Mon ardeur outragée eft ce que je confulte. DORIS. Et que peut-on luy faire au delà de l'infulte ? S'il ne rompt cet Hymen, faites qu'il le differe. Courez. Quand le temps preffe il eft bon qu'on ga¬ lope. Allez le voir. AGENOR. J'y vais; & delà voir Efope. Pour peu qu'il foit contraire à mes intentions, Je fçais tout ce qu'il eft, & tout ce qu'il peut-eftre, DORIS. AGENOR. Gardez-vous.... Je feray tout ce que je te dy. DORIS. Eh, mon Dieu, croyez-moy; point de coup d'E tourdy. Dequoy fert la raifon, à moins qu'on ne raisonne ? Je voy venir quelqu'un. Songez à vous, SCENE I I. ALBIONE, DORI S. ALBION E. MA Bonne Je viens prés d'Euphrofine implorer vôtre appuy: L'infaillible moyen de tout obtenir d'elle. Efope m'a mandé de l'attendre en ce lieu. Adicu. Je vay la difpofer à remplir vôtre attente. Mo Onfieur, je fuis vôtre Servante, Ce n'eft point compliment, c'eft pure verité ESOPE. Je vous en garentis autant de mon côté: II. ne tiendra qu'à vous de me mettre à l'épreuve, Madame. ALBION E. Sçavez-vous, Monfieur, que je fuis Veuve? .. Non, vraiment. ALBIONE. Je le fuis depuis prés de cinq ans.: Et défunt mon Mary m'a laiffe quatre Enfans. ESO PE A voir cet air brillant, & ce riche équipage, Pardonnez-moy, Monfieur, mon bon temps eft paffé. Tant-pis, ESOPE. ALBIONE. La propreté de tout temps fut permise; Ou qu'une Procureufe, ou bien qu'une Marchan Rien ne m'eft plus fâcheux, que de m'encanailler. Et de quelle Acabie étoit-il Conseiller? Etoit-ce en Robe longue en Robe courte ? en ALBION E. Non, Monfieur, il étoit Confeiller Gardenotte. ESOPE. La pefte! N'est-ce pas ce que vulgairement ALBIONE. Ouy, Monfieur. ESO PE. Vertubleu! C'eft un Grade fublime. J'ay fait ce que j'ay pû pour le mettre en estime, Voyant à mon Epoux une fomme affez grosse, airs J'en eus de pommelez, comme les Ducs & Pairs. tées A force de Miroirs fembloient eftre enchantées: On parloit en tous lieux de ma magnificence: ESOPE. Avez-vous achevé vôtre hiftoire modefte ALBION E. J'en ay dit tout le beau, j'en vais dire le refte. Tout cela s'en alla chez qui les voulut prendre : J'y perdis les deux tiers, quand je les fis reven dre. Enfin, pour nous tenir toujours fur le bon bour, J'attends: qu'en leur faveur votre bouche pro nonce. Voila ce qui m'ameine. ESOPE. Et voicy ma réponse. LA GRENOUILLE ET LE BOEUF, LA Grenouille dans un Pré, Voyant paiftre le Beeuf confidere la taille ; S'enfle, fue, & fe travaille, Pour faire aller la fienne en un même degré. Luy cache le peril de ce qu'elle entreprend; Et que depuis le Boeuf jufques à la Grenouille C'eft un intervale trop grand. ? Mais contre ces raisons fon orgueil fe foûleve: |