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à Naples où bientôt elle engagea une guerre qui peut être regardée comme la fource de l'animofité qui a paru dans toutes celles que les François & les Efpagnols fe font faites durant les deux fiécles fuivans.

Jules II. entretenoit néanmoins à tout évenement une négociation avec le Roy de France. Pour faire croire qu'il avoit une intention ferieufe de fe réconcilier, il envoya un plein pouvoir pour figner un Traité à l'Evêque de Tivoli, qui étoit de fa part auprès du Roy. Mais ce plein pouvoir étoit fi va gue & rempli d'expreffions tellement équivoques, qu'il fçavoit bien ne rifquer rien en le mettant entre les mains de fon Nonce. Ce Miniftre ne pouvoit rien conclure en vertu de cet acte, fans s'adreffer auparavant à lui pour demander plufieurs explications qu'il donneroit quand il voudroit, & telles qu'il lui plairoit.

Ce fut alors que Jules II. cut SEL une maladie qui penfa mettre fin aux troubles de la Chrétienté. Le 17. du mois d'août qui fut le qua triéme jour de fon mal,il eut une défaillance qui le fit croire mort: il en revint néanmoins, mais le danger continua encore quelques jours, & lui-même il continua de mettre toujours ordre à toutes fes affaires, comme devant mourir inceffamment. La crainte que fon fucceffeur ne fift le procès au Duc d'Urbain fon neveu pour le meurtre du Cardinal de Pavie, lui fit donner l'abfolution à ce Prince en presence de tous les Cardinaux affemblez en forme de Confiftoire. Jules fe reconnut même affez, diton, pour laiffer une bulle qui devoit être publique feulement après fa mort, & dans laquelle il révoquoit les Excommunications fulminées contre le Duc de Ferrare, & contre les Bentivolles & leurs fauteurs

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Mais il en fit fur le champ publier une autre touchant l'élection de fon fucceffeur, dans laquelle il défendoit fous les peines les plus feveres, & même fous celle de nullité dans l'élection, aucune paction, convention ou promefles telles qu'elles puffent être entre les Cardinaux affemblez dans le futur Conclave. Jules II. étoit très-capable de bien ftatuer là-deffus, & d'appliquer au mal le remede conGui- venable. Il le connoiffoit mieux que Liv. 7. perfonne, & fon exaltation n'avoit point été exempte du foupçon de Limonie.

chardin,

La force du temperament de Jules II. le tira de danger. Les médecins n'eurent pas de part à fa convalefcence. Quoiqu'alors on crût leur fcience auffi certaine que la Géométrie, il méprifa leurs remedes, & il négligea leur régime. Dès qu'il fe porta mieux il reprit fes premiers foins, & tandis qu'il amu

foit la France par une négociation fimulée

I il traitoit ferieusement 15 II. contre elle avec Henri VIII. & Ferdinand. La déclaration de Henri VIII. en faveur du Pape faifoit pancher entierement la balance du côté de fa Sainteté, & c'étoit l'efperance d'y porter ce Prince qui la rendoit fi ferme dans un entier éloignement de tout accord. Jules. II. comptoit beaucoup fur la paffion naturelle aux Anglois pour faire la guerre à la France, qui veritablement eft fi forte, qu'on ne trouve qu'une fois dans l'hiftoire d'Angle Sous terre que les peuples ayent refufé Richard les fubfides que leurs Souverains. ont demandez fi fouvent pour attaquer cette couronne. D'ailleurs Henry VIII. fe picquoit encore alors d'une dévotion fans bornes pour le faint Siége: Riche des tréfors que fon pere lui avoit laiffez, il étoit en état de tenter de grandes entreprifes, & dans l'ardeur de l'â

III.

ge il vouloit faire parler de lui.

Le premier de feptembre étant arrivé, le Concile convoqué à Pife, y fut folemnellement ouvert. Le Pape cut un dépit mortel contre les Florentins pour avoir fouffert qu'il s'y fût affemblé, & il les mit eux & leurs Etats en interdit. Mais cet Interdit opera peu de chofes, & le Magiftrat de Pife obligea le Clergé de célebrer à l'ordinaire les Offices divins. Les Florentins s'inquieterent davantage de ce que le Pape fous prétexte de faire exercer la légation de Boulogne au Cardinal de Médicis, l'envoyoit à Pesouse où il feroit à portée de remuer les mauvaises humeurs de leur Ville. On n'y étoit pas généralement auffi content qu'on auroit dû l'être du gouvernement de Sodérini.

Dès que le Concile eut été ouvert, les Ambassadeurs d'Angleterre & d'Arragon, qui réfidoient

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