: A MONSEIGNEUR MONSEIGNEUR LE DUC D'AUMONT, Pair de France, Chevalier des M ONSEIGNEUR, Il y a long-temps que Vous me faites l'honneur de me vouloir du Bien ; & longemps auffi que je cherche les ccafions de Vous en témoiner ma Reconnoiffance. Il ne s'en eft prefenté aucune où vôtre Protection m'ait efté neceffaire que Vous ne me l'ayiez, accordée avec une grandeur d'Ame qui me raviffoit, mais qui ne me furprenoit pas. Je Vous ay veu, MONSEI GNEUR, me tendre gene reufement la Main, pour me faciliter les moyens de m'approcher de Vous : & loin de Vous prévaloir de l'intervale qui eft entre Vous & moy, avoir la bonté de faire Vous même des pas de mon côte pour en diminuer l'étendue Que ces Manieres font bel les! & qu'elles diftinguent bien les Grands qui le font par la Naiffance d'avec ceux qui ne le font que par la Fortune. Voila, MO NSEIGNEUR ce qu'on appelle l'infaillible voye de fe rendre Maistre de tous les cœurs : & s'il m'eft permis de citer la Fable dans une Lettre où je ne veux dire que des Veritez, Efope, l'incomparable Efope ne connoift de veritable Nobleffe que celle en qui l'on remarque une le veritable Honnefteté. Le mot d'incomparable qui m'est é chappé pour accompagner nom d'Elope n'a peut-être jamais été mis plus juftemment: les Siecles qui luy ont fuccedé, & qui luy fuccederont jusqu'à la diffolution des Siecles mêmes, luy rendront la justice qui luy eft due; & tant qu'il y aura de la Droiture fur la Terre, il eft feur d'en attirer la veneration. Quel homme a jamais été plus habile dans la Science des Mœurs ; & qui jamais a imprimé une plus grande haine pour le Vice un plus grand amour pour la Vertu ? Créfus à qui autrefois Efope dédia fes Fables luy-même en fit tant d'estime que pour en éternifer le Merite il luy fit ériger une Statuë d'Or : & l'une des plus délicates Plumes de France qui leur a donné plus de réputation qu'elles n'en avoient, les ayant Dédiées à l'Auguste Fils du Monarque le plus Augufte du Monde : Pay cru MONSEIGNEUR, que de fi grands Exemples 1 pouvoient autorifer la liberque j'ofe prendre de vous té |