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C'est moi qui fuis le Seigneur, qui ai parlé. Lorfque je lancerai les fléches perçantes de la famine...que la pefte & le fang régneront parmi vous, & que je vous ferai pafler au fil de l'épée.

Il eft facile de s'appercevoir que la grandeur de cette indignation demande une voix & un ton de Prophete, qui répondent à la force des mots & du fens qu'ils renferment.

Je me fuis tû jufqu'à cette heure, s'écrie Ifaïe, 4 Ifaïe d'une voix effrayante & comme coupée par les tranfports de la colére dont il eft agité, je fuis demeuré dans le filence. Je vais maintenant me faire entendre comme une femme qui eft dans les douleurs de l'enfantement. Je détruirai tout, j'abyfmerai tout.

Les expreffions fuivantes demandent une voix mêlée d'indignation & d'admiration. Comment es-tu tombé du ciel, Lu- Ifaïe, r4 cifer , toi qui paroiffois fi brillant an point du jour ? Comment as-tu été renversé Jur la terre, toi qui frapois de plaies les

nations?

Comment la Cité fidelle, pleine de droi- Ifaïe, I ture, eft-elle devenue une prostituée ?

On mêle à la voix d'indignation un ton de joie & de dérifion dans ces paro

les: Toute la terre eft maintenant dans Ifaïe, 148 le repos & dans le filence; elle est dans

2. Reg. 1.

Ibid.

la joie & dans l'allegreffe. Les fapins mêmes & les cédres du Liban fe font réjouis de ta perte, ô Prince! Depuis que tu es mort, difent-ils, il ne vient plus perfonne qui nous coupe & qui nous abbatte. L'Enfer s'eft vu tout en trouble à ton arrivée : il a fait lever les géans à cause de toi: tous les Princes de la terre & tous les Rois des nations font defcendus de leurs thrônes pour te recevoir.

On prononce avec une voix gémiffante, pleine de douleur, & comme dans l'étonnement, ces paroles de David: Confidére, ô Ifraël, quelle eft la perte de ceux qui ont été blesses & qui font morts fur tes collines. Saül & Jonathas, l'élite & la gloire d'Ifraël, ont été tués fur tes montagnes, &c.

On ajoûte ici le ton d'imprécation & d'horreur: Montagnes de Gelboë, que la rofée & la pluie ne tombe jamais fur vous. Qu'il n'y ait point fur vos côteaux de champ dont on offre les prémices au Seigneur.

On peut par la fufpenfion du difcours le retranchement de quelques mots, exprimer un vif sentiment de l'ame, quand après avoir avoir exageré la noblesse ou la honte d'une action, on s'arrête tout-àcoup comme ne trouvant plus de termes affez énergiques pour fe faire entendre.

Un Prédicateur qui dans ces occafions demeure comme frapé d'un profond étonnement, s'il eft véritablement touché fon filence produit de merveilleux effets. La voix de l'exhortation marque de l'autorité : Rompez les chaînes de l'impiété. Ilaïe, 58, Déchargez de leur fardeau ceux qui en font accablés; rendez la liberté à ceux qui font opprimés par la fervitude, &c.

Ibid. I

Les corrections & les reprimandes fe prononcent d'un ton grave, ferme & animé. Jufques à quand dormirez-vous, Prov. 6. ôpareffeux ? Quand vous réveillerez-vous de votre fommeil?... L'indigence viendra vous furprendre. O enfans des hommes jufques à quand aimerez-vous l'enfance? Jufques à quand les infenfés défireront-ils ce qui les perd, & les imprudens hairont-ils la science ?

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L'exclamation paroît surprise, étonnée, mais d'une maniére proportionnée à ce qui précede & à ce qui fuit, & à la fituation de la perfonne qui eft furprise. Elle s'éleve, quand elle admire; elle est plus foible ou plus ardente dans la crainte, felon la nature du fujet qui la trouble.

Exclamation de douleur: O vous qui Thren. z. paffez par le chemin, confidérez & voyez s'il y a une douleur femblable à la mienne!

Exclamation mêlée d'une indignation

Luc, 24. douce & modérée : O infenfés & lents de cœur à croire ce que les Prophetes ont dit!

Celle-ci eft plus véhémente, plus ani

Galat. 3. mée: 0 Galates infenfés ! qui vous a enforcellés pour vous rendre ainfi rebelles à la vérité?

Luc, 9.

'Apoc. 18.

Il faut ici un air de véhemence, de force, un ton de colére : O race incrédule & dépravée ! jusques à quand serai-je avec vous & vous fouffrirai.je?

Hélas! hélas ! Grande ville, Babylone ville fi puiffante, ta condamnation eft venue en un moment. Ces paroles ont un ton de furprise & d'effroi.

L'accent de l'apostrophe comme de l'interrogation dépend du fentiment qui y eft attaché, foit que les chofes que cette figure a pour objet foient animées, ou inanimées. Elle fe prononce d'un ton grand & noble, parce qu'on ne l'emploie que pour relever le fentiment ou l'expreffion. Dans cette figure on accommode le ton de la voix à la perfonne à qui on parle, & à la fin pour laquelle on parle. L'Orateur parle à des chofes inanimées, comme il feroit à ceux qui ont l'oreille fort péfante. Hauffez alors Tro Mi- votre ton comme Ciceron: Je vous en appelle à témoins, vous collines d'Albe, vous autels des Albains. Il en eft de même

Conr.

Jonc.

pour vous

d'une apoftrophe faite à Dieu. Comme
vous élevez un peu votre voix
faire entendre de ceux qui font éloignés
de vous
ainfi quand vous parlez à la
Divinité qui a fon thrône dans le ciel,
il le faut faire d'un ton plus haut que
quand vous parlez aux hommes.

Haie, là

L'apoftrophe telle que celle-ci veut un ton de majefté & de véhemence. Cieux, écoutez; & toi terre, prête l'oreille: car c'est la bouche du Seigneur qui a parlé. Ajoutez à ce premier ton celui de l'indignation & de l'horreur : O Cieux, Jerém: 20 frémiffez d'étonnement pleurez, portes du Ciel & foyez inconfolables; car mon peuple a fait deux maux.

Prononcez d'un ton véhement, menaçant & terrible: Epée, épée, fors du fourreau pour verfer le fang: fois tranchante & claire pour tuer & pour bril

ler. *

Dans celle-ci il faut une voix douce & affectueuse qui exprime par fes foupirs les fentimens du cœur: Cieux, envoyez Ilaïe, 45. votre rofée: que les nuées faffent defcendre le jufte comme une pluie ! que la terre s'ouvre, & qu'elle germe le Sauveur ! L'interrogation parle différemment, felon la variété des affections & des per

* Mucro, mucro, eva- lima te ut interficias & gina te ad occidendum : I fulgeas. Ezech. 21.

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