occupés qu'à vous faire appercevoir cene épithète, cette expreffion jolie. Mais chanter fur un ton ou fur un autre, c'est toujours chanter. Nombrons avec le Pere Lucas ces différents défauts, que nous déveloperons enfuite dans un détail raifonné & fuivi. Et me quando tenet non illaudata cupido At nemo: at tenfâ declamitet omnia voce Ille ululat, rudit hic (fari fi talia dignum eft) Non hominem vox ulla fonat ratione loquentem. Non me Alloqueris? Nec te auditor fequar ufque lo-- Quod faciam his fignis ne non cognofcere poffis. Ut premit ; ut fcalptum caput impatientia Quòd fi me excutio, ftri&to fi mordeor ungue Rideo, dum ploras; dum rides, torqueor intùs ; pana Quam fubterfugiat fub amico judice nemo: Ut mente aufcultans, fidâ nec profequar aure. CHAPITRE VI. Des mauvaises qualités qui rendent dans la plupart des Orateurs la voix & la prononciation défagréable & défectueufe. C Iceron condamne toute prononciation affectée ou négligée, toute voix lente fans vivacité, comme celle qui eft trop pompeuse ou trop rapide. La prononciation doit être claire & correcte, exclure tout ce qui eft obfcur, groffier, difcordant dans le fon. Une voix foible & molle qui bégaye, n'eft point propre à la Chaire; elle plaît dans les enfans, mais elle donne un ridicule marqué aux Orateurs qui fe produifent avec ce défaut. Ceux qui ont été jaloux de leur réputation, ont toujours travaillé avec foin à *Nolo exprimi litteras non inflata & quafi anhelaputidius, nolo obscurari ta graviùs proferri. Cie: z. negligentiùs, nolo verba de Orat. axiliter exanimata exire *** 2 Prononciation affectée ou négligée. Obfcure. Voix foible & qui bégaje. Voix & pro nonciation , corriger en eux le vice de la nature (a). Cette prononciation embarraffée naît ambarlaflies. quelquefois d'une trop grande application, d'un foin trop fcrupuleux de l'efprit qui travaille en parlant, qui pour ainfi dire, étudie les inodes & les tons qu'il . veut donner à fes paroles. C'eft par-là qu'Alcibiade reftoit fouvent court au milieu de fon Difcours (b). Saint Ephrem tomboit dans ce défaut, qu'il ne put jamais éviter quelque foin qu'il y apporta (c). Il ne faut donc point s'expofer au mépris d'un auditoire toujours refpectable, quand on a la voix foible, embarraffée. Il eft ridicule de prononcer en l'air un Difcours, ou de bégayer fur chaque Voix mai fyllabe. Une voix maigre & graffeyante Bre & graf offenfe la délicateffe de l'oreille, & enfeyante. nuie l'auditeur: elle peut fe fouffrir dans (4) Cogita multos, in Græcia fuiffe viros qui cùm primùm balbutie laboratent, diligenti & continad exercitatione vitium orisemendârunt. D. Chryfoft Homil. 17 in Matth. merum venire non poffint. Cic. L. 1. de Orat. (b) Verba conquirentem & componentem hæfiffe, atque à dicendi curriculo excidiffe. Theophraft. (c) Erat tardus in notioSed funt quidam aut ita nibus animi fui explicanfingua hæfitantes, aut ita dis, quod non tam linguæ voce abfoni, aut ità vultu fuæ ftupore, quàm cogitamotaque corporis, vasti at- tionis celeritate accidebat. que agreftes, ut etiamfi Gregor. Nyff. invisa ingeniis atque arte valeant, Ephrem, tamen in Oratorum nu Voix de les difcours familiers, mais elle choque Quid circum te quàque juvat prenfantis amiei P. Luc Voix plain. Il eft des Orateurs qui donnent dans tive & gémif- un autre excès par des tons gémiffans, , par des foupirs qu'ils affectent, par une refpiration coupée & qui fait fautiller les mots dans leur bouche. * Ce font des animaux qui paroiffent gémir fous le faix qui les accable dans leur marche. On ne foupire que de douleur, de colére ou d'amour; il eft rare que le Prédicateur fe trouve dans ce cas. Commencer fon Difcours par un foupir ou en laiffer échaper de temps en temps pour paroître plus pénetré, c'eft montrer des fymptomes de vapeurs myftiques qu'on ne permet point aux hommes. Il faut beaucoup d'efprit & d'art pour placer un foupir à propos, & lui ôter cet air de molleffe & de langueur qui lui eft comme naturel. Les paroles doivent le produire & le faire naître. Un faint Paul qui defire Rom. 7. d'être délivré de ce corps de mort: Infelix ego homo ! quis me liberabit de corpore mortis hujus? le Prophete Roi qui entre en efprit dans le Sanctuaire éternel de la Divinité, donnent par leurs foupirs un nouvel éclat à la vivacité des fentimens 'de leur cœur, que leur bouche produit. Il est également rare que le Frédicateur 24 Sunt qui crebro an- jumenta onere & jugo belitu & introrfum etiam laborantia. Quint. 1. 11. elare fonante, imitentur c. ult. ait |