l'ut éleve les voyelles à la fin des incifions ou des émistiches, & du repos qui eft la plus petite infléxion ou élévation de la voix. Le mi nommé tierce, eft pour les paffions douces & paifibles qui s'excitent dans le corps du Sermon, ce qu'on peut appeller le petit pathetique. Le fa qui eft la quarte, eft pour les grands mouvemens, quand il faut déveloper la grandeur des fentimens de l'ame & des mouvemens du cœur à l'égard de quelque vérité. Le fol qui eft la quinte, ne paroît que dans le grand pathetique. L'Orateur Gracchus étoit fi fcrupuleux obfervateur de ces régles, que lorsqu'il haranguoit, il avoit un efclave à fes côtés qui avec un flageolet d'yvoire fifloit fi légerement Cic. ad & fi à propos, qu'il le remettoit dans Heren. tous les tons que demandoit le Discours, quand il s'en écartoit. L'Orateur varie fa compofition & fa prononciation felon la nature des chofes, auffi-bien que le Muficien. Celui-ci exprime & chante ce qui eft grand & élevé avec force, ce qui eft agréable avec douceur : il accommode fon art à fon fujet, conforme les airs aux paroles & aux paffions qu'il veut exprimer. De même l'Orateur felon qu'il pouffe ou qu'il ménage fa voix, remue différemment l'ame de fes auditeurs, Telle maniére de prononcer tel tour Quintik 1. de phrafe, & pour tout dire, telle union de l'une avec l'autre, eft propre pour exciter l'indignation, qui ne l'eft pas pour donner des fentimens de compaffion. Une attention néceffaire eft quand on hauffe ou qu'on abbaiffe la voix, de fi bien moduler aux environs du ton que l'on a pris, que l'on ne foit point entraîné dans aucune des deux extrémités. En fe tenant dans le point milieu, on diverfifie facilement fa voix ; on ménage par des modulations réflé chies ces tranfitions, ces gradations de ton qui nous conduisent d'une infléxion à une autre. Parle-t'on en commençant avec trop de feu? on force fa voix, on la fatigue. On paffe rapidement d'une phrafe à une autre, fans appuyer fur les finales. On oublie que les figures demandent différentes infléxions; on narre, on corrige du même ton; on eft incapable de réfléchir fur la laifon des idées qui regle la diverfité ou l'unité des mouve mens. Dans toute matiére il faut toujours une articulation diftincte, & marquer les fufpenfions du fens par une jufte durée. La néceffité de reprendre haleine de temps en temps ( Cic. 1. 3. de Orat.) a fait diftinguer le ftyle en périodes, les périodes en membres. Ces repos font fi agréables, que quand un Orateur pour- Nunc age morofa tollant qua certiùs auri, H Défauts de la voix. Va riétés défectueuses. t Multa quoque ut fanam commendet gratia vo сет. Nam quid proficimus, fi nos habet unius ardor, Ut quondam ad platanos Frontonis Statius. Denfis quippe viis vidiffes currere dictam Ante horam impranfum, magnâque libidine civem Dum fremit expellans deferta Codrus in ade Cui recitet. Cur fors geminis non @qua Poëtis? In promptu caufa eft. Memini fic fcribere vatem: Curritur ad vocem jucundam & carmen amica Thebaidos: rauci oderunt Thefeida Codri. Et dubitet placitam fibi quifquam affingere ve cem Præterea ? fed enim juvat koc ante omnia : crebro Siflexu interdum vox fit diverfa, neque una novi Ingenium auditus, teretem vel dulcia fenfum Insarium gravens: nec fi mihi Thracius Or pheus, Vel mihi fi chorda Dirceus oberret eadem Amphion,placeant. Non hic conftantia laus eft: Certa fides dictis. Quid tantùm frondea tecta, Dic,age,quid tantùm filvas Philomela canendo Exhilarat,Nympha ut plaudant & Pana coro Rent In choream manibus circum per mutuo nexis Faunique&Satyri,grex audiat immemor herba?, Nempè in multiplices folvit fua guttura cantus, tion. On peut, felon les régles de Quintilien, L obferver quatre chofes dans le fujet dont on parle. L'une générale, qui concerne Obferver la nature du fujet; car les uns infpirent 4. chofes dans la crainte ou la confiance: les autres rapport à la un sujet par inftruisent ou établiffent quelque vérité, prononciaou expofent quelque myftere, ou combatent quelque vice, ou font l'éloge de la vertu. La feconde confiste à examiner les différentes parties, l'exorde, la narration, la preuve, & la peroraison, qui toutes fe prononcent différemment. La troifiéme concerne les penfées, dans l'expreffion defquelles la voix fe doit varier fuivant la nature des fentimens & des chofes. La quatrième eft pour les mots qui demandent auffi quelque attention. S'il eft mal d'un côté de les vouloir exprimer tous par une action conforme à l'idée qu'ils renferment, de l'autre il y en a quelques-uns qui perdent toute leur force fi l'on n'en repréfente le fens. Ainfi dans les Panégyriques, (j'en excepte des Oraifons funébres) dans les |