & de tant d'autres pour combattre

ceux qui admettoient alors deux principes de toutes chofes, l'un bon & l'autre méchant ; ce mefme efprit porta tous les Pères du Concile de Latran à condamner de nouveau cesserreurs d'une maniere plus autentique qu'elles ne l'avoient été jufqu'à ce tems-lå.

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Les Albigeois tenoient deux principes, ou deux Dieux, & le Concile déclare qu'il n'y a qu'un feul principe de toutes chofes. Les Albigeois s'imaginoient que le corps étoit partie d'une matiere incréée; que les bonnes ames étoient des parties de la fubftance du bon principe, & que les méchantes, c'eft à dire les démons, & la concupifcence, étoient une partie de la fubftance du mauvais mais le Concile enfeigne qu'un feul principe, c'eft à dire un feul Dieu, a tiré du néant la matiere & l'ame, & que les démons & les hommes vitieux n'ont

point été faits méchans, quoi qu'ils le foient devenus.

Les Albigeois moient le Mystere adorable de la Trinité ; ils prétendoient que Moïfe & les Prophêtes avoient été les organes d'un Dieu méchant que JESUS CHRIST. n'avoit

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