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La famille fous main en eft tres-confentante;
La Marquife auroit pris quelque diffipateur,
Ils me regardent, moy, comme un mari tuteur.
Ils fçavent l'afcendant que j'ai fur la Marquife,
Sa paffion pour moy la rend bonne & foumife,
Senfée, indifferente, amitié de fang-froid,
Domine fur l'amour, fur elle j'ai ce droit,
Et je m'en fervirai; car époufant la Tante,
Oncle par confequent de la Niece charmante,
Je te fais mon Neveu,refpe&te un Oncle en moy
Pour ma Niéce je fçai tout ce que je lui doy;
Epoufer une Tante eft une hardieffe,
Qu'on ne peut expier qu'en mariant la Niece.
ANGELIQUE.

Dorante, vous avez le plus aimable ami...
DORANTE.
Et qui ne fert jamais fes amis à demi :
Comme de la Marquife il n'eft rien qu'il n'ob-

tienne,

Il parlera pour nous.

LE CHEVALIER,

Oh! qu'à cela ne tienne.
A la Niéce d'abord je fais rendre les biens,
Et la Tante par moy confervera les fiens.
A fe remarier elle étoit refoluë,

A d'autres elle offroit la main que j'ai reçuë,
Elle veut un mari jeune, qui n'ayant rien
Fruftre fes heritiers en mangeant tout fon bien:
Je ferai fon affaire, & fi je puis, la vôtre,

En
Vous desheritant plus fobrement qu'an autre
Econome des biens, dont pourtant je vivrai,
Pour vos enfans, à vous je les conferverai.

SCENE. III.

DORANTE, ANGELIQUE, LE CHEVALIER, NERINE.

NERINE.

A Marquife de tout me fait encor myftere,

frere.

LE CHEVALIER.

Il est avec cet homme, & je veux l'observer.
A ton amour, mon cher, chez moy va t'en rever,
Et Nerie, & ma Niéce adouci ont le Comte,
Je ferai la demande aprés.

DORANT E.

Sur toy je compte.

SCENE IV.

ANGELIQUE, LE CHEVALIER, NERINE, LE COMTE, FALAISE.

ANGELIQUE.

Et homme a là-dedans vû- ma Tante en fes

CE

cret,

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NERINE.

Du Falaise, il a l'air, fa parure eft Normande, Parure à double entente, on ne fçait ce qu'il est.

FALAISE.

Vous faites pour la Niéce un excellent acquêt ; Mon Maître eft à bon droit Marquis de Procinville,

Il eft brave guerrier, & plaideur tres-habile;
Tels étoient les ayeux, la terreur des humains.
A la plume, à l'épée exploiteurs à deux mains.
La Nobleffe Normande ainfi court à la gloire,
Exploits guerriers gravez au temple de memoire;
Exploits enregistrez dans les greffes du Mans:
Certain Robert le Roux, General des Normands,
Conquerant renommé fur tout en procedures,
Au fortir du combat faifoit les écritures
Lui-même.

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Oui, j'ai besoin d'un vrai Robert le Roux Pour ma Niéce.

FALAISE.

Allez donc tromper la Sœur pour nous, Et pour nous de la Niéce enfin rendez-vous maî

tre,

Moy, j'observerai tout fans rien faire connaître,
Pour les efpionner je jouerai bien mon jeu.
LE COM TE.

Avant que de la voir, j'y vais rêver un peu.

Ici une Scene muette de Falaife qui voit le Chevalier avec Angelique, & le soupçonne. Il regarde enfuite Nerine, & feint d'en étre charmé; aprés quoy il fe retire d'un côté & le Chevalier d'un

autre.

C

SCENE V.

LE COMTE, ANGELIQUE,

Q

NERINE.

LE COMT E.

Ue vois-je vous voilà hors du Convent, ma Niéce ?

NERINE.

Pardon fi d'en fortir elle a la hardieffe,
Mais le defir d'hymen, fubtil comme le vent,
S'eft par malheur gliffé jufques dans fon Con-

vent.

Je l'ai laiffé fouffler.

LE COM TE.

A mes ordres rebelle; Vous voyez votre Tante, & vous voilà chez elle; Avec elle fans doute ici vous complotez, Quand elle eft à Paris, enfin vous la hantez.

NERINE.

Ma foy, tres-rarement elle hante la tante,
LE COMTE en colere.

ANGELIQUE.

Taifez-vous.

Pardon.

NERINE.

Mais...

LE COMTE.

Taifez-vous, infolente.

NERINE.

Nous fommes avec elle affez mal, Dieu merci,
Quel efprit quelle humeur ! & le cœur endurci.
LE COMTE.
Tu dis que ... s'adoucissant par degrez.

NERINE.

Je dis que par malice je penfe,

Elle fe remarie,

LE COMT E.

Oui, par pure vengence.
NERIN E.

La vengence n'est pas fon unique motif,
Cette veuve a le fang plus que vindicatif.
LE COMTE.

Tu lui rends bien juftice, en cela je t'eftime.
NERINE.

Il fuffit d'être bon pour être la victime.
Pardon, fi je la hais.

LE COMTE.

Va, je t'en aime mieux.
NERINE.

Nous n'avons prefque olé nous montrer à fes

yeux;

Eh! Monfieur,aujourd'hui protegez-nous contre

elle,

On lui voit pour

fa Niéce une haine mortelle, Parce qu'elle eft la vôtre, ainsi qu'on voit fou.

vent

Une femme de bien hair fon propre enfant,
Parce que fon mari peut-être en eft le pere.
LE COMTE.

Ma Niéce, embraffez moi, voyons ce qu'on peut

faire ;

Au fond j'aime Angelique, elle me fait pitié.

ANGELIQUE.

Ah! je ne veux de vous rien que votre amitié.

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Oui. Mais c'eft un myftere, Jufqu'à ce que l'on foit d'accord,il faut fe taire.

ANGELIQUE.

Mais ma Tante,je croy, vient au devant de vous

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