페이지 이미지
PDF
ePub

LE DESSEIN.

93

bonpoint. Les vérités & les molleffes de chair qu'on apperçoit dans le travail du dos de cette femme, font admirables. Cette figure eft une de celles dont l'étude eft des plus importantes pour la finesse & la correction du deffein.

Satyre Antique. Planche 78, Figure 1.

On voit dans le Satyre Antique, qui eft à la Ville Ludovise, une nature encore différente de celles dont on a parlé, en expliquant les Planches précédentes : cette figure a fes bautés, & eft traitée avec beaucoup d'art.

L'Egyptien, figure Antiqne. Planche 78, Figure 2.

Cette figure, qu'on voit au Capitole, a été découverte depuis quelques années, dans la Ville Adrienne. Il paroît que c'est un Antique Grec fait, quant au choix de l'attitude & de la coëffure, à l'imitation des figures Egyptiennes, dont on conferve un nombre confidérable dans le même endroit. Il eft vrai que parmi la quantité de figures Egyptiennes qui fe voyent au Capitole, il y en a plufieurs qui n'ont gueres d'autre mérite que leur antiquité & la difficulté du travail : car elles font pour la plûpart en pierre de touche, ou en marbres des plus durs. Cette imitation semble même avoir jetté un peu de roideur dans l'attitude de la figure, quoique cette attitude foit cependant très - poffible, fur tout dans un homme qui porte un brancard. Au reste, c'est un morceau admirable, une nature forte & caractérisée, une poitrine large & ouverte, de belles cuiffes & des jambes correctes, nerveufes & d'un beau choix.

Le Nil. Planche 79.

La figure du Nil, dont on donne les proportions dans cette Planche, a quelques beautés, fans être cependant du premier ordre, la maniere en eft grande, & les formes en font belles; mais c'est une nature, fi l'on ofe le dire, bourfouflée & ronde, & l'on y voit peu de vérités qui foient traitées avec fineffe. Cette figure eft au Capitole.

Le petit Cheval écorché. Planche 80.

Nous terminerons ces Antiques par les proportions du petit cheval écorché, qui fe voit à la Ville Mattei, repréfenté fur la Planche 80. La figure eft divisée par nés à l'ordinaire, & ces nés font fubdivifés en fix autres parties plus petites. Ainfi après tout ce que nous avons dit cidevant fur les mefures & les fubdivifions de toutes les figures précédentes, il est inutile de nous arrêter davantage à celle-ci.

On ne parle point ici de plufieurs autres Antiques trèseftimés, telle que la Venus, furnommée à la Coquille, qui eft un chef-d'œuvre de beauté, & qui eft drapée avec une délicatesse admirable: la Venus accroupie : les Lutteurs qui font dans le cabinet du grand Duc à Florence, & qui forment le groupe le plus ingénieux & le mieux enchaîné que l'on connoiffe parmi les Antiques; on y découvre de plus une fcience profonde de l'Anatomie & de l'action des muscles. Le Faune tenant une flutte champêtre, qui eft traité fçavamment, & avec toute la finesse poffible. Le Rotator qui représente un homme éguisant un couteau; figure d'un excellent caractere, & qui fe voit

per,

LE DES SEIN.

95

&

dans le même cabinet, à Florence. La Diane marchant, la Diane courant, qui ont toutes les graces & la légereté poffibles. Le Torfe, qui eft le tronc d'une figure d'Hercule, plus belle, s'il eft permis de parler ainfi, que l'Hercule Farnefe, & tant d'autres qu'il feroit trop long de nommer, & qui font autant d'objets très-importans pour l'avancement des jeunes Artistes. Il fuffira d'ajouter ici qu'on ne peut atteindre à la perfection du deffein, & du choix de la belle nature, que par une étude obftinée de ces Antiques, & que ce n'eft que dans ces morceaux précieux, foit figures de ronde boffe, foit bas reliefs, ou mêmes ornemens, qu'on peut puiser le vrai bon goût & la grande maniere. Il y a plus, & nous ne craignons point de le dire, c'est sur l'Antique qu'on doit apprendre à bien drapà faire un beau choix de plis, & à les bien former, fur tout pour la Sculpture. Nous n'ignorons pas qu'on a reproché aux anciens la trop grande quantité de petits plis, qu'ils ont fouvent arrangés comme des tuyaux, les uns auprès des autres; c'eft qu'ils ne croyoient point que la sculpture pût souffrir les gros plis qu'on y a exécutés depuis. On convient qu'ils ont quelquefois porté la délicateffe de ces plis à l'excès; mais tout bien confidéré cette maniere eft encore meilleure que l'ufage des gros plis, qui malgré l'art & le goût avec lequel quelques Sculpteurs Modernes les ont traités, ont toûjours le défaut de faire perdre les graces du nud, & ne font pour la plûpart que des maffes péfantes de rochers, qu'il eft befoin de travailler avec le plus grand goût, pour les rendre fupportables. Au reste, les Anciens n'ont point connu dans les rondes boffes, la maniere extravagante de faire voler en l'air des draperies, ce qui ne fait qu'occasionner une très-grande difficulté dans la Sculpture, fans

produire aucune beauté réelle, d'ailleurs cela eit tout-àfait hors de la vraisemblance, étant impoffible de déguifer au Spectateur, la péfanteur de la matiere. L'usage exceffif que les Modernes ont fait de ces draperies volantes, qui font fi rares dans la nature, est toûjours abusif dans la Sculpture, & très- fouvent dans la Peinture. Enfin pour dire un mot de l'excellence du goût des Anciens dans l'invention des ornemens d'Architecture, & dans la maniere de les travailler, il fuffira de faire remarquer, que les Architectes Modernes n'ont pû imaginer depuis les Anciens, aucune efpece d'ornement qui ait valu quelque chofe, ou qui ait été long- tems en eftime, qu'autant qu'ils ont imité les productions des Anciens : encore est-il extrêmement rare de les voir travailler d'une maniere auffi moëlleuse, & en même-tems auffi reffentie qu'ils l'ont fait. Auffi ces reftes précieux de l'Antiquité, feront - ils toûjours les modeles du bon goût & les regles du vrai beau.

On ignore les noms & les particularités de la vie de ces grands Artistes de l'Antiquité, qui ont tant contribué aux progrès des Arts, par les chefs-d'œuvres qu'ils nous ont laiffés pour modeles. Tout ce qu'on fçait de ces tems fi reculés, c'eft qu'il y avoit alors en Grece quatre principales Ecoles de Peinture & de Sculpture, dont l'une étoit à Corinthe, l'autre à Sicyone, la troisieme à Athenes, & la derniere dans l'lfle de Rhodes, & que celle-ci a fubfifté long-tems après la décadence des autres, parce que cette Ine célebre conferva fa liberté jufqu'à l'Empire de Vefpafien. C'est fans doute cette derniere école qui a fourni les meilleurs Artistes après la ruine de Corinthe, & la réduction de toute la Grece fous la domination des Romains. Ainfi il y a toute apparence, que les plus belles fta

tues

[blocks in formation]

tues de l'Antiquité, qui ont été faites depuis le fiecle d'Alexandre jufqu'au dernier des Antonins, & dont on vient de parler dans ce Chapitre, font forties de l'école de Rhodes. Ce qu'il y a de certain c'eft que le fameux groupe du Laocoon & celui du Taureau Antique qui eft au Palais Farnese, à Rome, sont faits par des Sculpteurs Rhodiens, ainfi que Pline le rapporte expreffément.

CHAPITRE SIXIEME.

De l'ordre qu'on doit tenir dans l'étude du Deffein, & de fes différentes parties.

QUoique les grands hommes qui ont excellé dans la Peinture, puiffent avoir tenu différentes routes dans leurs études pour parvenir à la perfection de leur Art; il est cependant une voye préférable aux autres, pour faciliter à la jeuneffe l'avancement dans l'étude du deffein. C'eft pourquoi nous traiterons ici de l'ordre qu'il eft à propos d'y tenir ainfi que dans les différentes parties de la Peinture qui ont rapport au dessein.

yeux, & de la facilité de la main.

De la jufteffe des yeux,

Nous avons déja remarqué qu'il n'y a que deux exercices qui conviennent aux gens de la premiere jeunesse : l'un eft d'accoutumer leurs yeux à la juftesse, c'est-à-dire, à rapporter fidelement fur leur papier les dimenfions de l'objet qu'ils copient; & l'autre, c'eft d'accoutumer leur main au maniement du crayon & de la plume, jufqu'à ce qu'ils ayent acquis la facilité néceffaire, laquelle s'acquiert infailliblement par la pratique. Il est donc de la

N

« 이전계속 »