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caractere de la vertu, ne fçauroit man-quer d'être perfuafif

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Dans ces fages réflexions d'un payen que vous venez de lire, quel fujet de confufion & d'une inftruction falutaire pour nous! Quels euffent été les fentimens: de ce grand homme, fi la grace eûr éclairé fon efprit! La raifon feule le ren-doit fcrupuleux à exiger cette qualité, dont la religion nous fait fi bien connoître la néceffité. Quel fcandale d'entendre des hommes débiter les vérités les plus refpectables, prononcer contre l'efprit du monde les anathêmes les plus terribles, & paroître enfuite dans les cercles, rechercher le commerce & les plaifirs de ce monde qu'ils viennent d'anathématiser!! Ne font-ce point des fourbes ou des infenfés des fourbes, parce qu'en prêchant la néceffité de la fuite du monde & l'obfervation de la Loi, ils prouvent par l'irrégularité de leur vie qu'ils n'en croient rien: des infenfés, parce que s'ils: croient l'exiftence d'une éternité qu'ils prêchent, ils devroient craindre les premiers d'attirer fur eux. la malédiction qu 'ils prononcent contre les pécheurs.

L'Orateur, dit M. Fenelon, ne doit Dialog. dire que la vérité, parler pour corriger fur PEloge les mœurs, pour affermir: les loix. Il faut donc qu'il n'efpére, ni ne craigne

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rien de fes auditeurs pour fes propres interêts. Si vous admettez des Orateurs ambitieux & mercenaires, s'oppoferont-ils à toutes les paffions des hommes ? feront-ils propres à en détacher autrui ? La premiére & la plus effentielle des qualités d'un Orateur, c'est la vertu, dit Ciceron. Il faur une probité qui foir à l'épreuve de tout, & qui puiffe fervir de modele à tous les citoyens. Sans cela on ne peut paroître perfuadé, ni par conféquent perfuader les autres. L'élo-quence & la profeffion du Prédicateur eft confacrée à l'instruction & à la réfor→ mation des mœurs du peuple: pour le faire avec liberté & avec fruit, il faut qu'un homme foit défuntereffé; qu'il apprenne aux autres le mépris de la mort, des richeffes, des plaifirs de la: vie. Il faut qu'il infpire la modestie, la ‹ frugalité, le définteressement, le zéle du bien public, l'attachement inviolable aux loix. Il faut que tout cela paroiffe autant dans fes moeurs que dans fon: Difcours. Un homme qui cherche à plaire. pour fa fortune, peut-il prendre cette autorité fur les efprits? quand même il diroir tout ce qu'il faut dire; croiroit-on ce que diroir un homme qui ne paroîtroit pas le croire lui-même

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Qin croira, peut-être que l'expérience

de notre fiécle montre affez qu'un Orateur peut parler fortement de morale fans renoncer à fa fortune. On ne peut voir des peintures morales plus févéres que celles qui font en vogue; & celui qui les fait, ne laiffe pas cependant de s'élever dans le monde par ce chemin. Mais confidérez que les peintures morales n'ont point d'autorité pour convertir, quand elles ne font foûtenues ni de prin-cipes, ni de bons exemples. Qui voyezvous convertir par-là ? On s'accoûtume d'entendre ces defcriptions, on écoute: ces Difcours comme on liroit une fatyre:: on regarde celui qui parle, comme an homme qui joue bien une espece de: comédie; on le laiffe dire pour la céré-monie, mais on croit & on fait commen lui. Socrate remarquant les défordres de fon temps, conclud que les Orateurs qui i dans la vue de guérir les hommes, devroient leur dire avec autorité des vérités defagréables & leur donner ainfi des médecines améres, ont fait au contraire pour l'ame comme les cuifiniers pour le corps on ne s'eft mis en peine quee de plaire.

Quel fuccès peuvent attendre de leurs Difcours ces Orateurs fans expérience,, fans étude, fans amour de la Religion, qui regardent leur miniftere comme un

Rouffi

316 L'El. du Corps dans le Min. de la Ch. moyen infaillible d'obtenir un rang dans le temple de la gloire, de vivre en mondains fous un habit,qui doit caracteriser le difciple d'un Dieu pauvre & crucifié ?. S'il eft vrai de dire avec S. Auguftin que celui-là parle avec fublimité, dont la vie ne peut être exposée à aucun mépris que les vrais Orateurs font rares parmi

nous !

Votre cœur feul doit être votre guide:
Ce n'eft qu'en lui que notre efprit réside;
Et tout mortel qui porte un coeur gâté,,
N'a jamais eu qu'un efprit frelaté.
De nos travaux c'eft-là tout le mysteres:
Et tout lecteur à ce feul caractere
Diftinguera d'un fat préfomptueux,
L'auteur folide & l'homme vertueux..

FIN

ERRATUM.

L faut lire ainfi le paffage latin qui eft à la page 109. Ammian lib. 17. c. 22. infultant à la barbe d'un Philofophe l'appelloit, peniculus ad abigendas mufcas, & fylva non mentis conciliique effectrix, fed pediculorum..

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