Si je l'aime ! EUPHROSINE. ESOPE. Ecoutez, l'Hymen dure long-tems: Quand il fait un heureux, il fait vingt mécon tens. Vous eftes dans un âge où le cœur foible & tendre, Par un objet qui plaift eft facile à furprendre ; Mais quand c'eft pour toujours qu'on se doit engager, L'exemple que voicy doit y faire fonger. L'ALLOUETTE ET LE PAPILLON, Autrefois une Allouette, Qu'aimoit un riche Coucou, Un fort beau Papillon, qui n'avoit pas un fou. Il avoit tant d'inconftance Qu'il muguetoit les Fleurs, & les pouffoit à bout. Rien ne pouvoit fixer ny fes vœux, ny fa flâ me: Cependant fa pauvre femme Elle connut bien-tôt, quoy que trop tard pour Que lorsqu'on veut s'unir pour jufques au tome Un Epoux inconstant & beau Dans l'âge où me voila, je ne fuis pas fi fou Que Que je ne fçache bien que je fuis le Coucou Vous ferez plus heureufe avec moy qu'avec luy Pefez ce que je dis, fans aigreur ny rancune. EUPHROSINE. Il eft vray qu'avec vous j'aurois plus de fortu➡ – ne: Mais lors qu'à l'amour feul un cœur eft destiné, Ne defuniffez point deux cœurs faits l'un pour l'autre : Il eft d'autres objets bien plus dignes du vôtre : avoir C'eft d'eftre l'un & l'autre un moment fans nous voin. Vous donnez des Leçons que tout le Monde ad mire: Pratiquez le premier ce qu'on vous entend dire: Qu'une Fille a d'efprit quand elle eft amoureuse F Ne balancera point à faire fon devoir. Et moy, qui vous connois pour un Fourbe achevé: Moy, qui de vôire fraude ay fujet de me plaindre: Moy, qui ne fçais qu'aimer, & qui ne fçais point feindre: Je vous declare icy qu'Agenor a ma foy; Que je suis toute à luy, comme il est tout à moy; ESOPE feul. Qui le croiroit? Une Fille conftante! Quel prodige! SCENE I V. MONSIEUR DOUCET, ESO PE M. DOUCET. Mo fieur, fur un avis certain, Que vous devez icy vous marier demain, ESOPE. Quoy, vous faites rentrer les Ames dans les Corps Non, Monfieur, mais j'excelle en Genealogie, Monfieur le Blafonneur vous me connoiffez mal. A qui manque d'A yeux j'ay le fecret d'en faire : Jugez de mon fçavoir: par les foins que j'ay pris ESOPE. Vous avez, je l'avoue un talent admirable; 1 table: Quand on me croiroit Noble à faire du fracas, Dites. M. DOUCE T. Si l'on avoit cette délicateffe pas Adieu plus des trois quarts de ce qu'on croit Nobleffe: Il n'en eft prefque point, à vous parler fans fard, Oû je fubftituay, tant mon Art eft divin, Si de Vin. pour vôtre Nobleffe il vous manque des Titres, Il faudra recourir à quelques vieilles Vitres; Où nous ferons entrer, d'une adroite façon, Une Devife antique avec vôtre Ecuffon. Vingt douteufes Maifons qui font dans la Province, De prouver leur Nobleffe admirablement bien. Et comment, s'il vous plaift, le pourray-je paroistre? M. DOUCET. Je vous trouve l'air Noble autant qu'on peut l'avoir. A moy? ESO PE. M. DOUCE T. Sur vôtre front certain éclat qui brille Montre que vous venez d'une illuftre Famille. ESOPE. 11 eft vray, j'ay l'air Grand! l'Afpect noble ! M. DOUCET. Beaucoup, |