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hommage à fon Evefque; ce faint Prelat ne furvécut gueres à l'honneur qu'il venoit de recevoir,

Comme un autre Simeon il ferma 113 les yeux dès qu'il eût vû le Saint dü Seigneur rentrer dans Touloufe. Să mort qui vint trop toft, comme celle des grands Hommes qu'on regrette toûjours quand ils meurent, quelque avancez qu'ils foient en âge, arriva le jour de Noël de l'an 1230. Quelques Hiftoriens difent de lui, qu'il étoit un Ambroife, parce qu'il parla toûjours avec fermeté aux Puiffances rebelles à Dieu; il reffufcita fon Eglife, c'eft l'expreffion de Guillau me de Puylaurens Auteur contempo rain; c'étoit un Prophete ; c'étoit un Apôtre. Ses Prédications cauferent des mouvemens incroyables en Al lemagne, en Flandre, en France, & y formerent ces Armées qui vinrent rétablir le Royaume de JESUS CHRIST dans le Languedoc & dans les Provinces voisines.

Il étoit de ces Saints qui n'ont rien de farouche, & dont la vertu eft éga lement éclairée, agiffante & aimable. Il donnoit fon revenu aux Ecclefiafti ques pendant les Conciles, aux Croi

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fez en tems de Guerre, & aux pauvres durant la Paix. C'eft lui qui fit connître Saint Dominique au Pape, & la protection conftante qu'il donna dans toutes les occafions à ce faint Homme, eft une preuve bien feure qu'il fçavoit également connoître & récompenfer le merite.

Il eut pour Succeffeur celui qu'il avoit fi fouvent fouhaitté de voir en fa place, c'étoit Raymond de Folga-rio, de l'Ordre des Freres Prêcheurs. Le nouveau Prelat fut un digne imitateur des vertus de Foulques, dans. tes vûës duquel il fe fit un devoir d'entrer, blamant la conduite de ceux qui affectent de s'éloigner prefque entout des manieres de leur Prédecef feur. Sa conduite étoit un mélangede force & de douceur: il s'infinua parfaitement dans l'efprit du Comte de Toulouse, & l'on vid enfin une chofe à laquelle on ne fe feroit jamais attendu. Raymond alloit avec fon Evefque à la découverte des heretiques, & paffoit les nuits en embuscade fur les montagnes pour les fur1232. prendre. Rien n'échapoit à une reAlberic cherche fi exacte. On arrêta dix-fept G. de P. des principaux, dont Payen, autre

fois Seigneur de la Beffeide, s'étoit fait le Chef, aimant mieux vivre en vagabond, & mourir avec la réputation d'un homme dont les fentimens ne changeoient point, que se convertir, & vivre honorablement dans fa Ville. L'Evefque mefme des Albigeois, nommé Vigor de Bacnie, fut découvert, & brûlé vif à Touloufe, fans qu'on fçache le détail de ce qui arriva à fon fuplice.

Il eut été à fouhaiter qu'un nommé Conrard, qu'on avoit honoré de la Charge d'Inquifiteur en Allemagne & dans les Païs-Bas, eut éré auffi fage que le nouvel Evefque de Touloufe. On n'auroit pas vu à l'ocafion des Manichéens d'Allemagne & de Flandres un defordre dont il eft neceffaire de parler, à caufe de ce qui doit fuivre. Conrard, qu'Alberic 12332 nous dépeint dans fon Hiftoire com- Alberic me le plus indifcret des hommes, fut affez fimple pour croire qu'il devoit ajoûter foy generalement à tout ce qu'une femme prétendue dévote, & tres-mal convertie, comme on le verra bien-tôt, lui racontoit. Cette méchante femme étoit allée, difoit-elle, au Sabat elle ajoûtoit qu'il n'y avoit

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nulle difference entre être Sorcier & être dans la Secte qui tenoit les deux principes, l'un bon, & l'autre méchant. L'Inquifiteur qui s'imaginoit avoir trouvé le fecret du Parti, & le moyen infaillible de reconnoître les heretiques, citoit à fon Tribunal tous ceux que la fauffe dévote lui nommoit, & à moins qu'ils n'avoüaffent qu'ils avoient été aux Affemblées nocturnes, & qu'ils ne vouloient plus s'y trouver, on les faifoit mourir. Pendant qu'une feverité fi mal entendue ne s'attaqua qu'au petit Peuple, elle n'eut pas de fuites facheufes pour l'Inquifiteur mais quand on vid qu'il s'adrefsoit auffi aux Perfonnes de la premiere Qualité, on fe déchaîna contre lui, fes ennemis le poignarderent, & Rome trouva sa conduite fi infoutenable, qu'elle ne demanda point juftice de fes Affal fins.

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Il fe peut faire que parmi les Manichéens qui reconnoiffoient deux principes il y ait eu quelques Magiciens. & quelques Sorciers; car S. Epiphane traite de Magiciens la plufpart de ceux qui tenoient ce monftrueux fyf ême, peut-être auffi quelques-uns de

ceux qui vivoient en Allemagne au treiziéme Siecle avoient-ils quelque commerce avec le Démon. Il n'eft pas mefme impoffible qu'il n'y eus alors de ces fortes de gens dans le Languedoc; où, felon Vincent de Beauvais, S. Dominique voulant un jour montrer à quelques femmes le Dieu méchant, que les Albigeois reconnoiffoient, leur fit paroître une bête dans la pofture où l'on croit que le Démon paroît au Sabat à ceux qui fe donnent à lui: J'ajoûte que la dif ficulté qu'on avoit d'aprofondir les myfteres des Albigeois; que la coûtume de les nommer comme les Sor ciers dans certaines Provinces que leurs abominations avec leurs femmes, & leur affectation pour faire renoncer au Baptefme, pouroient fournir quelques conjectures à ceux qui voudroient dire qu'il y avoit de la Magie & de la Sorcellerie parmi eux mais croire, comme fit Conrard, que tous les Albigeois & tous les Manichéens fuffent des Sorciers, c'est une imagination qui n'a nulle folidité; car quoi qu'Alberic attribue le grand nombre des Manichéens de Flandre à un celebre Magicion

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