페이지 이미지
PDF
ePub

doivent avoir un mouvement égal à celui de la tête, du vifage & des yeux. Parlant du côté droit, montrer le gauche, c'est ce que les Anciens appellent, folécifme des mains. La main gauche toute feule ne réuffit jamais à faire un gefte, mais fouvent elle confpire avec la droite. Par exemple, lorfque pour témoigner combien nous déteftons une chofe, nous avançons les deux mains fur la gauche, ou que nous les préfentons toutes deux directement devant nous, ou que nous jettons l'une d'un côté, l'autre de l'autre, ou qu'enfin nous les joignons enfemble comme pour faire fatisfaction ou pour prier. Ce dernier gefte fe diverfifie en plus d'une façon. On joint les mains pour marquer de la foumiffion, & alors on les tient baiffées; pour l'adoration & le tefpect, on les éleve. S'agit-il d'exprimer une douleur profonde, jointe à une forte d'invocation? alors on les tient feulement devant foi. Dans les petits fujets & dans ceux qui demandent de la trifteffe ou de la douceur, les mains ont le gefte plus mefuré; au contraire dans les grands fujets elles l'ont plus étendu.

Au commencement d'un Difcours il faut peu de geftes, fi ce n'eft dans ces Difcours faits ab abrupto, mais qui font très-rares. Accordez le mouvement des

mains avec l'expreffion. Attirer en jettant Conte la main dehors, ou repouffer la retirant à vous; féparer, arracher en joignant les mains; ouvrir en les ferrant, ce font autant de geftes contre nature. La main ne monte pas plus haut que les yeux, ou fort peu au-delà. On garde la même proportion en l'abbaillant. Vous n'éten drez pas vos bras plus loin de demi-pied du tronc de votre corps. Elevez la main, fi vous avez à vous énoncer avec ferment. Dieu même quand il parle de cette maniére aux hommes dans l'Ecriture, dit qu'il leve la main, il en eft de même de l'exclamation, afin que le geste réponde à la prononciation, & tous les deux à la nature de la chofe. Si les mains ne doivent point être oifives, elles ne doi vent donner dans ce qu'on appelle, le babil des mains. Il est des actions qu'on ne doit jamais représenter. Ne contrefaites jamais celles qui ont quelque chofe de licentieux; n'exprimez pas plus ce qui regarde la defcription (quelquefois néceffaire) de certaines débauches. Les actions qu'on peur repréfenter avec bienféance, demandent des geftes médiocres, forts, modeftes & peu fréquents. Dans les profopopées il ne faut admettre que ceux qui conviennent aux perfonnes que l'on fait parler. Si yous repréfentez J. C. fur la croix, où il

[graphic]

doivent avoir un mouvement égal à celui de la tête, du vifage & des yeux. Parlant du côté droit, montrer le gau che, c'est ce que les Anciens appellent folécifme des mains. La main gauche toute feule ne réuffit jamais à faire un gete mais fouvent elle confpire avec la droite. Par exemple, lorfque pour témoigner combien nous déteftons une chofe, nous avançons les deux mains fur la gauche ou que nous les préfentons toutes de directement devant nous, ou que nous jettons l'une d'un côté, l'autre de l'aur ou qu'enfin nous les joignons enfem comme pour faire fatisfaction ou pour prier. Ce dernier gefte fe diverfihe plus d'une façon. On joint les ma pour marquer de la foumiffion, & al on les tient baillées; pour l'adoration & refpect, on les éleve. S'agit-il d'exprim une douleur profonde forte d'invocation? feulement devant

[ocr errors]
[ocr errors]

les pe

[graphic]

Quintil.

dit: Mon Dieu,pourquoi m'avez-vous abandonné ?il ne faut point lui faire joindre les mains, ni les hauffer vers le Ciel; ni en répetant ces mots, Femme, voilà votre fils, les lui faire prononcer comme s'il montroit faint Jean avec le doigt. Les yeux feuls doivent agir dans ces circonftances. Le fens commun dicte ces chofes, mais on les oublie fouvent par inattention.

Le bras a beaucoup de grace, lorfque fans remuer les épaules on lui donne une étenduë raifonnable, & qu'en avançant la main on étend auffi les doigts. Ce gefte convient aux endroits qui veulent être prononcés de fuite & avec rapidité. Il n'eft pas facile de décrire tous les mouvemens dont les mains font fufceptibles, parce qu'il n'y a peut-être pas un mot qu'elles ne foient jaloufes d'exprimer. Demander, promettre, appeller, menacer, fupplier, détefter, interroger, nier, avancer; marquer la trifteffe, la joie, la pudeur, l'incertitude, le repentir; prier, approuver, inciter, admirer; déclarer le temps, le nombre, la quantité, la manière, tout cela leur eft familier. Faut-il indiquer les perfonnes & les lieux? je ne fçai s'il y a adverbe ou pronom qui le faffe mieux. Le langage des mains eft comme une langue universelle que la nature a rendu commune à tous les

« 이전계속 »