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mes, & mon épée se raffafiera de leur chair. Nous fortons de la table facrée comme des lions enflammés, & refpirant un feu qui nous rend terribles aux démons mêmes. Chacune de ces paroles veut une étendue de voix particuliére & pouffée avec force; mais il ne faut point affecter une groffe voix, ni forcer le ton naturel.

Il faut être attentif à foûtenir fa voix Cong. dans les derniers mots, quand ils font compofés de fyllabes qui rendent un fon foible & languiffant. Car fi vous finiffez une période, une phrase par ces mots, une fplendeur éclatante & incomparable, quoique vous ne hauffiez pas votre voix, & que vous ne la faffiez pas fonner autant que vous pourriez, elles ne laiffent pas d'être entendues à cause du grand fon que rendent les a & les a qui s'y rencontrent; mais fi vous finiffez par ces paroles: Ce n'eft qu'une figure, un type, une fimilitude, & que vous les prononciez foiblement, elles mourront dans votre bouche, & ne parviendront pas à l'oreille de vos auditeurs, à caufe du peu de fon que rendent les e les i & les u.

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Il faut prendre fur fes poulmons, fans Prononcia cependant crier & fe mettre hors d'halei- tion dans les ne avant que d'avoir fini une période. périodes. Respirez de temps en temps d'une manié

re peu marquée, & tenez toujours l'au

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diteur attentif par l'action des yeux. II eft une gradation dans la voix pour appuyer & faire fentir avec plus de force ce qu'elle exprime. C'eft un défaut de terminer une période par un ton différent. Soûtenez votre voix fur la derniére fyllabe mafculine, ou fur celle qui précede la féminine. Appuyez un peu plus fortement fur cette derniére fyllabe, quand elle eft le nominatif ou le participe d'un verbe qui interroge, ou le dernier mot de l'interrogation. On détache par un leger changement de ton les propofitions incidentes & les parentheses, afin que rien n'échappe à l'auditeur. On appuie également avec force fur les premiers termes d'un fens contraire, ou qui expri me une conféquence.

Il eft des périodes courtes & d'une feule propofition, elles fe prononcent d'une haleine; d'autres plus longues, qui fe prononcent à diverfes reprises. Enoncez en la premiére partie fans vous arrêter: fi vous ne pouvez dire la feconde de même, faites plutôt une paufe que

de forcer votre voix. Ne vous arrêtez qu'à des endroits convenables, après deux points, ou pour le moins après une virgule. Dans les autres qui n'ont point le tour & la compofition de celles qu'on appelle proprement périodes, mais qui

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nard.

renferment feulement un grand nombre d'articles, tous propofés d'une même façon, on reprend haleine autant de fois qu'on le defire, même à chaque article comme dans cet exemple: Que votre Esprit S. Berfe repofe fur de tels Prélats qui ne craigrent rien que Dieu; qui étant envoyés dans les provinces ne cherchent point l'or, mais J. C.; qui ne croient pas que leur légation foit une banque ; qui foient un Jean-Baptifte aux Princes, un Moyfe aux Egyptiens, un Phinées aux fornicateurs, un Elie aux idolâtres, un Elifée aux avarès un Pierre aux menteurs, un Paul aux blafphémateurs, un Chrift aux profanateurs du Temple, &c. Diftinguez donc les parties d'une pé- Cont. riode fans les féparer, à moins que le nombre en foit fi grand qu'un feul souffle n'y puiffe pas fuffire. Ciceron l'a fans doute obfervé dans celle-ci de l'Oraison. pour la loi Manilia: Quelle honte, Meffieurs, que celui qui a fait massacrer un fi grand nombre de nos concitoyens, en un feul jour, par toute l'Afie, en tant de villes, d'un feul mot, non-feulement n'ait pas encore reçu la peine d'un fi grand erime, mais ait regné depuis ce carnage l'espace de 23 ans, & regne avec tant d'infolence, qu'il ne fe tient pas renfermé dans le royaume de Pont, ni dans

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Pobfcurité de la Cappadoce, mais fort de l'heritage de fes peres, & vient vous braver dans la plus grande lumiére de L'Afie! 14. Après chaque période, il eft bon de faire une paufe fort petite, quand elles font courtes; & un peu plus longue quand elles font étendues. Cette méthode diftingue les périodes entr'elles, aide l'intelligence de l'auditeur, foulage la poitrine de l'Orateur. Obfervez encore de commencer la période fuivante un degré plus bas que n'a été la fin de la précédente: il convient auffi quelquefois de commencer d'un ton un peu plus haut que la fin de la précédente. La nature des chofes énoncées doit vous regler. Quand une période demande une grande contention ou élévation de voix, modé rez & ménagez votre voix dans celle qui précede. C'eft la remarque de Ciceron •fur Rofcius & Afopus, les deux plus exL. 3. de cellents Acteurs Romains. Le premier ne récitoit point ce vers

Orat.

Le fage veut pour récompenfe
L'honneur, & non pas le butin.

avec véhémence, mais fimplement, afin
que tombant fur le fuivant,

Que vois-je ? Il entre armé même jusqu'en nos Temples.

il le prononçât avec plus d'admiration & d'étonnement.

Afopus ne prononçoit point ceux-ci,
Où trouverai-je du fecours?

A qui pourrai je avoir recours?

avec toute la contention dont la voix eft capable, mais doucement, foiblement & fans action, à caufe de ce qui fuit. Mais ô pere! ô patrie! ô maison de Priam ! Ce qu'il n'eût pû prononcer avec l'émotion néceffaire, s'il l'eût déja confumée & comme épuifée par le mouvement précedent.

Remettons-nous devant les yeux le commencement de cette belle Oraifon

de Ciceron pour Milon? Qui ne voit Quintil. que prefqu'à chaque mot, du moins à 411. chaque fens quoique dans la même période, il faut changer de ton & en quelque façon de vilage:

-Quoique j'appréhende, Meffieurs, qu'il ne vous paroiffe honteux de marquer de la crainte en vous parlant pour l'homme du monde le plus courageux, & qu'il n'y ait nulle bienféance à moi, tandis que Milon tremble bien plus pour la République que pour lui-même, de ne pouvoir apporter une pareille grandeur d'ame à la défenfe de fa caufe ; je vous avouerai cependant que le Spectacle nouveau qui accompagne ce nouveau jugement, épou vante mes yeux, qui de quelque côté qu'ils Je tournent, ne retrouvent plus ici l'ufage

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