페이지 이미지
PDF
ePub

D'un rival, d'un mari s'il faut être l'effroy,

[blocks in formation]

C'eft là l'humeur gafconne,.

Et l'on voit bien qu'il vient des bords de la Ga

ronne.

LE CHEVALIER.

Pour moy je ne connois qu'un feul de mes amis. Qui me reflemble.

ORGON.

Er qui, s'il vous plaît ?:

LE CHEVALIER.

MERLIN vite.

Clidamis..

Je ne vois entre vous qu'un peu de difference : Vous êtes plein d'amour, lui plein d'indiference; Vous aimez fort le fexe, il aime fort le jeu ; Heft froid comme glace, & vous chaud comme feu;

[ocr errors]

Vous raisonnez beaucoup, il ne raisonne gueres;
Vous êtes fans façon, il a d'autres manières ;.
Heft traitable & doux vous êtes turbulent;
Il pese au plus fix vingt, & vous pefez fix cent:
Voila vos deux portraits ; he bien, que vous en
femble?

Ne vous trouvez-vous pas un grand rapport. enfemble

LE CHEVALIER. Heft pourtant certain qué fans fa froide hus

meur

H pourroit commémoy s'affojétir un cour:
Son mérite & le mien font au rez de chauffée, . ́*
Il me vaut prefque au moins : jé dis net ma pen--
fée:
Cependant pour Lucile on vouloit l'enflamer,,

On n'a rien oublié pour la lui faire aimer: Mais ce n'eft pas fon fait; & jé fuis feul capa

ble

De dompter par mes foins cet objet indomptable.
Pour elie jé rénonce à tout le fexe entier,
Déja mon cœur ardent brûle comme un brazier.
Oui cadédis, je fens qu'il eft réduit en cendre,
Si vous né mé prénez bien-tôt pour vôtre gen-
dre.

Madame, finiffons ces difcours fuperflus;
Car je fuis aux abois, & mon cœur n'en peut
plùs.

ARAMINTE.

faut auparavant en parler à ma fille : Allez, propafez-lui l'entrer dans ma famille; Fléchiffez, s'il le peut, cette farouche humeur, Faites-la confentir. j'y confens de bon cœur. LE CHEVALIER.

Quoy, c'eft donc là lé noeud Il ne faut qué lui! plaire ?

C'est une affaire faite. Adieu ma belle-mere.

SCENE I V.

ARAMINTE, ORGON, MERLIN, NERINE,

MERLIN.

AH'le drôle de corps !

NERINE

Il ne tient rien, ma fó

S'il croit fe faire aimer de Lucile..

ARAMINTE.

Et pourquoy!

ORGON.

Quoy, vous lui donneriez Lucile? En confcience

Madame, y penfez-vous?

ARAMINTE.

Oui fans doute j'y penfer

ORGON.

Lucile & mon neveu pourront s'aimer un jour;
Il faut bien tôt ou tard qu'on fe rende à l'amour,
ARAMINTE.

Si le Gafcon lui plaît, & s'il fçait la réduire,
J'ai donné ma parole, & ne m'en puis dédire.
NERINE.

Lui, réduire Lucile? Elle eft de trop bon goût :
Un magot tel que lui n'en viendra pas à bout.
MERLIN rêvant un peu.
Attendez... je conçois un projet admirable.
Oui... Non... Sifait... Parbleu le tour eft im
payable!

Ils tomberont tous deux dans mes laqs, fûre

ment.

Nerine, écoute-moy.

al lui parle à l'oreille.

NERINE.

Parle plus clairement. MERLIN tur parlant encore

à l'oreille.

Fais ce que je te dis, va trouver ta Maîtreffe; Moy je vais préparer mon Maître.

ORGON.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Lucile & Clidamis

$'aimeront dans ce jour, c'eft moy qui vous

le dis.

ORGON.

Bon, tu-nous as bercé cent fois du même conte. ARAMINTE.

Si l'humeur de Lucile à changer eft fi prompte, Elle refufera la main du Chevalier;

On peut à Clidamis en ce cas la lier.

Pour moy je le veux bien, & je prendrai pour gendre

Celui que pour époux ma fille voudra prendre : Elle a le choix des deux.

MERLIN.

Malgré les airs glacez Mon Maître l'aimera plus que vous ne pensez. Mais je le vois venir; allez, laiffez-moy faire. Toy, Nerine, va vite, & fonge à nôtre affaire.

[blocks in formation]

Si dans le piege adroit que je m'en vais lui tendre,

Son cœur ne donne pas, je fais vœu de me pendre. Je vous cherchois, Monfieur.

CLIDAMIS.

Qu'est ce que tu me veux ? Ef-ce pour me tenir des difcours amoureux ? Je t'en ai déja fait une défenfe expreffe.

Ce faquin vient toûjours me parler de maîtreffe:

[ocr errors]

Il faut qu'on l'ait payé fûrement pour cela:
Il m'étourdit toujours de ces fadaifes-là.
Mais, fi tu viens encor pour me parler de fem-

me>

Maraut, fous le bâton je te fais rendre l'ame,

MERLIN.

Monfieur, cola suffited

CLIDAMIS.

J'aime trop mon repos, Et l'amour entre nous n'eft bon que pour les fors. MERLIN

Monfieur, c'eft fort bien dit : Parlons donc d'au tre chose.

Votre amile Gafcon aujourd'hui se propofe
De réduire Lucile,& prétend l'époufer.

CLIDAMIS.

Parbleu dans fon calculil pourroit s'abufer. Lucile n'aime rien, elle eft trop raifonnable Pour donner de les jours dans un foible fem blable

L'amour eft à fon cœur auffi fade qu'au mien: Mais qu'il s'en faffe aimer, s'il peut... je le veux

Bon

bien.

MERLIN.

yelle a le cœur pris pour un autre.

CLIDAMIS.

MERLIN.

Quel conte !

Et fon air fier en tient à prefent pour fon compte.

CLIDAMIS.

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Oui, nous avons parlé là-deffus elle & moy
Déja fa paffion cft montée à l'extrême.

B.

« 이전계속 »