qu'on vous fuplie tres-humblement. de profiter de l'exemple de vôtre illuftre Prédécesseur dans les penibles travaux que la confiance du. Roy & le devoir de votre Charge. vous obligent de foûtenir confervez-lui un Sujet qu'il ne peuteftimer fi fincerement fans vous. deftiner des Emplois encor plus. confidérables, que ne font ceux. dont il vous honore.

JE n'ofe me flåter que cet Ouvrage puiffe plaire à un esprit auffi délicat que le vôtre : Il fau droit penfer auffi jufte que vous, pour pouvoir vous donner quelque plaifir. Mais la matiere vous regarde: Il s'agit ici de la Reli gion, dont vous êtes le Protecteur, comme vous l'êtes de la Juftice.

JE fouhaiterois, MONSEIGNEUR, que cette Hiftoire, telle qu'elle eft, pût au moins vous délaffer quelgues momens au milieu de vos

grandes occupations ; mon Ouvra ge me paroîtroit alors digne de quelqu'eftime. Je fuis, avec un profond respect,.

MONSEIGNEUR,,

Votre tres-humble & tres obeïffant Serviteur,

JEAN-B. LANGLOIS de la Compagnie de JESUS.

PREFACE.

L

ES extravagances & les cruautez où les Camifarts viennent de tomber récem ment, ne nous donnent aujourd'hui qu'une foible image. du defordre que les Albigeois cauferent autrefois à peu prés. dans le même Païs. Ces Hé rétiques furent nommez Albi geois, parce que le Diocéfe d'Alby eft l'endroit où leur erreur fe fit d'abord connoître plus ouvertement.

FL y a dans nôtre Langue plufieurs Livres où il eft parlé de leur héréfie, & de leur ré volte contre l'Eglife. J'ofe dire pourtant que perfonne, à proprement parler, n'a donné jus

qu'ici l'Hiftoire de ces Hérẻ tiques,

CE n'eft qu'en paffant, & en peu de mots, que la plu part des Hiftoriens en trai tent; ou s'ils donnent une jufte étendue à quelque entreprife particuliere des Albigeois, cela ne fert, pour ainfi dire, qu'à faire obferver qu'ils ont négli gé ou ignoré le refte.

CEUX qui approfondiffent davantage les mouvemens & les féditions des Albigeois manquent d'un autre côté. Ce font des Hiftoriens du Lan guedoc, ou des Provinces voifines, dont les Ouvrages font remplis d'un grand nombre de réfléxions & de remarques propres feulement à intereffer ceux qui font originaires de ces Provinces de forte que nous ne pouvons presque foû tenir la lecture de leurs Livres,

& que nous pouvons encormoins, en les lifant, fuivre les intrigues & les violences des « Albigeois, qui font un des plus rares endroits de l'Hiftoi re de France.

* D'AILLEUR S ces Ecrivains ne font ordinairement nulle re cherche des chofes qui fe paf foient au même tems dans le refte de l'Europe; & qui ont une liaifon fi grande avec ce qui arrivoit dans le Languedoc, que fans cela on ne com prend rien à plufieurs révo lutions qui furviennent dans 'Hiftoire que j'entreprens d'é

crire.

POUR les Auteurs Calvinif tes, ils font rarement d'acord avec la verité. Les uns s'apli quent uniquement à faire une image affreufe des cruautez prétendues que les Catholiques Exercerent contre les Albigeois,