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LE COMTE.

Cet arrangement fait n'eft que pure malice.
ANGELIQUE.

Eh! ne vous broüillez pas.

LE COMT E.

Ah! c'eft un artifice

Pour ne point confentir à l'homme que je veux.
LA MARQUISE

Je reconnois mon Frere, inquiet, foupçonneux.
ANGELIQUE.

Eh! ma Tante !

LE COMTE.

Ma Sœur fera toujours maligne. ANGELIQUE.

Eh! mon Oncle !

LA MARQUISE.

Ce trait de mon Frere eft bien digne.
LE COMTE.

En vain donc j'avois mis, pour avoir l'union,
Entre nous le chemin de Paris à Lyon.

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LA MARQUISÉ.

Et pour venir la rompre aprés cinq ans d'abfence,
De Lyon vous prenez exprés la diligence.

ANGELIQUE.

Vous voulez même chofe, & vous êtes d'accord.
LE COMTE.

Quelie femme!

LA MARQUISE
Quel homme !

LE COMTE.

Ah! j'ai bien vû d'abord

Tantôt en arrivant, que Niéce & Gouvernante
Avoient fait contre moy leur brigue avec la Tante.
ANGELIQUE

Non, mon Oncle, пор.

LE COMTE.

Oh! je fçaurai vous punir,

LA MARQUISE.

Ah! c'est une rupture à n'y plus revenir.

ANGELIQUE,

Mais faut-il fur un rien....

LE COMT E.

Oui, ventrebleu, j'en jure.

LA MARQUISE.

Oui, j'en fais ferment...

ANGELIQUE.

Mais pourquoy cette rupture! LA MARQUISE.

Ma Niéce aura celui qui plus vous déplaira. LE COMTE.

Je la donne à celui qui plus vous haïra.

Il s'en va.

ANGELIQUE à part.

A les racommoder j'ai bien pris de la peine.

SCENE VII.

LA MARQUISE, NERINE. NERINE. à Angelique qui s'en va.

Aiffez-moy profiter de fon accez de haine.

LA MARQUISE outrée. Pour ma Niéce fans doute, il vouloit quelque

époux

Qui fût mon ennemi.

NERINE.

Mon Dieu, moderez-vous.

LA MARQUISE.

La moderation me donne la migraine.
NERINE.

Fort bien. Ne pas goûter une paffion pleine,
Vous aimeriez autant prefque n'en point avoir.
Haïffez, j'y confens. Car j'ai bien fçû prévoir

Que vous ne maririez la Niéce que par pique.
J'imagine un moyen pour pourvoir Angelique
Qui pourra nous venger d'un Frere.
LA MARQUISE.

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NERINE.

Oui, la haine feule eft digne d'un grand cœur,
Auffi-bien que l'amour, la haine a la douceur.
Un fiel bien menagé coule de veine en veine,
Pait du cœur, y retourne, on fait filer la haine
A longs traits, avec art, comme l'amour enfin,
Chez les femmes fur tout, où le plaifir malin
Prend racine, s'étend, la terre en eft fi bonne !
Cette maligne haine outre qu'elle y foifonne,
Y dure beaucoup plus que le goût d'un Amant.
C'eft en paffant qu'on aime, on hait plus con-
ftamment.

Le plaifir d'aimer fuit, paffe avec la jeuneffe
Et celui de haïr croift avec la vieilleffe.
D'alleurs d'avoir aimé, femme sage a regret,

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Mais fans aucun remords la vertueute hair.
Que de gêne en amour! précaution, myftere,
Il eft fouvent trompeur. La haine eft plus fincere.
Tel vous aime, dit-il, n'en croyez rien; il ment:
Vous dit-on qu'on vous hait, croyez-le aveuglé-

ment.

En aimant, le plaifir c'est d'être aimé de même, Eh qui peut s'affeurer d'être aimé quand i

aime,

Peu d'amours mutuels, encor moins de conftans' Mais qui hait eft plus fûr d'être haï long-tems. LA MARQU I S E.

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Tu me fais appetit de haïr; mais, Nerine,
C'eft fans me dégouter d'aimer.

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Mais je fonge à mon Frere encore. Quelle fureur? Ah! ma fureur s'appaife, & fe change en dou

ceur,

C'est lui.

voyant venir Doranie.

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LA MARQUISE.

Celui qui calme, qui tempere,

Mes fens étoient troublez..... troublez par la

colere,

Et cet objet aprés avoir calmé mes iens,
Les retrouble, mais c'eft d'autre façon.
NERINE.

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Il eft charmant. Tien, voy, Nerine, je l'adore. Tu ne le connois pas- Son nom, c'est....

ais....

NERINE.

Je l'ignore;

LA MARQUISE.

Je tremble. Monfieur... vous paroiffez rêveur.
DORANTE.

Oui, Madame. Je voy votre Frere en fureur;
Plus de réunion, a-t-il dit à Pirante.

Cette rupture à tous va paroître étonnante,
C'est à quoy je rêvois; car j'y prends part pour

vous.

Vous voulûtes hier, Madame, qu'entre nous
Commençât l'union d'une amitié fincere,

Ce font vos propres mots. Un confeil falutaire
Que je vous donne, c'eft....

LA MARQUISE.

Nerine, un trouble...

NERINE.

LA MARQUISE.

Monfieur... ma honte....

NERINE..

Entrons.

Mais, ou rentrons, ou fortons.

LA MARQUISE.

Monfieur.... vous.... a-t-on tant de pudeur à mon

âge ?

NERINE.

Mais gardez-la du moins jufqu'à tantôt. J'en

rage.

Monfieur

LA MARQUISE.

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