FLORIN E. Mais quand on l'a voulu tout à bon entreprendre, J'ay parlé fierement afin de te deffendre On ne t'a point faigné. CRISPIN. Tu devois le fouffrir; Ma folie eût efté plus facile à guerir. FLORINE. Va, tu te portes bien, ne fois plus en colere. CRISPIN. Oh, J'y feray long-temps. FLORINE. Tu voudrois me déplaire. A moy, Crifpin? à moy, que tu nommois toûjours Ton bec, ton petit bec, ton toutou, tes amours ? CRISPIN. Franchement, j'eftois fou de ta peau. FLORINE. Qui t'empêche De l'être encor autant ay-je l'humeur revelche ? CRISPIN. Et nom de par le diable, & c'eft là mon malheur. FLORINE. Quoy ! tu ferois jaloux? CRISPIN. Et ce beau cajoleur; Avec qui je t'ay veuë en douce confidence Pour m'être fait de fête, il ma.....Mais patience. FLORINE. J'ay donc fait un grand crime de l'avoir écouté ? Non, ce n'eft aujourd'huy que curiofité; FLORINE. Il fe peur que Crifpin Aprés Aprés avoir veu Rome ait l'efprit fi peu fin? Il fe peut..... CRISPIN. Que veux-tu ? c'eft peut-eftre Bestise. De croire ce qu'on voit; mais j'ay cette fottife FLORINE. Un galant avec moy s'eft tantoft arrefté; 11 eft l'as CRISPIN. Caufa di nienté. FLORINE. Si de noftre entretien je te-dis le miftere, Crifpin, m'affeures-tu que tu te pourras taire? CRISPIN. Ouy, fi tu me dis vray, mais tu me tromperas. FLORINE. Non tu n'en diras mot? CRISPIN. Pas un mot. FLORINE. Tu fçauras Que le jeune blondin pour qui je m'intereffe..... Fais moy donc un ferment. Parle. CRISPIN. Suffit de ma promeffe: FLORINE. Hem, je crains trop..... CRISPIN. Non, je n'en parleray pas Oula pefte m'etouffe.. FLORINE. Hé bien donc. Tu fçauras Que le jeune blondin pour qui je m'intereffe, CRISPIN. Angelique ! & pourquoy Faut-il que cet amour ne foir fçeu que de toy? Quel befoin fi preffant de me faire hypocondre Quand j'ay dit.... FLORINE. A cela je m'en vay te répondre. Il faut pour quelque-temps tenir leurs feux fecrets, Parce que le blondin eft Monfieur d'Imarets. CRISPIN. Il falloit me tirer d'embarras, & par où Tout franc, on cut eû peine alors à m'adoucir: FLORINE. ya, Monfieur d'Iflmarets fçait vivre; Il eft honnefte, CRISPIN. Tu n'as qu'à dire. FLORINE. Il faut luy rendre cette lettre. CRISPIN. Et bien, entre fes mains je fçauray la remettre Mais aprés le foufflet, dis moy, m'affeure t'on Quoy Crifpin au befoin craint de maquer d'adreffe? CRISPIN. Que t'on fcrupule ceffe; J'ay de l'intelligence, & fuis des rafinez, Qu'il n'eft pas fort aifé de mener par le nez. Quand on a comme moy paffé fix ans à Rome..... Enfin, s'il faut mentir, fourber, tu vois ton hõme J'ay veu plus que le loup: mais Florine, dy moy, Je fuis repatrié ce me femble avec toy. M'aymes-tu? Si je n'eftois jaloux que je pourrois bien l'eftre; Il faut, en m'époufant, renoncer aux blondins FLORINE. Là deffus quand on veut on trompe les plus fins. Je pense qu'en effet je ne ferois pas mal, S'il n'eft executé, le diable eft une befte. FLORINE. Tu vas moralifer; adieu. CRISPIN. Jufqu'à tantoft. FLORINE s'en allant. Songe à donner la lettre & réponse au plûtoft Que veux-tu ? CRISPIN. Te baifer; Quand on fe raccommode. Ne baife t'on pas ? FLORINE. CRISPIN. Tu fçais que c'eft la mode Allons donc, fans façon, ça le baifer de paix. Au retour. FLORIN E. CRISPIN la regardant aller. Souvien t'en. Ah Bouchon ! tes attrais Sans ceffe avec plaifir m'attirent.... Chût, je penfe. Voir venir mon Blondin,c'eft luy même, il s'avance. SCENE IV. D'ISL MARETS, FABRICE, CRISPIN. CEs lettres D'ISLMARETS. Es lettres me font peine, & j'ea fuis en foucy. Eft-ce que vous croyés les retrouver icy? Que vous venés.... D'ILS MARETS. J'ignore où je les ay perdues: [veuës. Quels malheurs je prevoy s'il faut qu'elles foyent De l'aymable Angelique,on conoîtra la main. FABRICE. Peut-eftre.... Mais voyés Crifpin. D'ISLMA |