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Campagne, ne refifte gueres, que pour périr d'une double maniere ; premierement par fon propre courage, qui expofe fes Habitans à mille dangers, & enfuite par la valeur des Afliegeans, à qui toft ou tard il faut : qu'on cede. Les François éleverent une Tour, du haut de laquelle on découvroit fi aifément ce qui fe paffoit dans la Ville, qu'avant même que les Affiegez pûffent faire quelque tentative contre les machines des Affiegeans, on avoit pris les précautions necéffaires pour rendre les forties inutiles. On eut foin de couvrir le Rhône de Barques armées pour fermer le paffage à ceux qui vouloient entrer dans Avignon, ou qui prétendoient en fortir; enfin on dreffa au pied des murailles une machine à plufieurs étages, au haut de laquelle il y avoit un Pont-levis, qu'on jetta fur le mur, & qui ouvrit aux François un chemin pour faire entrer plufieurs hommes de front dans la Place. Avignon eur alors recours à la clemence du VainG. de P. queur. La capitulation fut bien differente du Traité que le Roy avoit offert avant que de commencer le Siege: le premier Article dont les Bourgeois.

convinrent, fut de donner deux cent ôtages: par le fecond & par le troifiéme ils confentoient que le Roy fit combler les foffez, rafer les murailles, & abattre les trois cent plus belles maifons de la Ville. L'Armée Françoise pendant le refte de la Campagne eut dequoi fe remettre de ses ; fatigues la marche qu'elle fit à travers le Languedoc par Beziers, Carcaffonne, Pamiers, Caftelnaudary, Puylaurens & Lavaur, ne fut plus. qu'une espece de Triomphe. Touloufe refufoit de reconnoître fon Sou-verain, la faifon étant trop avancée pour en commencer le Siege. Le Roy, laiffa une partie de fon Armée aux environs, fous le commandément d'Imbert de Beaujeu, & il reprit la route de France, pour y former le grand nombre d'Efcadrons & de Bataillons avec lefquels il prétendoit achever l'année fuivante la conquête du Languedoc.

Jamais Loüis n'avoit été plus cheri de fes Peuples, & jamais il ne leur coûta tant de larmes qu'à la fin d'une année fi glorieufe: les maladies qui avoient fait mourir prés de vingt mille François devant Avignon avoient

ataqué les Seigneurs comme le fimple Soldat, il en étoit mort plufieurs durant le Siege; & la plupart des Villes où l'on paffa en retournant en France fürent triftement illuftrées par la perte qu'on y fit de quelques perfonnes de marque. Philipe Comte de Namur & Guillaume Archevefque de Reims moururent à S. Flour en Auvergne; le Roy lui-mefme tomba malade à Montpenfier Ville de la mefme Province, & il y mourut le 7. de Novembre, la troifiéme année de fon Régne, & la trente-neuviéme de fon âge: Ce grand Roy merite de vivre éternellement dans la memoire des bons François, non feulement à caufe des Victoires qu'il remporta fur les Anglois, qu'il chaffa du Poitou, ou à caufe des Campagnes qu'il fit dans le Languedoc pour détruire l'herefie, mais encore parce qu'une pieté veritablement Royale a fait proprement fon caractere. Un des Hiftoriens de fa Vie raporte que'Loüis n'avoit jamais eu d'autre engagement que celui de fon Mariage: Guillaume de Puylaurens affure que fa derniere maladie ne lui fut caufée que par la violence qu'il fe fit pour garder la continence

conjugale dans l'abfence de la Reine: on en étoit fi perfuadé, qu'un des Seigneurs de la Cour fit fecrettement entrer dans le lit du Roy une jeune fille, mais Louis ne s'en fut pas plûtôt aper- Gesta çu, qu'il protefta que rien n'étoit ca- lud. pable de lui faire oublier fon devoir, & il mourut dans ces fentimens.

Alors, comme l'avoit prévû Philipe-Augufte, la France privée d'un Roy dont la compléxion étoit trop foible pour foûtenir les travaux de Ia Guerre, paffa dans les mains de Louis IX. qui n'étoit encore qu'un enfant. Elle ne fut pas néanmoins pour cela en proye à fes ennemis, comme Philipe l'avoit aprehendé. Blanche mere de Louis. IX. & capable de tenir-les refnes de l'Etat, n'avoit rien des qualitez qui font particulieres à fon fexe, finon une extraordinaire beauté qui la faifoit dominer für la plupart des Grands, & une diffimulation fort adroite, fous les dehors d'une humeur riante & enjoüée; elle étoit également habile à profiter du defordre que caufoient les paffions des autres, & à contenir les fiennes dans les bornes d'un veritable honneur. Si quelques Auteurs ont parlé

8. de

Chefne.

1127.

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mal de cette Princeffe ce font des
Anglois jaloux de l'éclat qu'elle don-
noit à la Monarchie Françoise, ou :
des faifeurs de Romans qui n'ont pas
voulu que cette Reine eût dans leur
fable la gloire d'avoir été auffi infen-
fible à la galanterie, qu'elle l'eft dans -
lés veritables Hiftoires. Les fages Ca-
ftillans n'ont jamais eu plus de tête
qu'en eut cette fage Caftillane, & fa.
conduite eft un modéle acompli d'une
rare politique, foit qu'on en juge par
les deffeins qu'elle forma, ou par le
fuccez qu'eurent fes Armes, ou par
l'éducation qu'elle donna au Roy fon.
fils.

Une des premieres chofes que fit!
Blanche, fut d'affurer le comman-
dement de l'Armée du Languedoc à
Imbert de Beaujeu ; il étoit impoffi-
ble de lui donner un Chef plus fage &
plus expérimenté. Beaujeu fit heu
reufement le Siege de la Beffeide, qui
étoit le plus ferme Boulevard qui ref-
tât à l'herefie, & où deux Albi-
geois des plus braves, Ponce de Vil-
leneuve & Olivier de Termes com-
mandoient: on prit la Ville, & les
heretiques qu'on y trouva périrem-
dans les flâmes; le refte des Habitans.

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