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Sufficit attentas fi vox allabitur aures.
Atbenè præfcriptam folet hæc contingere metam,
Quæ neque pigrefcit, nec præceps fertur eundo.

Modérez votre vivacité, & ne vous
mettez point dans le cas qu'on vous ap-
plique ce bon mot d'Augufte: Il faut,
difoit-il, enrayer l'Orateur Haterius. Le
grand flux de bouche fent l'écolier qui
fe hâte de fe décharger du poids de fa le-
çon. Il faut laiffer cette précipitation aux
Charlatans. Un homme grave & prudent
parle ordinairement comme il marche:
il laiffe les laquais courir à perte d'haleine
dans les rues. Le moyen de connoître
toute la bonté d'un raifonnement, d'être
pénetré du pathetique de la morale, quand
l'efprit n'a pas le temps de refpirer & de
réfléchir S'il ne faut point courir, il
ne faut point traîner. Un homme fain
ne marche point comme un malade. La
parole doit couler comme un ruiffeau,
& non comme un torrent. Le premier
plaît, la vue du fecond trouble, épou-
vante. La voix pouffée au-delà de fes
forces dégénere en un glapiffement que
les Grecs appellent du même nom que vocante
le chant de ces jeunes coqs qui veulent
chanter avant que d'en avoir la force.

Sed nimius quot habet clamantum incommoda

Coccyfmum

nifus,

P. Luc..

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Quot ferat & vocis moderamen commoda fecum,
Qui fapit, alterius malit prænofcere damno
Vel citra damnum alterius me noffe magiftro,
Quàm pœnâ demum ipfe fuâ probroque doceri.
Nam fupra vires dat vox intenta pipitum
Qualem criftato gallina admorfa marito,
Dat corte in trepidâ. Quid tantùm exulcerat

aures,

,

Quàm ferus elifæ fatuo luftamine vocis
Tinnitus, ftridorve? Micant hinc auribus

onines,

Concuffofque agitant querulis clamoribus artus,
Auriculas feu quis telo terebravit acuto.
Hinc atque
hinc numerofus ad hæc venit ag-

mine morbus,

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Clamatorem ipfum vexata relinquere roftra
Qui cogat. Cupidum fic deftituiffe clientem
Dicitur hircinos jactans in pectore folles
Fimbria, dum infonuit. Meritas at pendere
panas

Ingemuit nemo. Pro voce inamabile murmur
Quod fupereft, & clamandi cacoëthes in ore,
Quod vidiffe putant, rabulæ risere minores.

Que de Prédicateurs qui doivent en partie leurs fuccès à la volubilité de leur prononciation qui dérobe à l'auditeur le plus attentif l'inégalité de leur ftyle, l'inexactitude de leurs preuves. Cette rapidité même, quand la diction eit brillante & figurée, féduit Pefprit. Ecoutez certains Örateurs dont les Dif cours ne font qu'un tiffu de penfées fleuies, d'expreffions étudiées & placées au compas, de grands mots foûtenus

par de pompeufes épithetes, des phrafes découfues qui forment un jeu de pointes qui fe fuccedent; toutes ces chofes prononcées. avec une féduifante volubilité, ôtent, par le charme d'une harmonie apparente, le jugement à l'auditeur, le furprennent, le corrompent. Ce plaifir fait conclure la bonté réelle du Difcours. Mais vient-il à paroître par l'impreffion? c'eft alors qu'il eft rare qu'il fe foûtienne dans l'examen de la lecture. Dépouillé de mille agrémens qui ne s'écrivent point, & qui n'étoient que dans l'exterieur impofant de l'Orateur, nous nous appercevons que nous confondions avec les objets même notre plaifir qui n'étoit produit que par cet acceffoire : les pen-fées fauffes, les expreffions fardées, les tours affectés fe dévelopent par la réflexion du jugement, & nous ne trouvons fouvent dans tel Difcours qui nous a féduit à la prononciation, qu'un clinquant d'efprit, qu'un vernis d'eloquence.

Souvent le défaut de mémoire produit cette précipitation immodérée : on ne mefure la fuite des mots que par la force de la refpiration on craint que la mémoire ne foit infidelle. Un nombreux auditoire fait quelquefois une impreffion de crainte, qui ôte l'attention à ce qu'on dit, & à la maniére de le dire. L'homme

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fage eft vif fans être précipité, comme il eft moderé fans être lent. Ciceron confeille de faire des paufes pour regler cette vivacité. Ces petits filences ont d'admirables effets. * Comme le Prédicateur ne doit pas marcher à pas de boiteux, Traduct. dit un bon Ancien, ainfi il ne faut pas da P. Maza- qu'il fe défifte de courre à bride abbatue ; que tenant un milieu, il aille ores au pas, autrefois au trot, & maintenant au galop.

rini.

P. Sant.

Que votre bouche auffi s'ouvre & fe ferme bien.

Souvent d'un feul côté la bouche se renverse, .Et fait prendre à fes mots un chemin de tra verse.

Souvent la bouche ouverte, on a beau s'efforcer,
Chaque lourde fyllabe eft une heure à paffer.
Ici cet Orateur qui pouffe une invective,
A chaque mot qu'il dit fait pleuvoir fa falive.
Là je ris de ce fat qu'on voit à tout propos
Careffer fa penfée & rire à tous fes mots.
L'un quand fon front se ride, ayant un œil fa→
rouche

Pour la moindre fyllabe ouvre toute la bouche;
Et craignant que fa voix n'avorte entre les
dents,

Lance de fes poulmons des mots toujours tone

nans.

* Vocem confirmant, vilem plebeculam & infententias concinniores di-doctam concionem lingue vifione reddunt, & auditori fpatium cogitandi relinquunt. Cic. ad Heren. L. 3. n. 21.

Nihil tam facile quàm

volubilitate decipere, quæ quidquid non intelligit, plus miratur. Hyeron Epift. ad Nepot.

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L'autre pour éviter les maniéres outrées,
Ne parle qu'au travers de fes lévres ferrées,
Et comme un inftrument qui ne rend que des
fons >

De ses mots retenus ne nous dit que les tons.
Enfin on peut compter plus de mines burlef-
ques,

Quen'en grava jamais Calot dans fes grotef-
ques.

Et fouvent tel qui croit les autres grimacièrs,
Eft au haut de ma lifte écrit tout des premiers.
Vous donc, de qui la bouche est digne de cen-
fure,

Croyez qu'il eft honteux d'en outrer la fi-
gure.

Ne remuez jamais vos lévres qu'en parlant,
Et ne les ouvrez pas pour attraper du vent.
N'allez pas pablier la Loi de l'Evangile,
De l'air impétueux dont parloit la Sybille.
On foûtient un menfonge avec emportement,
Mais une vérité doit le dire aifément.
Toutefois il eft vrai qu'un ton plein d'énergie
Doit des cœurs affoupis guérir la léthargie;
Mais quoique de la voix il faille s'efforcer,
La bouche n'a jamais le droit de grimacer.

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Moyens propres à regler la prononciation la voix. De la monotonie.

G Ouverner la voix, regler fon gefte,

toure la perfection de la pronon

ciation confifte dans ces deux points. **Pronuntiatio dividitur in vocis figuram & corpo ris motum. Cic. ad Heren. 3. n. Z

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