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de Beauvais, de Xaintes, & de Tour nay; rien ne fut plus heureux que, le commencement de la Campagne... Marmande qui venoit de fe rendre aux Princes de la Maifon de Touloufe, & où Centulle Comte d'Astarac commandoit, fut contrainte de s'abandonner à la difcretion de Loüis. L'Evefque de Xaintes vouloit qu'on paffât les Habitans au fil de l'épée ; & Alberic raporte qu'on les tailla effectivement en pieces au nombre de cinq mille. D'autres Auteurs difent que Louis, le Comte de Bretagne & le Comte de S. Pol, ne purent con fentir à un tel malfacre, croyant qu'il étoit indigne d'eux d'ôter la vie à des ennemis qui ne pouvoient plus fe défendre. La fuite de la Campagne fut auffi defastreuse, que le commencement avoit été favorable: onmarcha vers Touloufe, & dès les premiers jours du Siege on eut des indices d'une confpiration tramée contre la per fonne de Louis: on ne fçait fi la confpiration étoit au fond réelle, ou feulement un artifice des Touloufains, pour entretenir la défiance parmi les Croifez; ce qui eft feur, c'eft que le bruit qui s'en répandit aigrit & divifa.

tellement les François, que s'accufant mutuellement les uns les autres, & ne penfant chacun qu'à fe difculper, perfonne d'entr'eux ne prit à cœur le fuccez de la Guerre, & les Affiegez brûlerent toutes les machines de leurs ennemis.

Louis reffentoit d'autant plus vivement ce revers de fortune, que c'étoit te premier qui avoit terni l'éclat de fes Armes: la Campagne fuivante il vouloit revenir fus fes pas, quand les ordres du Roy fon Pere l'arrêterent; non que Philipe fût bien aife de laiffer fon fils dans l'humiliation, ou qu'il craignît pour le fuccez de fa nouvelle entreprise, mais parce que le Prince étant d'une compléxion tres-delicate, Philipe aimoit bien mieux qu'il eût moins de gloire, & que fa vie fût un peu plus longue. Le Roy aprehendoit que fi fon fils venoit à mourir, la Couronne ne demeurât entre les mains de fon petit-fils, qui n'étoit qu'un enfant, & hors d'état de la défendre contre fes ennemis : Louis, G. de P. difoit-il › ne manquera pas après ma mort de fe rendre aux prieres des Evefques, & de retourner dans le Languedoc, où il mourra infaillible

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ment. Du moins pendant que je fuis encore en vie, je veux conferver à mès Sujets un Prince fi capable de les gouverner Nous verrons dans la fuite avec combien de raison Philipe parloit de la forte.

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Cependant le Legat Bertrand quitta le Languedoc auffi-tôt qu'il defefpera de voir Louis flieger une feconde fois Touloufe. Raymond le jeune y pouffa plus que jamais les Croisez. Il reprit de nouveau Jean & Foucaut de Brigny, à qui une échange de prifonniers avoit rendu la liberté, & il punit exemplairement ces méchans hommes, dont les crimes, plus que ceux d'aucun autre, avoient attiré la malediction du Ciel fur la Ligue, Ces deux freres, indignes du monde Catholiques, extorquoient des fommes exceffives, des prifonniers de Guerre. Tomber dans leurs mains, c'étoit au moins perdre tous fes biens; differer à donner la rançon qu'ils demandoient, c'étoit s'expofer à la rigueur de la foif & de la faim dans le fond d'un cachot; mourir dans leurs prifons, c'étoit affez pour être jetté à la voirie. Leurs Soldats enlevoient publiquement les femmes. On dit

sque mécontens d'un homme fort riche, & de fon fils, qui ne leur four'niffoient pas affez tôt une grande rançon, ils obligerent le pere à pendre fon propre fils, & le firent enfuite expirer lui-mefme à une potence.

Aprés ce dernier crime, les deux de Brigny, Valas, Seguret & le Vicomte de Lautrec rencontrerent Raymond le jeune, le Comte de Foix & le Comte de Cominges. Arnauld de Villamur confeilloit à Raymond de ne pas commettre fa perfonne. Le Vicomte de Lautrec étoit auffi d'avis que ceux de fon Parti n'attaquaffent pas non plus le Comte. Le fentiment de l'un & de l'autre fut méprifé. Le tems étoit venu où les deux freres dont on a parlé devoient périr. Raymond fe battit feul à feul avec Seguret, & il prit ce brave Chevalier de fa main, pendant que les Seigneurs qui l'acompagnoient prirent les deux de Brigny. Raymond fit attacher leurs têtes à des pieux aux Portes de Touloufe, où elles fervirent de fpectacle & de jouer à ceux qu'elles faifoient trembler de peur quelques jours auparavant.

Les fruits de la Victoire pour le

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-jeune Raymond, furent la prife de Puylaurens, la défaite d'Alain de -Roffiac, dont la mort fut fuivie de la réduction de Realmont, & de celle d'une infinité de Châteaux, dont la lifte feroit trop longue, fi je voulois fuivre ce Prince pas à pas, & nommer tous les endroits où l'herefie ren-tra pour lors avec les Troupes.

Je paffe de cette funeste Campagne à la fuivante, où S. Dominique ayant reçu dans le Ciel le prix de fes merites, demanda fans doute à Dieu qu'il arrêtât les fleaux dont il ufoit pour punir les Croifez. J'aurois parlé fouvent des travaux de ce grand Saint, fi fes premiers enfans n'avoient pas penfé davantage à imiter fes vertus, -qu'à en laiffer une Hiftoire exacte. Nous ne le connoîtrions prefque point, fi Vincent de Beauvais, dans le caractere qu'il en fait en peu de mots, n'avoit donné lieu de conjecturer au moins une partie de fes actions.

Dominique, felon cet Auteur, avoit l'efprit ferme, une égalité d'ame inalterable, un vifage où la paix de la confcience & la joye qu'on goûte au fervice de Dieu étoient peintes

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