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P. Luc.

❤Juvenal. fat. 11.

Il eft plus féant, quand on a la bouche
trop féche, de prendre en fe couvrant
du mouchoir, dans l'intervalle des points,
quelque pâte molle qui remédie à cette
maladie.

Porrò fi liquidis fuccedunt fpontè labellis
Jugiter & pleno manant de pectore verba;
Hac tamen, hac inter dicendum advertere cura
Sit tibi: ne clarâ dum vis rem promere voce,
Alterno trepidet palpebra reciproca motu,
Adduci facilis, facilis nimiùmque remitti.
Hac adeò, quæ præ reliquis vitiofa caveto.
Sunt qui vulticulum preffis fibi fingere labris,
Et grandem ftudeant buccá ex utraque lacunam
Extenuare; genafque & latum cogere mentum
In brevius. Vafli pressu fic oris hiatum
Informem celant; ut nunquam fpiritus omnis
Exeat, at magnis parcant pulmonibus, atque
Fracta coarctato fupplantent verba palato,
Mole viri, tenues elifâ voce puelli.

Sunt contrà magno qui panduni guttura nifu:
Seu recitent blandus quod ait Junonis in aurem
Juppiter; horrendum feu quod tremit excitus
orbis,

Dum buccas trepidis inflat mortalibus ambas:
Id pueris folitum, invitá licèt ufque Minerva.
Hos videas largo dentes oftendere riu,
Atque ad tonfillas ructantem promere linguam,
Et fauces laxare, & fefquipedalis apertum
Ofentare gula cunctis metuentibus antrum.
Scilicet hoc metuam, nec vana eft caufa ti-
moris,

Ne declamator patulo me devoret ore
Dum nimis expaffo diftendit verba palato.
Quam benè Romanus Vates*nofcenda canebat,
Eft bucca menfura fua. Tu dicito fuavi

Voce puer: tu vir robuftâ dicito voce:
Nec nimis oftendas, nimis aut comprefferis ora.
Labra fitum retinent quem dat natura decenter.
Rufticus illa tumor dilatat; at illa coar&to
Turpiùs aftringit violenta modeftia preffu.

Il ne fuffit donc pas à l'Acteur qui fe forme,
Que fon œil & fon front reçoive la réforme.
Sa bouche doit encore, en fe réglant fur eux,
Joindre fon action à ce qu'ils font tous deux.
Afin qu'après cela tous trois d'intelligence
Forment fur le vifage une triple alliance.

P. Sanl

L

CHAPITRE XI.

Du Gefte.

,

Theod.

Es mains font pour l'homme comme une feconde langue, qui dans le filence même explique nos fentimens fait connoître nos penfées, & parle un langage connu chez toutes les nations. Données à l'homme pour fervir d'inftrument à fa raison, par leur moyen il de Provid laboure la terre, ferre les grains, plante Orat. 4. les arbres, taille la vigne, moiffonne les fruits de fes travaux, tranfporte dans des villes flottantes le Marchand qui commerce dans les pays éloignés; imprime fur le marbre les traits & le caractere des Héros, éleve les plus fuperbes édi

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fices, anime la toile, & produit ces ouvrages précieux & délicats destinés pour fon utilité ou pour les plaifirs.

Rien ne prouve mieux combien l'action des mains est vive & éloquente, que les pantomimes inventées par un certain Athen. 1. 1. Teleftes, ou beaucoup amplifiées par lui. L'Acteur parle aux yeux par l'action des mains, & en diverfifie le jeu, les tons & les infléxions, pour ainsi dire, d'une maniére agréable & pathétique. Le gefte foûtient la prononciation de l'Orateur, anime l'éloquence, nourrit la vivacité de la diction, & embellit les figures répandues dans le Difcours.

P. Luc.

Nunc mihi fas docilefque manus, & cerea flecti,
Quò lex cumque vocat nunquam violanda de-
cori,
Brachia circùm agere & jufto difponere flexu.
Tu ne fingentis ductum accepifle recufa,

Neve refifte operi: fic te exoptata manebunt
Appenfæ ante fores, actorum præmia palma.
Aftio multa quidem diverfaque munia fungi
Dicitur: in manibus tamen omnis, & omnis
in uno

Panè fita eft gefu. Linguam manus adjuvat,
infans
Illa licèt, licèt ifta parens fit vocis, & omnes
Dofta foni modulos objektu frangere dentis.
Verùm hoc principium tibi ponitur & caput

artis',

Noffe iftos variare fitus. Nam lingua loquendo
Non plura expediat diverfis nomina rebus ;

Congrua nominibus variis quàm figna reponat
Emula, nec vinci patiens manus. Ilicet omnia
Circuitu verborum & longâ ambage laborans
Que fegni lingua eloquio demittit in aures
Dextra citò vigiles oculos docet indice geftu :
Dextra, potens celeris motum prævertere lin-
gua;

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Atque eadem, dum pulmo animæ vitalis egenus
Plura locuturi non fuftinet oris hiatum
Semper inexhaufta & nunquam defeffa moveri.
Ergò tibi labor is primùm impendendus, ut

omnis

Quid facunda velit manuum fibi motio noris.
Nec tenuis labor ifte: tibi nam mille figuræ,
Signorum innumeræ fpecies, & nomina mille
Edifcenda priùs, quæ paucis deinde docebo.

2. I. c. 13.

Les régles du gefte font nées dès les temps heroïques, dit Quintilien. Elles Quintil. ont été approuvées des plus grands hommes de la Grece, & Platon les a mifes au rang des vertus civiles. Il n'eft pas naturel de remuer toujours les bras en parlant il faut les remuer parce qu'on Fenelon eft animé; mais il ne faudroit pas pour dialog. fur paroître animé, remuer les bras. Il L'Eloq. des chofes même qu'il faudroit dire tranquillement. J'avoue qu'on a mis en régle, ou du moins en coûtume, qu'un Prédicateur doit s'agiter fur tout ce qu'il dit prefqu'indifféremment; mais il eft aifé de démontrer que fouvent nos Prédicateurs s'agitent trop, & que fouvent auffi ils

y a

ne s'agitent pas affez. Venons au principe. A quoi fert l'action du corps ? N'est-ce point à exprimer les fentimens & les paffions qui occupent l'ame? Le mouvement du corps eft donc une peinture des mouvemens de l'ame; & cette peinture doit être reffemblante. Il faut que tout y représente vivement & naturellement les fentimens de celui qui parle, & la nature des chofes qu'il dit. Je fçai bien qu'il ne faut point aller jufqu'à une représentation baffe & comique. L'Orateur doit exprimer par une action vive & naturelle ce que fes paroles feules n'exprimeroient que d'une maniére languiffante; mais pour bien peindre il faut imiter la nature, & voir ce qu'elle fait quand on la laiffe faire, & que l'art ne la contraint pas. Naturellement fait-on beaucoup de geftes,quand on dit des chofes fimples & où la paffion n'a aucune part? Il faudroit donc n'en point faire en ces occafions dans les Difcours publics, ou en faire très-peu. Car il faut que tout y fuive la nature. Bien plus, il y a des chofes où l'on exprimeroit mieux fes penfées par une ceffation de tout mouvement. Un homme plein d'un grand sentiment, demeure un moment immobile. Cette efpece de faififfement tient en fufpens Fame de tous les auditeurs.

Les

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