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fonnes

que l'on interroge. Quand elle fert à nous éclaircir fans paffion, fa voix eft douce & familiére. Quand elle eft la fuite d'une offenfe, elle a le ton élevé, vif& fier dans la douleur, elle eft tendre & plaintive. Si elle renferme de la repréhenfion, elle eft à la vérité plaintive, mais ferme. Quand elle eft mêlée d'oftentation & d'ironie, fon ton eft élevé & méprifant. Elle veut quelquefois une voix Luc, 18. fimple & douce : Bon Maître, que faut-il que je faffe pour poffeder la vie éternelle? Luc, 24. De quoi vous entretenez-vous ainfi dans le chemin ? Pourquoi êtes-vous fi triftes?

Quand l'interrogation eft l'effet d'un ardent defir, elle a un ton plus preffant, Job, 19. plus animé : Qui m'accordera que mes paroles foient écrites, qu'elles foient gravées fur une lame de plomb avec un style de fer, ou fur la pierre avec le cifeau! Tous les membres de cette interrogation fe prononcent d'un même ton, & néan moins avec quelque véhemence & quelque inftance preffante de plus en plus. Il en eft de même de ces paroles: Qui 2. Cor. 11. eft foible ou affligé, fans que je m'afflige ou que je m'affoibliffe avec lui? &c.

Mais il y a de la véhémence & de Ifaïe, 3. l'aigreur dans celle-ci : Pourquoi foulezvous au pied mon peuple ? Pourquoi meurtriffez-vous de coups le vifage des pauvres ?

Moyfe s'exprime d'un ton de colére & d'indignation quand il dit: Race perverse Deuter. corrompue, eft-ce ainsi que vous témoi- 32. gnez votre reconnoissance envers le Seigneur? Peuple infenfé! Jerémie a une voix qui marque le doute, l'embarras, l'inquiétude, quand il dit : A qui adrefferai-je ma parole? & qui conjurerai-je de m'écouter? Qui eft l'homme fage qui comprenne ceci, à qui on puisse faire entendre la parole du Seigneur, afin qu'il l'annonce aux autres ? qui comprenne pourquoi cette terre a été défolée, &c.

Jerem. 6.

Jerem. 9.

La figure appellée fermocinatio, par laquelle on fait parler différentes perfonnes felon leur caractere & leur condition, varie également fes tons. On prononce différemment ces paroles: Ils n'ont point Jerém. fa dit en eux-mêmes: Craignons le Seigneur qui donne en fon temps aux fruits de la terre les premiéres & derniéres pluies

qui nous conferve tous les ans une abondante moiffon. Et ces autres du Sage: Les Sag. 2. méchans ont dit dans l'égarement de leurs penfées : Le temps de notre vie eft court & fâcheux. L'homme après fa mort n'a plus rien à efperer.

Il faut un ton de fureur, de furprise & défefpoir dans ces paroles: Infenfés Sag. 5. que nous étions ! leur vie nous paroioit une folie, & leur mort honteufe: les voilà

élevés au rang des enfans de Dieu, &
leur partage eft avec les Saints. Nous nous
Jommes donc égarés des voies de la véri-

té? &c.

Il faut ici une autre infléxion de voix, Ifaïe, 10. ferme & hardie: Je vifiterai cette fierté du cœur infolent du Roi d' Affur. Car il a dit en lui-même : C'est par la force de mon bras que j'ai fait ces grandes chofes, c'est ma propre fageffe qui m'a éclairé. J'ai enlevé les anciennes bornes des peuples. &comme un conquerant j'ai arraché les Rois de leur thrône.

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Dans les dialogues on change de voix, comme fi deux hommes parloient enfemble: obfervez de prononcer la réponse d'un ton différent de la demande ou de l'objection.

La répétition d'un même mot au commencement de chaque membre se fait Jerém. 5o. d'un même ton: L'épée est tirée contre les Chaldéens, contre les habitans de Babylone, contre fes Princes & contre fes Sages. L'épée est tirée contre fes devins qui paroîtront infenfés. L'épée eft tirée contre Jes braves qui feront faifis de crainte. L'épée eft tirée contre Jes chevaux, contre fes chariots, contre le peuple qui est au milieu d'elle. L'épée est tirée contre fes tréfors, & ils feront pillés.

La converfion où un même mot eft

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répété à la fin de chaque membre, fe prononce auffi du même ton: Quand 1.Cor. 134 'étois enfant, je parlois en enfant, je jugeois en enfant, je raifonnois en enfant.

La compléxion ou la répétition & la converfion fe trouvent enfemble, c'est-àdire où un même mot eft répeté au commencement de chaque membre, & un autre à la fin, prend auffi la prononciation de l'une & de l'autre de ces deux figures. Le redoublement ou la double répétition d'une même parole approchant fort de l'affirmation, demande une prononciation presque femblable: C'est pour Ifaïe, 48, moi-même que j'agirai. C'est pour moimême, afin que mon nom ne foit pas blafphémé... C'est moi-même, c'est moi-même qui efface vos iniquités pour l'amour de

moi.

Ibid. 43

S. Greg.

La correction a une infléxion de voix qui lui eft propre : Qu'admirons-nous donc ici? Eft-ce Marie qui vient trouver le Gr. le Seigneur, ou le Seigneur qui la reçoit ? Dirai-je qui la reçoit, ou qui l'attire à lui? Difons mieux, qui l'attire à lui & qui la reçoit.

Le raifonnement & la fubjection ont la voix plus variée. Ces deux figures confiftant en plufieurs fortes de demandes & de réponfes qu'on fe fait à foi-même, il fant changer, fouvent d'infléxion de

Lig.

voix. La maniére de se faire à soi-même une demande eft différente de celle d'y répondre.

Dans la figure appellée par les Grecs epimoné ou infiftance, la voix est vive, preffante, infultante même. On preffe fon adverfaire, on infifte fur une même pensée exprimée en différentes façons: Cic. pro Que faifiez-vous, Tuberon, en la bataille de Pharfale? Ainfi parloit Craffus contre Brutus, quand il vit paffer par la place publique le corps de Junie la parente de fon adverfaire: Que fais-tu là, Brutus? Quelle nouvelle veux-tu que cette vénérable défunte porte de toi à ton pere? De quoi prétens-tu qu'elle entretienne ces illuftres morts dont on porte les images devant Jon corps? Que dira-t'elle à tes ayeux ? à ce fameux Lucius Brutus, à qui ce peuple a l'obligation d'avoir été affranchi de la domination des Rois?

Conr,

Dans la gradation le Difcours croît à chaque membre, la voix s'éleve par degrés.

Dans la réticence on l'abbaisse d'un ton plus bas que dans les mots précédents.

L'antichèle qui renferme des oppofitions violentes, fait fentir par une voix ferme ces oppofitions. On les détache même en prononçant la premiére d'un

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