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Courart.

remercimens, les exhortations & les au tres Difcours dans le même genre, la prononciation eft libre, pompeufe, élevée dans les Oraifons funébres, dans l'expofition des derniéres fins de l'homme, dans la morale, elle eft modefte, férieufe. Devant les Grands on prononce avec dignité, devant le peuple avec autorité. Dans les fimples inftructions on tiens le milieu. Dans l'explication des Myfteres, des grandes vérités de la foi, la voix doit porter un caractere de grandeur, imprimer de la véhémence aux paroles, de l'élévation aux fentimens. Dans les éloges elle eft légere, fleurie, agréable; elle agite avec douceur, elle releve l'éclat de la diction, en fait fentir toutes les beautés, & s'uniffant aux traits brillans que Fefprit lui fournit, elle répand cette fineffe, ces graces de l'action qui infpirent de l'admiration & du respect pour la vertu des grands hommes qu'on nous expose. C'eft alors que l'air du vifage foûtenu par la majefté & l'onction de la voix, feroit feul capable de nous intéreffer, quand même la langue de l'Orateur nous feroit inconnue.

Faut-il inftruire ? Une prononciation claire & bien articulée vous fuffit. Parlez-vous des actions des hommes ? elles font juftes ou mauvaises; vous

en propofez l'admiration ou l'horreur. Accommodez l'accent de votre voix à leurs qualités. Ufez d'une prononciation haute & pleine, d'un ton de contentement & d'eftime pour les bonnes; prenez une voix forte, emue, un ton d'indignation pour les mauvaises. Les évenemens de la vie font heureux ou malheureux : il faut marquer cette différence; parler des heureux avec une voix claire, éclatante; avoir un accent trifte & plaintif pour les malheureux. Comme les chofes naturelles ne font point également confidérables par leur grandeur, leur beauté ou leur éclat, elles ne veulent point auffi une voix également pompeuse & magnifique. Il feroit ridicule de prononcer d'une voix tragique, des chofes ordinaires; ou d'une voix baffe & familière, des chofes importantes & extraor dinaires.

vres.

Il n'eft point de fautes légeres en fait Mouve de prononciation. Il faut être attentif mena des l jufqu'aux mouvemens des lévres; parce que la maniére de les remuer en prononçant forme des tons plus pleins, plus clairs ou plus obfcurs.

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Me quondam puerum, fi ritè audita recordor:
Ora puer, ritu tantùm diftende patenti

P. Luc

Prononcia

Et vocalem animam reclufis funde labellis.
Dicebat: Sonet A ; mihi littera prima fonabat,
Dum fenis ad nutum puerilia labra figuro.
Hic rursùs: Primis linguam tantùm apprime
labris,

Exeat E fonat E dum juffus rumpitur ore
Halitus. Aft iterum malam demitte fupremam,
Inflabat, dabit I: fubitò compreffa fupernè
Lingua fonat, datur I, dum pareo. Jufferat

idem

Tenuem fe in labris orbem finuare reduais.
Ore rotundato fimilis mihi littera forma,
Seu jam pita, oculos ferit O, dum verberat

aures.

U quoque diducit buccas hinc inde tumentes.
Poft hac apparent labiorum margine in ipfo
Confona, quaque fuis elementa exfcripta figu
ris,

Dum jubeo celeres mandata facessere malas.

Prononcez les mots felon l'ufage comtion des mots. mun & ordinaire de ceux qui parlent bien. Ayez, comme je l'ai déjà demandé, une connoiffance exacte de la Grammaire

Conrart.

françoife, pour fçavoir la quantité des mots, leur valeur & leur force. Les paroles qui ont quelque chofe de grand, foit par rapport à la Grammaire pour les fyllabes, comme pompeux, magnifique, formidable, combattre, épouvanter; foit par rapport à la métaphore, fe prononcent avec emphafe & d'un ton plein. Celles qui marquent la foibleffe, la douleur, &c. fe prononcent d'une maniére

foible, timide, languiffante. Si je fonde vos cœurs, penfez-vous que j'y trouve une foi vive, forte && puiffante? j'apprebende, ou de n'en point trouver en vous, ou de la trouver foible, défectueuse, languiffan te, &c. Ces mots, vive, puiffante ont un fon ferme, plein, élevé; les derniéres ont un ton plaintif, douloureux, & languiffant. Jufques à quand, Chrétiens jufques à quand abuserez-vous de la bonté

de la patience de votre Dieu ? Il ne faut point s'arrêter fur jufques à, mais fur quand & le traîner un peu: coulez fur abuferez, & demeurez sur vous. Coulez également fur bonté & patience, mais allongez le pénultieme de patience, qui eft long à caufe des deux confonnes n & c. Un Chrétien fait fe refufer aux plaifirs Gaux vanités du fiécle, mais il n'en eft pas moins heureux, &c. Ce mais le prononce comme s'il étoit double. Il ufe de ce monde comme n'en ufant pas. Ce mot, monde, doit être allonge. Dans les fentences comme dans les mots particuliers dont elles font formées, on fléchit diversement la voix, dit Quintilien. On Quintil prononce d'une voix baffe, pauvre, &c. d'un ton élevé & fort animé, cruel, viotent; par cette forte de convenance de l'action & de la prononciation avec les chofes que l'on dit, on leur donne toute

Grenada

Conr.

la force & l'étendue du fens qui leur eft propre. Sans cela la voix fait entendre une chofe, & l'efprit en prefente une autre. Que dis-je par les mêmes mots diversement prononcés on déclare simplement, on interroge, on fait entendre des chofes toutes différentes. Dites avec emphase les mots emphatiques, foit pour affirmer fortement, comme ceux-ci, certainement, indubitablement, expreffément; foit pour louer & élever, comme admirable, incomparable, pompeux, héroïques adorable, termes qui defirent un ton plus pompeux, plus magnifique; foit pour blâmer & détefter, comme atroce, énorme, monftrueux. On pefe fur ces mots de quantité, grand, haut, fublime, profond, long, large, innombrable, éternel; & fur ceux d'univerfalité: tout le monde, universellement, toujours, jamais. On prononce avec une voix abbaifféè & d'un accent dédaigneux les mots d'exténuation, comme vain, petit, bas, vil, foible. Il Grenad. eft des expreffions où il faut un ton de voix aigre & menaçant, comme dans celles-ci: Ma fureur s'eft allumée comme une flamme impétueufe, elle pénétrera jufqu'au fond des enfers, elle brûlera la terre, embrafera les montagnes jufques dans leurs fondemens; & ces autres : Deuret. 42. J'enyvrerai mes fléches du fang des bom

Deuter. 32.

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