CLIDAMIS.. Et dis-moy, connois-tu la perfonne qu'elle ì aime ? Eft-ec un homme bien fait ? MERLIN.' Aimable ? Maraut! Oui le mieux fait de tous. Fort aimable. CLIDAMIS. Er quel eft-il?. MERLIN. C'est vous, CLIDAMIS. MERLIN.. Comment, maraut ! C'eft la verité pure. Ofe-tu foûtenir une telle impofture MERLIN. Rien n'eft plus vrai, Monfieur, écoutez fen ~lement ; e m'a fait venir dans fon appartement, Elle m'a demandé d'abord de vos nouvelles; Si vous étiez toujours auffi froid pour les belles. Que c'étoit grand dommage, avec un air de Cour, D'avoir un cœur farouche & rebele à l'amour. Que vous étiez bien fait, charmant, digne d'ef time, Mais que l'indiféfence en vous étoit un crime: Que ce qu'elle en difoit ne la regardoit pas i Mais que le fexe entier en murmuroit tout bas : Que fon coeur étoit froid tout autant vôtre; que le Que c'étoit bien en l'un, & c'étoit maken Qu'elle, elle avoit raison de blâmer les amours. Mais pour moy dans les yeux, comme dans les difcours Je voyois clairement fa paffion naiffante, Je ne puis revenir de mon étonnement. ment: Je connois la deffus mon humeur naturelle, Mon Dieu, ne jurez point, elle peut vous charmer. Sçavez-vous qu'elle eft belle, & qu'elle cft trés aimable ? CLIDAMIS. Oh pour aimable, non; elle eft affez passable. MERLIN. Elle a des yeux parlans, vifs, brillans, pleins de feu. CLIDAMIS. Elle, les yeux brillans ?elle les a fort peu. MERLIN. Elle a l'efprit divin, la taille fort mignone. Je la trouve commune en toute fa perfonne, Et je ferois bien fier à vôtre place, moy, Mais ce que tu me dis eft-il bien veritable Comment, vous en doutez ?' CLIDAMIS. Parbleu, je n'en crois riema MERLIN. Avec elle, pour voir, ayez un entretien... caufe: Je voudrois lui jouer un affez plaisant tour: Et pour vous, jouiffant d'un triomphe fi beau, Et vous pourrez en rire aprés tout à loifir. Parbleu, je voudrois bien me donner ce plaifir.. part. Bon, il donne dedans, c'eft ce que je demande, En verité, Merlin, la foibleffe eft bien grande!: Mais pour mieux m'éclaircir je veux lui faire, accroire Que de fes agrémens mon cœur eft enchanté, Et par ce tour adroit fçavoir la verité. En riant. Que dans le fond du cœur je vais me mocquer, d'elle. Viens, Merlin, allons voir pour bien feindre l'a mour Quel chemin, & quel ton à peu prés il faut prendre. MERLIN à part. Il eft dans le paneau que je lui voulois tendre. De fon côté Nerine aura fait fon devoir... Mais allons jufqu'au bout; c'eft où je les veux voir. N SCENE VL NERINE, MERLIN. MERLIN. Erine vient. Hé bien, comment va nôtre affaire ? Car enfin ton fecours ici m'eft neceffaire. NERINE. J'ai fait tomber Lucile cafin dans mes filets.. Et moy je vais trouver mon Maître... Sans adic MERLIN. Avec elle, pour voir, ayez unentretien.... Je voudrois lui jouer un affez plaisant tour: Et pour vous, jouiffant d'un triomphe fi beau, flâme, Et vous pourrez en rire aprés tout à loifir. CLIDAMIS, Parbleu, je voudrois bien me donner ce plaifir.. MERLIN à part. Bon, il donne, dedans, c'eft ce que je demande. En verité, Merlin, fa foibleffe eft bien grande!: Mais pour mieux m'éclaircir je veux lui faire, accroire Que de fes agrémens mon cœur eft enchanté, Et par ce tour adroit fçavoir la verité. En riant. Que dans le fond du cœur je vais me mocquer d'elle. Elle eft affez nouvelle.. Ah pallambleu, j'efpere en rire plus d'un jour... |